Excision : des progrès mais le chemin reste encore long

La pratique de l’excision comporte de nombreux risques médicaux et la mort en fait malheureusement partie. Les conditions dans lesquelles se pratique en général l’excision, les problèmes que rencontre la femme excisée pendant son accouchement sont autant de bonnes raisons de proscrire l’excision. Entre les cendres et le sable supposés adoucir l’opération, des questions d’hygiène se posent. l’excision entraà®ne des douleurs atroces puisque la zone du vagin est particulièrement sensible et qu’il n’y a pas d’anesthésie locale qui soit faite par les matrones durant « l’opération ». Les septicémies, les infections, le tétanos, les hémorragies et la contamination par le virus du sida, la difficulté à  uriner sont autant de conséquences immédiates. l’accouchement est un autre calvaire pour les femmes infibulées. De fait, la parturiente doit subir une épisiotomie pour permettre à  son bébé de ne pas s’étouffer dans un orifice vaginal devenu trop étroit (infibulation). Face à  cette situation de nombreuses femmes peuvent désormais se tourner vers la médecine. C’est un pas de plus dans la lutte contre les mutilations sexuelles féminines, et un espoir pour les millions de femmes qui en ont été victimes à  travers le monde. Engagé depuis trente ans dans le combat contre les mutilations sexuelles féminines, inventeur dans les années 1990 d’une technique chirurgicale pour les réparer, l’urologue Pierre Foldès est l’un des spécialistes en France qui propose la réparation du clitoris. Des résultats de son expérience auprès de près de 3 000 femmes donnent pleinement satisfaction. Réalisable dans tous les cas o๠le clitoris est atteint, l’intervention – elle dure moins d’une heure- consiste à  reconstruire celui-ci à  partir de sa partie profonde, non excisée. La portion cicatricielle est enlevée, le clitoris restant est libéré et le gland repositionné. Pour de nombreuses femmes africaines qui n’ont pas de moyens de s’offrir cette opération, la meilleure action reste la lutte contre cette pratique. La lutte contre l’excision un combat en Afrique La communauté internationale célèbre ce jour, la journée mondiale de lutte contre l’excision. Un mal que les femmes africaines supportent depuis des siècles. Elles l’ont acceptée dans leur majorité mais aujourd’hui face aux conséquences dangereuses, elles luttent désormais contre cette pratique, bien que la pression sociale soit toujours très forte. La pratique de l’excision fait partie de la tradition dans plusieurs communautés et il est difficile d’y déroger. Pourtant les initiatives dans les pays africains sont nombreuses et méritent d’être soulignées. Elles datent de la fin du 19è siècle. Au Soudan, o๠la pratique de l’excision est très répandue, l’on dénonce publiquement l’excision depuis 1947. Les femmes africaines au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Mali luttent depuis toujours contre l’excision. Au Sénégal, l’assemblée nationale a voté une loi sur l’excision qui ne fait pourtant pas l’unanimité. Au Burkina Faso, le Comité de lutte contre la pratique de l’excision sensibilise contre le phénomène et une loi condamnant l’excision existe. Au Kenya, les politiques de sensibilisations menées par des organisations non – gouvernementales (ONG) et des associations chrétiennes bien que relativement efficaces concernent les jeunes filles des classes primaire et secondaire qui sont les recrues à  l’initiation

Le lévirat, une pratique encore répandue au Mali

