Mopti : L’URD prône l’union lors de sa conférence régionale

L’Union pour la République et la démocratie (URD) a tenu, samedi 7 août, sa conférence régionale de Mopti. Les militants ont rendu hommage à Soumaïla Cissé et appelé à plus d’union face à la polémique qui sévit dans le parti quant au nom du futur candidat à l’élection présidentielle.

Après la brutale disparition de Soumaïla Cissé, qui sera le futur porte-étendard de l’URD à la présidentielle de 2022 ? C’est la question qui taraude tous les esprits et qui a fait installer un semblant climat de discorde et de polémique à l’URD. Les récentes adhésions au parti de Boubou Cissé ainsi que de Mamadou Igor Diarra font planer la suspicion d’une probable candidature de l’un des deux à la présidentielle prochaine, mal perçue par certains qui voudrait voir un  militant de la première heure porter les couleurs du parti. Et c’est face à cette polémique que les cadres du parti ont tous appelé à l’union à Mopti lors de la conférence régionale afin de resserrer les rangs pour les élections générales à venir. « Je me dois de vous dire qu’un débat anachronique s’est installé autour du candidat prochain du parti à la présidentielle. Nous regrettons les propos désobligeants dont ont été victimes certains sur de simples insinuations et de procès d’intention. Des propos condamnables. C’est l’occasion de vous informer qu’au sein de l’URD, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation de candidature à la présidentielle et qu’à cet instant précis, le processus n’a pas encore été enclenché. Arrêtons les  polémiques vaines. L’intérêt de chaque militant dépend de l’unité du parti », a conseillé le Pr.Salikou Sanogo.

Le vice-président du parti a également rendu hommage à Soumaïla Cissé et rappelé une de ces citations invitant à la cohésion au sein du parti. « De beaux jours sont devant nous à condition que nous sachions préserver les acquis. Permettez-moi de vous rappeler ce propos de Soumaïla Cissé qui semble s’adresser à nous aujourd’hui. « N’ayons aucun doute sur le fait que l’attraction actuelle pour notre parti vient de l’image d’union avec laquelle il rayonne aux yeux des populations. Si nous perdons cet appel, nous perdrons et nous ferons perdre les Maliens. S’il vous plaît, arrêtons les polémiques vaines. Faisons en sorte que chaque militante et chaque militant sache que son propre avenir dépend de l’unité du parti. Combattons la discorde comme un mal commun, qui  viendrait décimer la maison commune », a-t-il poursuivi.

Boubou Cissé acclamé

La salle de spectacle Sory Bamba a acclamé Boubou Cissé présent à la conférence régionale. L’ancien Premier ministre, qui a adhéré au parti à la section de Djenné, a été distingué citoyen d’honneur de la commune urbaine de Mopti. « Merci Boubou Cissé d’avoir choisi le parti de ta famille, l’URD. Bienvenue chez toi camarade secrétaire chargé des questions économiques de Djenné », a félicité Amadou Cissé, président de la fédération régionale URD de Mopti.

Boubou Cissé qui a rendu hommage à Soumaïla Cissé a également appelé à l’union et à la cohésion. « En ce jour important de notre fédération et de notre parti, je veux penser à nos défunts. J’ai une pensée toute particulière pour Soumaïla Cissé. Je rends hommage à l’illustre disparu, à l’âme qu’il a donnée au parti et au leadership qu’il a incarné au sein de l’URD. Durant des années, Soumaïla a travaillé à vivifier cette union, il l’a dynamisée et a veillé à ce que chaque militant incarne l’union pour la République et la démocratie », a t-il rappelé.

L’ancien cadre de la Banque mondiale a aussi expliqué aux militants la cause de son adhésion à l’URD. « L’URD est un parti politique où on peut discuter. En outre, sa philosophie et ses directives politiques s’accordent avec mes convictions. C’est aussi un parti politique où militent des hommes et des femmes dont je suis proche, à commencer par son fondateur Soumaïla Cissé, il m’a conseillé et même parfois grondé, mais toujours avec bienveillance. Il y a aussi des membres de ma famille qui sont des militants de premières heures. L’URD est enfin un parti d’ouverture et d’engagement. Voilà quelques raisons qui m’ont poussé à adhérer à l’URD, ma famille politique, ma famille tout court. L’URD est une chance pour le Mali », a-t-il expliqué.

Selon nos informations, un travail de de conciliation est en cours afin de mettre les militants d’accord sur le nom du futur candidat de l’URD à la présidentielle.

