Sinaly Tangara invite pour « Le Voyage »

Tuyaux, pots d’échappement, vieux pneus et vieilles barriques, « cela fait six ans que je récolte mon matériel sur les tas d’ordures. Aujourd’hui, je suis prêt ». La trentaine d’œuvres, dont une vingtaine de sculptures en fer, comprend également des textes ainsi que des montages artistiques avec pour seul thème : l’Afrique et ses maux. C’’est « une interpellation, en particulier à  la jeunesse qui doit réinventer le continent par son dynamisme et sa compétence ou alors elle devra se résoudre à  disparaitre virtuellement en copiant les autres », nous explique l’artiste. Celui qui a abandonné ses études de médecine et s’est consacré à  sa passion, les arts martiaux, reste marqué par « les oiseaux que J’admirais dans le champ de mon père o๠J’ai grandi. Ils sont d’ailleurs très présents dans mon exposition ». l’exposition dure jusqu’au 12 février et Sinaly invite les Maliens à  venir « entendre » les messages qu’il veut passer : l’Afrique et le Mali, déchirés par les problèmes sociopolitiques, doivent se ressaisir. Le choix de ses matières est tout aussi symbolique, car pour lui aller chercher des ordures et leur redonner vie C’’est attirer l’attention de tous sur la question environnementale. Peu connu du grand public, Sinaly Tangara n’en est pas moins prolixe. En 2010, il exposait dans le cadre du Festival sur le Niger, des œuvres célébrant le cinquantenaire des pays africains. Plus récemment, il a participé au collectif d’artistes qui ont exposé à  l’occasion de l’anniversaire de l’Institut français de Bamako. Cette exposition, « C’’est la crème de tout ce que J’ai pu faire jusqu’ici. J’ai sorti tout ce que J’avais en moi », conclut-il. Rendez-vous le 18 janvier pour découvrir ou redécouvrir cet artiste hors norme, libre penseur et prof de salsa.

Savez-vous adopter le réflexe ESD ?

Le monde tourne à  une vitesse folle. L’explosion démographique a eu son heure de gloire, la révolution industrielle puis technologique a envahi le monde, mais il y a bien une chose sur laquelle nous n’avons pas de prise réelle et totale. Face à  laquelle nous demeurons démunis, stupéfaits et parfois impuissants. Il s’agit bien de la nature et de ses caprices. Que feriez-vous face à  un tsunami ou un tremblement de terre de magnitude élevé ? Quel réflexe développeriez-vous face à  l’augmentation du niveau de la mer ou devant un robinet o๠l’eau ne coule plus. Et si vous ne pouviez plus admirer ce magnifique lac o๠nageait plusieurs espèces de poisson, avec une biodiversité en danger, quelle solution pourriez-vous apporter pour la préserver ? Depuis tout petit, la nature nous enveloppe, nous offre ses bienfaits, mais sans cesse, nous l’agressons avec nos comportements irresponsables. Englué dans un monde toujours plus rapide et performant, nous voulons tout de suite, sans réfléchir aux conséquences. 7 milliards d’habitants sur terre et la planète s’essouffle déjà . Désormais, le fond des océans est tapissé de bouteilles plastiques qui polluent cette ressource vitale o๠de nombreuses communautés tirent leur subsistance. Mareboretum et Miracle à  Kamaishi… Mais quelque part en Eure et Loir, dans un petit collège, niché dans un écrin de verdure, des élèves apprennent à  anticiper, à  prévoir et à  comprendre les mécanismes de conservation, de respect, de calcul, pour mieux comprendre l’environnement et l’apport humain à  notre espace vital. Ces collégiens, apprennent à  mesurer le débit de La Guesle, cette petite rivière qui coule à  quelques mètres du collège. D’autres ont conçu avec leurs camarades, un marboretum, et d’autres, ont appris à  déssaliniser l’eau de mer, pour la rendre potable. Tout ça, c’est l’éducation au développement durable ou ESD, en anglais (Education for sustainable development). Ils intègrent ainsi dans toutes leurs disciplines, des aspects comme l’environnement, la biodiversité, le changement climatique, afin de mieux préserver ce monde, en proie à  la consommation outrancière. Ces collégiens sont un exemple de ce que l’ESD peut apporter en termes de connaissances à  des alumnis, curieux, sensibles, et finalement très respectueux de tout ce qui les entoure. Et à  des milliers de kilomètres de là , à  Kamaishi, o๠un énorme tsunami a ravagé la côte nord est du japon le 11 Mars 2011, des enfants ont accompli un miracle, celui de sauver leur parents, d’une terrible catastrophe. C’est grâce à  un apprentissage,  » Disaster prevention risk » que Kama a sauvé sa grand mère en l’entraà®nant vers les hauteurs de la ville, pour éviter les flots ravageurs. Car lorsqu’un tremblement de terre d’une trop grande magnitude secoue une côte, il provoque sous la mer un déferlement de vagues meutrières et des inondations qui emportent, maisons, voitures et hommes et enfants… Apprendre dès le bas âge, les notions de développement durable permet à  chacun de se préserver soi même, mais aussi les autres. Depuis une dizaine d’année, l’Unesco s’implique dans ces questions et prépare la grande conférence de Nagoya au Japon sur l’ESD (Education for sustainable dévelopment) prévue en 2014. Objectif, faire le bilan de dix ans d’actions et de plaidoyer en faveur du développement durable. Sortir des termes, du jargon des experts pour intégrer à  tous les niveaux pédagogiques les notions clés, les réflexes de survie, d’anticipation, de compréhensions essentiels à  la survie de notre planète et au final préserver l’avenir des générations futures.

