Tandja et le syndrome du « Grand Homme »

Le cas Tandja Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger, est un exemple vivant du syndrome de « Grand homme ». Il entend porter le nombre de ses mandats constitutionnels de deux à  l’infini. En vertu de la constitution nigérienne, M. Tandja devait se retirer en décembre 2009 lorsque son second mandat présidentiel aurait touché à  sa fin. Mais Tandja souffre du syndrome du « Grand homme » ». Il croit qu’il est le seul homme capable de gouverner le Niger comme médiums spirituels et les Marabouts fétichistes lui ont peut-être suggéré. Tandja symbolise le retour à  la période de l’Afrique des systèmes paranoà¯aques à  parti unique et à  juntes militaires qui ont obscurci la plus grande partie de l’histoire de l’Afrique post-coloniale. Tandja a goûté au pouvoir pour la première fois après un coup d’état en 1974. Du fait de son syndrome du « Grand homme », Tandja est hermétique aux critiques de l’organisme régional de la CEDEAO, de l’Union Africaine, des leaders démocratiques africains, des partis d’opposition, des organisations religieuses, des syndicats et des militants des droits de l’homme ainsi que de la communauté internationale. Tandja est déterminé à  gouverner le Niger à  vie en abandonnant ces limites constitutionnelles aux termes des mandats présidentiels et en étouffant les voix démocratiques. Au Niger, Tandja bouleverse la jeune démocratie du pays (depuis 1999) en s’appropriant en quelque sorte ses principes démocratiques afin de créer un système de présidence autoritaire à  vie à  l’instar de la Guinée de Sékou Touré. La psychologie à  la base de la pensée de Tandja parsème le chemin de l’histoire africaine récente. Elle explique aussi le cas de Jerry Rawlings, qui n’avait pas accédé au pouvoir de manière démocratique, disant aux Ghanéens : « A qui ? » quand on lui a demandé de céder le pouvoir dans les années 1980 pour faire place à  la démocratie. En Sierra Leone, le Président Siaka Stevens a dit au Sierra-Léonais, « Pass I die » (« jusqu’à  ma mort je resterai président ») lorsqu’on lui a demandé la démocratisation. Stevens avait préparé le terrain pour une explosion future de la Sierra Leone. Au Libéria, alors que Samuel Doe venait de saccager un système démocratique balbutiant en instaurant un climat d’extrême autocratie, lui et ses acolytes criaient : «Sans Doe, pas de Libéria ». Doe a fini par éclater le Libéria en morceaux. En règle générale, la culture africaine bien ancrée de la Présidence à  vie révèle que le « Grand homme » gouverne toujours contre les aspirations des masses à  la démocratie et au développement. Mugabe, le diable Le Zimbabwe actuel de Robert Mugabe démontre qu’à  long terme, cette attitude fait des citoyens des cadavres vivants. Mais Tandja n’exploite pas de façon positive l’histoire africaine, la culture, la sagesse, et les tendances actuelles du développement africain. En agissant de la sorte il dit indirectement aux Nigériens et aux Africains « Sans Tandja, pas de Niger … Pass I die … A qui ? ». Depuis l’indépendance le 3 août 1960, les 13 millions de Nigériens pauvres ont vécu sous cinq constitutions et trois périodes de juntes militaires avec en toile de fond des assassinats et la rébellion touareg. Le syndrome africain du « Grand homme» émane de certains éléments de la culture africaine : les médiums et les marabouts fétichistes, les spiritualistes et les sorciers-guérisseurs stimulent les « Grands hommes » lors de rituels spirituels traditionnels de « haut niveau » (avec parfoisdes sacrifices humains) et fournissent des interprétations bien pratiques : Dieu aurait par exemple destiné le « Grand homme » à  régner à  vie. Puisqu’il s’agit d’une activité irrationnelle, la plupart du temps cela se traduit par des catastrophes – en témoignent le Libéria, le Rwanda, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Idéologie et rituels Les fameux rituels fétichistes de Jean-Bedel Bokassa de la République Centrafricaine, qui avaient marqué les esprits, ont sans doute entrainé l’effondrement du pays. Et C’’était le cas du Général Nigérian Sani Abacha friand de pratiques de marabouts fétichistes à  grande échelle dans le but de se transformer en président civil. Le Zaà¯rois Mobutu Sese Seko illustrait lui aussi le syndrome africain du « Grand homme », laissant derrière lui un pays ravagé o๠l’Etat s’est autodétruit. Le syndrome du « Grand homme » est donc incompatible avec la démocratie et le progrès. Quel est donc l’antidote à  ce mal, pour traiter les Tandja et consorts ?