Mali – Boubou Cissé : libre de sauter dans l’arène politique

Soupçonné de « nourrir des ambitions présidentielles » et d’être le cerveau d’un présumé coup d’État, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé était poursuivi, aux côtés d’autres personnalités, depuis décembre 2020 pour « atteinte à la sureté de l’État ». La Cour suprême a rejeté, le lundi 19 avril, le pourvoi en cassation du Procureur général pour le maintien des charges et confirmé l’abandon des poursuites. Cette séquence refermée, les rumeurs sur une possible candidature de l’intéressé à la prochaine présidentielle vont de plus belle. L’ancien Premier ministre n’a pour l’heure rien laissé filtré de ses intentions, va-t-il maintenant se dévoiler, étant désormais libre de le faire ? 

 « Il semblerait que je sois devenu malgré moi une menace politique », déclarait Boubou Cissé à un média français début janvier. L’ancien Premier ministre voyait en l’affaire « d’atteinte à la sûreté de l’État » le visant « une cabale contre sa personne ». Son avocat, Me Kassoum Tapo, est allé plus loin le 8 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, en disant « ce qui se passe est un complot contre Boubou Cissé, pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine ». Depuis, l’espace médiatique malien ne cesse de se demander ce qu’il en sera. « Un homme politique reste un homme politique. Il a occupé l’un des postes les plus élevés au Mali, celui de Premier ministre, avec le portefeuille de l’Économie et des Finances. Cela lui a permis d’engranger une grande expérience en termes de connaissance de l’administration publique et de la gestion du gouvernement. À ce niveau, il ne serait pas étonnant qu’un tel homme puisse prétendre à la présidence. Donc, en regardant son parcours, on peut évidemment soupçonner des intentions politiques », explique Ballan Diakité, politologue.

 Soutien de l’URD ? L’avocat de Boubou Cissé, Me Kassoum Tapo, a lancé le 4 avril le « Mouvement pour la Refondation du Mali » (MOREMA), composé de partis politiques et d’associations. Plusieurs soupçonnent derrière ce regroupement l’ombre de l’ancien Premier ministre. En outre, une éventuelle candidature soutenue par l’Union pour la République et la Démocratie (URD), où Boubou Cissé possède des soutiens, est souvent évoquée. Vraiment imaginable ? « En politique, tout est imaginable. C’est ce qui fait en même temps sa beauté et son caractère froid. On ne peut prendre cette information que d’une seule main pour le moment. Quoi qu’il en soit, l’URD reste un grand parti. Et aujourd’hui on sait que le décès de Soumaïla Cissé laisse ce parti un peu orphelin. Donc, aujourd’hui, ils sont à la recherche d’une personnalité charismatique. Et je pense que Boubou Cissé peut effectivement répondre à ce critère-là au niveau de l’URD », ajoute Ballan Diakité. Selon d’autres observateurs du landerneau politique malien, certains cadres de l’ADEMA et du RPM pourraient rejoindre une grande plateforme de soutien à l’ancien Premier ministre, qui serait déjà en gestation.

 Des atouts Boubou Cissé est un économiste formé en France, ancien de la Banque mondiale où il a officié au Nigeria et au Niger. Son parcours dans les hautes sphères de l’État malien entre 2013 et 2020 lui a notamment permis de développer un réseau de relations au sein de la communauté des bailleurs de fonds, qui « apprécie sa rigueur », selon un ambassadeur de la place, mais aussi de cultiver des amitiés haut placées dans plusieurs pays de la sous région. Un atout non négligeable pour qui veut financer une campagne électorale. S’il est vrai que le dernier chef du gouvernement d’IBK nourrit une ambition présidentielle, l’épisode de la « déstabilisation des institutions » peut le servir, « le faisant apparaitre auprès des Maliens comme une victime des militaires au pouvoir ».

 Toujours est-il que si Boubou Cissé se déclare, il devra affronter, outre d’autres anciens Premiers ministres, les accusations de ses adversaires sur son rôle présumé lors de la répression des 10 et 11 juillet 2020,

