Qui est Mohamed Aly Ag Ibrahim, ministre chargé de redynamiser le secteur industriel ?

Dans l’avant dernière ligne droite du quinquennat, le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, a procédé à quelques ajustements dans la composition du gouvernement Modibo Keïta le 7 juillet dernier. C’est Mohamed Aly Ag Ibrahim, jusque-là inconnu du grand public, qui occupe le département du développement industriel.

Dans une sorte d’adresse inaugurale à la réunion du 9 juillet dernier, le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, faisant suite à la formation de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Modibo Keïta, avait cru bon de déterminer le champ d’action de chaque membre du gouvernement et de rappeler les critères qui ont prévalu à leur choix. « Vos qualités ont été les seuls critères de votre entrée au gouvernement », expliquait-il. Les 9 nouveaux  ministres sont tous des noms connus, exception faite du détenteur du portefeuille du développement industriel. D’où vient-il ? Est-il membre de la CMA ou de Plateforme ? Les Maliens s’interrogent. Ni l’un ni l’autre, le nouveau ministre est tout simplement un cadre malien républicain, au service de la nation depuis la fin de ses études. « Un homme affable, qui a le sens de l’amitié, et réunit souvent des gens d’horizons divers autour d’un bon méchoui ou un plat de fakoye », plaisante l’un des ses amis. « Contrairement à ce qui se dit, Monsieur Mohamed Aly Ag Ibrahim n’est pas et n’a jamais été membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Nous, on le connait comme fonctionnaire, pas plus. Je pense qu’il a été choisi selon les critères définis par le chef de l’État lui-même », indique Mamadou Djéri Maïga, vice-président du MNLA.

Touareg natif de Tombouctou, le nouveau ministre du Développement industriel est détenteur d’une maîtrise en droit privé option affaires de l’École normale d’administration (ENA) de Bamako en 2002 et d’un certificat international d’administration des marchés à l’ENA de Paris en 2009. Jouissant d’une expérience remarquable dans la rédaction de plusieurs conventions de maîtrise d’ouvrage pour des projets de la Banque mondiale, Mohamed Aly Ag Ibrahim, a successivement travaillé comme juriste à l’Office national des produits pétroliers, à l’AGEROUTE en qualité de conseiller juridique du directeur en 2011 et directeur général par intérim du même service de 2008 à 2010. Consultant de plusieurs entreprises nationales et internationales, Mohamed Aly, surnommé « Cassius », du fait de son homonymie avec le célèbre boxeur, avait été nommé conseiller technique à la présidence de la République fin 2015, où il suivait les dossiers liés aux infrastructures du Sommet Afrique-France de 2017. Jeune quadra, marié et père de 3 enfants, il lui appartient désormais de promouvoir le secteur de l’industrie, considéré comme le parent pauvre de l’économie malienne, en créant des richesses et des emplois.

Portraits de musiciens Jazz par Sébastien Rieussec

Petit soir, c’est l’heure o๠le soleil qui a cogné toute la journée durant, baigne Bamako de sa lumière la plus douce et la plus colorée, quelques instants avant de passer sous l’horizon. C’est ce moment que le photographe Sébastien Rieussec a choisi pour réaliser ses portraits de musiciens, chez eux, dans leur intimité tout au long de ce mois d’avril caniculaire. Dans cette série de portraits tirés en grand format, le photographe fait le choix de se concentrer sur les visages de celles et ceux qu’on a l’habitude de voir sur scène, en privilégiant des cadrages serrés. Le spectateur se retrouve au plus près des musiciens, plongé dans le regard de chacun. Au fil de l’exposition, les décors s’estompent laissant la place à  une palette de couleurs qui se font écho. Installé au Mali depuis une dizaine d’année, Sébastien Rieussec, 34 ans travaille comme photographe et journaliste vidéo. Son terrain de prédilection est le portrait et la photographie documentaire. Au travers de ses travaux, il aime mettre en scène la couleur et les décors qu’offre la ville de Bamako. Il est le correspondant vidéo de l’AFP au Mali et collabore régulièrement avec la presse internationale.

