Ménaka : La coalition MSA – GATIA étrangle Abou Walid

Depuis plus d’un mois, des combats opposent dans la région de Ménaka la coalition Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) et Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) aux éléments d’Adnan Abou Walid Al Sahraoui, émir de l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Le 12 mars, l’EIGS aurait subi un autre revers dans la localité de Tabardé, illustrant le rôle majeur de  cette coalition dans la lutte contre le terrorisme. Mais est-ce vraiment le début du déclin de l’EIGS dans la région ?

Une dizaine de morts le 26 février, plus d’une vingtaine entre le 6 et le 12 mars. Ce sont les pertes subies par le groupe d’Abou Walid dans la région de Ménaka, selon les différents communiqués publiés par la coalition MSA – GATIA. Des personnes ont été neutralisées ou arrêtées, des engins explosifs retrouvés et du matériel militaire saisi. Ces deux mouvements traquent depuis quelques mois les éléments d’Abou Walid, chef de l’État Islamique dans le Grand Sahara. Celui-là même qui s’était établi dans cette zone, menaçant certaines communautés ainsi que des leaders locaux. Ses incursions audacieuses, dont celle du 4 octobre 2017 contre des soldats de l’armée nigérienne et des forces spéciales américaines à Tango Tango, avaient révélé sa férocité. Mais la reprise des opérations MSA – GATIA a contrarié la poursuite ses plans funestes. Ainsi, entre le 22 février et le 12 mars, plusieurs combats ont eu lieu entre cette coalition et des éléments affiliés au représentant de l’État islamique dans le Grand Sahara. Les affrontements d’Ikadagotane, le 22 février, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Ménaka ont enregistré l’implication décisive de la force Barkhane aux cotés de la coalition. Des personnes ont été arrêtées et des matériels récupérés, selon le communiqué conjoint du MSA et GATIA. « Il y a une volonté de ces acteurs, à travers leurs communiqués, de s’imposer comme des mouvements crédibles dans la lutte contre le terrorisme, mais également dans la stabilisation du pays, surtout à un moment où l’État a du mal à se réimplanter dans cette région », souligne Ibrahim Maiga, chercheur à l’Institut d’études et de sécurité.

Le 26 du même mois, d’autres affrontements ont eu lieu à cheval entre le Mali et le Niger, à l’issue desquels « une dizaine » de morts ont été enregistrés parmi les terroristes, d’après un autre communiqué de deux mouvements. Le 6 et 7 mars, à Tinzouragan et Tawraghen, dans la même zone frontalière, des accrochages violents ont fait « cinq morts, une dizaine de personnes arrêtées et des engins explosifs retrouvés », souligne un autre communiqué. Difficile à vérifier. Les 9 et 10 mars, c’est à une soixantaine de kilomètres de Ménaka, au sud-ouest, que des accrochages se sont soldés par « la défaite » des éléments d’Al Sahraoui, avec « une quinzaine de morts, deux personnes immobilisées et des matériels militaires saisis ». Pour Ibrahim Maiga, ces bilans, s’ils sont concordants auront des conséquences sur le « bien-être » de l’EIGS. « On n’a pas une idée des effectifs d’Abou Walid, mais on ne peut nier l’impact de ces opérations sur la santé de son groupe dans la région de Ménaka », analyste-t-il.

Le début du déclin ?

Selon un chef militaire du MSA, le 11 et 12 mars à Tabardé, à 45 kilomètres à l’ouest de Ménaka, de nouveaux accrochages ont fait six morts et quatre personnes arrêtées dans les rangs des terroristes. Le MSA a enregistré 1 mort et 1 blessé et le GATIA 2 blessés. L’engagement de la force Barkhane aux cotés de la coalition MSA – GATIA sèmerait-il la terreur dans les rangs d’Abou Walid ? « A chaque fois qu’on les croise, on les défait. Même hier, certains ont fui. Deux ont été tués par les frappes de Barkhane, qui nous aide avec ses avions et des renseignements », affirme le chef militaire du MSA. De l’autre côté de la frontière « il y a l’armée nigérienne qui essaie de prendre en étau Abou Walid et le pousse dans les bras du MSA et de GATIA », explique Ibrahim Maiga, qui, tout en se gardant « d’un triomphalisme béat », reconnait « une situation compliquée » pour Abou Walid. Malgré tout, il reste prudent, car « c’est souvent au moment où on pense que ces groupes sont sur le déclin qu’ils commettent les pires atrocités et montrent leur capacité de nuisance », se méfie-t-il.

