Ouassa Pangassy Sangaré : Quand la photo déchaîne les passions

Issue d’une famille d’intellos, Ouassa Sangaré est la seule à  avoir suivi une carrière dans le domaine de l’audiovisuel. Sa sœur jumelle Founè est architecte et ses deux frères ont quant à  eux, suivi des carrières de juristes et économique. Le père lui, est général d’armée à  la retraite. Elle est passionnée de cet art depuis sa tendre enfance o๠son père ne cessait de les prendre en photos. Il lui offrira à  son 7e anniversaire, son premier appareil photo amateur, parce qu’elle adorait photographier les autres avec celui de son père. Elle est née le 21 décembre 1978 à  Bamako. Enfant, elle ne jouait qu’avec les garçons, contrairement à  sa sœur qui restait collée aux poupées avec ses copines. A l’école de photos La jeune photographe fréquentera pendant deux ans, l’école de photo de Bamako ‘Promofam’ o๠elle obtient son diplôme de photographe et de caméraman en 1998. Elle ira ensuite se perfectionner à  Abidjan (Côte d’Ivoire), au Burkina Faso et au Sénégal. La jeune fille multiplie les expériences jusqu’à  décrocher des voyages en Italie, en Hollande et en Belgique. Pression familiale Au départ, Ouassa n’avait aucun problème avec sa famille sur le fait qu’elle exerce le métier de photographe réservé jusqu’à  cette décennie aux hommes. Cependant, les soucis débuteront lorsqu’elle entamera les voyages à  l’extérieur du pays. Elle explique que son père et sa mère se souciaient beaucoup des considérations sociales. « Vous savez chez nous en Afrique, les gens parlent beaucoup. Quand ils voient une fille faire un métier peu ordinaire tel que la photo et qui voyage beaucoup, ils te regardent d’un mauvais œil comme si ce genre de fille était dévergondée. C’’est donc ça le gros souci de mes parents. Mais J’essaye tant bien que mal de les mettre en confiance par rapport à  ce que je fais »,explique t-elle. Voir la vie en rose A 32 ans, Ouassa est célibataire sans enfants et cette situation pèse beaucoup sur son moral. Elle confesse « mon plus grand vœu en ce moment, C’’est de me marier et d’avoir des enfants. Je serai la femme la plus heureuse du monde si cela arrivait un jour car je prie le bon dieu chaque jour qu’il fait.» Cela lui pèse sur le moral parce qu’au Mali, lorsqu’une jeune fille atteint 25 ans sans être mariée, on commence à  se poser des questions sur les raisons de son célibat. Ouassa a un autre talent caché qui n’a rien à  avoir la photo. Elle est experte en cuisine et ses services sont même loués par les grands organismes nationaux et internationaux du Mali. Elle fait aussi bien les plats africains qu’occidentaux. Indépendante et engagée Ouassa Sangaré travaille de façon indépendante et n’est liée à  aucune structure. Néanmoins depuis 2000, elle collabore avec le centre de promotion artistique et culturel ‘soleil d’Afrique.’ Elle participe à  toutes leurs activités qui, elle le reconnaà®t, lui ont permis de se faire de la visibilité. « Le centre m’a permis de faire mes preuves aussi bien au Mali qu’au-delà  des frontières de ce pays.» Lors de la 8e édition de la Biennale de la photo de Bamako du 7 novembre au 7 décembre dernier, elle a exposé ses œuvres au centre international de conférence. A partir de ce instant, elle se fera de nombreuses relations et obtiendra des invitations à  exposer en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Inspiration La photographe s’inspire beaucoup de tout ce qui l’entoure pour faire ses photos. En matière de photo, elle dit préférer l’argentique au numérique. Car en effet, avec l’argentique, les clichés sont là , comme des preuves de ses prestations et réalisations. Le numérique n’a aucune garantie de pérennité. Par ailleurs, elle préfère les photos noir et blanc à  la couleur, les trouvant plus authentiques.

Yaya Coulibaly, la passion des marionnettes

l’enfant des marionnettes est né en 1959 à  Koula dans la région de Koulikoro. Plus tard, il étudie à  l’Institut National des Arts (INA) de Bamako puis à  l’Institut de la Marionnette en France. De retour au Mali, il forme en 1980 la compagnie Sogolon pour promouvoir la création du théâtre de marionnettes d’influence Bamanan, Somono et Bozo. Première troupe de marionnettistes du Mali, la compagnie Sogolon fait partie d’un ensemble de formations artistiques indépendantes. Depuis Yaya Coulibaly est devenu le gardien de la tradition Bambara, la plus vieille et la plus riche en Afrique. Héritier d’une très ancienne collection de marionnettes, Yaya la complète, jour après jour, avec de nouvelles créations faà®tes de fils à  tiges ou porté par les hommes. Grâce à  la tradition, Yaya a su créer un nouveau théâtre marionnette dynamique avec lequel il parcourt le monde entier. Les marionnettes, miroir de la société Très habile, ce génie des marionnettes a le don de faire passer des messages à  travers ses marionnettes. s’inspirant des contes et leçons de morales, tirés des fables sociales, Yaya Coulibaly met en avant les valeurs de courage, d’amour et de prospérité à  travers les sketchs de ses marionnettes. La guerre, les conflits lui font horreur, car ils perturbent la paix et l’amitié des Hommes. La marionnette, C’’est d’abord la victoire de la vie sur la mort et à  travers elles, on peut exprimer nos sentiments. C’’est aussi une manière de se distraire. « C’’est pour quoi je tiens à  garder cette activité jusqu’à  ma mort », clame l’artiste ! Tout en exportant les valeurs culturelles du Mali, à  travers ses marionnettes, Yaya Coulibaly a donné des spectacles partout dans le monde et rencontré ses nombreux fans. Pigeon voyageur, ce magicien des marionnettes s’est aussi donné du temps pour transmettre ses connaissances à  ses enfants, en vue d’assurer la relève : «je considère les marionnettes comme des objets de valeur et qu’il faut transmettre aux jeunes générations ». Yaya Coulibaly était en représentation du 3 au 13 juin, au Centre Culturel Français de Bamako.