Ali Soumaré, jeune politicien de la diversité

Militant associatif devenu politicien, Ali Soumaré, 35 ans, a toujours su donner tout son sens au mot engagement, que ce soit dans les quartiers ou en politique.

Ali Soumaré est né le 25 décembre 1980 à  Montmorency, en banlieue parisienne. Ce jeune Soninké dont les parents sont originaires de la région de Kayes, délaisse les études en fin de lycée et c’est dans l’animation socio-culturelle et le milieu associatif, qu’il se lance. Il y connaîtra une ascension rapide. « Mes armes, je les ai faites en banlieue, ce sont les conditions de vie dans les quartiers qui ont fait naître ma conscience politique », résume-t-il. Malgré son activisme social, il comprend vite « que pour réellement faire bouger les choses, il faut entrer en politique là où les décisions se prennent ». Le 21 avril 2002, quand un certain Jean-Marie le Pen, crée le choc en parvenant au second tour de l’élection présidentielle, il s’engage à  gauche dans la section du Parti socialiste (PS) de Villiers le Bel, une commune du Val-d’Oise située au nord de Paris.

Une évolution politique Dans cette circonscription, il côtoie un député de renom, Dominique Strauss-Kahn, qui lui met le pied à  l’étrier. À force de travail, à 24 ans, il devient secrétaire de sa section, puis en 2007, quand le malaise des banlieues explose et se traduit en émeutes violentes, il est propulsé dans l’arène médiatique et s’avère un atout majeur pour son parti, comme porte-parole et médiateur de ces quartiers sensibles qui s’embrasent. Conscient de sa valeur, le PS l’investit tête de liste aux élections régionales de 2010. Dans cette campagne où tous les coups sont permis, son investiture fait grincer des dents à  l’intérieur du PS comme dans le camp adverse. Il devient la cible d’attaques violentes qui le plonge dans un tourbillon médiatico-judiciaire. « Ce n’est pas moi qui étais visé mais tous ce que je pouvais représenter, j’étais noir, jeune, issu de la banlieue ». Malgré les coups bas, il remporte la confiance des électeurs, qui avec 57,48 % des suffrages contre 42,52 % pour son adversaire, lui permettent d’entrer au conseil régional à 30 ans. Avec ses nouvelles fonctions, il consolide ses attaches avec le Mali, étant membre de la commission des affaires internationales pour l’Afrique de l’Ouest. En 10 ans, ce sont plus de 10 millions d’euros qui seront versés par cette commission pour soutenir l’effort de développement malien. « Je me sens autant concerné par ma région que par mon pays d’origine. J’aimerais que l’Afrique puisse relever la tête », confie ce franco-malien à  l’aise dans sa double identité. Mais le 13 décembre dernier, à l’issue du second tour des régionales, il n’est pas réélu, à un siège prêt. Philosophe sur sa défaite, Ali Soumaré sait qu’il n’est qu’à l’aube de sa carrière et que son avenir politique reste très prometteur.