Ce que les Maliens pensent de la procédure engagée contre ATT

Tombée le vendredi dernier, la nouvelle des poursuites judiciaires engagées par le gouvernement contre Amadou Toumani Touré pour haute trahison s’est répandu à  travers le Mali comme une traà®née de poudre. Ils sont nombreux à  réagir contre cette décision du gouvernement qu’ils qualifient de règlement de compte du président de République et son clan. « Je demande à  I B K de trouver un autre moyen pour se venger d’ATT que ces motifs fallacieux qui ne relèvent que de la méchanceté, de la malveillance, de la haine gratuite. Toute chose qui ne fait que compromettre dangereusement son régime dont le crédo doit être la véritable réconciliation nationale dans un Mali définitivement apaisé, et uni pour faire face aux actions de développement» , affirme Seydou Diakité comptable dans une entreprise de la place. D’autres s’interrogent sur le timing choisi pour lancer cette poursuite judiciaire contre ATT. Ils estiment que l’enjeu actuel est la libération de Kidal. « C’’est inopportun d’engager une poursuite contre ATT pendant que tout le nord du Mali n’est pas encore libéré. La priorité du Mali est de libérer ces régions définitivement et mobiliser les bailleurs à  investir dans le pays affaibli par la crise. Cette décision ne fait qu’enfoncer le pays dans une tension socio-politique», pour Aminata Sanogo enseignante à  l’école fondamentale. Certains pensent que cet acte du Président IBK n’est que de diversion pour mieux s’implanter solidement à  Koulouba. « Le jugement d’ATT n’est pas une priorité par rapport à  beaucoup d’autres situations. Le président de la République ne doit nous pas distraire. Un petit rappel quand Sanogo est venu, son premier discours était la libération du nord du Mali, quelque temps plus tard il s’est lancé dans les dossiers de corruption et finalement il est tombé dans la gueule du loup . Aujourd’hui il médite son sort en prison. à‡a doit servir une leçon pour IBK. Pour d’autres, par contre, cette information est une bonne nouvelle qu’ils ont accueilli avec joie. Ils soutiennent que l’ancien chef d’Etat doit s’expliquer sur sa gestion chaotique de la crise du nord. « Je suis d’accord avec le président IBK de poursuivre ATT pour la haute trahison. « Cet homme avait un régime voyou .Il doit répondre de ses actes devant la justice malienne. La corruption, le népotisme, le favoritisme, l’impunité , le détournement de deniers publics etc…voilà  en gros son régime » martèle Makan Tounkara, commerçant au grand marché de Bamako. Djibril Sissoko, mécanicien de son état est d’ailleurs pressé que l’ancien chef d’Etat soit extradé vers le Mali pour qu’il soit jugé publiquement. « On ne peut du tout pardonner ATT et son clan d’avoir mis à  mal le Mali au profit de leur intérêt personnel. Le Mali se limitait à  ATT, Lobbo, Mabo et le PDES. Raison pour laquelle les bandits armés ont eu tout le temps de s’implanter au nord Mali » assure-t-il. Pour, Aissata Diarra, IBK était le complice d’ATT en tant qu’ancien président de l’Assemblée nationale. « O๠était IBK lorsqu’ATT négociait avec les rebelles. O๠était IBK quant le gouvernement d’ATT affaiblissait l’armée. Vraiment, soyons sérieux et allons de l’avant. S’il s’agit de juger ATT, il faut aussi juger tous ses complices y compris IBK » Pour Zoumana Berthe, tous les griefs reprochés à  ATT à  travers la lettre par laquelle le gouvernement a saisi la Haute Cour de Justice, sont postérieurs au 22 Mars 2012 dont les évènements ont entrainé tous les malheurs que le Mali a connus notamment l’occupation des trois(03) régions du pays. « Si ATT avait opposé à  une résistance comme voulait ce gouvernement, il serait poursuivi devant la CPI pour génocide, crime de guerre, crime contre l’humanité ».

L’ex-président ATT sera-t-il extradé vers le Mali?

Après l’ancien président tchadien Hissène Habré, les autorités sénégalaises pourraient se pencher sur le cas Amadou Toumani Touré qui avait trouvé trouver refuge en avril 2012 au pays de la Téranga après son renversement. A l’époque, la junte militaire avait menacé de poursuivre ATT, pour « haute trahison et malversation financière ». Dans un communiqué rendu public ce vendredi 27 décembre 2013, le gouvernement annonce avoir saisi l’Assemblée nationale, o๠siège la Haute cour de justice, pour juger l’ancien président Amadou Toumani Touré. Il pourrait être inculpé de haute trahison, pour avoir laissé entrer des forces étrangères au Mali. Voici l’intégralité du communiqué Le Gouvernement du Mali informe l’opinion publique nationale et internationale que l’Assemblée Nationale, siège de la Haute Cour de Justice, vient d’être saisie par la lettre n°285/PG-CS du 18 décembre 2013, d’une dénonciation des faits susceptibles d’être retenus contre Amadou Toumani Touré, ancien Président de la République pour haute trahison. Les faits dénoncés concernent, entre autres : – D’avoir, en sa qualité de Président de la République du Mali, donc Chef Suprême des Armées, et en violation du serment prêté, facilité la pénétration et l’installation des forces étrangères sur le territoire national, notamment en ne leur opposant aucune résistance, faits prévus et réprimés par l’article 33, al 2 du Code pénal ; – D’avoir, au Mali, au moment des faits et en tant que Président de la République, donc Chef Suprême des Armées, détruit ou détérioré volontairement un outil de défense nationale, faits prévus et réprimés par l’article 34,al 2 du Code Pénal ; – D’avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu que dessus, participé à  une entreprise de démoralisation de l’armée caractérisée par les nominations de complaisance d’officiers et de soldats incompétents et au patriotisme douteux à  des postes de responsabilité au détriment des plus méritants entraà®nant une frustration qui nuit à  la défense nationale, faits prévus et réprimés par l’article 34, al 3 du Code Pénal ; – De s’être, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu que dessus, opposé à  la circulation du matériel de guerre, faits prévus et réprimés par l’article 34, al 3-c du Code Pénal ; – D’avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu que dessus, participé, en connaissance de cause, à  une entreprise de démoralisation de l’armée, malgré la grogne de la troupe et des officiers rapportée et décriée par la presse nationale, faits prévus et punis par l’article 34,al 3-d du Code Pénal ; – D’avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu que dessus, en tout cas, depuis moins de 10 ans, par imprudence, négligence ou inobservation des règlements laissé détruire, soustraire ou enlever, en tout ou partie, des objets, matériels, documents ou renseignements qui lui étaient confiés, et dont la connaissance pourrait conduire à  la découverte d’un secret de la défense nationale, faits prévus et punis par l’article 39, al 2 du Code pénal. l’opinion sera informée en temps utile des développements ultérieurs de ce dossier. Bamako, le 27 décembre 2013