Cette coutume est particulièrement appliquée si le défunt a laissé derrière lui des enfants en bas âge. C’’est une coutume indiquée en cas de décès de l’époux chez certaines ethnies du Mali Dans nos sociétés traditionnelles, la vie est collective comparativement à  la société moderne ou la famille se limite à Â «Â  papa, maman et les enfants ». C’’est pourquoi nos ancêtres ont légué des valeurs sociétales pour le bon fonctionnement de nos sociétés en instituant le lévirat. Pourquoi cette pratique ? Elle vise à  assurer la pérennisation dans la prise en charge sociale et psychologique des enfants du défunt. Bien vrai que dans la pratique, elle connaà®t plusieurs formes diverses selon les ethnies. La plupart des cas, cette union a pour but de perpétuer le nom du défunt et de sécuriser la transmission du patrimoine. Cette rituelle, souvent forcée, combinée avec la polygamie est encore pratiquée malgré le modernisme. Selon le sociologue, Boureima Tereta, le lévirat ou le sororat(l’homme épouse la soeur de sa défunte femme ), étaient des manières de consolider, le tissu familial pour éviter la dispersion des enfants du défunt ou de la défunte. A la différence des veuves esseulées qui se livrent à  des pratiques peu recommandables pour faire vivre leur progéniture, le lévirat et le sororat constituent un excellent moyen pour contrer ce genre de solution extrême. Tradition et religion Dans le centre, comme le sud et l’ouest, cette pratique reste vivace au Mali. Certains érudits justifient le lévirat par le poids de la tradition. La religion accorde aussi une valeur aux hommes qui “héritent” des femmes de leur grand frère défunt. Pour la soeur d’une défunte, il s’agit de ne pas laisser les neveux habiter sous le toit d’un autre homme. En milieu rural, les enfants constituent des bras pour les travaux champêtres. Cette pratique, souvent forcée et combinée avec la polygamie, est notamment encore pratiquée dans certains pays africains. Le Bénin l’a interdite en même temps que la polygamie le 17 juin 2004. Elle est encore pratiquée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso, le Sénégal ou le Togo. Elle existe également dans certaines communautés du Tchad La tradition considère les femmes comme des « biens versés » dans le patrimoine du défunt à  partager entre héritiers. Ces épouses elles-mêmes n’étant pas héritières, l’islam a inversé cette relation avec la société. Elle interdit de façon absolue les mariages du type lévirat et sororat, sans le consentement des deux personnes concernées. les témoignages “Cette pratique (lévirat) a été réfléchie par nos ancêtres pour le maintien de la cohésion sociale. C’est aussi une manière de consoler les orphelins laissés » explique Sidiki Tangara thérapeute. Djeneba Sangaré enseignate à  la retraite estime elle que la fille qui accepte de prendre la place de sa grande sœur défunte est choyée par toute la famille et son mariage est célébré avec faste. Pour Haby, 30 ans,  » cette pratique est révolue et d’un autre temps et enferme la femme dans un carcan qu’elle ne maà®trisera pas forcément, soumise qu’elle sera aux lois de la famille d’accueil ». Dangers du lévirat Au Mali l’Association des femmes Juristes lutte contre la pratique du lévirat. Selon la présidente de cette association : «Â dans la tradition tribale, quand une femme perd son mari, elle est mariée de force au frère de celui-ci. En plus de son caractère rétrograde, le lévirat peut être dangereux pour la santé du futur époux car selon Maà®tre Maà¯ga, « si un homme est mort de sida, il a sans doute infecté sa femme, qui transmettra à  son tour son nouveau mari et par ce biais à  toutes ses femmes. » Certaines campagnes de prévention du sida, en Afrique, stigmatisent aussi la pratique du lévirat en indiquant que celle-ci favorise la propagation de la maladie. Cela dit, certains auteurs font remarquer que la pratique du lévirat est la seule mesure de protection sociale dont bénéficient les veuves dans ces pays et qu’il n’est pas forcément bienvenu de lutter contre cette pratique sans en remplacer l’aspect social. Mais cet argument suffit-il à  dissuader cette pratique encore répandue chez certaines ethnies ?