Wawou Naciré, « recycleuse » avant l’heure

« Mes sandales avaient brûlé, J’étais tellement frustrée que je me suis mise à  jouer avec la pate de plastique molle qui était à  mes pieds. Et C’’est comme ça que tout a commencé », raconte Wawou Naciré, la cinquantaine pétillante. Cela fait près d’une quarantaine d’années que Wawou a inventé son métier. Elle est devenue recycleuse de sandales en plastiques, alors même que la notion de recyclage était inconnue sous nos cieux. Du flair, de l’ingéniosité et voilà , le système D qui crée des richesses. Un savoir-faire partagé A partir de la matière plastique récupérée et ramollie, elle fabrique bracelets, bagues et colliers qui ont fait sa réputation à  Djénné, sa ville natale et bien au-delà . « Quand les touristes venaient, mes produits étaient parmi les plus prisés » explique-t-elle en précisant que depuis presque deux ans maintenant, les affaires ne marchent plus bien. Avant, les marchands d’objets d’art en argent et autres maroquiniers venaient troquer leur marchandise contre la sienne qui avait plus de succès auprès des visiteurs. «Aujourd’hui, ce n’est pas pareil. Mais ce n’est pas pour autant que je vais arrêter ! » s’empresse-t-elle d’affirmer. Il est vrai que Wawou a tout gagné avec le plastique recyclé. Un savoir-faire qu’elle a transmis à  plusieurs générations après elle. Mais aussi des revenus conséquents qui lui ont permis de subvenir aux besoins de sa famille. Mariée et mère de dix enfants, elle a transmis sa connaissance à  plusieurs de ses filles qui suivent ses traces. Elle a également réussi à  regrouper les femmes de Djénné au sein d’une coopérative dénommée « Sabou Maaya »qui regroupe une centaine de femmes. « Nous avons inventé les bracelets pour la diva Oumou Sangaré. D’ailleurs ces créations portent son nom. Nous en sommes très fières. Mais on ne s’arrête pas en si bon chemin. Même si le marché n’est plus très bon, on continue d’innover. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on en crée quelque chose. Là , on a fait des bagues avec de jolies couleurs, mais il y aussi plein d’autres choses ». Pour Wawou Naciré, ce qui manque le plus ce sont les fonds et les contacts. Car, elle aimerait bien participer à  des foires internationales, comme les autres artisans maliens et porter le message de ses sœurs de Djénné qui ont adhéré avec elle au principe que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Environnement : C’est la fin des « Manani « 

Les députés ont adopté le texte de loi par 113 voix pour, 0 contre et 0 abstention. Autant dire que le projet de loi répond à  une préoccupation partagée aujourd’hui par la majorité des Maliens. Au cours des débats, les réactions des députés l’ont attesté. Tous les intervenants se sont réjouis de l’initiative du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement d’interdire les sachets plastiques dont l’impact nuisible est visible par tous aujourd’hui. Pour convaincre les élus, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Pr Tiémoko Sangaré qui défendait le projet de loi, a expliqué que l’impact des sachets plastiques se manifeste en milieu rural par la dégradation des terres de culture. Leur consommation constitue un danger pour le cheptel. Sans compter que leur brûlage engendre la production de polluants organiques persistants (dioxines et furanes) nocifs pour la santé et l’environnement. Les sachets plastiques peuvent inhiber chez les plantes vertes la photosynthèse qui est essentielle pour la production de matières organiques utiles pour tous les êtres vivants. Le député Konimba Sidibé du Parena a demandé des éclaircissements sur les impacts de la mesure d’interdiction sur les entreprises opérant dans la fabrication et le commerce des sachets plastiques. Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a expliqué à  cet effet que seule une entreprise fabrique les sachets plastiques dans notre pays. Et que cette entreprise, ainsi que les importateurs sont d’accord pour se mettre dans la production et l’importation des sachets plastiques biodégradables. Il a expliqué que le plastique peut être rendu biodégradable si l’on y ajoute une substance appelée D2W. Tiémoko Sangaré a révélé aussi que 95% des sachets plastiques consommés chez nous sont importés. Le président de la commission développement rural et environnement a confirmé que des consultations ont eu lieu avec l’ensemble des acteurs du secteur et que tout le monde est d’accord avec le texte de loi. Les députés ont recommandé qu’avant l’entrée en vigueur de la loi en avril 2013, des actions de sensibilisation et d’accompagnement soient menées par le gouvernement pour que des alternatives soient bien vulgarisées et que les populations comprennent bien le danger auquel les exposent les sachets plastiques.