A la recherche de Mohamed Nabi, le mystérieux…

Africain noir vivant au sud du Sahara, je me suis toujours interrogé sur le cas de Mohamed ibn Abdallah. Je ne parle ni arabe ni persan. Je ne maà®trise ni le coran ni les hadiths de cet envoyé de Dieu. Je n’ai ni croisé un de ses contemporains ni un de ses descendants. Je n’ai ni visité la Mecque ni Médine. Je n’ai ni compris pourquoi Dieu l’a choisi ni compris pourquoi les humains acceptent qu’il soit la meilleure des créatures. Je n’ai ni compris comment il a fait pour contenir toute cette souffrance au moment o๠l’ange lui retirait cette boule noire de la poitrine, ni compris comment il faisait pour parler avec le Seigneur. J’ai du mal à  le cerner. Mohamed est-il une légende ? Mohamed est-il un humain comme nous fait de chair et d’os, de sang et de fibres ? Mohamed a t-il réellement existé ? Mohamed a-t-il vécu sur cette terre de Dieu, o๠tout est faux, calculé, souillé, impur ? Mohamed, a t-il cohabité avec ces humains cyniques et prêts à  tout pour assouvir leurs intérêts ponctuels ? Qu’a Mohamed de si particulier pour mériter du créateur ce qu’aucun humain n’a eu, n’a et n’aura jamais ? Mohamed suscite passion, envie et parfois incompréhension. Caricatures Mohamed a été critiqué. Il a été caricaturé. Ces caricaturistes lui ont consacré quatorze toiles. Ils ont tenté de le représenter dans leur imaginaire. Je ne leur en ai jamais voulu pour avoir compris qu’ils s’intéressaient tout simplement à  Mohamed. J’ai compris que le sceau des prophètes intrigue leur monde. J’ai compris qu’ils ne peuvent pas comprendre qu’un humain ayant vécu pendant juste soixante trois ans n’ait jamais été photographié. J’ai compris leur problème : ils ne peuvent pas comprendre que des êtres censés acceptent que l’envoyé d’Allah soit meilleur qu’eux, qu’il soit meilleur que tous les autres. Je ne leur en veux pas. Je les comprends. Prophète de l’Islam, nous musulmans croyons et sommes tenus de croire en lui. Parfois, je me demande entre ses contemporains qui l’ont vu à  l’œuvre, l’ont cru et nous qui sommes à  des années lumière de son passage sur terre et le croyons, qui est plus méritant ? Nous l’aimons. Nous prions sur lui. Nous passons par lui pour séduire le Seigneur. Nous le copions au quotidien. Nous baptisons nos enfants Mohamed. Nous cherchons par divers moyens à  nous rapprocher de lui. Nous l’imaginons grand, beau, charmant, élégant, charismatique, exemplaire, humble et tolérant, humain, fragile. Nous savons que les adversaires lui ont jeté des pierres, contraint à  l’exil, rendu la vie difficile mais avec ses compagnons Aboubakr, Ali, Othman, Omar, ses compagnes Khadija, Aicha,Oum Habiba, Sawdatou, Aminta Salimata, sa fille Fatima et les illustres inconnus, il a su perpétuer et améliorer les œuvres de Issa et de Ibrahim. Nous lui devons ce Coran unique pour tous les musulmans ainsi que la diminution du nombre de prières quotidiennes ramenées à  5 par jour. Il est notre garant. Il s’est engagé à  nous défendre avec nos cortèges de péchés. Le prophète le plus lu de la planète Sans avoir jamais rien écrit, Mohamed est le plus lu de la planète. Sans avoir jamais demandé à  être singé, Mohamed est le plus copié de la planète. Sans avoir jamais parlé de sa personne, Mohamed est le plus aimé. Sans avoir jamais fait le tour du monde en quatre vingt jours, Mohamed est connu de la planète entière. Sans avoir jamais été courtisan, Mohamed est le passage obligé pour accéder au Créateur. Mohamed est notre âme. Le Maouloud célèbre sa naissance et son baptême.