Adoption d’une loi contre l’excision : le Mali devancé par les pays limitrophes

Le Mali traà®ne le pas pour l’adoption d’une loi contre la pratique de l’excision. C’’est ce qui ressort globalement de l’analyse de l’organisation internationale de défense des droits humains et égalité. « Appel au gouvernement Malien en faveur de l’adoption d’urgence d’une loi efficace interdisant les mutilations génitales féminines » tel a été le thème d’une conférence du mouvement des groupes de base africaine pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, ce 24 juin. Vingt-quatre activistes d’organisations anti-MGF de base, venus de dix sept pays africains, se sont réunis à  Bamako pour présenter leurs plus grandes réussites dans le domaine et mettre fin à  ces pratiques traditionnelles. Après quatre jours d’échanges, les activistes ont retenu la Non-adoption de la loi, en arguant que cette législation serait pourtant capitale pour accompagner le combat contre l’excision. « Le fait que le Mali n’ait pas adopté une loi, met les efforts consentis à  plat », a martelé Dr. Kouyaté de la Guinée. A l’évidence, le retard du Mali dans la répression contre la pratique de l’excision dérange les pays voisins. Et pour causes, les exciseuses immigrent souvent dans les pays limitrophes oà¹l’excision n’est pas formellement interdite et s’adonnent à  la pratique en toute illégalité. « Sans la loi contre l’excision au Mali, nous qui sommes dans les pays limitrophes o๠les lois ont été adoptées, serons dérangés dans les efforts enclenchés », a fustigé Meddah Félicité du Burkina Faso. C’’est pourquoi le Dr. Kouyaté ajoutera que cette loi protégera les petites filles. Un appel lancé au Président Amadou Toumani Touré et à  son épouse. Bannir les mutilations génitales féminines A titre de rappel, au Mali, les mutilations génitales féminines sont extrêmement repandues. 92 % des femmes et des filles y ont été soumises; Et les fillettes qui subissent cette intervention sont de plus en plus jeunes. Le Mali est devenu un pays cible pour la pratique des MGF ; Fillettes et exciseuses y sont emmenées depuis que les pays voisins ont banni la pratique, à  savoir le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. « Nous avons choisi le Mali pour nous réunir parce que nous espérons que le point de vue des activistes des pays dans lesquels il existe des lois contre les MGF (17 pays au total) aidera les autorités maliennes à  comprendre l’urgente nécessité d’une loi réprimant les MGF », explique Mme Faiza Jama Mohamed de Nairobi au Kenya. Après la conférence, les experts prévoient de rendre visite aux ministres de l’Education, de la Promotion de la femme et de l’Enfant, de la Santé et de la Justice.

D’une pratique démocratique à une autre (1/2)

Deux faits importants relevés dans l’actualité de ces dernières semaines obligent à  jeter un regard désormais circonspect sur ce qu’est la pratique démocratique d’un pays à  un autre, d’une démocratie à  une autre, d’un dirigeant politique à  un autre, le tout au regard des exigences nouvelles de vertu et de morale politiques nécessaires, à  la construction et la consolidation de toute démocratie. Intéressons-nous d’ abord au premier fait qui nous a interpellés et qui est relatif à  l’actualité politique britannique : le deuxième fera l’ objet d’un second article : Stigmatisé pour son rôle dans le scandale des « notes de frais » des députés, Michael MARTIN, Président de la Chambre du Royaume Uni, a annoncé – de manière lapidaire – qu’il quitterait ses fonctions de speaker le 21 juin prochain. « Afin que l’unité des Communes puisse être maintenue », a-t-il lancé à  ses collègues dans un silence religieux. « Le bureau du speaker est censé symboliser l’intégrité parlementaire, la probité et la loyauté à  travers les siècles », estime le journal The Irish Times, qui constate que l’occupant du poste n’avait d’autre choix que de s’effacer. Une première depuis trois cents ans de pratique démocratique au Royaume Uni ! Le parlementarisme anglais a jusqu’ici, été le modèle par excellence de la pratique démocratique moderne. Cette personnalité Britannique de tout premier plan se voit éclabousser par un vaste scandale lié aux « Notes de frais », ce qui a fait montrer du doigt, le laxisme dans le contrôle des activités parlementaires. En Angleterre, la loi autorise un Député ou un Lord à  se faire rembourser à  concurrence