Gbagbo en procès, Ouattara au Palais

Prévue pour le mercredi dernier, la première comparution de Laurent Gbagbo avait été repoussée sur la demande de ses avocats. Ses derniers avaient en effet estimé qu’il leur fallait quelques jours pour préparer le dossier de leur client. Il faut rappeler que ces auditions rentrent dan le cadre de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le nouveau procureur de la République d’Abidjan, Simplice Kouadio Koffi. Elle doit réunir suffisamment d’éléments pour inculper Laurent Gbagbo assigné à  résidence à  Korhogo, dans le nord du pays, avant que des poursuites ne soient lancées contre lui, devant une juridiction nationale ou internationale, comme l’a promis le président en place. Justement, de nombreuses questions restent en suspens concernant le procès à  venir de l’ex-président. La justice ivoirienne chargée du dossier est-elle compétente pour le traiter ? Quelles périodes de son mandat devra- t-elle instruire ? Quel rôle jouera la CPI ? On peut déja parier que C’’est une véritable bataille juridique qui démarre ainsi ce vendredi et qu’il faudra un certain temps avant de voir Laurent Gbagbo répondre des crimes qui lui sont reprochés. Le clan Gbagbo n’a d’ailleurs pas attendu avant de lancer les hostilités. Son principal argument est que, malgré les accusations dont fait l’objet l’ancien président actuellement, aucune charge n’est retenue contre lui. Ce qui remettrait en question la légalité de son arrestation le 11 avril par les forces d’Alassane Ouattara appuyées par l’Onuci et la force française licorne. La défense de l’ancien président est assurée par cinq avocats français, mandatés par la fille de Laurent Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton. Il s’agit de Jacques Vergès, Roland Dumas, Gilbert Collard, François Epoma et Habiba Touré. Roland Dumas, ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, et Jacques Vergès, sont connus pour être de proches conseillers de Laurent Gbagbo. Ils réclament avant tout l’indépendance de la justice ivoirienne. l’audience de ce jour est d’ailleurs déjà  remise en cause puisque les avocats français de Gbagbo n’ont pas été autorisés à  rentrer en Côte d’Ivoire ce matin. Signalons enfin que l’ancien chef d’Etat n’est pas le seul à  être mis sur le banc des accusés. Simone Gbagbo, son épouse placée en résidence surveillée à  Odienné, sera interrogée 24h après lui. Près de 200 personnalités de l’ancien régime assignées aussi à  résidence à  travers le pays seront entendues d’ici le mois de juin. Pendant ce temps, au Palais… On prépare activement l’investiture d’Alassane Ouattara. Ce dernier a, en effet, a été officiellement reconnu jedui 05 mai par le Conseil Constitutionnel comme président élu de la Côte d’Ivoire. Il aura fallu cinq mois de crise, plusieurs semaines de guerre et des milliers de victimes pour que Paul Yao N’Dré revoit sa copie. C’’est en effet le même homme qui avait proclamé Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle le 03 décembre dernier, plongeant ainsi le pays dans la plus grave crise de son histoire. Hier jeudi, le Conseil Constitutionnel a donc proclamé les résultats définitifs de l’élection présidentielle de 2010, confortant ainsi M. Ouattara dans sa fonction de chef d`Etat ivoirien, entérinant la décision de la Commission électorale indépendante (CEI) qui avait déclaré M. Ouattara victorieux du scrutin le 2 décembre dernier. « Habituellement la prestation de serment se fait lors de la cérémonie d’investiture, mais dans ce cas précis (…) le Conseil constitutionel va jouer son rôle demain », vendredi, a déclaré Paul Yao N’Dré après avoir présenté à  Alassane Ouattara la décision du Conseil le proclamant chef de l’Etat. Le président Ouattara devrait prêter serment le 21 mai lors de son investiture dans la capitale politique Yamoussoukro.