Modibo Sidibé aux couleurs du FARE

Modibo Sidibé est le candidat du parti FARE aux élections présidentielles. Ancien inspecteur général de police, ancien premier ministre, il est considéré comme un administrateur chevronné et rompu à  la tache aux yeux des maliens. Même ses détracteurs lui reconnaissent sa maitrise de l’administration qu’il a servi pendant les 20 dernières années. Sa rigueur et son autorité et surtout son flegme légendaire en ont fait un personnage énigmatique dont les Maliens ne savent pas grand chose. Né à  Bamako le 7 septembre 1952, Modibo Sidibé est détenteur du doctorat en science pénales et criminologie. Une formation qui lui permet de rentrer dans la police o๠il gravit rapidement les échelons. En avril 1993, il entre au gouvernement en tant que ministre de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées. Il est reconduit à  ce poste dans les gouvernements successifs jusqu’au 16 septembre 1997 quand il devient ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le 9 juin 2002, après l’élection du président de la république Amadou Toumani Touré, Modibo Sidibé est nommé secrétaire général de la présidence de la République. Il occupe cette fonction jusqu’au 9 septembre 2007. Il est alors nommé Premier ministre. Avant le coup d’Etat du 22 mars beaucoup le voyaient comme le dauphin naturel d’ATT. Candidat à  l’élection présidentielle d’avril 2012, il est arrêté juste après le putsch puis libéré le 27 mars. Ses démenés avec son parti l’ADEMA qui refuse de l’investir comme candidat le contraint à  s’associer d’autres forces. Ainsi se créé le FARE-An ka wuli, parti des Forces Alternatives pour le Renouveau qui est la base qui travaille à  l’élection de l’enfant du Wassoulou. Modibo Sidibé est marié et père de six enfants.

ONU : Modibo I Touré au service des Grands Lacs

A ce titre, M. Toure, appuiera l’Envoyée Spéciale pour les Grands Lacs, Madame Mary Robinson, ancienne Présidente de la République d’Irlande, ancienne Haut-Commissaire des Droits de l’Homme. Dans ces nouvelles fonctions, M.Touré appuiera notamment l’Envoyée Spéciale dans la mise en œuvre du Pacte de Coopération, de Sécurité et de Paix, signé en février 2013 par onze pays africains (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Congo démocratique, République du Congo, République Centrafricaine, Ouganda, Rwanda, Sud Soudan, Tanzanie, et Zambie). Le pacte a été signé sous l’égide de l’Union Africaine, des Nations Unies, de la Communauté des Etats de l’Afrique Australe ainsi que de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs. M.Touré a accédé à  ce poste avec une solide expérience acquise à  travers de nombreuses responsabilités assumées dans des institutions et organisations régionales et internationales. En effet, avant sa nomination à  ce poste, Modibo Touré était, entre mars 2011 et mars 2012, Ministre des Postes et des Nouvelles Technologies du Mali. Auparavant, de mars 2008 à  février 2011, il a servi comme Directeur de Cabinet puis Directeur du Bureau du Président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Entre mai 2006 et février 2008, il était Secrétaire général de la BAD. Modibo Touré a par ailleurs occupé de nombreux postes de responsabilités au sein du Système des Nations Unies dans divers pays. Entre aout 2004 et aout 2005, il était Coordonnateur résident et humanitaire, et Représentant résident du PNUD en Ethiopie. De 2001 à  2004, il avait assumé les mêmes responsabilités au Tchad. Entre autres fonctions également occupées par Modibo Touré, celle de l’Adjoint au Représentant résident du PNUD, au Rwanda et à  Djibouti. Il a également servi, au siège de l’ONU, comme « Desk Officer », pour les pays des Grands Lacs (Burundi, Rwanda et Zaà¯re (RD Congo)), ainsi que pour le Liberia, le Ghana, le Sénégal et la Mauritanie. Notre compatriote, Modibo Ibrahim Touré fut le Représentant résident du PNUD par intérim et Coordonnateur humanitaire pour le Kenya depuis janvier 2013. Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général est titulaire d’un MBA, obtenu à  Vanderbilt University (USA), et d’un Bachelor en Sciences Economiques. En juillet 2012 Modibo Ibrahim Touré a pris fonction, en République Centrafricaine comme Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies par intérim, Coordonnateur résident et humanitaire du Système des Nations Unies par intérim et Représentant Résident, par intérim, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Hadizatou Hamzata Maïga, la maîtresse de Gao

