Application By For Womens (BFW), pour accélérer l’autonomisation des femmes rurales

 

Le Directeur exécutif adjoint de ONU Femmes Mr Yannick Glemarec est en visite au Mali du 04 au 06 octobre 2017. Il a procédé ce 04 octobre 2017 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako au lancement de l’application By For Women (BFW). Un outil destiné à augmenter la productivité des femmes agricultrices pour une meilleure autonomisation.

Le Mali sera, après le Rwanda le deuxième pays africain à expérimenter cette technologie au service de l’épanouissement des femmes agricultrices. Le projet qui doit démarrer lors de la prochaine campagne a une durée de quatre ans. Il doit permettre à environ 25 000 agricultrices d’augmenter leur production d’environ 20%. Ce qui contribuera à une atteinte plus rapide de l’égalité entre les sexes d’ici 2030 et des ODD, selon Mr Glemarec.

Pour concrétiser cet accès des femmes à l’information, les moyens de productions (l’accès à la terre et au financement) ainsi qu’au marché, elles seront dotées d’un outil technologique facile à utiliser même pour celles qui sont peu alphabétisées. Il s’agira à partir d’une application installée sur un téléphone de permettre aux femmes « de faire la cartographie du terrain à cultiver, à partir de cela faire une estimation de la récolte et décider de la partie à vendre », précise Mr Glemarec. Sur cette plateforme, elles auront aussi accès à des acheteurs et surtout des contrats à terme.

Mais pour relever ce défi important, il fallait un partenariat stratégique instauré à cet effet avec l’Agence des Technologies de l’Information et de la communication (l’AGETIC) qui doit s’occuper de la conception des solutions technologiques. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu ce 05 octobre 2017, la signature d’un accord tripartite entre ONU Femmes, l’AGETIC et AGEFAU pour renforcer notamment la capacité des femmes entrepreneurs et des femmes rurales. Cette association vise à pérenniser le projet au-delà même du financement de ONU Femmes. « By From Woman est un logiciel qui permet aux femmes de vendre leurs produits en ligne en identifiant les acheteurs même avant même la production. Mais cela ne peut se faire que si nous arrivons à vulgariser cette application et à la sécuriser », ajoute Mr Glemarec. Pour l’utilisation efficiente du logiciel, les modules de formation ont déjà été identifiés et les négociations de contrat sont en cours. Le projet doit entrer dans sa phase active à partir de la campagne agricole prochaine.

Adame Ba Konaré : « Rien ne tombe droit du ciel ! »