Environnement : le recyclage de déchets plastiques, une solution écolo-citoyenne

Les déchets plastiques envahissent les champs, les rivières, les caniveaux, les rues de Bamako. Et sont propices au développement de maladies. Les efforts consentis non seulement par le gouvernement mais aussi par les organisations non gouvernementales pour résorber le phénomène demeurent insuffisants. Les autorités compétentes ont mis en place le groupement d’intérêt économique (GIE) pour le ramassage des déchets. Seul le recyclage des déchets plastiques peut lutter efficacement contre le phénomène. Il aide à  diminuer les quantités de déchets à  éliminer par enfouissement ou par incinération. Le recyclage comme activité économique Pour contrer l’augmentation de la production des déchets plastiques, il faut une démarche plus large. D’o๠l’idée de créer une activité économique à  partir du recyclage. Il constitue un moyen de création de richesses pour les entreprises de ce secteur. Il participe à  la lutte contre la pauvreté en milieu urbain. Certains enfants font le ramassage des ordures comme activité régénératrice de revenus. Il s’agit des enfants de familles démunies. Issa Diarra a 11 ans, il ramasse les bouteilles vides et les sachets plastiques noires sur les tas d’ordures à  Doumanzana « je ramasse ces bouteilles et les plastiques pour les revendre au grand marché, et par jour, je peux avoir 500 F ou 600 F ». Ceci montre les bénéfices économiques et environnementaux générés par le recyclage des déchets. Le recyclage crée des emplois jeunes En vue de rentabiliser les déchets plastiques, certains particuliers se sont spécialisés dans le domaine du recyclage et de la transformation. Ils ont crée des centres de recyclage et de transformation des déchets plastiques en objets d’art ou objets à  usage domestiques comme des éventails, paniers, vans, sous-plats etc. Ces centres recrutent et forment des jeunes à  la technique de transformation des déchets plastiques en pavés. La chaà®ne de recyclage des déchets plastiques commence par la collecte. Les déchets triés sont pris en charge par les centres de transformation. Ils sont intégrés dans une chaà®ne de transformation spécifique. Les produits finis issus du recyclage sont proposés aux consommateurs Déchets et combustible Soungalo Sanogo dirige une unité artisanale de confection de pavés à  partir des déchets plastiques. L’activité consiste à  fondre le plastique de récupération. La pâte issue de cette récupération est mélangée au sable fin. Il en résulte une sorte de goudron qui sera versé chaud dans un moule spécial. Le liquide refroidi donne un bloc de pavé. Les pavés sont vendus sous toutes les formes. Et il en existe de toutes les tailles. Les déchets plastiques peuvent aussi être utilisés comme combustible dans la cuisson. Une quantité de 20 kilos de déchets plastiques fondus génère 5 kilos de plastiques combustibles. Initiatives écolos Mme Mariko Fatoumata Diallo est la promotrice du centre de recyclage de déchets plastiques, « DàˆBO GOLOBE » (Femmes travailleuses en peulh). Le centre, crée en 1997 est spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets plastiques. Il emploie plus d’une trentaine de jeunes filles. A partir des déchets recyclés, le centre fabrique beaucoup d’objets d’usage courant et de gadgets. Le centre a aussi une vocation sociale et écologique, indique Mme Mariko. Les revenus générés par la vente des produits aident les employées à  faire face aux petites dépenses et à  réaliser des épargnes. Outre la production, le centre forme des jeunes aux techniques de ramassage des déchets. Le centre « DEBO GOLOBE » a participé à  plusieurs salons d’exposition d’art au Mali et dans la sous région. Le développement des activités de recyclage des déchets plastiques contribue à  freiner la pollution de l’environnement. La fondation Trust Aga Khan pour la Culture (AKTC), œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations dans le monde. Elle est impliquée dans la rénovation et l’assainissement de la ville de Mopti et de Sévaré, en 5è région. La fondation s’est inspirée du développement de l’artisanat de récupération qui a fait école au Niger. La fondation collabore avec l’ONG nigérienne, RESEDA (réseau d’entreprises pour le développement de l’artisanat). Leur projet forme des jeunes aux techniques de transformation des déchets plastiques. Il s’agira à  terme de doter la ville de Séparé de la première usine de fabrication de pavés plastiques au Mali.