Les « Experts Mali » bientôt à l’œuvre

 

La lutte contre la criminalité au Mali fait sa mue. Une Direction de la police technique et scientifique verra bientôt le jour, pour pallier les nombreuses insuffisances constatées lors des investigations criminelles.

La criminalistique a amorcé un nouveau virage. La recherche de preuves dans des affaires criminelles devrait bientôt ressembler à un épisode des « Experts ». Combinaison, gants, masques, poudre noire ou blanche selon les cas, rien ne devra être négligé pour relever des traces sur les scènes de crime. Une révolution pour une section qui existe déjà au Mali. Cela fait en effet quelques années que la police technique et scientifique dispose d’un département, qui ne produit malheureusement pas les résultats escomptés. Difficile de lui en tenir rigueur. Il n’avait à disposition ni les matériels adéquats, ni les ressources humaines qualifiées. « Le service que nous fournissions a montré ses limites face à l’évolution de la criminalité, qui prend de nouvelles formes. Nous devions donc apporter une réponse adéquate » reconnait le commissaire principal Herve Sangaré, expert en criminalistique et chef du service laboratoire de la police technique et scientifique. Pour aider ces futurs « Experts Mali », un fichier national automatisé des empreintes digitales sera mis en place. « Ce fichier sera un formidable outil pour lutter efficacement contre la récidive des délinquants, qui est une problématique majeure dans le pays » explique Sangaré. Les affaires criminelles devraient donc être plus rapidement résolues. « Dès l’instant qu’un avis de recherche sera lancé contre une personne qui a commis un acte criminel, il suffira de quelques indications pour interroger la base de données et identifier la personne ». Il sera donc plus dur de passer entre les mailles du filet. Au-delà des empreintes digitales, des experts balistiques, ceux qui analysent les douilles provenant des armes à feu, seront également formés. A terme, l’ADN sera utilisé, ce qui élargira les possibilités de recueillir des preuves. « Si on respecte les principes de conditionnement, de la collecte de l’ADN jusqu’à son transport au laboratoire pour son traitement, on aura des résultats positifs » assure notre expert.

Aubaine pour la Justice

Tout ceci devrait donc profiter à la justice, qui aura les cartes en mains pour incriminer les auteurs d’actes criminels. « Sur certaines affaires, nous pataugions et naviguions à vue. Le juge ne peut se substituer à l’homme de science. Faute de preuves, nous ne pouvions accuser qui que ce soit. Cela nous permettra d’instruire de manière plus efficace nos affaires » se réjouit le procureur général de Mopti, Mohamed Maouloud Najim. « Les criminels qui profitaient des défaillances du système feront face à un instrument plus efficace ».