Dans quelques jours, le monde célèbre le 8 mars, dédié à  la promotion de la femme, avec pour thème « Planète 50-50 d’ici 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes ». Au Mali, le combat pour cette égalité a récemment connu quelques succès, dont la loi sur le quota dans les instances dirigeantes. Adam Ba Konaré, écrivain, historienne, ancienne Première dame du Mali (1992-2002) et présidente du musée de la femme Muso Kunda de Bamako, a été de ce combat et continue de s’investir pour que les femmes maliennes jouent leur partition dans le développement du pays. Dans une interview exclusive, l’auteur de l’Os de la parole (2000), Quand l’ail se frotte à  l’encens (2006), et du Petit précis de remise à  niveau sur l’histoire africaine à  l’usage du président Sarkozy (2008). les femmes du Mali, d’Afrique et du monde ! Journal du Mali : Vous êtes l’une des rares intellectuelles maliennes, féministe et panafricaniste reconnue. Quel regard portez-vous sur la condition de la femme hier et aujourd’hui, en particulier en Afrique et au Mali ? Adame Ba Konaré : Un regard plutôt optimiste. Je constate que les femmes sont de plus en plus entreprenantes. Leur présence au sein du gouvernement, de nombreuses directions et de toutes les institutions de la République, C’’est déjà  un acquis. On peut aisément imaginer que cette tendance va se renforcer car le ton est, partout dans le monde, à  une montée en flèche des femmes au sein même des institutions internationales. Cette année, pour le 8 mars, il est question de l’égalité des sexes, avec l’horizon 2030 pour y arriver. Pour vous, C’’est un combat éculé ou un engagement réaliste ? Cela dépend du contenu que l’on veut mettre dans l’égalité des sexes. Sur le plan juridique, s’il s’agit de l’égalité des droits, on ne peut que s’en réjouir et souhaiter qu’il n’y ait aucune entrave à  cette évolution. Je pense cependant qu’il serait dommageable que la femme se laisse déposséder des prérogatives qui ont été les siennes jusque-là . La femme est définie comme gardienne des valeurs. Pendant longtemps, on s’est gargarisé de cette sentence. La femme est le pivot du système social. Sans elle, une maison, voire une société peut difficilement fonctionner. Elle centralise toutes les activités de ces différentes sphères. Une maà®tresse de maison agréable, accueillante, soucieuse du bien-être des uns et des autres est une image particulièrement gratifiante, tellement gratifiante qu’y renoncer serait perdre le capital d’investissement engrangé tout au long des siècles. Elle ne devrait pas s’en laisser déposséder au nom de l’égalité des sexes. Certains ne pensent pas que cet objectif d’égalité-parité sera atteint. Quelles sont selon vous les conditions pour y arriver ? Les conditions, C’’est de la faculté de lutte des femmes, de leur capacité à  rester vigilantes, à  ne pas baisser la garde, à  rester sur une ligne continue de défense de leurs droits qui peuvent donner du contenu à  cet objectif. Rien ne tombe droit du ciel. l’organisation en groupes de lobbying face aux décideurs est assurément une voie à  emprunter. L’instruction, l’éducation et la formation des femmes sont également essentielles. De nombreuses jeunes « leaders » féminines émergent ces dernières années au Mali. l’auteure du « Dictionnaire des femmes célèbres du Mali » se reconnait-elle dans leur combat ? Je constate comme vous qu’effectivement beaucoup de « leaders » féminines émergent au Mali. Elles sont sûrement à  encourager voire à  féliciter pour leur esprit d’engagement dans les voies qu’elles empruntent. Toutefois je leur conseille d’avoir toujours à  l’esprit le souci de la persévérance dans tout ce qu’elles entreprennent et l’exigence du travail bien fait, de la rigueur pour aller de l’avant. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les violences conjugales. Pensez-vous, comme certaines femmes, que C’’est un fait social à  accepter ? Sinon, quelles stratégies pour lutter contre ? Bien sûr que C’’est un phénomène à  condamner ! Il est d’ailleurs planétaire. Ce phénomène n’est pas spécifique au Mali. Quelles stratégies pour lutter contre ? Difficile d’en tracer tant cette violence, multiforme du reste, est souvent difficile à  expliquer. Il y a des sanguins qui dès que leur taux d’adrénaline monte, n’arrivent plus à  se contrôler, d’autres qui sont cyniques, qui programment leur violence et ses modalités. Il arrive aussi qu’à  un moment donné de leur parcours, certains couples n’arrivent plus à  se sentir et basculent dans la violence. Il n’est donc pas aisé d’établir une fiche de soins spécifiques applicables dans tous les cas de violence. La dénonciation, les thérapies psychologiques envisagées pour les couples, le rôle de la société, de la famille, leur assistance pour accompagner surtout les jeunes couples, les rencontres de sensibilisation sur le fléau, sont autant de pistes à  creuser et à  affiner, à  côté des dispositifs juridiques qui ont l’avantage d’exister mais qui malheureusement n’enrayent pas le fléau. Les « femmes intellectuelles » de votre trempe se font de plus en plus rares. Qu’est-ce qui pourrait être le ou les frein (s) à  l’émergence d’une nouvelle génération ? Théoriquement, il ne devrait pas y avoir de frein. Je suis moins catégorique que vous, mais je pense que l’impact des époques sur les destinées intellectuelles est énorme. àŠtre intellectuelle, s’affirmer dans une société clivée entre hommes responsables et femmes sous leur encadrement, démontrer qu’être femme n’était pas un handicap, qu’être femme africaine ne signifiait pas vivre cloitrée dans sa maison sous la dictature du mâle comme C’’était la croyance au temps colonial et même post-colonial, était l’un des challenges à  relever à  mon époque o๠vraiment les femmes intellectuelles et de plus engagées, se comptaient