Vous avez dit Mandela ?

Il s’appelait Nelson Mandela. Mais aujourd’hui, pour parler de lui, tous disent « Madiba», C’’est son nom clanique. Ce nom lui vient de sa tribu et l’ancien président préférait être appelé ainsi. Son « vrai » prénom, C’’est, Rolihlahla, ce qui signifie « enlever une branche » ou encore « fauteur de trouble ». Le prénom usuel de l’ancien président, Nelson, ne lui a été attribué que quand il est entré à  l’école. « Tu t’appelleras Nelson » Le premier jour d’école, mon institutrice, Miss Mdingane, nous a donné à  chacun un nom anglais. C’était une coutume chez les Africains à  cette époque et elle était sans doute due au penchant anglais de notre éducation. Ce jour-là , Miss Mdingane me dit que mon nom était Nelson. Pourquoi elle m’a donné ce prénom en particulier ? Je n’en ai aucune idée », a-t-il raconté dans l’une de ses biographies. Mandela est originaire d’un petit village, Mvezo, dont son père était le chef. Il est le fils de la troisième épouse et appartient à  la famille royale Thembu de l’ethnie Xhosa. Nelson Mandela est le premier enfant à  être scolarisé de la famille. Son père décède d’une tuberculose lorsqu’il n’avait que 9 ans. Il est pris en charge par le régent Jongintaba. Il est brillant et parvient à  obtenir le Junior Certificate en 2 ans au lieu de 3. A l’université de Fort Hare, il étudie le droit. C’est à  cette période qu’il va commencer à  s’affirmer en refusant le Marxisme et en adhérant à  la doctrine de non-violence de Gandhi contre le régime d’apartheid. « On me considérait comme un Saint. Je ne l’ai jamais été » A travers le monde, Nelson Mandela est salué comme un homme hors pair, un être exceptionnel. Sa vie, son combat, son parcours en font un héros hors pair du 21ème siècle. Mais, Nelson Mandela, C’’est aussi et avant tout un homme comme tous les autres… Par son humilité d’abord. Et aussi parce que, comme tous les hommes, il avait ses petits ou grands défauts. La vie personnelle de Mandela n’aura pas été un long fleuve tranquille. Dans un article publié par Slate.fr, une journaliste qui l’a bien connu raconte que « lors d’un événement célébrant les 90 ans de Mandela, Graça Machel me parlait de son mari en disant qu’il était «vraiment loin d’être un saint!». Car, Mandela aimait les belles femmes. Graça raconte aussi leur première rencontre, en 1990, qui «n’avait pas du tout été un coup de foudre». C’est au fil du temps qu’un profond attachement réciproque s’était installé entre eux deux. Mais, même au soir de sa vie, Madiba avait toujours un penchant pour les jolies jeunes femmes. Une journaliste irlandaise raconte comment il l’a demandée en mariage en plein milieu d’une conférence de presse. Dans sa jeunesse, le séduisant boxeur et avocat qu’était Mandela était souvent qualifié de bourreau des C’œurs. Maniaque et exigeant ! Mandela n’aimait pas le désordre. « Chaque chose à  sa place », voilà  ce qui semblait être son principe directeur dans son quotidien. Il insistait par exemple pour qu’au déjeuner, une certaine marque d’eau lui soit servie et pas une autre. Ses journaux et son appareil auditif devaient être rangés d’une certaine façon, et pas d’une autre. On sait que ses enfants lui en veulent d’avoir été, parfois, un père un peu trop distant, peut-on encore lire sur Slate.fr. D’après ses proches, Madiba pouvait se montrer très dur. Son épouse Graça affirme que « Papa » (C’’est ainsi qu’elle l’appelait parfois) était « quelqu’un de borné, colérique et impitoyable quand ses petits-enfants avaient de mauvaises notes à  l’école ». Humour et auto-dérision Une chose que tous ceux qui l’ont rencontré lui reconnaissent, C’’est son humilité et sa capacité à  rire de tout et de lui-même. Ses vieux amis le taquinaient souvent sur son snobisme et ses caprices. Il leur répondait toujours avec beaucoup d’humour. A Mgr Desmond Tutu qui critiquait ses gouts vestimentaires et en particulier ses chemises plus bariolées les unes que les autres, Madiba aurait répondu, « drôle de remarque de la part d’une personne qui porte toujours des robes ! ». Il adorait plaisanter sur sa mort. Il disait, en riant, que la première chose qu’il ferait en arrivant au paradis – il était sûr et certain d’y avoir sa place – ce serait de prendre sa carte au bureau de l’ANC local. « On ne pouvait sortir de chez Mandela sans avoir le C’œur battant, les jambes en coton… ». Ce témoignage d’un journaliste qui a eu le privilège de le rencontrer et de discuter avec lui en dit long sur le charisme de cet homme « spécial ». Même ses silences étaient des moments magiques. En 1990, il est filmé par le cinéaste Raymond Depardon, pendant une minute, en silence. Une minute de silence à  laquelle ont fait écho aujourd’hui toutes celles observées à  travers le monde. Dors en paix, « Tata Madiba »

