Paraphe de l’accord : la médiation au complet à Alger

Le 4 avril dernier, un porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et son chef de délégation Bilal Ag Chérif annonçaient à  tour de rôle le refus de la CMA de parapher l’accord de paix. La communauté internationale et la médiation gouvernementale n’ont pas hésité à  déclarer qu’à  travers cette attitude, ils montrent qu’ils n’ont jamais été des partenaires crédibles et favorables à  une issue négociée de la crise qui sévit au septentrion malien depuis 2012. Par ailleurs, la médiation internationale au complet a considéré que le refus de la CMA de parapher serait une preuve de son manque de sincérité pour parvenir à  la paix au nord Mali et qu’elle en subira les conséquences. Ces positions ont fini par avoir raison sur la présence de la CMA à  ce nouveau rendez-vous sur le paraphe de l’accord d’Alger ce mercredi 15 avril dans la capitale algérienne. La médiation, qui est au complet à  Alger avec des représentants des pays voisins, de la Minusma, de l’Union européenne et des Etats-Unis, se retrouve en fin de matinée pour envisager tous les scénarios. Si tout va bien, C’’est demain jeudi 16 avril que la médiation doit débuter les échanges avec les délégations des groupes du Nord ainsi que celle de Bamako et la plateforme qui ont toutes deux déjà  paraphé le texte. Enjeux de cette énième rencontre Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la médiation souhaite que l’accord de paix soit paraphé par les groupes rebelles jusque-là  réticents. Cependant la réalité est tout autre quant à  la volonté de la CMA sur cette question, « de nombreux points restent à  clarifier », a précisé un dernier communiqué de la CMA à  la suite des discussions ce mardi à  Nouakchott (Mauritanie). En attendant la suite des discussions, le monde entier est tourné vers le Mali dont seul le paraphe d’un accord par tous les acteurs est indispensable.

Accord d’Alger : la majorité présidentielle s’en mêle…

C’est une affaire nationale et aucune formation politique ne saurait rester en marge. Pour la circonstance, tous les ténors des partis réunis autour de la majorité présidentielle, étaient présents au meeting de la convention ce dimanche 29 Mars 2015. Le refus du paraphe de l’accord d’Alger par les séparatistes du nord, et son rejet par une partie de la classe politique, continuent d’animer la polémique au Mali. C’’est pour contribuer à  une large diffusion et à  une meilleure appropriation que les partis de la majorité ont initié cette rencontre. Le président de la CMP, le Dr Boulkassoum Haà¯dara, a indiqué que C’’est une occasion historique de saluer le président IBK pour sa patience et sa clairvoyance. Saluant la médiation internationale pour son engagement en faveur de la stabilité du Mali, Dr Haà¯dara a invité ‘’les amis du Mali » à  être moins complaisants face à  ce dossier. Au niveau national, le vieux Haà¯dara a tiré à  boulets rouges sur ses adversaires politiques qu’il a traités d’oiseaux de mauvais augure. Tous dans la danse Le professeur Tiémoko Sangaré, président intérimaire de l’Adema, dans la même logique que son prédécesseur, a fustigé ceux qui rejettent l’accord et ne proposent rien de concret. « Ils veulent qu’on fasse la guerre, nous la ferons pas », a laissé entendre le professeur Sangaré. Le représentant des députés de la majorité, Zoumana N’Tji Doumbia, affirme que l’accord est bon dans la mesure o๠il déclare une guerre sans merci aux terroristes et aux narcotrafiquants. Enfin, les jeunes et les femmes ont réaffirmé leur détermination et leur dévouement à  Âœuvrer pour que l’accord d’Alger puisse à  aboutir une signature définitive.

IBK à Alger: faire d’une pierre deux coups !

Faire d’une pierre, deux coups ! Après la Namibie donc et les rues immaculées de Windhoek, c’est à  Alger la blanche qu’Ibrahim Boubacar Keita a atterri dimanche soir, afin de conclure une visite, placée sous le signe de la coopération bilatérale. Ce n’est pas parce que les discussions sont officiellement terminées et que la médiation internationale, menée en terre algérienne, ne veut plus d’un autre round de négociations, que le président malien n’allait pas y faire un tour d’honneur après sa visite de Janvier 2014… Que la visite soit opportune ou pas, il s’agit en premier lieu de réchauffer les relations bilatérales avec le grand voisin algérien, avec qui nous partageons de beaux kilomètres de frontière, ensuite, aborder la délicate question du blocage issu du paraphe de l’Accord, le 1er mars dernier par deux des trois parties aux négociations tout en reconnaissant les efforts menés par l’Algérie pour avoir abrité 8 mois de négociations en dents de scie. Pression crescendo Tandis qu’au nord du Mali, Kidal et sa population, demeure hostile à  l’accord, emmenée par la CMA et le MNLA bien disposés à  faire durer le suspense ou en tout cas à  faire reculer l’échéance, rien n’indique que la partie sera facile pour les autorités maliennes en dépit du ballet diplomatique. Bouteflika, le président vieillissant, aura t-il assez d’influence sur les enfants rebelles de Kidal, pour les convaincre de signer un accord pour lequel on s’applique à  convaincre l’opinion que c’est le Mali qui a tout à  y gagner, quant même au sein de l’opposition nationale, d’aucuns jugent le texte porteur des germes du « séparatisme » d’antan. Un séparatisme qui d’ailleurs prend d’autres formes et veut se vêtir du manteau de l’autonomie ou du régionalisme… Pour IBK, qui prend là  son bâton de pèlerin, après un intermède fastueux à  Windhoek, il faudra user de toute son aura pour emmener l’Algérie, à  essayer de faire pression sur la Coordination des mouvements de l’Azawad. Même si ces derniers restent retranchés derrière leurs bases ou de potentiels alliés outre atlantique, leurs soutiens, les ont tous plus ou moins lâché et sous peu, le MNLA et consorts pourraient très vite se retrouver au pied du mur, d’autant qu’ils n’ont toujours pas paraphé l’Accord et donc ne peuvent en demander modification quelconque. Les réfractaires au texte, ignorent même la teneur sibylline du projet, qui promet pourtant une application à  long terme et qui selon les priorités d’unité ou de développement, pourraient arranger les uns ou les autres, alors pourquoi buter sur un simple paraphe ? C’est là  toute la question. La visite d’IBK en terre algérienne, aura cependant le mérite de montrer toute la bonne volonté du Mali à  aller vers cette paix, vaine par instants, fragile à  d’autres moments, mais qui somme toute, doit arranger les affaires du Mali. Ce n’est pas Bouteflika qui dira le contraire…