L’Afrique ébahie par Ebola !

En avril dernier, les Maliens ont tremblé lorsque les médias ont annoncé la découverte de prétendus cas de fièvre Ebola dans un centre de santé de Bamako. Les autorités avaient alors été obligées de publier un communiqué pour rassurer l’opinion en précisant qu’il s’agissait de trois cas suspects immédiatement mis en isolement pour des tests. Révélés négatifs par la suite, un dispositif a été mis en place pour préserver le Mali de toute contagion. Par solidarité, Bamako n’a pas fermé ses frontières avec le voisin Guinéen enlisé dans une épidémie difficile à  contenir. Face à  l’absence de vaccins homologués ou de traitement efficient, la prévention s’impose. Aux postes frontaliers de Diboli, Kéniéba et Kourémalé, le constat est identique : les équipes déployées depuis cinq mois sont en place. Leur mission, inspecter les voitures et contrôler les passagers. Des questions rituelles sont posées aux voyageurs : « Personne n’a la fièvre, la diarrhée ?». Naturellement, le non l’emporte dans les réponses. Si la présence de ces équipes de surveillance épidémiologique est dissuasive, le Malien vit la psychose Ebola. Dans les transports en commun, on évite de se frotter à  l’autre ou de trop serrer les mains tendues. Pour les plus paranoà¯aques, on utilise les gels antibactériens pour se désinfecter à  la moindre occasion A la gare routière Guinée Place, les voitures en partance pour Conakry se multiplient, mais précise un chauffeur « ce sont surtout des commerçants qui se déplacent vers la Guinée et beaucoup de Guinéens ayant des parents à  Bamako, qui fuient leur pays pour ne pas dire Ebola». Selon l’OMS, il faudra six à  neuf mois pour circonscrire l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’ouest et environ 490 millions de dollars pour financer le plan stratégique de lutte qui requiert la mobilisation de plus de 750 experts internationaux. A Addis-Abeba, le Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) s’est réuni en urgence depuis le lundi 8 septembre pour discuter d’une stratégie commune face à  des mesures de suspensions de vols et de fermetures de frontières à  l’encontre des pays les plus touchés.

« Africa Market place » : le focus business de CNN

En plein C’œur du centre d’Atlanta, la chaà®ne CNN a ses quartiers, au sommet du CNN Center o๠se côtoient boutiques, restaurants et studios TV. Un immeuble impressionnant o๠CNN depuis sa création en 1980 par le magnat Ted Turner, délivre chaque jour l’information à  plusieurs millions d’Américains, parmi lesquels de nombreux africains qui veulent rester connectés au continent. Pour répondre à  cette demande croissante, la chaà®ne internationale a élargi ses programmes sur l’Afrique. Les téléspectateurs de CNN ont désormais un programme entièrement dédié aux affaires sur le continent africain, un show hebdomadaire intitulé « Africa Market place ». L’émission s’attelle à  couvrir les grandes tendances économiques du continent, les grandes industries et multinationales qui font le commerce panafricain et mondial. Dans « Africa Market Place », une grande interview présente chaque semaine, un grand leader de l’économie africaine. Pour Jenni Watts, directrice de la programmation, tous ces programmes sur l’Afrique sont réellement excitants à  conduire et à  diriger, avec des présentateurs vedettes comme Isha Sesay, souvent au C’œur de l’info. Toutes les voix de l’Afrique L’autre show phare de CNN, c’est l’émission de reportages de 60mn, « Inside Africa » qui braque ses caméras sur le continent et sa diversité à  travers milles et un reportage, autant sur la culture, la musique, le sports, les styles de vie, les tendances. « Inside Africa » s’attache à  changer la perception sur l’Afrique et à  aller au delà  des clichés », précise encore Jenni Watts. Qui se réjouit que l’émission ait un nouveau format, une nouvelle présentatrice, Soni Methu, qui racontera son continent, selon une perspective africaine. Dans « African Voices », CNN se concentre sur des portraits d’Africains qui changent leur monde ou se forgent à  la lumière des expériences de vie, des parcours de vie comme ceux de la burundaise Maggie Barankitse qui accueille des centaines d’enfants orphelins, d’un footballer star au Kenya ou un photographe sud-africain qui retrace l’histoire de l’Apartheid. Tout comme « African Start-Ups », met en lumière les jeunes entrepreneurs, ceux qui démarrent une affaire à  partir de rien, sont passionnés et font eux-mêmes leurs propres business plans pour y arriver. Les exemples sont nombreux comme se site sénégalais de e-commerce Diama.com qui ambitionne de livrer ses clients en seulement une heure ou cette entreprise kenyane qui fabrique des fleurs à  partir de la banane. Leurs conseils sont utiles, et la plupart du temps, ces jeunes PDGS sont interrogés sur leur motivation. « C’est simple en matière de business, il faut bien sûr avoir un bon business plan mais aussi un mentor », répondent-ils tous. Si CNN fait parler l’Afrique dans ses magazines phares, l’Afrique fait aussi les gros titres de l’actualité quotidienne sur la chaà®ne, souligne Jenni Watts, avec des sujets comme l’épidémie d’Ebola récemment, ou le rapt des jeunes filles au Nigeria par Boko-Haram et pour laquelle la rédaction de CNN se mobilise à  chaque fois avec de gros moyens.