Assise dans le canapé de ce petit hôtel du VIIe arrondissement, Hadizatou Hamzata Maà¯ga grelotte. « Vous avez un beau pays, mais il fait vraiment très froid ! », s’amuse-t-elle. Cette enseignante de 56 ans découvre la France pour la première fois. Invitée au Forum mondial des femmes francophones, le 20 mars, au Quai Branly, elle est venue pour témoigner des dix mois passés sous la coupe des islamistes, jusqu’à  l’intervention des troupes françaises et maliennes. « J’ai été très surprise d’être choisie par la coopération française, qui cherchait, pour ce forum, une femme qui avait continué à  travailler malgré l’occupation », raconte-t-elle. Avant d’ajouter dans un rire : « C’’est l’ironie des choses ! » Jusqu’à  ce 31 mars 2012, la vie était paisible pour Hadizatou. « La région de Gao est désertique, on vit de l’agriculture et de l’élevage. » Mère de huit enfants, elle enseigne à  des élèves âgés de 12 à  16 ans. « Ici, filles et garçons vont à  l’école, et il n’y a aucun problème pour faire respecter la mixité. » Le jour o๠les islamistes sont entrés dans la ville, Hadizatou était au marché. « Il était 9 heures. J’ai entendu des coups de feu résonner. Mon mari est venu me chercher et nous nous sommes réfugiés à  la maison, nous ne sommes sortis qu’à  17 heures. » Là , elle comprend que des rebelles ont pris Gao. « Ils se pavanaient sur des pick-up. Parmi eux, il y avait des enfants d’à  peine 12 ans. » Hadizatou reconnaà®t même quelques-uns de ses anciens élèves. En se remémorant cet épisode, elle balance nerveusement la clé de sa chambre : « J’avais la peur au ventre, J’ai vraiment failli partir. » à€ cet instant o๠tout vacille, elle pense tout de même à  cacher chez elle les livres de l’école, avant qu’ils ne tombent dans les mains des intégristes. La banque, comme les autres institutions ont été pillées. Pour envoyer ses deux derniers fils à  Bamako, chez leur sœur, elle doit faire appel à  la solidarité de la famille. Malgré des conditions de vie difficiles, dans une ville o๠tout manque, Hadizatou Hamzata Maà¯ga prend la décision de rester : « Je n’allais pas quitter l’endroit o๠je suis née pour ces moins que rien ! » « Le travail de réconciliation sera difficile » Elle continue d’exercer son métier dans une école désertée par plusieurs de ses collègues. s’ils n’ont jamais imposé de cours de religion, les intégristes ont exigé une séparation des sexes : « Il n’y avait pas assez de maà®tres pour diviser les classes. Alors, on a alterné, dans la même salle, des rangées de filles et de garçons. Nous y étions obligés, sous menace de corrections. » La mise en application de la charia, que l’on a entrevue d’ici à  travers quelques images, l’enseignante la confirme : « Après avoir démoli les bâtiments des services publics, ils se sont attaqués aux bars. Et ils ont coupé, à  plusieurs reprises, la main de voleurs. » Les femmes sont dans leur ligne de mire : « Certaines ont été cravachées parce qu’elles s’étaient baignées, nues, dans le fleuve, ou qu’elles ne s’étaient pas assez couvertes pour aller au marché. » Une situation inédite pour cette ville qui a toujours connu un islam modéré. Un jeune reprend, un jour, Hadizatou sur son voile mal ajusté : « Je lui ai rétorqué que je pratiquais la religion bien avant sa naissance ! Il s’est tout de suite excusé. » Puis elle évoque douloureusement le cas de l’une de ses élèves de 16 ans, violée par les rebelles : « Elle n’a pas remis les pieds à  l’école depuis. Elle dit qu’elle ne peut plus s’asseoir parmi ses camarades. » Pendant près de dix mois, la survie s’organise, jusqu’à  l’annonce du début de l’opération Serval. Des semaines pendant lesquelles Hadizatou espère, mais tremble aussi beaucoup : « Après l’attaque de Konna, les islamistes ont coupé les réseaux. Il n’y avait plus de téléphone, plus de télé, plus de radio. » Aujourd’hui, les islamistes ont fui Gao et les militaires continuent de sécuriser la ville. Mais les plaies sont vivaces et le calme, fragile. Les troupes françaises ne comptent maintenir au Mali qu’un petit effectif, et cela inquiète Hadizatou : « Nous ne voulons pas que les Français partent ! Il faut que nos militaires soient correctement formés pour prendre la relève. » Elle a conscience que la page sera difficile à  tourner : « Les islamistes ont humilié nos femmes, ils en ont épousé certaines, puis sont partis, les laissant parfois enceintes. Elles sont mal acceptées parce qu’elles ont pactisé avec l’ennemi. Le travail de réconciliation, au sein de la ville et en dehors, est possible, mais il va être très long. »

