Cheick Modibo Diarra : « Je n’ai pas d’autre choix que d’aller au chevet du Mali »

Nommé Premier ministre le 17 avril 2012, aux premières heures chaotiques de la transition, Cheick Modibo Diarra, ancien de la Nasa et de Microsoft Afrique, s’est vu confier la difficile mission de rétablir l’intégrité territoriale, de sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le nord, et d’organiser une élection présidentielle transparente. De ses neufs mois à la Primature, les Maliens retiendront, entre autres, le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et le maintien des denrées de première nécessité à des prix abordables, alors que le pays était sous embargo. Fortement critiqué par la classe politique se disant écartée, taxé d’abuser de ses « pleins pouvoirs » au détriment du président Dioncounda Traoré, il fut arrêté par les putschistes du capitaine Sanogo le 11 décembre 2012, et contraint à la démission. Après une diète médiatique qui aura suivi sa défaite à l’élection présidentielle, Cheick Modibo Diarra, 63 ans, est de retour pour dynamiser ses troupes et mettre son parti, le RpDM, en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales. Très en verve, il nous livre dans une interview exclusive, sa vision pour un Mali nouveau et révèle quelques secrets…

Vous avez démissionné du gouvernement en décembre 2012, puis on a plus entendu parler de vous après l’élection présidentielle de 2013. Aujourd’hui vous revenez en politique. Qu’avez-vous fait durant cette période ?

Le rythme auquel je travaillais pendant la transition était infernal. J’étais devenu une sorte de couteau suisse, sur tous les fronts, je n’arrêtais pas. Cela m’a fatigué physiquement et émotionnellement. Lorsque l’on m’a forcé à  démissionner, j’étais en partance pour la France afin de me faire soigner pour une infection respiratoire inexpliquée. J’ai été contraint de rester au Mali, pendant presque 45 jours, et la maladie a pris de l’ampleur. Quand j’ai pu enfin gagner la France et être hospitalisé, il ne me restait que 40 % de ma capacité respiratoire. Après toutes ces épreuves, j’ai presque tout laissé tomber ici et ailleurs, y compris les conseils d’administration, j’ai tout annulé. Pendant 3 ans, j’étais à  Bamako. J’en ai profité pour me vider un peu la tête, trouver le moyen de redevenir positif par rapport à  la situation du pays et par rapport à  mes compatriotes dont certains ont eu des attitudes détestables. Toute cette digestion a pris du temps pour ne pas en sortir aigri. Ensuite, j’ai dû reprendre toutes les activités que j’avais laissé tomber. Voilà  pourquoi vous ne m’avez pas beaucoup vu, ni entendu. Vous avez été un Premier ministre de « pleins pouvoirs » durant la transition, contraint de démissionner.

Vous avez été candidat à  la dernière élection présidentielle sans succès. Qu’est-ce qui motive votre envie de revenir sur la scène politique aujourd’hui ?

Ce qui me motive, c’est l’envie de partager ce que j’ai appris avec les autres, de partager ma vision pour le Mali. Un projet de société n’est qu’un projet complexe, la gestion d’un projet de ce type demande des techniques, ça ne se fait pas au hasard. Je suis un pur produit de cette éducation malienne. Je n’ai jamais travaillé dans ce pays, je n’ai jamais dépendu de ce pays pour quoi que ce soit, mais c’est ce pays qui m’a donné la vie, qui m’a donné mon éducation de base, qui m’a donné une bourse et donc tout ce que je sais faire, toutes les personnes que je connais dans le monde, mon carnet d’adresses, tout cela appartient à  ce pays qui est dans une situation très difficile actuellement. Je n’ai pas d’autre choix que d’aller à  son chevet, pour l’aider à  traverser cette période sombre. Voilà  ce qui motive mon retour sur la scène politique.

Comment vous définir aujourd’hui ? Êtes-vous un technocrate, un politicien, un homme d’État ?

Je suis d’abord un cultivateur. Beaucoup de gens ne le savent pas, mais dès l’âge de neuf ans j’ai dû aller cultiver les rizières pour mon père, pour nourrir ma famille. Je suis un ingénieur, je suis aussi un très bon technocrate. On ne vous met pas à  la tête de Microsoft Afrique pendant 6 ans si vous n’êtes pas un bon gérant qui gère avec rigueur. Et je suis un politicien car j’ai eu à  gérer les problèmes de la cité. Je suis ces trois-là  ! Je ne sais pas si je serai un homme d’État, parce qu’un homme d’État n’a pas besoin d’être chef d’État. Si Nelson Mandela n’avait pas été président de l’Afrique du Sud, il aurait néanmoins été un homme d’État. Un homme d’État c’est quelqu’un qui a la capacité d’influencer ses concitoyens pour tracer une ligne durable pour son pays, dans le but d’amener la prospérité à  tout le monde, quelqu’un qui réfléchit à  moyen et à  long terme et pas de période électorale en période électorale. Si vous voulez me caractériser, voyez-moi comme un soldat du développement. Quand l’armée à  laquelle j’appartiens me met de garde quelque part, je tiens ce poste du mieux que je peux. Je suis comme un couteau suisse, car nos problèmes sont nombreux.