Mali – ADEMA- PASJ : report du congrès

Le congrès de l’ADEMA – PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la  justice) qui devait se tenir du 25 au 26 mars a été reporté au mois de mai selon des proches du parti. En cause, le choix du candidat devant porter les couleurs du parti pour la présidentielle prochaine, ainsi que celui du futur président de la formation politique. « Il y a une guerre par rapport au choix du candidat. Il n’y a pas eu d’unanimité autour de la candidature pour l’élection présidentielle. Certains veulent que le candidat vienne de l’ADEMA, c’est-à-dire qu’il soit un militant bon teint. C’est la position des anciens, tels qu’Ali Nouhoum Diallo. Par contre, d’autres sont dans l’option de soutenir un candidat qui a les moyens financiers de gagner la présidentielle. Le nom deSeydou Coulibaly, PDG du bureau d’études CIRA, est largement évoqué. C’est ce choix qui divise un peu les adémistes. L’autre guerre concerne l’instance dirigeante, dont la présidence de l’ADEMA. Comme candidate il y a l’ancienne maire de la Commune I, Mme Conté Fatoumata Doumbia, et il paraît que l’ancien ministre de la Communication, Yaya Sangaré nourrit la même intention. Mais il ne l’a pas fait officiellement savoir », explique une source.

Mali – URD : Quel porte-étendard après Soumaïla Cissé ?

Près de 3 mois après le décès de son leader, Soumaïla Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) se remet en marche pour « perpétuer son combat » et honorer sa mémoire. Après la période de deuil, le parti a relancé ses activités politiques avec une première réunion du Bureau exécutif national, début février. Même si la procédure de sélection d’un candidat à la prochaine présidentielle n’est pas encore enclenchée, toutes les attentions se cristallisent sur ce parti, 3ème  force politique du pays en mal  de leader incontesté. Entre les compagnons de longue date de Soumaïla Cissé à l’URD et certaines personnalités politiques en quête de soutien dans la course à Koulouba, la « bataille » de la succession de l’ex-chef de file de l’opposition s’annonce âpre.

 À 12 mois de l’élection présidentielle qui devrait mettre fin à la transition, l’URD est toujours sous le choc de la disparition de Soumaïla Cissé. Mais ce choc « propulse » le parti, qui est en phase de « reprise en main » pour aller vers l’avant. Une marche en avant dont le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, qui assure l’intérim à la tête du parti, a rappelé aux militants la nécessité, lors de la réunion du Bureau exécutif national du 9 février 2021. « N’oublions jamais que c’est ensemble, en acceptant d’autres, que nous pouvons perpétuer le combat de notre défunt président afin d’honorer sa mémoire », avait-il affirmé, appelant à « aller à la rencontre de plus de Maliens encore, plus de groupements de Maliens ». Si le parti peut en effet se réjouir d’avoir suscité ces dernières semaines de nombreuses adhésions, dont la plus notable est celle de l’ancien ministre de l’Économie et candidat à la présidentielle de 2018, Mamadou Igor Diarra, le 6 février dernier, il reste tout aussi confronté à la gestion de l’après-Soumaïla.

 Reprendre le flambeau

Au sein de l’URD, malgré des craintes, on affirme que la succession de l’ancien président de l’UEMOA ne posera pas de problèmes puisque les textes règlent la question et que, conformément à ces textes, le porte-étendard sera désigné au moment opportun. « Les gens doivent savoir que l’une des forces de l’URD est son collectif. Nous travaillons tous ensemble, nous formons une équipe et nous voulons gagner ensemble. C’est ce crédo qui anime tous les responsables et militants de l’URD et qui fait en réalité notre force », affirme Demba Traoré, Secrétaire à la communication du parti. « Soumaïla était le candidat naturel. Mais il a toujours été désigné suivant une procédure. Ce sont les sections qui désignent leur candidat et leur choix se portait sur lui. Cela a toujours été respecté. Soumaïla n’étant plus, la procédure est là et elle sera suivie. Les candidats vont se présenter dans les sections et un collège désignera, en fonction du choix des sections, celui qui sera le candidat de l’URD », renchérit Moussa Seye Diallo, son adjoint.

Parmi les noms évoqués en interne, ceux de l’actuel Président par intérim, le Professeur Salikou Sanogo, 77 ans, d’Ibrahim N’diaye, 72 ans et 2ème Vice-Président, tous deux anciens ministres, mais dont l’âge est un handicap dans une élection ouverte où la nouvelle génération compte bien s’imposer. De là à imaginer Bocar Cissé, fils aîné de feu Soumaïla, porter les couleurs du parti ? Ce dernier, quadragénaire et cadre de banque, a démenti l’information selon notre confrère Jeune Afrique. Quant à l’avocat Demba Traoré, qui fut ministre pendant la transition de 2012 et député, il indique avoir toujours joué collectif. « J’ai occupé de hautes fonctions dans ce pays. A chacune de ces occasions j’ai été proposé par mes camarades politiques. Pour moi c’est cela le plus important. Je ne me suis jamais porté candidat à quoi que ce soit, alors que j’en ai le droit. Aujourd’hui je peux vous affirmer que je n’ai dit quoi que ce ne soit à personne par rapport à une éventuelle candidature pour présider le parti ou quelque chose d’autre », déclare sans ambages celui qui ne souhaite pas que le débat soit focalisé sur les personnes. « C’est ensemble que nous pouvons aller à Koulouba. Je veux m’appesantir sur l’existant. Et en termes de candidature, la procédure que le parti prévoit n’est pas encore enclenchée », ajoute t-il.

