Doumbia Mama Koité  :  » Les pollueurs doivent payer »

Pouvez- vous nous présenter brièvement votre organisation ? Mme DOUMBIA Mama KOITE  : FEMNET-Mali est le point focal national du Réseau de Développement et de Communication des femmes malienne. Nous travaillons dans la communication, le plaidoyer et le renforcement de capacités des femmes. Nous essayons d’influencer les politiques et les programmes nationaux. Nous avons des programmes de formation sur les droits civils, politiques, économiques et socio culturels au profit du genre féminin. Nous plaidons pour la promotion et la protection des droits des femmes afin qu’elles puissent contribuer au développement économique, social et culturel du Mali. Depuis quand vous intéressez-vous à  la problématique des changements climatiques ? Mme DOUMBIA Mama KOITE  : C’’est en 2007. FEMNET-Mali est en partenariat avec KULU/Danemark, une ONG danoise qui intervient pour aider les femmes à  prendre place dans les débats sur les changements climatiques, ce fléau qui a des effets pervers et dramatiques sur les femmes et les enfants dans les pays du sud surtout. Ce programme nous a permis de mener des formations et de participer à  des rencontres internationales sur la thématique des changements climatiques. Nous avons été à  Poznan en Pologne, à  Copenhague au Danemark, à  Barcelone en Espagne, à  Bonn en Allemagne, à  Cancun au Mexique, à  Durban en Afrique du Sud et à  Doha au Qatar. Nous travaillons aussi avec la francophonie sur la question du genre et du climat. Nous sommes membres de plusieurs réseaux sur le climat comme Franclimat (France), AMADe-PELCODE (Mali), Réso –Climat (Mali) et Southern Voices ( Danemark). Comment les femmes réagissent-elles aux changements climatiques ? Mme DOUMBIA Mama KOITE : Les femmes qui sont de grandes victimes des changements climatiques ne sont pas bien impliquées dans les débats sur ce paradigme qui est nouveau pour nous. Les femmes dans l’impossibilité de réagir dans plusieurs cas ne font que subir. Les femmes ignorent les débats de haut niveau sur la question du Changement Climatique parce qu’elles ne connaissent pas leurs droits en la matière et d’ailleurs de façon générale. En réalité, il s’agit d’une problématique complexe, pas pour les femmes seulement mais pour tout le monde. Les changements climatiques qui dépassent débordent du simple cadre du rendement énergétique ou des émissions des gaz à  effet de serre soulèvent des problèmes liés à  la démographie, à  la pauvreté, au genre. Les changements climatiques sont un problème de développement humain car ils menacent les libertés humaines. Ils menacent aussi la paix sociale dans les zones rurales. NQue vous apportent vos participations à  toutes ces conférences ? Mme DOUMBIA Mama KOITE : Personnellement, je suis à  Doha pour des exposés, dans des ateliers, sur la situation des femmes en Afrique et particulièrement au Mali. Les femmes subissent de plein fouet les effets des changements climatiques en cas d’inondation et de sècheresse par exemple. Ces situations dramatiques méritent qu’une plus grande attention soit accordés à  cette couché déshéritée quand il s’agit de prendre des décisions. Les droits es femmes et des enfants doivent être reconnus et préservés. Collectivement, je suis là  avec d’autres de mes sœurs dans le cadre d’un grand plaidoyer accompagnés d’une série de lobbying auprès des décideurs du monde qui sont ici à  Doha pour que les plus grandes victimes puissent être effectivement au centre des préoccupations et des débats en cours. Nous sommes venues en nombre pour dire, haut et fort, que les promesses régulièrement répétées ne suffisent plus. Il faut maintenant des actions concrètes et plus que jamais il faut que les pollueurs paient. Les pollueurs doivent payer pour réparer les dommages causés. Nul n’a le droit de se servir des ressources de notre planète à  sa seule guise. Au plan national comment voyez-vous le rôle des femmes dans la protection de l’environnement ? Mme DOUMBIA Mama KOITE : Au plan national, les organisations qui travaillent sur le climat doivent mettre en place des programmes d’information, de sensibilisation, de formation en direction des femmes. Dans nos pays, les femmes ne sont pas consultées à  l’occasion de l’élaboration des programmes de développement. Au niveau local, la faible représentativité des femmes dans les instances de décisions jouent beaucoup dans notre marginalisation. Il conviendrait que les intérêts des femmes soient davantage pris en compte dans les politiques de développement et que les négociations internationales sur le climat traitent également des impacts différenciés du changement climatique sur les femmes et les hommes. Propos recueillis par Ibrahim MAIGA