Est-ce à  dire que les leaders maliens ne prennent pas les bonnes décisions pour le pays ?

Comme je l’ai dit, la gestion d’une société, c’est la gestion d’un problème complexe, et quand vous n’avez pas l’expérience pour gérer des projets complexes, la première réaction, quand vous avez des ressources limitées, c’est faire du saupoudrage. Le peu que vous avez, vous le mettez un peu partout, et quand vous faites ça, 10 ans après, rien n’est achevé, rien n’est résolu. Avec les moyens qu’on a aujourd’hui, on ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps. Il faut se concentrer sur ce qui va nous permettre d’augmenter nos ressources. Nous ne pouvons pas continuer comme nos politiciens l’on fait depuis les indépendances, à  faire du saupoudrage. Si vous êtes un homme d’État au lieu d’être un politicien, ce qui vous importe c’est que la génération qui viendra dans 50 ans trouve un pays développé. Cette génération se souviendra qu’à  un moment donné quelqu’un a placé l’intérêt de la nation avant ses propres intérêts, car cette nation-là  est plus grande que la vie d’un individu, et que les choses ont été faites pour permettre au pays de prendre un élan irréversible.

Lors de la période de transition, vous avez pu maintenir le pays alors que toute l’aide internationale était suspendue. Comment avez-vous fait?

Lorsque j’ai été Premier ministre du Mali, je me suis assis, j’ai regardé dans quel état était le pays, et j’ai compris que dans cette période de chaos, il n’avait pas besoin de politicien. Il avait besoin de personnes compétentes qui détiennent les bons outils pour travailler dans des domaines précis. Beaucoup de gens ne savent pas que pendant la transition, nous avons géré le pays avec quelque chose comme 17 % du budget national, pas plus. En réalité c’était une question de choix : dans cette période difficile, il fallait faire en sorte que les gens puissent garder l’espoir. Nous avons dit à  la population que nous allions trouver une solution pour tout le monde. Je n’ai pas pour habitude de penser que ce qu’il y a dans les caisses de l’État soit là  pour améliorer la condition de vie du fonctionnaire. Le fonctionnaire est un citoyen comme les autres. La chose qui est commune à  tous les citoyens, c’est la nourriture. Nous avons alors décidé que tous ceux qui font des affaires, pouvaient tous rentrer de la nourriture dans le pays, hors taxe. Nous leur avons donné des exonérations, la nourriture est rentrée dans le pays, la concurrence a fait le reste, et les gens ont pu manger à  leur faim malgré l’embargo. Il y a eu suffisamment de nourriture pour tenir 6 mois. Tout est une question de choix ! à€ chaque problème qui se pose, il y a une opportunité qui se présente. Faire le bon choix, résoudre le problème et ouvrir d’autres horizons.

Quelles sont vos solutions, votre vision politique pour sortir le pays de l’ornière ?

Il y a deux problèmes prioritaires à  traiter au Mali. Le problème de la sécurité pour tous les citoyens, parce que sans sécurité on ne peut pas travailler, on ne peut pas attirer les investisseurs, rien n’est possible. Il faut trouver le moyen de sécuriser ce pays, c’est le premier point. Le deuxième point, si on veut que le Mali aille de l’avant, C’est de développer tout ce qui est zone rurale d’abord. Nous avons un avantage comparatif et compétitif qui est quand même l’agriculture, l’élevage, la pêche. Nous avons des vastes terres avec de l’eau partout. Si le rural est développé, le reste du pays se développera, parce qu’il y aura suffisamment des ressources pour faire tout le reste. II faut en faire une priorité. C’est la priorité des priorités.

Le RpDM est un nouveau parti. Quelle est son implantation au Mali ?

Le RpDM est nouveau sur la scène politique mais a quand même 5 ans d’ancienneté. Son degré d’implantation est variable parce que nous avons commencé à  l’implanter dans les grandes villes et en brousse. La plupart des partis politiques n’ont pas de militants, ce sont des machines électorales qu’on réveille la veille des élections. Le pays a 14 millions d’habitants et plus de 170 partis politiques. Certains candidats alignent derrière eux une cinquantaine de partis pour dire au reste du monde : vous voyez j’ai du soutien ! Mais chacun de ces partis ne pèse peut-être que 100 personnes maximum. Il faut que les gens sachent que notre parti défend la démocratie, la vraie démocratie. Nous n’achetons pas de voix, jamais ! Aller payer des gens pour qu’ils viennent voter pour vous, nous considérons que c’est une insulte à  notre constitution et à  la République du Mali. C’est pour cela que nous disons que nous voulons faire de la politique autrement. Le RpDM est l’un des rares partis où les adhérents achètent leur carte de membre. Nous avons vendu plus de 500 000 cartes à  100 francs CFA et les sections continuent d’en imprimer. À la fin de 2017, nous avons comme objectif que le RpDM soit, en nombre de militants, le plus grand parti du Mali. Le RpDM fait partie de la majorité présidentielle mais vous n’êtes pas très visible à  ce titre sur l’échiquier politique. Pourquoi Aux dernières élections présidentielles nous avons décidé de supporter IBK. Nous l’avons fait et avec nos propres moyens, pour transmettre à  tous les militants le message. Cela fait de nous un parti de la majorité présidentielle. Mais même si vous aidez à  élire un président, il est bon, si vous lui donnez votre vote, de lui donner de l’espace pour qu’il puisse mener sa politique et réussir sa mission. Les partis politiques, quand ils soutiennent un président, sont ensuite après lui pour quémander des postes. Nous, nous ne lui avons jamais demandé quoi que ce soit, même pas un poste de directeur. On n’impose rien mais on attend des résultats.