sur le bout des doigts. Les femmes étaient tout juste bonnes à  éduquer et à  soigner. Ce n’est pas un fait de hasard si les premières intellectuelles féminines étaient soit sages-femmes, assistantes sociales ou institutrices et monitrices. De nos jours on trouve des femmes intellectuelles dans toutes les sphères de la science. Les lignes semblent bouger dans notre pays. Une loi sur le quota de femmes dans les instances de la République a été récemment votée. à€ bulletin secret… Qu’en pensez-vous ? Il y a là  de quoi faire plaisir aux femmes. C’’est un pas de plus car ce n’est pas d’aujourd’hui que datent les questions sur les quotas devant être accordés aux femmes au sein des institutions. Le débat a constamment été soulevé au sein de l’ADEMA, dès la mise en place de son premier bureau en 1991 mais il n’a pas pu se concrétiser. Les femmes ont occupé des portefeuilles ministériels par le passé, jadis considérés comme monopole des hommes. Rappelez-vous que la transition démocratique de 1991-1992 conduite par le Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Touré, alias ATT, a donné au Mali sa première femme gouverneur de région (le District de Bamako), laquelle femme gouverneur, Mme Sy Kadiatou Sow en l’occurrence, a été ministre des Affaires étrangères quelques années plus tard sous la mandature du président Konaré. Le Mali, à  l’instar de nombreux pays dans le monde, est confronté au phénomène de la radicalisation religieuse. Cela vous semble-t-il une menace pour l’émancipation de la femme ? Je pense très sincèrement que ce qui pose problème dans cette question sur l’islam, C’’est le manque de débats francs, le confinement des uns et des autres dans des cases définies : radicaux islamistes d’un côté, laà¯cs républicains de l’autre, en oubliant que dans ce pays qu’est le Mali, l’islam a été introduit dès les premiers temps islamiques, dès le 10ème siècle, si l’on en croit les chroniqueurs de Tombouctou, en ce qui concerne Gao par exemple. Refouler le débat sur l’islam, C’’est donc un comportement frileux. On devrait multiplier les cercles d’échanges autour de l’islam et les femmes en revenant aux fondamentaux. Lorsque l’on connaà®t le rôle joué par les femmes aux côtés du prophète Mahomet (PSL), que ce soit sa première épouse Khadija, la première à  s’être convertie, sa fille Fatima ou son épouse Aisha qui sera plus tard très impliquée dans la vie du califat, l’on se rendra compte que l’islam n’est pas une religion d’exclusion des femmes, bien au contraire. Le Coran est également émaillé de passages sur la protection des plus faibles, parmi lesquels les femmes. C’’est tout ça qui doit être exhumé, pour un dialogue franc et érudit en lieu et place d’incantations contre-productives. Pour répondre à  votre question, je pense que de la confrontation d’idées et d’informations entre ce qu’on appelle « radicaux » et islamistes modérés, voire pouvoirs publics, sortira une lumière pouvant guider les uns et les autres. Le pays a traversé une crise sans précédent, mais la grande majorité des intellectuels, dont vous qui êtes une voix qui compte, est restée silencieuse. Pourquoi ? Vous savez, pour être franche, je crois que lorsque l’on a occupé la position que J’ai occupée, C’’est-à -dire Première dame, la sagesse recommande de s’imposer un devoir de retenue sur tout ce qui concerne les questions nationales parce que les amalgames sont vite faits. Même ma position d’intellectuelle ne saurait banaliser ce fait. Cela ne signifie pas que je suis indifférente aux évènements dramatiques et souvent stupéfiants que traverse le Mali, ce pays qui nous est commun à  tous, ni que je n’en souffre pas. Dans tous les cas, être historien demande du recul pour noter, analyser, apprécier et intervenir au moment idoine, ce qui échappe à  l’actualité brûlante. Sur le plan littéraire, qu’êtes vous devenue depuis votre sortie contre les propos de Nicolas Sarkozy en 2008 ? Un ouvrage en préparation peut-être…? Disons que J’engrange. Je n’arrête pas de réfléchir, de prendre note, d’observer, d’essayer de comprendre les évènements que nous vivons depuis 2012, en remontant le temps, et surtout, je refuse de me satisfaire des propos faciles visant à  gommer le passé tels que « le Mali n’a jamais connu de situations comparables à  celles qui se passent aujourd’hui », « les peuples du Mali ont toujours vécu en symbiose, dans la fraternité des C’œurs et d’esprit. » Je dirai plutôt : sauvons ce qui est à  sauver en terme de cohésion sociale, mais à  travers une démarche rigoureuse, la plus incisive et la plus objective qui soit, pour interroger le passé, afin d’en tirer toutes les leçons qu’il faut. Alors, seulement alors, en remontant le temps, l’on pourrait exhumer les zones de lumière qui unissent les Maliens. Pour l’heure et en attendant, je me dédie au second volet de mon combat intellectuel et militant qui n’est autre que ma dédicace aux questions touchant les femmes et qui vont dans le sens de leur promotion et de leur revalorisation. Je m’emploie à  les accompagner dans leur combat pour plus de bien-être, dans des secteurs gratifiants pour elles et en donnant le coup de pouce leur permettant de pousser plus loin leurs ambitions, leur prise en charge, leur émancipation, à  travers la formation et la revalorisation de leur savoir-faire entre autres. Cette ambition, je l’ai matérialisée à  travers un centre, le Centre de formation et de production pour les Femmes Kadiatou Thiam, du nom de ma défunte mère. Ce projet n’est que le pendant du Musée de la femme que J’ai initié en 1994, pour justement donner un support matériel au « Dictionnaire des femmes célèbres du Mali », que vous citiez tantôt. Le centre Kadiatou Thiam est le deuxième poumon de mon projet féministe. Pour terminer, laissez-moi souhaiter Bonne fête des femmes à  toutes