Droits de l’homme : les violations continuent !

En Afrique comme ailleurs, la répression envers les défenseurs des droits de l’homme demeure constante, selon le rapport annuel 2009 de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme. Un rapport qui a suscité de vives discussions lors d’un point de presse le 17 juillet à  Bamako. Amir Mohamed Suliman, directeur au centre de Kartoum(Soudan) pour lesdroits de l’homme et le développement environnemental (KCHRD) raconte : « J’ai été arrêté le 26 novembre 2008 par les services nationaux de renseignements et de sécurité (NISS). Au moment de mon arrestation, J’étais en compagnie de deux autres militants des droits de l’homme : respectivement Osman Hummaida et Abdel Monin Aljak. Au cours de notre détention, nous avons subi des actes de torture et de harcèlement, pour nos liens supposés avec la cour pénale internationales (CPI). Ils ont usé de bâtons et de tuyaux d’eau et ont commencé à  me hurler au visage pour me faire avouer ou se trouvait la valise et l’ordinateur d’Osman Hummaida, sinon ils allaient me torturer. Quant J’ai ramené les valises d’Osman qui est toujours maintenu,ils m’ont libéré !  » Mutabar Tadjibaeva, est directrice de l’organisation de défense des droits de l’homme « le club des C’œurs ardents », et lauréate 2008 du prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’homme. Elle avait été arrêtée le 07 octobre 2005. Condamnée au terme d’un procès inéquitable, à  huit ans de prison pour « extorsions de fond » et  » appartenance à  une organisation illégale », Mutabar Tadjibaeva a subi des mauvais traitements en prison. Le 2 juin dernier, elle a été libérée pour raison de santé. Mme Aid Quilcué, première conseillère, régionale de Cauca (Colombie) témoigne sur l’assassinat de son mari Edwin Legarda, qui a eu lieu lors d’une opération des faux positifs : un cas d’exécutions ou les paysans ou des civils de zones défavorisées les déguisent avec des uniformes de guérilloros ». Elle a ajouté que C’’est très difficile d’obtenir justice en Colombie, parce que très souvent le système judicaire est à  la solde de la politique gouvernementale. Pour l’instant, Aid déplore qu’aucun tribunal n’ait été chargé de traiter le cas de son époux dans le cadre d’une procédure publique Ces actes de répressions à  l’encontre de défenseurs des droits de l’homme sont constants rien qu’en 2008. Des réalités liées à  des situations socio-économiques défavorables Ce qui fait dire Souhayr Belhassen, présidente de la fédération internationale des doits de l’homme (FIDH) que les mécontentements sociaux liées à  la chute des bourses, à  l’augmentation des lois liberticides en matière de contrôle du corps social est l’un des traits saillants des difficultés rencontrées par les défenseurs des droits de l’homme en 2008 : « La criminalisation de la protestation sociale s’intensifie, touchant de plus en plus les pays dits démocratiques. Une situation d’autant plus inacceptable qu’elle se est accompagnée d’atteintes à  toutes les formes de contestations pacifiques contre les politiques gouvernementales ayant un impact sur les droits de l’homme ». En effet, l’observatoire dans son rapport 2008 alerte la communauté par le biais d’appels urgents, de lettres ouvertes et de communiqués. Il a lancé 421 interventions urgentes concernant des atteintes diverses à  l’encontre de près de 690 défenseurs des droits de l’homme. l’observatoire a aussi mandaté 12 missions internationales d’enquête, d’observation judiciaire et de défense.