Mme Traoré Nana Sissako, présidente du Groupe Pivot/ Droits et citoyenneté des femmes

Si vous voulez vraiment voir une femme engagée dans le combat des femmes, allez à  la rencontre de Mme Traoré Nana Sissako. Ce n’est pas tout simplement pour dire qu’elle est présidente du Groupe Pivot /Droits et citoyenneté des femmes, mais pour saluer son parcours exclusivement dédié à  cette cause. En d’autres termes, elle est passée à  la bonne école : celle de Feu Me Demba Diallo, feue Me M’Bam Djatigui Diarra et Me Amadou Tiébilé Diarra. Des icones du droit qui ont renforcé ses convictions et son engagement à  défendre les Droits de l’Homme en général et ceux de la Femme en particulier. Toute chose qui l’a poussée à  retourner à  l’Université pour se spécialiser en droit des affaires. Je suis naturellement contre l’injustice. L’éducation de base que j’ai reçue de mon père en est une raison. Cela m’a beaucoup encouragé à  mener le combat pour les autres femmes « . En entendant Mme Traoré Nana Sissako parler ainsi, l’on comprend alors aisément pourquoi, depuis 1988, elle n’arrête pas de voyager, de parler et d’agir pour la défense des Droits de l’Homme en général et des Droits de la Femme en particulier. Mme Traoré Nana Sissako est une femme de principe, engagée dans le combat des femmes pour asseoir leurs droits. Accueillante et souriante, elle est aussi redoutable lorsqu’il s’agit de défendre les femmes, passion à  laquelle elle a succombé depuis 23 ans. Beaucoup d’hommes hésiteraient à  l’affronter dans le cadre de discussions ou de négociations en ce qui concerne les Droits et citoyenneté des femmes. Elle a les arguments pour rappeler à  l’ordre les phallocrates qui pensent encore que la femme est tout juste bonne pour faire le ménage à  la maison et donner des enfants au mari. Tel le roseau, elle peut ployer, sans jamais rompre. Pour dire qu’elle n’abdique pas facilement. Bien au contraire, les jours passent sans pour autant émousser son ardeur dans le combat pour les Droits de la femme. Cette détermination, elle la tient de l’éducation familiale, notamment de son père qui lui a inculquée le sens du devoir. Native de Mopti, elle a rejoint Bamako à  bas âge, tout juste après deux années scolaires passées au premier cycle de l’école de Sokolo. Elle a grandi à  Bamako, dans une famille de 27 enfants, dont neuf filles. Mais déjà , à  cette époque-là , elle manifestait des velléités de révolte contre l’injustice. [b «Ce sont des événements qui m’ont marquée» ) Son père, alors directeur de la Météo, donc un intellectuel bon teint, avait une vue prospective de l’évolution du monde et avait préparé ses enfants à  affronter les tares et autres travers de la société. Il leur disait souvent : « Ne considérez jamais une autre personne comme votre esclave et ne prenez jamais une autre personne pour un être inférieur à  vous « . Cet enseignement, provenant d’un Maure qui a vécu dans un milieu o๠l’esclavage était considéré comme normal et naturel, sonnait presque comme un cri de révolte contre certaines pratiques traditionnelles. L’assimilation de cet enseignement fonde la démarche de Mme Traoré Nana Sissako. En plus, lors des événements qui ont emporté Abdoul Karim Camara dit Cabral, son frère, le cinéaste Abderrahmane Sissako qui a réalisé le célèbre film  » Bamako  » était membre de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali. On l’appelait Goukouni en ce temps-là . Les agents de sécurité lancés à  sa recherche pour l’arrêter, comme Cabral et les autres membres de l’UNEEM, sont venus fouiller dans toutes les chambres, après avoir cassé les portes et les armoires. Pareils faits, que l’on vit jusque dans sa chair, attise le désir et l’engagement de vivre dans un monde débarrasser de l’injustice et l’arbitraire. « Ce sont des événements qui m’ont marquée. Cela m’a trop révoltée. Je n’ai jamais accepté l’injustice dans ma vie. Je me suis toujours battue contre l’injustice », a confirmé Mme Traoré. Feu Me Demba Diallo et feue Me M’bam Diatigui Diarra l’ont épaulée Depuis lors, l’attendait un long parcours de combattante, parsemé d’obstacles certes, mais qu’elle franchira grâce à  l’encadrement dont elle a eu la chance de bénéficier. En effet, après avoir obtenu son diplôme de Brevet de Technicien (BT) en gestion administrative et financière, un ami de son mari qui était directeur de l’ENA, Charly, l’a priée de participer à  la réunion de création de l’Association Malienne des Droits de l’Homme. C’était en 1988.  » Il n’y avait que des avocats, de vrais intellectuels « , précise-t-elle. Mais malgré qu’elle n’avait pas encore fait des études de droit, son intervention a marqué l’assistance et elle s’est retrouvée dans le Bureau, à  côté de Me feu Me Demba Diallo et feue M’Bam Djatigui Diarra. Des icones de la défense des Droits de l’homme qui l’ont beaucoup épaulée. C’est avec beaucoup d’admiration qu’elle évoque leurs noms. Formation à  l’Université de Strasbourg et maà®trise à  l’ENA Mais c’est feue Me M’Bam Djatigui Diarra qui l’a beaucoup plus marquée.  » Je l’ai accompagné un peu partout dans le monde et elle m’a beaucoup appris  » tient-elle à  ajouter. Et son mari ne s’était pas trompé en lui disant de ne pas avoir peur d’être dans le Bureau de l’AMDH sans avoir fait des études de droit. Au vu de ceux qui l’entouraient, son époux lui a dit :  » Il faut rester car c’est une très bonne école pour toi « . L’histoire lui donnera raison. En 1989, feu Me Demba Diallo inscrit Mme Traoré Nana Sissako à  une formation d’été de 45 jours sur les Droits de la femme, à  l’Université de Strasbourg. C’est plus tard qu’elle s’inscrira à  la Faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Bamako o๠elle décrochera une maà®trise en Droit des affaires. Me Amadou Tiébilé Diarra, une autre sommité du droit, était son maà®tre de mémoire. Très reconnaissante, elle ne tarit pas d’éloge envers lui. Après un diagnostic de beaucoup d’organisation de la société civile, il a été mis en place, en 1998, le projet Droits et citoyenneté des femmes au Mali. Un projet qui a duré quatre ans. Huit organisations ont été invitées, chacune, d’envoyer deux personnes. Me Moustapha Cissé, qui avait pris la tête de l’AMDH, l’avait choisie pour représenter son organisation en lui disant : « Nana ; il faut y aller. Je sais de quoi tu es capable et je suis sûre que c’est là -bas ta place « . C’est après qu’elle a pris le relais de Nana Sanou à  la présidence du Groupe Pivot / Droits et citoyenneté des femmes, lorsque l’AMDH a postulé et l’a proposée. Mme Traoré Nana Sissako profite d’ailleurs de l’occasion pour rendre hommage à  Mme Sanou pour sa compétence, mais aussi pour sa sollicitude car elle n’a cessé de l’appuyer. Au moment o๠le Mali s’engage dans des réformes constitutionnelles, Mme Traoré constate que le genre n’est pris en compte qu’au niveau des élections. Alors que le genre est une question transversale qui va jusqu’au niveau de la prise de décision. Le Groupe Pivot a été écouté par la Commission Daba Diawara chargée des réformes, mais ses préoccupations n’ont pas été prises en compte.