de l’équivalent de £ 24.006 (soit F.CFA 18.267.746, au titre de l’allocation pour sa résidence secondaire. En effet, l’on considère que pour les besoins de leurs activités politiques et parlementaires, les Députés et les Lords ont besoin de se déplacer de leurs circonscriptions à  Londres, siège de Westminster, le parlement anglais. C’’est dans ce cadre qu’ils sont amenés à  acquérir ou à  louer des résidences secondaires devant leur servir de « pied à  terre » londonien. Les dépenses auxquelles sont exposés les parlementaires dans ce cadre-ci sont ainsi mises à  la charge du contribuable anglais, naturellement dans les limites fixées par la loi. Malgré cette stricte limitation de la loi, de nombreux élus anglais ne se sont pas gênés de « forcer la dose » de leurs « dépenses remboursables », en demandant le remboursement de frais aussi variés et hors de propos que : l’entretien de leurs résidences secondaires, l’achat de rouge à  lèvres pour leurs épouses, voire « maitresses », des sacs entiers de fumier pour leurs jardins, le règlement du prix des travaux de réfection de leurs piscines, le remboursement des intérêts de leurs emprunts immobiliers, la location de vidéos pornographiques …, le tout constituant des plaisirs auxquels ne saurait gouter des gens des tropiques. Même si les élus ainsi mis en cause ont accepté de rembourser les montants qui leur ont été indûment remboursés (à  ce jour, environ £ 146.420, soit F.CFA 111.421.511 l’ont déjà  été), la situation est pour le moins cocasse. Difficile, en effet, de se réjouir de l’issue d’une telle situation. Mais, si ces évènements peuvent prêter à  sourire, ils témoignent à  bien des égards des leçons que nous devons tirer pour nos jeunes Nations. s’il faut se réjouir encore de cela, nous pourrions dire que là  bas au moins, lorsque qu’on est pris la main dans le sac, il est mal venu de ne pas remettre ce qu’on a pris dans la caisse. En tant que maliens, imaginons simplement la tête d’un anglais, découvrant que d’importants fonds ont été détournés par un parlementaire de la  »République très très démocratique de Gondwana ». Que ces fonds ont été utilisés pour épouser une cinquième et non moins légitime épouse. Que le parlementaire malien s’est bien empressé de « doter » sa nouvelle épouse au moyen des remboursements de « ses dépenses injustifiées » ? Simple différence de culture démocratique et de mœurs politiques me diriez vous ? Ce que ne manquerait sans doute pas de faire rire un British. Que dire de nos « cousins » les français ? A leur sujet, les analystes politiques s’évertuent en ce moment de savoir si le scandale des « Notes de Frais » était possible en métropole, patrie mère de la démocratie et de la liberté ? A y regarder de plus près, l’on se rend bien compte que même les sujets de sa majesté ne sont pas à  l’abri de la tentation de violer la loi, partant, de soustraire frauduleusement le contenu de la tirelire de sa majesté, le tout avec un « instinct démocratique » simplement perverti. La première leçon qu’il faut tirer de ce scandale au pays de l’habeas corpus est qu’il n’existe et ne peut exister de système d’autorégulation au sein d’une société fermée, quelle qu’elle soit. Partout o๠elle est pratiquée, la démocratie a besoin d’être ouverte et transparente. Le système de contre pouvoir doit toujours être renforcé partout o๠il y a risques évidents de dérives. Face à  l’ampleur du scandale et conscient du désastre politique et de ses conséquences ravageuses, les autorités gouvernementales britanniques ont tout de suite décidé de réagir. Le Premier ministre britannique Gordon BROWN, lui même sévèrement critiqué a ainsi promis des réformes constitutionnelles, dont un projet de loi visant à  retirer aux parlementaires le droit de fixer leurs propres rétributions. Comme il l’a laissé entendre, « Westminster ne peut plus fonctionner comme un club de gentlemen du XIXème siècle dont les membres fixent les règles et se les appliquent à  eux mêmes ». Pour corriger cet état de fait, le Chef du Gouvernement décide de passer du système de « l’auto régulation » à  la « régulation extérieure » par la mise en place d’une autorité indépendante qui sera désormais chargée de « superviser et d’administrer » les « Notes de Frais » des Députés et des Lords. Cette autorité indépendante aura un pouvoir d’enquête et de sanction à  l’égard des récalcitrants. Gageons que cela