Moussa Mara : de la mairie au ministère

Né à  Bamako en mars 1975, Moussa Mara a grandi entre Dar-Salam et Bamako- Coura, avant de fréquenter le grand lycée Askia Mohamed. Féru de littérature et d’histoire, c’est d’ abord vers les sciences économiques, qu’il oriente son choix, avant d’obtenir un Brevet d’orientation Technique en Comptabilité. Sa vie professionnelle démarre en 1997 au sein de la seule entreprise qu’il connaà®t, en l’occurrence la société d’expertise comptable DIARRA. Il entre dans ce cabinet comme collaborateur avec son grade d’expert comptable stagiaire et y évolue progressivement pour en devenir son directeur associé pour l’Afrique. Moussa Mara a été inscrit à  l’ordre des experts comptables en 2000, après l’obtention de son diplôme. Il est devenu en 2002 le secrétaire général de l’ordre et a occupé cette fonction jusqu’en 2007. Il est également à  la tête de plusieurs associations professionnelles ou spécifiques (jeunesse, développement local). M. Mara a dirigé une école de gestion de 2004 à  2009 en association avec une quinzaine de professionnelles comptables, juridiques et financiers. Depuis bientôt dix ans, il s’intéresse à  la vie publique et a décidé de devenir acteur. « C’’est en 2004 que J’ai véritablement commencé à  faire de la politique au sens électoral du terme. Mais en tant que militant, soucieux du développement, les années ne se comptent plus, cela fait au moins une vingtaine d’années que je suis sur le terrain. » a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à  Journadumali en 2009. Il a choisi un travail de fond à  la base, dans son quartier et dans sa commune. Moussa agit auprès des populations en soutenant les activités de développement avec ses propres moyens. Le 19 mai 2009, il a été élu Maire de la commune 4 du district de Bamako, mais ce mandat a été interrompu en février 2010. Les autorités ont décidé d’annuler et de reprendre ces élections. Après 12 mois d’exercice de la délégation spéciale, des élections ont été organisées en février 2011. Depuis son élection à  la mairie de la commune IV, M. Mara publie tous les ans, son patrimoine. « C’est un exercice de transparence auquel tous les élus devraient se soumettre. J’ai d’ailleurs publié dans la presse malienne une tribune o๠j’invite les leaders politiques à  en faire autant.» explique t-il. Porte-étendard du parti Yèlèma (changement) à  l’élection présidentielle du 28 juillet dernier il a obtenu 1,53% des voix. Pour le second tour, à  la tête d’un collectif de 6 candidats, ils ont décidé de soutenir en appelant leurs militants et sympathisants à  voter massivement le candidat du Rassemblement Pour le Mali, Ibrahim Boubacar Keita. « Nous avons décidé de soutenir le candidat IBK sans conditions. Nous estimons et nous sommes persuadés qu’il est le seul des deux candidats à  porter véritablement les espoirs de changement de notre pays. Son résultat au premier tour l’illustre parfaitement et nous avons décidé de porter nos choix sur sa personne.» a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse après l’annonce des résultats du 1er tour. Selon le collectif, ce soutien « est surtout motivé par la rupture et le changement annoncés par le candidat du RPM » Nommé le dimanche 8 septembre, M. Mara aura la charge de la politique de rénovation urbaine et la politique en faveur des quartiers en difficulté; « Le Mali n’a pas de politique de ville pour l’instant et nous sommes comme beaucoup de pays subsahariens en urbanisation accélérée et il faut que cette urbanisation soit cohérente et maà®trisée afin qu’elle entre en droite ligne du développement de notre pays. La ville doit être variable dans la stratégie de développement. J’aurai à  conceptualiser tout cela en contrôlant l’urbanisation, avec les règles publiques de sécurité pour prévenir les inondations. C’est en tout cas un honneur pour moi de m’occuper de ce département et nous allons nous atteler à  la tâche » a t’il déclaré à  la sortie du premier conseil des ministres extraordinaire.

IBK : son dernier combat pour la conquête du pouvoir

Après avoir terminé ses études secondaires et supérieures en France, Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) a été chargé de recherche au célèbre Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et a enseigné les systèmes politiques du Tiers-Monde à  l’Université de Paris Tolbiac. De retour au Mali en 1986, IBK s’est impliqué dans le développement économique et social de son pays en tant que conseiller technique principal de l’Union européenne pour le Fonds européen de développement (FED), puis au sein de l’ONG Terre des hommes France, dont il a été le directeur pour l’Afrique de l’Ouest. La même année, Ibrahim Boubacar Keà¯ta participe clandestinement, au mouvement démocratique malien qui amène la révolution de 1991 mettant fin à  23 ans de dictature. Membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), il sera son président de 1994 à  2000. Ibrahim Boubacar Keà¯ta contribue activement, en tant que directeur adjoint de campagne, à  l’élection d’Alpha Oumar Konaré en avril 1992 sous les couleurs de l’Adema. IBK ou le « Kankeletigui » (« l’homme qui n’a qu’une parole » en bambara) est alors nommé successivement porte-parole et conseiller diplomatique du président Konaré, puis en 1993 Ambassadeur en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Gabon, avec résidence à  Abidjan, ministre des affaires étrangères, et enfin Premier ministre de 1994 à  2000. A la suite de désaccords au sein de son parti, IBK quitte l’Adema en 2000 et fonde le Rassemblement pour la République (RPM) en juin 2001 et sera candidat à  l’élection présidentielle d’avril 2002. Il apporte alors son soutien à  Amadou Toumani Touré, qui est élu au second tour face à  Soumaà¯la Cissé, candidat de l’Adema. Le RPM arrive en tête des élections législatives, et IBK, élu député à  Bamako, se voit porté à  la présidence de l’Assemblée nationale. En 2007, il échoue une seconde fois, contre ATT, réélu dès le premier tour. Ibrahim Boubacar Keà¯ta est Grand Officier de l’Ordre National du Mali et Commandeur de la Légion d’honneur française. Il a été vice président de l’Internationale socialiste, et a également présidé l’Union des parlementaires africains.