Groupe Pivot Santé et Population : la paralysie !

Le scandale du fonds mondial au Mali continue de faire des malheureux. Certaines sources proche du Ministère de la Santé, affirment qu’il affectera la pyramide socio-sanitaire du pays, et se soldera par la fermeture de nombreuses structures. Au nombre de celles-ci, le Groupe Pivot Santé Population (GP/SP). Ici, le quotidien des travailleurs est partagé entre stress et inquiétudes. Si certains se soucient de la survie de la structure, d’autres ont peur pour leurs salaires. Toute chose qui fait qu’aujourd’hui, la structure n’arrive plus à  faire face à  ses objectifs. A savoir, impulser le leadership des ONG et associations dans le domaine de la santé et de la population aux niveaux international, sous-régional, national et local, promouvoir un partenariat institutionnel et opérationnel fécond entre les ONG et associations intervenant dans le domaine de la santé et de la population et les institutions, organismes et structures impliqués dans le domaine aux niveaux international, sous-régional, national et local. C’est la pérennisation organisationnelle du GP-SP qui est mise à  rude épreuve. Le groupe Pivot et Santé en difficulté Crée en janvier 1992, le GP/SP est la coordination des ONG qui interviennent dans la santé au Mali. Au moment de sa création, seulement 5 ONG nationales intervenaient dans le domaine de la santé. En 2006, le GP/SP comptait plus de 166 ONG membres. Organisation faà®tière, il a largement contribué au renforcement et à  la professionnalisation des ONG et associations intervenant dans le domaine de la santé et de la population. Cette capitalisation a réussi à  influencer bien des politiques et, du coup, le développement durable. A travers ses différentes interventions, le Groupe Pivot Santé Population couvrait toute l’étendue du territoire national. Avec la touche d’un personnel technique compétent, il a capitalisé une forte expérience dans la passation et la gestion des contrats avec les organisations de la société civile. Selon une source œuvrant dans la structure, le GP-SP arrive difficilement à  renforcer les compétences et capacités des ONG et associations à  assurer leur pérennité organisationnelle et la pérennité de leurs interventions dans le domaine de la santé et de la population. Au point que même les stratégies et mécanismes de mobilisation des ressources externes, internes et propres pour le financement d’actions et activités socio-sanitaires. Que faire ? Assurément, le Mali n’a aucun intérêt à  voir cette structure mourir, vu la pertinence de sa mission. En effet, depuis 1994, le Groupe Pivot a largement travaillé sur la réduction de la transmission des IST/VIH/SIDA et l’augmentation du taux de prévalence contraceptive au Mali. Le groupe a également travaillé sur le changement de comportement dans les domaines de la maternité sans risque, de la Planification Familiale, de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant. Et depuis 2001 la structure assure également le secrétariat du Programme Concerté santé Mali (PCSM). Ce Programme est l’aboutissement des travaux menés en 1998 et 1999 par les Organisations de Solidarité Internationale (OSI) et les collectivités territoriales françaises en concertation avec leurs partenaires maliens dans le cadre de la santé. Si la structure venait à  perdurer dans la paralysie qu’elle vit en ces moments, force est de signaler que le Programme décennal de la santé (PRODESS) dont le terme est fixé à  2013, prendra un sérieux coup.