L’engagement sans répit de la coalition MSA – GATIA et de la force Barkhane portent de sérieux coups à cette branche de l’Etat islamique, en attendant le déploiement futur de la force du G5 Sahel le long de la frontière Mali – Niger pour affirmer que la fin du règne d’Abou Walid à Ménaka a sonné.

 

Incendies du Marché Rose : mêmes causes, mêmes effets ?

Le Marché Rose de Bamako avait été ravagé par un nouvel incendie dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 décembre.  906 magasins ont été touchés par ce nouveau drame. Les victimes,  ruinées, mettent en cause les  branchements électriques anarchiques et  proposent des pistes pour un nouveau départ.

Neuf cent six magasins hors de service. Pour la troisième fois, le Marché Rose de Bamako,  habituellement scintillant, renoue avec la catastrophe. Le lundi 11 décembre dernier, aux environs de 2h30, un incendie s’est déclaré. Alertés, les commerçants sont parmi les premiers à se présenter sur les lieux, pour voir avec impuissance leurs économies se consumer. Plus d’une semaine après, les traces des dégâts sont encore visibles. Certaines victimes, déboussolées, indexent les installations anarchiques sur des poteaux d’Énergie du Mali (EDM) comme étant les causes de l’incendie. Le mardi 19 décembre, le Président  du Marché, Djeri Coulibaly, a tenu une Assemblée générale avec les victimes pour faire le point sur le recensement des sinistrés et les enquêtes. « Le feu a commencé sur un poteau au niveau de l’immeuble Bathily, puis s’est étendu à deux autres poteaux, avant de descendre vers le marché », s’est-il étonné. L’incendie, outre ses conséquences dramatiques, a aussi été tragique. « Il y a eu malheureusement un mort qui, en voulant  récupérer son argent dans son atelier a été  recouvert par les flammes », a regretté le Président.

Promesses d’espoir 

Daouda Koumaré, vendeur d’habits, ne décolère pas. Pour la seconde fois, son kiosque a été dévasté. « Tous les habits que je vendais sont partis en fumée. Je revenais tout juste de Chine avec des robes pour le 31 décembre », affirme-t-il. Il attribue la cause du sinistre aux branchements électriques anarchiques sur les poteaux d’EDM. « Le premier incendie que j’ai vécu, en 2014, avait également été provoqué par l’électricité, et celui-ci par les trois poteaux EDM que tu vois là », accuse-t-il. Selon lui, la solution doit venir du gouvernement. Le Président Djeri Coulibaly veut rester optimiste. « Il y aura de nouvelles dispositions, que nous allons prendre avec l’État. Le marché sera reconstruit selon les normes », dit-il. Trois sites ont été proposés pour le recasement des commerçants : la Mairie de la Commune III, la cour de Sotelma et le Champ hippique.  En attendant, Ousmane Sy apporte les dernières retouches à son kiosque pour se réinstaller. « A chaque jour suffit sa peine ».

Tourisme : Le Mali a déjà perdu plus de 50 milliards

Depuis deux ans, le Mali est la cible d’une campagne de certains pays occidentaux, notamment la France, qui le présente comme étant une destination à  risque. Comme l’on pouvait s’y attendre, cette campagne n’a pas tardé à  produire ses effets sur l’activité touristique au Mali. Conséquence : l’Etat a enregistré ces deux dernières années plus 50 milliards de francs FCA de pertes et le secteur touristique a connu près de 800 emplois perdus. Les autorités françaises suivies par d’autres pays européens, depuis quelques années, ont divisé le Mali en deux zones « rouge » et « jaune ». Le rouge identifie les trois régions du nord (Gao, Tombouctou, Kidal) et celle de Mopti. Or, ce sont là  quatre régions o๠l’activité touristique était intense avec des milliers de visiteurs chaque année. En effet, des plateaux Dogon (Mopti) à  Tombouctou, le Mali tirait d’importantes recettes de son tourisme. s’y ajoutent d’autres bénéfices connexes au profit des populations qui, en majorité, se livrent au commerce de produits locaux destinés aux touristes. Servies par les prises d’otages d’otages occidentaux par la branche Al-Qaà¯da pour le Maghreb islamique (AQMI), les autorités françaises ont multiplié les appels à  l’adresse de leurs ressortissants pour leur demander d’éviter de se rendre au Mali, en Mauritanie et au Niger. Or, de 2006 à  maintenant, sur 42 otages enlevés au Sahel, un seul (Pierre Camatte) l’a été sur le sol malien. Tous les autres ont été enlevés au Niger, en Mauritanie ou en Algérie. Mais curieusement, la France continue d’asphyxier le tourisme malien avec le maintien ces mesures de restriction contre les régions touristiques du Mali. Les conséquences de ces mesures sont, on le voit aujourd’hui plus que jamais, désastreuses pour le Mali. Lors de sa récente participation à  l’exposition sur le tourisme dans les plateaux Dogon à  Paris, le président de la République, Amadou Toumani Touré, n’a pas raté l’occasion d’évoquer la situation dans laquelle le tourisme au Mali se trouve actuellement. Son appel réussira-t-il à  changer le cours des choses? En attendant, les autorités ont décidé de voler au secours du secteur en offrant des exonérations de taxes et d’impôts à  des opérateurs qui sont dans une situation qui semble empirer chaque jour un peu plus.