Edito : Gouvernement Mara, la parité attendra…

A part quelques nouveaux et un gouvernement qui donne l’impression de faire place à  la jeunesse, une seule femme s’ajoute à  cette équipe, que l’on avait annoncé resserrée, mais qui au final caracole à  31 ministres. Notons qu’il était illusoire d’espérer un gouvernement de combat à  une vingtaine de membres. Et dans un pays qui sort de la crise, réduire le train de vie de l’état et les portefeuilles ministériels, aurait pu être un bon signal envers une population confrontée à  la vie chère et au chômage des jeunes. Sortants et Entrants D’emblée, ce nouvel attelage est expurgé des deux généraux proches de l’ex junte et qui ont accompli leur mission. Le ministre Moussa Sinko Coulibaly qui avait survécu à  la transition, après avoir organisé la présidentielle et les législatives et le Général Abdoulaye Koumaré, ex bras financier de la junte, sont désormais out, mais pas à  l’abri d’une convocation devant le juge Karembé. Autres départs dans un souci de réajuster, Cheick Oumar Diarrah, ministre de la réconciliation, dont il faut saluer le courage physique et mental, laisse sa place à  Zahabi Ould Sidi Mohamed, un nordiste qui connaà®t bien les rebelles, après avoir testé la diplomatie internationale. Jean Marie Idrissa Sangaré, un ingénieur, qui n’a pas convaincu en six mois, cède le département stratégique de la communication à  Mahamadou Camara, précédemment directeur de cabinet du Président Keita. Un jeune ministre que l’on juge à  la bonne place et qui devra s’enhardir à  réduire la fracture numérique au Mali. Côté environnement, Oumane Ag Rhissa cède son portefeuille à  un autre proche d’IBK, Abdoulaye Idrissa Maiga. Et à  la diplomatie, entre un diplomate, Abdoulaye DIOP, ex ambassadeur du Mali aux Etats-Unis. Bonne surprise pour un homme qui maà®trise le domaine. Du côté du budget, Madani Touré proche de Tatam Ly s’en va, sans avoir pu exploiter toutes ses possibilités à  la finance publique. Figures politiques Pour créer la petite surprise, un mastodonte, Maà®tre Mountaga Tall, du CNID, terrassé aux dernières législatives à  Ségou, retrouve le sourire au département de l’enseignement supérieur, après une longue traversée du désert. Il est talonné par l’excellent Ousmane Sy, de l’Adema, ex ministre d’Alpha, qui après avoir occupé le poste de Secrétaire général de la présidence sous la transition, hérite de la décentralisation, un domaine qu’il connaà®t très bien pour avoir longtemps travaillé dessus et produit des ouvrages sur le sujet. On voit dans cette nomination la main secrète de Dioncounda, mais l’homme pratique la décentralisation depuis des décennies. Son ouvrage « Reconstruire l’Afrique » en est une belle illustration. Autre nouveau. Housseini Amion Guindo, dit Poulo, président du parti CODEM fait une entrée remarquée dans ce gouvernement, sans doute un clin d’œil de Moussa Mara à  la coalition PUR qui avait réuni les deux hommes avant la présidentielle de 2012. Il s’occupera donc du département du Sport, séparé désormais de la jeunesse. Pour le reste, les portefeuilles régaliens comme la Défense, l’Intérieur, la Justice, l’Economie et Finances, demeurent inchangés : Fily Bouaré Sissoko, Boubèye Maiga, Sada Samaké, Mohamed Ali Bathily restent à  bon port. Idem pour Boubou Cissé aux Mines, Moustapha Ben Barka qui passe de ministre délégué à  ministre plein, en charge des Investissements. Mamadou Gaoussou Diarra, en plus de la Jeunesse, hérite de l’Action citoyenne, un département qu’a souhaité la société civile malienne. Parité à  la traà®ne s’il y a bien une chose à  déplorer dans ce gouvernement, C’’est le quota de femmes. 5 en tout. Mme Jacqueline Togola Nana conserve l’éducation nationale, et Sangaré Oumou Bah se bat pour la promotion féminine. Aissata Bengaly garde l’artisanat et Fily Bouaré Sissoko s’impose à  l’Economie et aux finances. Une seule, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, ex égérie de campagne d’IBK, fait enfin son entrée au gouvernement à  la Culture. Dotée de charme, militante politique active, Rama Diallo, fille de l’ancienne ministre Lalla Sy, est aussi patronne d’une agence de communication à  Bamako. Cinq femmes sur 31 ministres donc, la parité attendra et attendra. l’époque o๠une femme pouvait rêver d’un ministère régalien comme les affaires étrangères fait date, quand Mme Sy Kadiatou Sow en avait hérité. La seule d’ailleurs qui fut aussi Gouverneur du district de Bamako. Au Mali, on reste bien deçà  des parités à  la sénégalaise, o๠une femme, Aminata Touré est Premier ministre ou au Rwanda, o๠la moitié du parlement est constitué de femmes. D’évidence, les pesanteurs socioculturelles jouent comme la faible représentativité des femmes dans les partis politiques. En conclusion, s’il faut saluer la nomination du Premier ministre Mara, il reste à  nous autres observateurs, à  garder un œil vigilant sur la nouvelle action gouvernementale et les nouveaux ministres. Même si enfin de compte, il y a eu beaucoup de bruit pour rien…Much ado about nothing !, pour paraphraser cette fameuse pièce de Shakespeare…