Adios Commandante!

« Nous avons reçu l’information la plus dure et la plus tragique que nous pouvions annoncer à  notre peuple. A 16h25 [21h55 à  Paris], aujourd’hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias ». C’’est par ces mots que le vice-président Nicolas Maduro a annoncé le décès de Hugo Chavez. Le président du Venezuela, âgé de 58 ans souffrait d’un cancer depuis deux ans. Depuis deux jours, les informations alarmistes se succédaient sur l’état de santé du président. Dès lundi soir, le ministre de la Communication, Ernesto Villegas, avait ravivé l’angoisse des partisans du «comandante» en annonçant «une détérioration de la fonction respiratoire» du président. «Actuellement, il présente une nouvelle et grave infection», avait précisé le ministre. Cette annonce avait conduit les autorités à  convoquer dès mardi une réunion des plus hauts responsables politiques et militaires du pays. 7 jours de deuil national Devant l’hôpital militaire Carlos Arvelo de Caracas, o๠le président vénézuélien était soigné, des dizaines de partisans, répondant à  un appel lancé sur la télévision d’à‰tat, avaient afflué dans la journée afin de prier pour son salut. Hugo Chavez était rentré par surprise à  Caracas le 18 février, après avoir été hospitalisé pendant plus de deux mois à  La Havane. Il y avait subi en décembre une quatrième intervention chirurgicale, pour un cancer diagnostiqué en juin 2011. Malgré son retour inopiné au pays, l’état de santé du président, qui ne s’était plus exprimé en public depuis son départ pour Cuba, le 10 décembre, restait un secret d’à‰tat. Seules quelques photos prises dans sa chambre d’hôpital à  La Havane avaient été dévoilées à  la mi-février par les autorités vénézuéliennes. Peu après l’annonce du décès de Hugo Chavez, la capitale a plongé dans un silence pesant. De nombreux commerces et l’ensemble des transports publics ont immédiatement cessé de fonctionner alors que des centaines de partisans du « comandante », visiblement incrédules, sont spontanément sortis dans la rue. Les autorités ont décrété sept jours de deuil et des funérailles nationales sont prévues vendredi pour Hugo Chavez qui était aussi le chef de file de la gauche latino-américaine. 20 ans de socialisme combatif Pour le grand public, le mythe d’Hugo Chà¡vez est né le 4 février 1992, le jour de son coup d’à‰tat manqué contre Carlos Andrés Pérez. En costume militaire, le commandant Chà¡vez assume ses responsabilités en direct et engage ses compagnons à  déposer les armes, leur expliquant que les objectifs poursuivis n’ont pas été atteints, « pour l’instant ». Le président Rafael Caldera, à  la tête de l’à‰tat de 1969 à  1974, et de nouveau de 1994 à  1999, reconnaà®tra que ce dernier lui avait « donné une excellente impression, comme à  tout le monde. Ces quelques secondes qu’il a utilisées à  la télévision montraient un homme équilibré, sensé. » Jeté en prison durant deux ans, Hugo Chà¡vez continue d’éponger une soif de lecture qui ne l’a jamais quitté et peaufine son projet politique. C’est ici, loin des projecteurs, que sa popularité grandit. Progressivement, il fait naà®tre le rêve d’une patrie nouvelle, « bolivarienne », du nom du « libérateur » historique du Venezuela face à  la couronne espagnole, Simà³n Bolà­var. C’est aussi pendant cette période qu’il prend goût au pouvoir. La professeur Herma Marksman, sa deuxième femme, explique l’avoir quitté à  cette période pour cette même raison : « La popularité l’a changé, il est devenu une figure messianique. » Les deux dernières années de sa vie, le Comandante gouvernait essentiellement par décrets, laissant une très faible marge de manoeuvre à  son gouvernement. « Sa gestion est devenue beaucoup plus autoritaire après le coup d’à‰tat dont il a souffert en 2002 et surtout à  partir de sa seconde réélection, en 2006-2007, au moment de lancer le concept flou de socialisme du XXIe siècle », explique l’historienne Margarita Lopez Maya. Surfant sur l’immense manne pétrolière, renationalisée en 2002 au prix d’un long conflit social, Hugo Chà¡vez veut alors construire « un nouveau socialisme », basé sur « l’amour, la liberté et l’égalité ». Il expérimente de nouvelles formes de production et relance la démocratie directe. à€ droite, dans un pays plus polarisé que jamais, les opposants hurlent au clientélisme et dénoncent les écueils de la révolution, principalement l’explosion de l’insécurité.