Incendie au marché de Gao : D’énormes pertes matérielles

Situé à  1200 km de la capitale Bamako, Gao représente le carrefour du commerce transsaharien au Nord du Mali. Le marché de Gao était réputé être celui o๠l’on retrouve des marchandises de toutes sortes. Les commerçants du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, du Sénégal, du Bénin, du Niger, de la Mauritanie, de l’Algérie et même de la Côte d’Ivoire, venaient s’y approvisionner. D’importants dégâts matériels ont été constatés. Mais, il n’y a heureusement aucune perte en vie humaine selon le directeur régional de la police de Gao. Il explique que « la police a immédiatement ouvert une enquête pour déterminer les causes du drame. » Des moyens trop limités pour stopper le feu Gao est une zone assez enclavée parce que très éloignée de la capitale. Même si des efforts de désenclavement ont débuté depuis quelques années, les moyens restent cependant très limités. Les pompiers qui sont intervenus, n’ont pas réussi à  freiner l’incendie qui a ravagé tout le marché jusqu’au petit matin. Toute la ville a été alertée par la catastrophe. Les commerçants qui pour certains y ont passé la nuit, sont restés impuissants face au ravage. l’un d’eux explique que personne n’a pu avoir accès au marché, au risque de se faire carboniser par les flammes qui était assez intenses il faut le dire. Au même moment, la police chassait des pilleurs qui profitaient de l’inattention générale pour voler. Des milliers de marchandises parties en fumées ! Dans ce marché à  caractère sous régional, on pouvait trouver des tissus, des vivres (lait en poudre, pattes, conserves, couscous arabe…), des tapis, des moquettes, des chaussures de fabrication locales (en cuire), des bijoux artisanaux, matériels de bureaux… Les commerçants n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Le marché de Gao était très visité par les commerçants du Mali, mais aussi de la sous-région, parce que les marchandises coutaient extrêmement moins chères. Bon nombre de bamakois aussi partaient faire hebdomadairement leurs emplettes à  Goa, commerçants ou non. Des dizaines de milliards de FCFA volatilisés Le marché génère chaque semaine, plus d’une cinquantaine de millions de FCFA, si non plus, selon l’agent Oulack Cissé de la mairie de Goa. Il précise que « la vie coûte chère à  Gao, C’’est ce qui amène de nombreux habitants à  se lancer dans le commerce qui rapporte énormément il faut le reconnaitre. Vous imaginez donc dans quelle situation chaotique cet incendie nous met tous ? Nous n’avons plus de marché, le feu a tout pris, même les feuilles mortes.» Cet accident, s’il s’agit bien d’un accident, n’est pas fait pour arranger la situation dans cette ville du nord du pays qui est souvent sujette à  des menaces de toutes sortes. Mr Cissé estime que la vétusté des lieux y est pour beaucoup dans cette histoire. Ce qui n’est pas du tout faux. Elle ne se limite pas qu’au cas de Gao, mais concerne presque tous les grands marchés africains qui brûlent ainsi permanemment pour manque de suivie logistique. Quelle solution adopter pour la reconstruction d’un marché qui n’est plus qu’une poussière de cendres ? Quel sort sera réservé à  tous ces populations qui n’avaient pour seul revenu, que le commerce ? Voici des questions auxquelles devront répondre les autorités aussi bien locales que nationales. Quel gâchis !