Les basketteuses sont de retour « Place de la Charia » à Gao

C’est la fin du jour « Place de la Charia » à  Gao (nord du Mali). Une vingtaine de jeunes s’entraà®nent sur un terrain de basket, enchaà®nant dribles et passes, sous le regard attentif de leur entraà®neur. Des garçons, quelques filles aussi, en jogging satiné et débardeur échancré. Oumar Tonko Cissé, instituteur sexagénaire à  la retraite, est le fondateur du Centre de formation et de promotion sportive de Gao (CFPS). Il en est aussi l’entraà®neur et le président, confie-t-il dans un éclat de rire. Cet homme grand, en survêtement et bonnet de laine, accueille ses « jeunes » avec un grand sourire, cigarette à  la main, sous le porche qui ouvre sur le terreplein central. La plaque « Place de la Charia » n’a toujours pas été enlevée. Mais, depuis le départ fin janvier des islamistes qui ont occupé la ville pendant neuf mois en 2012 avant l’arrivée des forces maliennes et françaises, la place centrale de Gao est redevenue celle « de l’Indépendance ». Pendant les dix mois d’occupation islamiste, le CFPS, fondé en 2004, a poursuivi ses activités, « même les compétitions », précise M. Cissé. Mais sans cigarettes pour lui, punies de coups de fouet, et surtout « sans les filles ». « Dès qu’ils sont partis, on a recommencé comme avant », dit en riant M. Cissé. « Bien-sûr, il y a moins de jeunes. Beaucoup de filles ont quitté la région ». Le visage soudain fermé, M. Cissé raconte qu' »un jour, un groupe de filles a été pris par les Mujao (Mouvement pour l’Unicité et et le Jihad en Afrique de l’Ouest, groupe islamiste armé). Elles ont été +chicotées » (frappées). Certaines ont abandonné et se sont cachées chez elles, d’autres ont demandé à  leurs parents de partir au Sud, et ne sont plus jamais revenues ici ». « Traumatisées » « C’était le sauve-qui-peut… C’est dur, les filles ont beaucoup souffert ici », dit-il. « Elles sont encore traumatisées. Vous voyez? », dit-il en montrant des groupes de jeunes filles qui longent la place. « Elles portent des voiles. Avant, certaines femmes étaient voilées, mais pas toutes! C’est devenu un trauma… » Awa a est une très jolie jeune fille de 15 ans. Grande et fine, cette Peul de Gao a découvert le basket il y a deux ans. Comme beaucoup de femmes, Awa s’exprime difficilement en français. « Elle dit qu’elle est venue au basket car elle admirait certaines joueuses », traduit son entraà®neur, « et sa taille lui donnait un avantage ». « Sous le Mujao, on ne pouvait plus jouer, on n’allait plus à  l’école, alors je restais à  la maison, je faisais le ménage, à  manger pour la famille », confie Awa. « Avant, on faisait des inscriptions en règle pour nos licenciés. Maintenant, on ne demande plus rien. Tout ce qu’on veut, c’est réussir à  approcher à  nouveau les jeunes, et les faire revenir… » Avant, la section foot comptait 26 joueurs, tous des garçons. Mais le basket avait attiré 20 filles pour 30 garçons. « Dans certaines catégories, minimes ou cadettes, les filles étaient plus nombreuses que les garçons », s’esclaffe malicieusement M. Cissé Depuis un mois, Awa est sur le terrain tous les jours: « Je me dépêche après la sortie de l’école », dit-elle en riant. La jeune fille se dit « heureuse » de pouvoir rejouer, même si elle n’a « plus ses copines ». « Malheureusement, celles qui jouaient bien sont parties au Sud. Elles ont trouvé des centres qui les ont prises. Evidemment… », soupire-t-il. « Nous on a fait tout le travail ici, on a semé, et c’est eux, au Sud, qui récoltent.. »

Egypte: Place Tahrir bis!