Leadership : « Il faut donner aux femmes les postes qu’elles méritent ! »

C’’est le professeur Amsatou Sow Sidibé, professeur Agrégé de droit à  l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui animait la rencontre entre les femmes Maliennes et l’Ambassadeur du Sénégal au Mali, Mme Saoudatou Ndiaye Seck au Musée National de Bamako. Parmi ces femmes leaders, on comptait la doyenne Sira DIOP, Mme Mbam Diatigui Diarra, médiatrice de la République du Mali, Ouleymatou Sow Dembélé de la CAFO ou encore Oumou Ahmar Traoré du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et d’autres. Les femmes et le code de la famille Au menu des discussions, le statut des femmes, relatif au code de la famille ; Pour Amsatou Sow Sidibe, le respect des époux est une chose formidable. « Je ne comprends pas les femmes maliennes. Celles qui se sont érigées contre le nouveau code de la famille et l’annulation de la notion d’obéissance. Nous risquons de tomber dans l’islamisme », ajoute la conférencière, qui évoque le projet de loi sur la parité au Sénégal et visant à  bonifier le statut des femmes. Il est clair que la perception du code de la famille diffère entre le Mali et le Sénégal. Quant Au Mali, la puissance paternelle est érigée, la femme est reléguée au rôle de gestionnaire du foyer et de mère, alors qu’au Sénégal, les femmes s’affirment intellectuellement, économiquement, s’émancipent ou alors deviennent 2è épouses pour avoir un statut social mais aussi s’en sortir financièrement ! C’’est le cas de trentenaires, aguerries, épanouies et qui n’ont pas froid aux yeux quant aux dispositions d’un code de la famille, certes à  réformer mais vecteur de valeurs traditionnelles également. A Bamako, o๠certaines, lors de la promulgation du nouveau code, ont manifesté et crié à  la spoliation de leurs droits, de leurs valeurs, à  Dakar, la question n’avait pas tant crée l’ire. Un écart existe bel et bien entre la mentalité des femmes maliennes et celles sénégalaises. Quant ces dernières cherchent le leadership, recherchent l’appui des autorités, les militantes maliennes ont, reculé devant un code, décrié, cédant à  la menace des autorités islamiques ! Combien sont-elles à  avoir été attaquées sur les ondes des radios, par les leaders religieux : « Je suis insultée de partout, critiquée, menacée », confiait Saoudatou Haidara, de la Commission Lois de l’Assemblée Nationale et qui a planché sur le texte Malien, difficile à  avaler pour les uns et les autres. Le débat reste ouvert. Il fallait se protéger mais garderla tête froide : « Ce code, n’a pas assez été expliqué aux gens, nous nous l’avons fait avec les gens de la Francophonie lors d’un séminaire à  Québec », confiait Mbam Diatigui Diarra, Médiatrice de la République du Mali. « Il faut quand même qu’on sache ce qu’il y a dans ce code avant de l’adopter. Combien d’entre nous connaissent le document. Combien d’entre nous peuvent le décrypter ». « Le code de la famille lui a été réécrit par les membres du Haut Conseil islamique du Mali, et qu’à  cela ne tienne, les autorités Maliennes devront compter avec leurs dispositions. « Le débat risque d’être chaud, plus que ce que nous avons déjà  vu en Août dernier», confiait aussi Sy Kadiatou Sow, ex gouverneur de la République du Mali. « Mais peut-être, pourrions-nous inspirer des femmes sénégalaises, de leurs points de vues » et « mêmes des femmes arabes, de Tunisie, du Maroc, d’ailleurs pour enrichir le débat », ajoute une autre femme leader. « Les femmes n’ont pas assez confiance