Prêches extrémistes : un phénomène inquiétant

Les récents propos de personnalités religieuses sur les ondes de certaines radios privées ont suscité de vives réactions au sein de l’opinion publique, sans pour autant que les autorités ne réagissent.

Le rôle des radios privées fut fort apprécié dans le cadre du renforcement de la démocratie, mais la libéralisation totale du secteur, sans contrôle, apporte aujourd’hui son lot d’inconvénients, qui peuvent être préjudiciables à la paix sociale. Il ne se passe en effet plus un jour sans que des propos extrémistes soient tenus dans le cadre de prêches virulents, sur les ondes de certaines radios privées. Sans susciter de réactions de la part des autorités, qui disposent pourtant d’un instrument de régulation.

Régulation urgente Pourtant, tout responsable de radio se doit de respecter certaines règles, ce qui suppose une certaine autorégulation, voire une autocensure. Après constat fait des nombreux dérapages, c’est surtout la Haute autorité de la communication (HAC) qui est pointée du doigt pour son immobilisme face à ces manquements à l’éthique. Mais du côté du régulateur, on argue que « nous n’avons à ce jour aucun moyen mis à notre disposition pour agir, même si nos documents contiennent les solutions, car la structure n’est pas encore fonctionnelle », assure Alou Djim, l’un des membres de la HAC, avant d’ajouter qu’au niveau de sa structure, seules l’ordonnance et la loi de création existent pour le moment. Quant à l’URTEL (Unions des radios libres et télévision du Mali), elle se veut plus rassurante à travers la voix de son Président, Bandjougou Danté : « au nom des 350 radios de notre association, nous garantissons que les dérapages ne se feront plus, sauf peut être au niveau de radios n’ayant pas d’autorisation d’émettre ».

Du côté de la Maison de la presse, la message est plus clair : « il y a nécessité de mieux former nos journalistes et animateurs, et d’amener les radios à leur mission première, car c’est le fait que les radios manquent de ressources qui les poussent à prospecter partout et à ouvrir les micros », selon Alexis Kalambry, son vice président. Cette organisation faitière a d’ailleurs élaboré un programme de formation en lien avec la crise récente, pour mieux former les acteurs.