Toute la nuit dernière et même aux premières heures de ce mercredi, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Tahrir, haut lieu de la révolution qui a mené, il y a quelques mois, à  la chute du régime Moubarak. La police a tenté de contenir les manifestants qui ont scandé toute la journée des slogans hostiles au président Mohammed Morsi. Ce dernier a signé le 22 novembre un décret controversé par lequel il s’est autorisé à  prendre toute mesure jugée nécessaire pour « protéger la révolution ». Ce décret a provoqué la colère d’une grande partie du monde judiciaire et de la classe politique, en plaçant les décisions présidentielles à  l’abri de tout recours en justice. En plus de la manifestation de ce mardi au Caire, la plus importante depuis la chute du régime Moubarak, plusieurs autres se sont déroulées dans la plupart des 27 provinces du pays. Les affrontements avec la police ont causé la mort de trois personnes en une semaine. « La police nous tire dessus alors que nous n’avons lancé aucune pierre, J’en suis témoin ! Je le jure devant Dieu, à  l’instant même ils nous ont tiré dessus sans sommation » témoigne un manifestant à  Lemonde.fr. Non aux Frères Musulmans » Le mouvement des Frères musulmans, soutien du président Morsi, est également rejeté par les manifestants, qui craignent un effondrement du tout jeune processus démocratique égyptien. « Les Frères musulmans sont des menteurs », « Interdit aux Frères musulmans »pouvait-on lire sur les banderoles et autres pancartes brandies sur la place. En scandant « le peuple veut la chute du régime », un des slogans emblématiques de la révolte de l’an dernier qui mena à  la chute du régime de Hosni Moubarak, les manifestants entendent faire revenir Mr Morsi sur sa décision. Ils protestent contre ce qu’ils qualifient de « dérive dictatoriale » du nouveau pouvoir. « Nous resterons à  Tahrir tant que Morsi n’aura pas annulé sa déclaration », a déclaré Ahmed Fahmy, un chômeur de 34 ans qui campe sur cette place o๠un village de tentes a été érigé par les militants anti-Morsi. Ces accrochages étaient néanmoins dénoncés par de nombreux manifestants anti-Morsi présents à  Tahrir. Ces derniers sont désireux de garder un caractère pacifique à  leur manifestation. Pour les partisans de Mohamed Morsi, ces pouvoirs exceptionnels, loin de faire du régime une dictature, permettront au président d’engager des réformes indispensables pour le mieux-être du peuple égyptien. Ils précisent qu’ils cesseront avec l’adoption prévue dans quelques mois de la nouvelle Constitution. Dans son décret, le président a aussi demandé « de nouvelles enquêtes et jugements » »dans les affaires de meurtres de manifestants lors de la révolte de 2011. Il fait ainsi planer une menace sur certains hauts responsables militaires ou de la police, comme l’avait demandé l’opposition qui n’est pas satisfaite du traitement judiciaire des suites de la révolution de l’an dernier.

Mohamed Morsi, premier président de l’après-Moubarak

Quasi inconnu à  l’étranger il y a encore quelques mois, le Frère musulman Mohamed Morsi vient réussir le pari : porter son organisation, brimée pendant le régime Moubarak, au pouvoir. Il a en effet été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle ce dimanche par la Commission électorale avec plus de treize millions de voix contre douze millions à  son rival Ahmed Chafik, ex-Premier ministre de Hosni Moubarak. Les résultats ont été annoncés par le président de la Commission électorale Farouk Soltan. Autre chiffre de ces résultats, le taux de participation, qui a été de 51% lors du second tour du scrutin, le 16 et 17 juin et de 46% lors du premier tour, le 23 et 24 mai. La place Tahrir en liesse C’’est une explosion de joie sur la place Tahrir qui a accueilli l’annonce de la victoire de Morsi. La célèbre place est occupée depuis le jeudi dernier par des centaines d’égyptiens qui exigent que l’armée se retire des instances dirigeantes. Mohamed Morsi, né le 20 août 1951 devient donc le premier chef d’Etat élu en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février. Il est aussi le premier islamiste à  parvenir à  la tête du pays. Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées lui a adressé ses messages de félicitations, selon la télévision nationale. Dans son premier discours à  la Nation après son élection, le nouveau président a rassuré ces compatriotes. « Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception.[…]L’unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles », a-t-il déclaré, en faisant référence aux hommes, aux femmes, aux chrétiens comme aux musulmans. Il faut que la « révolution continue jusqu’à  la réalisation de tous ses objectifs, a-t-il ajouté. Inquiétudes et espoirs à  l’étranger Le nouveau président égyptien, l’islamiste Mohamed Morsi, a prôné un renforcement des relations entre l’Iran et l’Egypte, rompues depuis plus de 30 ans. Ce réchauffement permettra de créer « un équilibre stratégique régional et fait partie de mon programme », a déclaré M. Morsi qui a aussi annoncé qu’il souhaitait « réviser » les accords de paix avec Israà«l. Israà«l et les Etats-Unis qui ont félicité du bout des lèvres le nouvel homme fort, tandis que dans les territoires palestiniens, on estime que la victoire de Mohamed Morsi « est un moment historique ». « C’’est une nouvelle ère qui s’ouvre en Egypte. Il s’agit d’un revers pour le programme de normalisation et la coopération sécuritaire avec l’ennemi (israélien) » a déclaré le chef du Hamas, Ismael Hanniyeh. Les Emirats arabes unis ont, quant à  eux, « favorablement accueilli » son accession à  la tête du pays et exprimé leurs espoirs de voir l’Egypte retrouver sa stabilité.