soit la meilleure réponse à  cette mauvaise pratique démocratique britannique. Mais au-delà  du caractère cocasse d’une telle situation dont se serait bien passé l’actuel gouvernement britannique déjà  mal en point, il ya lieu de saluer et de se réjouir de la performance du quotidien le « Daily Telegraph ». Ce journal -dit-on-, se serait procuré à  prix d’or (entre £ 80.000 et £ 400.000, soit F.CFA 60.877.401 et F.CFA 302.744.191) le listing des remboursements des dépenses des parlementaires anglais, payé entre les mains d’un personnel administratif de Westminster. Il a joué un rôle déterminant dans la dénonciation au grand public du scandale. C’’est là  à  n’en pas douter le véritable rôle et mission que l’on est en droit d’attendre de la presse. Entendons nous bien : notre propos ne vise pas la moralité des moyens utilisés par le journal dans « la captation de l’information ». Nous saluons la capacité de l’organe de presse et sa détermination à  mettre en cause des attitudes, des méthodes et pratiques nocives, lorsque cela est le fait des gouvernants, mais surtout, lorsque cela jure avec les « prescriptions de la loi et de la démocratie », le bon sens qui devrait inspirer et animer les hommes de pouvoir. Aucun système démocratique, fut-il celui de Grande Bretagne n’est à  l’abri des déviances tels que le détournement de deniers publics par la violation de la loi. Mais pour qui connaà®t la démocratie anglaise, cet enchaà®nement d’évènements doit-il réellement surprendre ? Assurément pas ! Les derniers soubresauts de l’actualité politique britannique doivent au contraire être analysés comme une étape supplémentaire dans la pratique démocratique de ce pays. Par rapport à  la France qui procède souvent par flambées de violence révolutionnaire et réformes dans l’urgence, la Grande Bretagne opte souvent pour un pragmatisme politique qui vise précisément à  remédier empiriquement à  des mécontentements avant que ceux-ci ne débouchent sur une contestation plus radicale. D’o๠une progression moins nettement sensible mais graduelle. Tout cela s’enracine parfaitement dans la tradition de l’Habeas corpus et du Bill of Rights qui limitent le pouvoir arbitraire et proclament les libertés fondamentales au regard des dérives de la pratique. La Grande Bretagne est sans doute le meilleur exemple de l’adaptation progressive d’institutions à  l’expérience. Dans toute Démocratie moderne, contre de telles déviances des gouvernants, les citoyens sont en droit d’attendre que les contre pouvoirs soient capables de prendre le relais, d’analyser, d’enquêter et le cas échéant, de donner l’alerte et la riposte s’il y’a lieu. Il y va du renouveau de l’action publique. Il devrait en est de même dans notre démocratie malienne en construction. Plus loin de nous, les choses de la politique paraissent étriquées et complexes se dénouent au moyen du dialogue et de l’échange ; chez nous, les choses les plus simples deviennent fort complexes dès que se noue le dialogue qui devient lui-même très vite dispute. Si les auteurs s’accordent à  dire qu’il y a autant de modèles démocratiques que de pays qui pratiquent la démocratie ; il y a tout de même une leçon à  tirer de chaque modèle. Quoique les pires dictatures se sont tout de même réclamées de ce système aussi. Mais il est courant de dire que la démocratie est le moins mauvais des systèmes. C’’est d’autant plus vrai que C’’est le seul système capable de permettre dans une large mesure, l’exercice du droit, de la justice, la participation, la responsabilité, le pluralisme, la solidarité du groupe pour assurer la cohésion sociale. Autres endroits autres pratiques démocratiques !

L’excision, un sujet d’une extrême sensibilité

L’excision ou les mutilations génitales féminines (MGF) dans toutes leurs formes, sont pratiquées à  grande échelle sur le continent africain et touchent environ 130 millions de femmes et d’enfants avec des conséquences physiques et psychologiques parfois irrémédiables. Particulièrement au Mali o๠plus de 92 % des femmes sont excisées. Bien vrai que cette pratique constitue une violation de l’intégrité physique et des droits fondamentaux de la personne et en dépit du péril de mort qu’encourent celles qui la subissent, elle reste un sujet sensible dans une société o๠le poids de la tradition pèse. Le cas du Mali en est une parfaite illustration. l’excision, un sujet encore tabou Le Mali