À ces potentiels prétendants internes est venu s’ajouter Mamadou Igor Diarra, suite à son adhésion à l’URD et la fusion avec le mouvement politique qui avait porté sa candidature en 2018, Mali En Action. Une adhésion « sans conditions » et « entamée bien avant le décès de Soumaïla Cissé », mais qui suscite toutefois beaucoup d’interrogations, même si pour les responsables actuels de l’URD elle ne fait pas de facto de l’ancien ministre de l’Économie, 54 ans et dirigeant du Groupe BOA Bank, le futur porte-étendard du parti. « Maintenant qu’il est membre de l’URD, s’il veut être candidat du parti, il va devoir suivre la procédure. Chez nous, il n’y a pas de nouveaux ni d’anciens adhérents »,  confie Moussa Seye Diallo.

« L’adhésion de Mamadou Igor Diarra n’indique quand même pas qu’il prendra la tête de l’URD. À l’interne, beaucoup de personnes estiment qu’àprès Soumaïla cela devrait être leur tour. Il va donc être très difficile qu’Igor vienne et d’un coup de baguette magique, prenne les rênes. Mais je sais qu’en adhérant à l’URD il n’est pas seulement dans une optique de renforcement du parti. Il a aussi des ambitions personnelles à faire prévaloir », souligne pour sa part l’analyste politique Salia Samaké.

 Le salut par l’extérieur ?

D’autres personnalités externes à l’URD, qui ne possèdent pas d’appareil politique  capable de les mener vers Koulouba en 2022, tenteraient de s’appuyer sur le parti de l’ex-chef de file de l’opposition, implanté à travers tout le territoire et disposant d’un important stock d’élus et de relais locaux. .

Le PDG de Cira Holding SAS, Seydou Mamadou Coulibaly, 56 ans, récemment porté à la tête d’un mouvement aux fins de conquête du pouvoir, Benkan – le pacte citoyen, est en quête d’une base politique solide. Même s’il est aussi annoncé du côté de l’Adema, il serait en discussion avec certains cadres de l’URD et se serait rendu au domicile de Madame Cissé Astan Traoré, veuve de Soumaïla Cissé.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, 47 ans, à qui certains prêtent une ambition présidentielle, pourrait obtenir le soutien d’une frange du parti, dont sont issus plusieurs membres de sa famille, notamment son oncle Sékou Cissé, influent député élu à Djenné pendant plusieurs législatures. « Bien qu’ancien PM d’IBK, il a toujours respecté l’opposition et Soumaïla Cissé, dont il s’est battu pour obtenir la libération », affirme un cadre de la Primature.

Ces potentiels futurs candidats auraient d’ailleurs plus de chances de porter les couleurs du parti à la prochaine présidentielle, selon les confidences sous anonymat d’une source interne. « Aucun membre du bureau actuel ne pourra être candidat et supporter les frais qui vont avec. C’est pourquoi les personnalités avec de gros moyens financiers ont le plus de chances de porter son étendard ». Selon Salia Samaké, «parmi les têtes présentes actuellement à l’URD, il sera très difficile d’avoir un représentant qui puisse porter l’étendard et obtenir l’adhésion populaire comme Soumaïla. Mais, avec une analyse poussée, on se rend compte que l’opportunité de personnalités externes peut aider le parti à trouver le cheval sur lequel miser », pense également Salia Samaké. Toutefois, l’analyste politique estime que ce sont ces personnalités qui ont besoin de l’URD pour atteindre leur objectif, et non le contraire.

« Ils se disent qu’en termes de poids politique l’URD est un parti assez représentatif. Il est plus facile pour quelqu’un qui a les moyens, en adhérant aujourd’hui à l’URD, de tirer la machine et d’aller de l’avant plutôt que de commencer par un parti qui n’est pas bien implanté. Toutes les personnes à l’affut savent que les difficultés de succession de Soumaïla leur offrent une opportunité pour essayer de gagner de la place. La porte est ouverte à ce niveau », soutient-il.