Perspectives économiques 2021: 2,5% de croissance pour le Mali

Le Mali affichera un taux de croissance de 2,5% en 2021, indique la Banque mondiale dans sa dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales, publiée le 5 janvier dernier. Selon les projections, l’économie mondiale devrait progresser de 4%. En Afrique subsaharienne, elle devrait se redresser modestement, autour d’un taux de croissance de 2,7 %. Cependant, prévient la Banque mondiale, ces projections supposent une maîtrise de la Covid-19, au risque de se détériorer davantage.

Selon le rapport des projections de la Banque mondiale, le  taux de croissance du Mali est passé de 5% à -2% en 2020. Et pour 2021 ce taux connaitra une timide progression, de 2,5%. Cette situation est tributaire de la conjoncture de l’économie mondiale, fortement impactée par la Covid-19, et de la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Et elle pourrait continuer à faire plus de malheureux. « La pandémie de la Covid-19 affecte profondément le Mali, qui subit déjà une crise multiforme, multidimensionnelle, sécuritaire, politique, économique, sociale et alimentaire. Ses effets indirects sont potentiellement beaucoup plus dévastateurs que ses effets directs. La récession économique globale et ses conséquences sur l’économie nationale vont entraîner une chute anticipée de la croissance du PIB de plus de 100%. Celle-ci va passer de 5% à -2% en 2020. Pour la première fois depuis six ans, la croissance du PIB va être bien en-deçà de la croissance démographique. Cette chute du PIB va sensiblement faire augmenter le taux de pauvreté, qui était de 41,3% en 2019, et faire basculer plus d’un million de Maliens supplémentaires dans la pauvreté »,  explique Modibo Mao Makalou, économiste.

Ces projections économiques pour l’Afrique subsaharienne, même modestes,  pourraient faire face à des risques de dégradation si des mesures ne sont  pas prises pour circonscrire la pandémie, grâce à la vaccination notamment. « Le redressement de l’activité économique dans les grands pays avancés et émergents et dans les principaux partenaires commerciaux de la région (Europe, Chine, États-Unis) repose principalement sur les annonces encourageantes en matière de développement et de déploiement des vaccins anti – Covid, ainsi que sur les nouveaux programmes de relance budgétaire. Les prévisions d’une croissance atone en Afrique subsaharienne sont dues à la persistance de l’épidémie de Covid-19 dans plusieurs pays, qui fait obstacle à la reprise de l’activité économique », prévient le rapport sur les perspectives économiques.

Hausse des matières premières Selon les estimations de la Banque mondiale, le taux de croissance passera de 2,5% à 5,2% au Mali en 2022. Pour Modibo Mao Makalou, la maîtrise de la pandémie et la hausse du prix des matières premières pourraient favoriser une telle progression. « Une reprise de l’activité économique ne peut être envisagée que si la pandémie de la Covid-19 est endiguée. Aussi, le secteur aurifère, épargné par la chute des prix des matières premières sur le marché international, a connu une hausse importante, d’environ 30%, en 2020. Par ailleurs, si la crise cotonnière est circonscrite et que les cours du coton sur le marché international, qui ont connu une baisse drastique d’environ 25%, augmentent à leurs niveaux de pré-crise, ceci impactera positivement l’économie malienne, car environ 5 millions de Maliens vivent du coton », analyse-t-il.

Selon Modibo Mao Makalou, la crise sanitaire engendrera une crise financière qui se transformera en crise économique généralisée. Afin de ne pas être davantage surpris par son impact, le Mali doit être proactif. « Il faudra donc que l’État soit stratège, en envisageant des mesures de relance économique tant au niveau de la politique monétaire que de la politique budgétaire ou fiscale. Il s’agira de soutenir les entreprises et les populations les plus vulnérables, à travers des mesures d’accompagnement pendant cette période de turbulences, qui n’épargnera aucun pays et dont la durée est incertaine ».

Le Groupe de la Banque mondiale envisage de mobiliser jusqu’à 160 milliards de dollars durant le premier trimestre de 2021 afin « d’aider plus de 100 pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie ».