Pouponnière II : Soyons solidaires comme le Rotaract

Des visages d’anges. Des yeux grands ouverts sur ce monde o๠ils ont été abandonnés par leurs parents biologiques. Il est certain qu’ils n’ont pas demandé à  venir au monde. Mais pourtant, ils sont bien là  et de leur bien être, on doit se soucier. A la pouponnière 2 de Niémakoro, en commune VI, du district de Bamako, il y a plusieurs dizaines d’orphelins recueillis régulièrement par la structure. Souvent, C’’est la brigade des mœurs, qui après avoir trouvé un enfant, vient le confier à  la pouponnière. Dans les différentes salles, chaque enfant porte un nom donné par l’orphelinat. Ainsi Néné Soumano, Isabelle, Seydou s’y côtoient et jouent ou pleurent, C’’est selon leur humeur. Des femmes s’occupent de ces enfants, des bonnes volontés qui lavent, nourrissent, soignent ces chérubins que la vie n’a pas favorisé. Chacun sait que s’occuper d’un enfant coûte. « Nous en recevons régulièrement. l’autre jour, cette petite fille est arrivée avec son cordon ombilical. Elle avait été abandonnée sur un tas d’ordures », raconte Rokia Traoré, l’une des responsables à  la pouponnière. Un autre enfant, Djigui Koumaré souffre d’une malformation à  la tête et à  besoin d’être opéré. C’’est pourquoi les Club Rotaract Kanu de Bamako et de Ouaga Arc-en ciel, se sont mobilisés pour offrir quelques dons en nature. Des couches pour bébé, du lait en poudre, du savon, pour apporter un peu plus de confort à  ces enfants. « Nous savons que cela ne résoudra pas tous les besoins de cette pouponnière, mais ce geste peut contribuer à  améliorer un tant soi peu le quotidien de ces enfants », a expliqué Adjaratou Davou de Rotaract Ouaga. Un effort largement apprécié par Dr Salif Sissoko, qui a appelé à  plus de solidarité en pointant du doigt le phénomène d’abandon des enfants et même d’infanticides qui prend de l’ampleur à  Bamako. « Au-delà  des dons, il faut venir à  la pouponnière, simplement pour voir les enfants, leur apporter un peu de sourire, C’’est très important pour leur évolution psychologique », ajoute un travailleur social. A voir le sourire des enfants, au centre de l’attention, lors de la cérémonie de remises de dons, un sentiment de compassion est partagé. Il y a bien sûr la possibilité d’adopter ces enfants. Après vérification et recherche de parents éventuels, et introduction d’un dossier à  la pouponnière, que valideront les autorités et particulièrement le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.

Arrêt des adoptions internationales au Mali : l’avenir des orphelins menacé

Pour Anne Morin, française, l’article 540 du code de la famille, qui interdit aux étrangers de procéder à  l’adoption d’un enfant malien fut un véritable choc. Le « Collectif Enfants Adoption Mali » crée en novembre 2012 au lendemain de la décision d’arrêt des adoptions internationales en les limitant aux seuls ressortissants Maliens, à  décidé de faire du lobbying pour faire revoir cette loi, qui a par ailleurs entraà®né la suspension de près de 80 dossiers d’adoption par des familles françaises en cours. » Laurence Haziza, 46 ans, essaie d’adopter après plusieurs tentatives pour avoir un enfant. Lorsque son dossier a été suspendu, c’est tout un projet de vie qui s’écroulait. « C’est absurde de priver un enfant d’un autre avenir d’autant que nous nous sommes engagés à  ne pas couper cet enfant de ses racines ». « Le Mali s’était engagé à  nous confier un pupille de l’Etat et nous en étions honorés. Car tous nous avions choisi d’orienter notre démarche d’adoption vers le seul Mali, pays cher à  notre C’œur, que nous connaissons bien, et o๠certains d’entre nous ont déjà  adopté », poursuit Anne Morin. Aussi les familles regroupées au sein du collectif, mettent en avant le fait que l’adoption n’implique nullement de couper l’enfant de ces racines. Ces familles s’étaient même engagées à  donner à  l’enfant toutes les informations sur son pays d’origine. Autre conséquence de cette décision, la pouponnière centrale de Bamako, o๠le taux d’occupation a atteint les 180%. Les dossiers d’adoption, depuis cette mesure se sont amenuisés, d’autres sont suspendus du fait de la décision.  » Au Mali, on adopte rarement un enfant qu’on ne connaà®t pas ou sans lignée alors sans les adoptions internationales, que va t-il advenir de ces nourrissons ? Que vont-ils devenir une fois autonomes? « , s’indigne cette française, membre de la société civile impliquée dans le lobbying. L’avenir des nourrissons en jeu Pour Bakary Traoré, de la Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille), la situation est déplorable :  » Nous avons constaté que le nombre d’enfants en situation difficile va croissant et que le seul centre d’accueil, de placement familial ne pouvait pas les contenir ». « L’ avenir des nourrissons abandonnés ne s’inscrit-il désormais qu’en institution, ce qui par ailleurs est contraire à  la Convention de La Haye régissant l’adoption internationale. Cela fait maintenant 12 mois que ces petits auraient pu vivre en famille. Une éternité dans la vie d’un nourrisson » rappelle Anne Morin dans un courrier. Grâce au collectif, « Enfants Adoption Mali », les familles ont mobilisé la première dame de France Valérie Trierweiler, attendue prochainement au Mali pour faire avancer le dossier. Il s’agit surtout de faire revoir, ou en tout cas, de revenir sur cette loi qui n’a aucun sens et met en péril, l’avenir de ces nourrissons. Des courriers aux autorités pour les sensibiliser sur la question, des colis composées de (couches, de lait et de biberons) ont été récemment envoyés à  la pouponnière ASE Mali de Bamako, via l’ambassadeur Gilles Huberson, en attendant un déblocage de la situation. Petite lueur d’espoir dans le dossier, le collectif, a appris que jeudi dernier, l’Assemblée nationale avait voté, en faveur de la possibilité, pour le gouvernement, de légiférer par ordonnance d’ici l’élection de la nouvelle; C’est sur cette base, la DNPEF (La Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille), favorable à  une reprise des adoptions internationales, voudrait proposer un texte au gouvernement, pour débloquer les dossiers en souffrance. « Ce qui est surtout important, c’est de montrer qu’avec ces adoptions, ces enfants ont un avenir, l’espoir d’une vie meilleure…. », argumente Hanna, une franco malienne, installée à  Bamako.

Pouponnière I, que s’est-il vraiment passé ?