a créé un Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE). Objectif : adopter une stratégie de sensibilisation de la population en vue d’un changement de comportement pour l’abandon définitif de la pratique. Mme Kéà¯ta Joséphine Traoré, Directrice du PNLE, affirme que « le sujet reste tabou dans notre pays. Quand on parle de la sexualité ou que l’on touche à  l’intimité de la femme, cela est perçu comme quelque chose de sacré ». Comme en témoigneMme Sidibé Aminata Diakité (femme enceinte) et que nous avons rencontré lors d’une consultation prénatale au centre de santé de Badialan II (un quartier de la commune III de Bamako). Pour elle, « C’’est une pratique ancestrale, donc une valeur sociétale à  conserver et qui purifie la femme et lui évite de ne pas être indexée dans son foyer ». Dans le même ordre d’idée, un homme d’une quarantaine d’années, électricien de son état, fulmine que l’excision constitue une pratique nécessaire à  la santé de la femme. Il désapprouve les acteurs de la lutte contre l’excision : « les occidentaux veulent spolier nos valeurs traditionnelles pour implanter les leurs ». Poursuivant son « coup de gueule », cet homme ajoute que « la pratique est recommandée dans les dogmes religieux précisément dans l’Islam ». Ce qui est faux. A l’inverse, Awa Guindo, enseignante de profession, regrette d’avoir subi cette pratique et pour cause, elle évoque les conséquences néfastes sur son intégrité physique : « J’ai fait deux maternités difficiles, finalement, on m’a conseillé de ne plus tomber enceinte pour ne pas mourir ». A chaque accouchement, les sages femmes étaient obligées de procéder à  une intervention chirurgicale au niveau du vagin. Une étudiante de la Faculté de médecine nous confie qu’elle subit des perturbations de son cycle menstruel dues à  l’excision. Lamine Traoré, professeur d’Anthropologie à  l’Université de Bamako et responsable du programme de Lutte contre l’excision, a souligné que les enquêteurs envoyés à  l’intérieur du Mali ont été ‘’arrosés » d’injures par les locaux pour avoir abordé l’idée de l’abandon de la pratique. Mais, la situation s’améliore sur le terrain… Notons que dans sa politique de lutte contre l’excision, le gouvernement malien a rendu gratuit le traitement des complications causées par l’excision.

Pour ou contre la polygamie?

Si la polygamie servait autrefois à  unifier une concession, à  perpétuer la tradition d’un village, ou à  combler un veuvage, aujourd’hui, elle est parfois signe d’ostentation, ou d’utilité pour des jeunes femmes qui cherchent un statut, ou à  s’en sortir financièrement…Mais à  côté de sa voisine sénégalaise, adepte de l’union partagée, qu’est-ce qui motive la femme malienne à  entrer en polygamie ? Ou qu’est ce qui au contraire l’en empêche ? De même pour les Hommes ! D’ ou vient la polygamie ? Au Mali, la polygamie est légale et près de la moitié des hommes sont polygames. Le phénomène est d’autant plus répandu que 99 % de la population est musulmane. D’après Oumar Sissoko enseignant, un homme monogame est un homme à  demi célibataire, car le jour o๠il aura des ennuis avec sa femme, elle retournera chez ses parents et à  lui, le vagabondage sexuel ! Le retour au Camalènbaya ! D’o๠l’intérêt de la polygamie pour assurer sa tranquillité ! « Il vaut mieux avoir plusieurs femmes que de vaquer au libertinage sexuel ». Et Mr Sissoko confirme sa position : « J’accepte cette pratique parce que un polygame est un homme heureux ! Ses épouses cherchent à  lui faire plaisir en voulant devenir la préférée…». Abdourahmane Diallo, Administrateur civil, 50 ans, se base lui sur la religion et juge que si les conditions matérielles et sociales sont réunies, on peut prendre une seconde épouse, voire une troisième, pourvu qu’il y ait une équité entre elles : « Si les femmes du Prophète (PSL), s’entendaient bien, pourquoi pas le commun des mortels… » Et pourtant, Mr Diallo, a vécu une première expérience plutôt négative : « Ma seconde épouse, plus jeune, ne s’entendait pas avec la première et lors des réunions familiales, il y a eu quelques clashs ! s’en est suivi une séparation ! ». Abdoulaye B, journaliste à  Radio Guintan est lui formellement contre la polygamie de nos jours : « Autrefois, les hommes prenaient beaucoup de femmes pour assurer une descendance, avoir des bras vigoureux pour nourrir la famille ! Avant, la polygamie se basait sur une