en elles », ajoute Mme Sidibé. Elles se promettent alors de remettre ça, sous les bons auspices de la doyenne Sira DIOP, ( Fondation Femmes d’Afrique et Culture, Mémorial de Rufisque),qui propose un cadre de concertations de réflexions, une initiative déjà  commencée, avec l’idée : « Ma grand-mère m’a dit », sorte de paroles de sagesses aux tout petits ! Les femmes instrumentalisées en politique Reste l’instrumentalisation politique des femmes, lors d’élections ou de nominations à  des postes clées. Les chiffres sont là  pour témoigner, explique le professeur Sow et la disparité est là  entre femmes du continent : Au Sénégal, précise Amsatou Sow Sidibé, il 37 femmes députés pour 150, 1 vice présidente sur 7,10 femmes élues pour 100 dans les collectivités, 6 femmes ambassadeurs. Au Mali, elles sont sous représentées également : Il y a 3% de femmes à  la tête de partis politiques, 10% de députés, 28% de femmes ministres (la parité avance), 14% membres du conseil Consitutionnel. Ce qui pose le problème de la parité évoqué plus haut et qui se voit entravé par de multiples facteurs : Rapports sociaux de force, inégalités sociales, mauvaise interprétation de l’Islam, pouvoir économique etc… « Les femmes doivent avoir les postes qu’elles méritent, il faut les privilégier partout o๠il y a des postes de responsabilité, elles ne doivent pas être « de simples jupettes» « , en référence aux femmes ministres qu’avaient nommé Alain Juppé, en France, alors premier ministre sous Chirac, et dont beaucoup étaient passées à  la trappe. Ce fut aussi le cas au Sénégal pour des femmes ministres qu’on avait placé là , sans réelle conviction. Au Mali, l’instrumentalisation politique se situe au niveau des masses électorales, des femmes rurales notamment, celles qu’on mobilise pour soutenir des candidats Hommes et celles qui ne sont pas tout à  fait éligibles sur les listes électorales se contentant d’être des leviers du pouvoir des autres. « Pourtant, il y a de plus de femmes engagées en politique et même dans les régions au Mali », explique Nana Sissako, du Groupe Pivot Droits et Citoyenneté des femmes ». Les femmes victimes des conflits et autres paramètres sociaux Outre la politique, les femmes africaines, restent victimes des conflits(comme en Casamance au Sud Sénégal) et d’autres de situations d’urgence de santé ou d’accès aux soins et à  l’eau potable, notamment dans les zones rurales, etC’… Elles sont classées populations vulnérables par les organismes internationaux et font partie du programme des OMD(objectifs du millénaire pour le développement ». Nous devons intégrer les OMD dans nos politiques nationales, ajoute Amsatou Sow. Parce qu’il y a clairement un manque de culture du droit des femmes chez nous, ce qui suppose donc un engagement national, régional et même international ». Leadership ! leadership ! Les faits, la réaltié des femmes Africaines est là  avec toute sa complexité, mais les femmes leaders dont nous parlons aujourd’hui et qui ont débattu au Musée National de Bamako, dans le cadre de la semaine de l’amitité sénégalo-malienne, ne sauraient être des victimes d’un monde « d’hommes ». Plutôt sont-elles des battantes, des femmes dont l’image impressionne et dont la parole sert d’exemple, des femmes dont l’action influence les autres et dont le positionnement social confère le respect ! A l’instar de Mme Saoudatou Ndiaye Seck, Ambassadrice du Sénégal au Mali, et qui a chapeauté ce large débat, autour de questions féminines. Une autre belle initiative de femmes !