« En aucun moment, le directeur national de la promotion de l’enfant ne nous a parlé de ce problème de façon verbale ou écrite » nous a confié un haut cadre du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. l’attitude de la direction de la pouponnière avait été condamnée à  l’époque par le cabinet qui lui a reproché de dissimuler des informations importantes pour le département. « Lorsque la ministre de l’époque a appris l’information, elle a appelé la secrétaire générale du département qui n’était au courant de rien. En ce moment, les deux responsables ignoraient totalement l’existence d’un tel problème. C’’est ainsi qu’une réunion d’urgence a été convoquée dans le bureau de la ministre. Le 7 mars 2011, C’’est la date de cette réunion qui a duré plus de 3 heures », nous confie-t-il encore. Au cours de cette rencontre, la parole a été donnée à  tous les protagonistes pour entendre leur version des faits. A la fin, le ministre a instruit au directeur de fournir un rapport de suivi de tous les centres d’accueil, y compris la Pouponnière. Mme Maiga Sina Damba voulait avoir une clarification sur chaque décès. Quelques jours après, elle s’est rendue au centre pour échanger avec le personnel à  qui elle a prôné l’entente et donner des directives pour la bonne gestion. Du coté des partenaires, des rencontres ont également eu lieu pour connaà®tre la nature de leur contribution afin d’assainir la gestion technique et financière. « Actuellement, on est à  une phase pour gérer les recommandations. Il faut aller vers le renouvellement de toute l’équipe » déclare notre interlocuteur du département. Des conditions déplorables Contacté par nos soins, une source hospitalière à  l’hôpital Gabriel Touré nous a confié avoir constaté courant janvier l’admission d’un nombre élevé d’enfants provenant du centre d’accueil. « On pouvait compter souvent 5 à  6 enfants hospitalisés » Après une mise en garde verbale, Mme Simpara Aminata Doumbia, que nous avons rencontré à  son lieu de service, a confirmé l’envoi d’une correspondance officielle, écrite à  la demande d’un agent du centre. « Celles qui accompagnaient les enfants ne savaient même pas préparer le lait » s’étonne Mme Simpara. Pour elle, C’’est un problème de préparation et de conservation du lait qui a été à  l’origine des maladies des enfants. Cette thèse rejoint le témoignage d’un enquêteur qui a effectué plusieurs visites à  la Pouponnière. Cet enquêteur certifie que biberon et mouches cohabitent dans un océan d’eau sale pendant plusieurs heures. Cet enquêteur évoque aussi le problème de l’insuffisance du personnel d’encadrement. Une seule personne peut s’occuper de plusieurs enfants. ‘’Moi-même, je suis mère de famille. On sait le prix de la prise en charge correcte d’un seul enfant à  plus forte raison plusieurs » s’agit-il d’une cabale ? La thèse officielle est réfutée par un agent du centre sous le couvert de l’anonymat. Selon elle, C’’est une cabale montée en toute pièce sur fond de rivalité entre la directrice et son adjointe. Travaillant à  la pouponnière depuis 3 ans, elle confie qu’il y a à  sa connaissance quelques cas de décès. « Le manque d’hygiène et de personnel d’encadrement à  la pouponnière I constitue un handicap à  la bonne marche de la structure et est la cause de toutes les maladies dont souffrent les enfants », peut-on lire dans un rapport rédigé par le commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance, contrôleur Ami Kane. Le débat autour de la mort des 33 enfants à  la pouponnière de Bamako ne serait-il donc qu’un coup monté de toute pièce ? Selon l’agent du centre, le centre n’a enregistré que la mort de 3 enfants. Les auteurs de cette cabale auraient donc voulu jouer sur la sensibilité du public pour attirer l’attention sur la direction de la pouponnière. Le conflit de leadership au sein de l’instance dirigeante de la pouponnière, arrive ainsi sur la place publique sous forme d’accusations au demeurant très grave si elles venaient à  être prouvées. En tout cas, la direction se défend et affirme que les enfants orphelins ou abandonnés qui lui sont confiés ne sont pas maltraités ou délaissés. Les trois décès sont d’ailleurs dus à  des causes naturelles et non à  cause d’un défaut d’hygiène ou de soin. l’enquête en cours, il faut le rappeler, ne concerne pas que les cas de décès d’enfant mais aussi une procédure d’adoption peu transparente. La directrice Mme Diallo Ami Kéita devra répondre des faits qui lui sont reprochés si ceux si sont avérés. En attendant, elle dort à  la prison pour femmes de Bollé.