organisation sociale codifiée, mais les temps ont changé, les mentalités ont évolué, la polygamie sert maintenant le plaisir de l’homme. Dans un ménage polygame aujourd’hui, il n’y a plus d’amour, d’harmonie et la division règne. Très souvent, les enfants se détestent et leur éducation n’est plus assuré… ». Le point de vue féminin… Il y a plus de femmes que d’hommes sur terre… Est-ce une raison pour faire preuve de générosité et d’abnégation pour ne pas laisser certaines vieilles-filles seules ? Il y a bien sûr le point de vue des principales concernées : « Au Mali, affirme Aissata Diallo, journaliste dans une chaà®ne privée, si tu atteins 30 ans et que tu n’as toujours pas trouvé chaussure à  ton, pied, tu risques de finir deuxième et devenir une Sinamousso ( coépouse) ! Car la majorité des hommes au-delà  de trente ans sont mariés ! Et cela devient difficile de trouver un prince charmant de libre ; Alors il vaut mieux avoir trouvé sa moitié dès 25 ans pour ne pas finir dans un ménage polygame ! » Est-ce cependant l’unique raison qui pousse certaines à  accepter ce choix de vie ? « Moi je cherche un statut social à  travers la polygamie, explique Khady, 30 ans, commerciale. « Je vis ma vie, je vaque à  mes occupations et J’ai ma propre maison, donc je n’ai aucune raison de me brouiller avec ma coépouse ». Pour celles qui sont contres, la polygamie signifie rien de moins que des problèmes: « Les coépouses, jalouses entre elles, ont parfois recours au Marabout pour nuire les unes aux autres ! », témoigne Aminata Touré. « Pour rien au monde, je n’accepterai de partager un homme, avec une autre », lâche Seynabou, 24 ans, étudiante en Communication et déterminée, il vaut mieux éviter les problèmes… » D’autres l’acceptent à  contre C’œur à  cause de la pression familiale et l’aspect financier : « La veille de mon mariage, mon mari à  fait savoir à  mes parents qu’il souhaitait opter pour le régime monogame et aucun membre de sa famille n’était d’accord avec cette idée. Or avec la polygamie, la femme peut bénéficier des biens de son mari et C’’est ce qui m’ a poussé à  y finalement adhérer… », explique Mme Sidibé Assan Bah. Le Nouveau Code de la Famille, en cours d’ apdotion à  l’ Assemblée Nationale, prévoit le régime de Séparation des biens.  » Dans la réalité, bien des hommes n’ assument pas leur responsabilités et abandonnent les charges familiales, pour lesquels ils s’étaient engagés. Chaque coépouse se bat alors pour nourrir ses enfants. Les femmes souffrent beaucoup en polygamie et C’’est ce qui entraà®ne le vagabondage des enfants, et la délinquance juvénile…», ajoute Mme Bah. Mais la polygamie signifie t-elle souffrance seule pour les femmes ? « Maman Téné avait été délaissée par le père Benfa, dès que ce dernier avait épousé ses deux jeunes femmes, il avait transporté ses affaires chez ses nouvelles épouses… et il ne plaisantait plus avec elle, ne se confiait plus à  elle… », raconte l’écrivain malien Seydou Badian dans son roman Sous l’orage, une histoire o๠tradition et modernité se confrontent, à  travers le personnage de Kany, qui refuse d’épouser Famagan et devenir une coépouse, lorsque sa Maman, la pousse à  comprendre les souffrances et les sacrifices vécus, dans son propre ménage… Alors, que le texte de réforme du Code de la Famille et des Personnes, au Mali, est en cours d’adoption à  l’Assemblée Nationale, la polygamie soulève de nombreuses questions, celui des droits de succession et d’héritage, de la protection de la veuve, en cas de décès du mari… Le nouveau texte prévoit une protection plus solide pour la femme, qui pourra hériter des biens acquis pendant le mariage, jouir d’ une garantie de son droit d’ habitation et d’occupation des terres appartenant à  la famille ( Auparavant, la veuve était renvoyée chez ses parents sans rien). Mais le code permet aussi que l’ on applique les règles coutumières ou religieuses de partage de l’héritage… des régles qui bien souvent font primer l’ homme sur la femme! Mais qu’on soit pour ou contre cette pratique, elle est entrée dans nos mœurs, et nul ne peut juger un homme qui a décidé de prendre plusieurs épouses, ou une femme qui veut bien signer le régime polygame à  la veille de son mariage. Reste à  définir les règles d’une cohabitation harmonieuse et à  assurer l’éducation parfaite des enfants qui en naitront. Voilà  tout le défi de la polygamie aujourd’huiÂ