Cheick Modibo Diarra, une carrière éclair au Mali

Cheick Modibo Diarra, le premier ministre malien qui vient de présenter sa démission était un novice en politique. à‚gé de 60 ans, l’homme, natif de Ségou, affiche un parcours hors du commun. Doté d’un physique imposant et d’un caractère bien trempé, il a toujours été imprévisible. Plus jeune, il rate ses examens universitaires pour aller passer un week-end en amoureux à  Rome. Plus tard, toujours sur un coup de tête, il part aux à‰tats-Unis et se retrouve, d’abord à  vendre des colliers africains sur Madison Avenue avant d’être accepté à  l’université prestigieuse de Howard à  Washington. Diplômé en ingénierie spatiale, il est recruté par la Nasa et devient «navigateur interplanétaire», comme il se décrit lui-même modestement dans un livre sorti en 2000. Pendant presque dix-huit ans, il a piloté des vaisseaux spatiaux vers Mars et Vénus. Une expérience qui lui a apporté une reconnaissance internationale. Une carrière politique boostée par le coup d’à‰tat militaire Cheick Modibo Diarra devient une star et multiplie les postes prestigieux. D’abord, ambassadeur de bonne volonté auprès de l’Unesco, il devient ensuite premier président de l’Université virtuelle africaine (UVA), avant de cofonder l’université numérique francophone mondiale. Après avoir quitté la Nasa, il prend les rênes de Microsoft Afrique et partage sa vie entre Bamako et Johannesburg. Il n’est revenu au Mali qu’en 2011 pour présenter son parti politique, le «Rassemblement pour le développement du Mali». Un retour naturel, pour ce gendre du général Moussa Traoré, ancien chef putschiste, au pouvoir de 1968 à  1991. En mars dernier, le coup d’à‰tat militaire pour renverser le président Amadou Toumani Touré accélère sa carrière politique. Nommé premier ministre, Cheick Modibo Diarra promet de rester humble et de lutter pour sortir le pays de cette crise profonde qui le divise. Mais l’homme se sent très vite pousser des ailes et entreprend de se constituer une base électorale en vue des prochains scrutins. Une ambition qui déplaà®t à  beaucoup. Après son arrestation par les militaires, Cheick Mobido Diarra a été conduit à  Kati, ville de garnison située à  l’extérieur de Bamako et quartier général de l’ancienne junte. Quelques heures plus tard, il est autorisé à  rentrer chez lui o๠il est assigné à  résidence.