Filles-mères : un phénomène de mode à Bamako

Tous les jours que dieu fait à  Bamako, des nouveaux nés sont retrouvés dans les poubelles, les champs, sous des camions, ou encore aux portes de certaines maisons. Selon des statistiques réalisées par la brigade des mœurs, plus de 10 gamins sont, toutes les deux semaines, délaissés par leurs mamans juste après leur naissance. Des centaines de bébés abandonnés La semaine dernière, la brigade de recherche du 11e arrondissement de police de Bamako a découvert un bébé sous un gros porteur. Le malheureux n’avait même pas son cordon ombilical sectionné. Il était 3h du matin, lorsque les agents de police ont entendu les cris de ce bébé. Ils l’ont tout de suite ramené à  l’hôpital pour les premiers soins, avant qu’il n’atterrisse à  la pouponnière. Les aides ménagères premières responsables Dans la majeure partie des cas, ce sont les aides ménagères qui agissent de la sorte. Elles quittent le plus souvent leurs villages pour venir travailler à  la capitale. Une fois sur place, elles découvrent les délices de la vie et se laissent aller à  la dérive. Une fois enceintes, elles n’ont pas les moyens de procéder à  des avortements à  l’hôpital. Certaines procèdent par des avortements personnels. C’est-à -dire, qu’elles avalent des poudres, ou comprimés recommandés par des vendeuses de médicaments traditionnels ou pharmacies parterres. l’issue ne peut être que catastrophique. Les plus chanceuses se retrouvent avec des bébés malformés à  la naissance, ou attardés, les autres par contre, meurent. Par ailleurs, certaines gardent la grossesse jusqu’à  terme. Mais, à  l’approche de l’accouchement, elles disparaissent et vont se réfugier loin de leur lieu de travail o๠tout le monde les connait. Prétextant une départ pour le village. On sait pourtant qu’elles ne peuvent retourner avec une grossesse, au risque de se faire renier par les leurs. Leur seule alternative, devient l’abandon de cet être frêle et innocent. Les plus cruelles, tuent même ces enfants. Procédant par l’asphyxie, ou encore le broyage du crâne. [b Cependant, beaucoup n’ayant pas la force de procéder ainsi, décident tout simplement de jeter le gosse quelque part et s’enfuir. La pouponnière de Bamako est ainsi remplie de gamins sans pères, ni mères, s’émeut la Directrice Mme Salimata Ouattara : Témoignages Djènèba est aide-ménagère à  Bamako depuis 3 ans : « Je suis mariée au village. J’ai laissé mon mari pour venir travailler parce que la vie est dure là  bas. J’y retourne toutes les saisons. Au cours de ma première année, je suis sortie avec le gardien du lieu o๠je travaillais. Je suis malheureusement tombée enceinte. Je n’ai su mon état que 5 mois après. C’’est ma patronne qui m’a informé en me chassant de chez elle. Mon amant n’a pas voulu reconnaà®tre sa responsabilité et je me suis retrouvée toute seule. Je me suis réfugiée chez une amie qui travaillait pour des ‘boss’ et qui dormait seule dans sa chambre. Ses patrons n’ont rien su. Le jour ‘J’ , je suis allée accoucher seule dans les bois. Je me suis enfuie quelques temps après en laissant mon bébé pleurer tout seul. Je ne l’ai même pas lavé. J’ignore ce qui est advenu de lui. J’en ai toujours le remords. Aucune nuit ne passe sans que je ne l’entende m’appeler. Je regrette et je regretterai toujours mon acte. » Le cas de Djènèba est un parmi des milliers à  Bamako. Et les abandons de bébés sont devenus un phénomène de mode Informer et sensibiliser ! Le Ministère en charge des femmes et des enfants, doit mener des campagnes de sensibilisation, d’information et de conscientisation. Ces filles ont besoin de conseils. Elles ne sont pas du tout informées. Elles doivent connaà®tre tous les moyens de prévention pour éviter de contracter des grossesses non désirées. En plus de cela, elles risquent des maladies sexuellement transmissibles. D’après une étude réalisée par le Ministère de la santé, les aides ménagères ont un pourcentage assez élevé de VIH/SIDA. Elles sont atteintes en nombre parce qu’elles ne sont pas suffisamment informées. La prison de « Bolé » comme peine Face aux recherches approfondies et quotidiennes de la Brigade des mœurs, épaulée par les autres brigades de la ville, plusieurs filles-mères sont finalement retrouvées et incarcérées à  Â‘Bolé’, la prison des femmes et des enfants.