Quel est votre regard sur la gouvernance actuelle du président IBK ?

Je pense que le problème de sécurisation du pays va trop lentement. J’aurais souhaité que cela aille beaucoup plus vite. Il vaut mieux avoir quelque chose qui n’est pas parfait, avec la possibilité de réajuster les choses, que de ne rien avoir du tout et d’être dans l’impasse. Ce genre de choses, plus ça traîne, plus ça pourrit et plus d’autres problèmes viennent se greffer dessus. En laissant trop de temps à  ces groupes, même ceux avec qui nous sommes tombés d’accord, ils vont se casser en de petits groupes qui auront encore d’autres revendications et le problème ne finira jamais. Il faut battre le fer quand il est chaud ! C’est la condition siné qua non pour faire quoi que ce soit dans ce pays. Au moment de la signature de l’Accord, on aurait dû immédiatement s’y atteler, de façon à  empêcher les groupes de faire marche arrière, ce qui est un risque aujourd’hui. Il y a aussi un problème de gouvernance. Je constate trop souvent une mauvaise gestion de la chose publique. Cela ne crée pas une bonne image et affaiblit le gouvernement. C’est un problème qui est en train de nous miner.

Vous êtes le gendre de l’ancien chef d’État Moussa Traoré. A-t-il aidé à  vous lancer en politique ? Quels liens entretenez-vous avec lui ?

J’ai épousé la fille du général Moussa Traoré en 1993. Il n’était plus président. Pour faire ma carrière, je n’ai pas eu besoin d’une lettre de recommandation de la République du Mali, à  aucun moment. Entre le général Moussa Traoré et moi, il y a énormément d’affection, énormément de respect mutuel et énormément de confiance. Quand il y a eu le coup d’à‰tat de mars 2012, j’étais bloqué Dakar. Les militaires du capitaine Sanogo, qui voulaient me proposer la primature, sont allés trouver le président Moussa Traoré pour le convaincre de me parler. Il leur a répondu qu’il n’y avait pas ce genre de relation entre nous et leur a conseillé d’aller me trouver directement. En mars 2012, le coup d’à‰tat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré accélère votre carrière politique.

Comment avez-vous été choisi pour devenir Premier ministre ?

J’ai été présenté au comité militaire du capitaine Sanogo. Ils avaient réfléchi et le consensus était tombé sur moi. J’ai été choisi parce que je n’étais pas un ennemi déclaré de qui que ce soit et parce que je n’avais jamais fait de politique au Mali. J’ai accepté sous trois conditions préalables : ne pas interférer dans ma politique, ne pas interférer dans mes décisions de nomination, et enfin que les fonds publics soient respectés et qu’ils n’y touchent pas. Ce n’était pas négociable. Ils ont été d’accord. Le premier ordre que j’ai donné en tant que Premier ministre, dès le lendemain matin, c’est que tous les prisonniers politiques soient libérés.

Vos relations avec le général Amadou Haya Sanogo étaient au beau fixe, en tout cas au début de cette période de transition. Quand et comment se sont-elles détériorées ?

Je vais vous surprendre, mais je ne savais même pas que nos relations s’étaient dégradées, pour la simple raison que nous avions convenu qu’il ne devait pas interférer dans ma politique. Ce n’est pas moi qui allais à  Kati tout le temps, mais les politiciens. Le jour o๠j’ai compris que la situation s’était dégradée, c’est quand les militaires sont venus armés de mitraillettes chez moi. Ils m’ont emmené voir le général Sanogo à  Kati. Jusque-là , je ne savais pas ce qu’il se passait et comme je vous l’ai dit, je n’étais pas en très bonne santé. Je me suis retrouvé dans une salle avec beaucoup de gens, des militaires en armes. Sanogo était présent. Ce que je peux vous dire, c’est que c’était très tendu et très désagréable, mais pas violent. Je pense qu’ils s’attendaient à  ce que je tente de les faire changer de décision. Ce que je n’ai pas fait. Je leur ai dit que j’acceptais de démissionner. Pour moi, le pays était déjà  sauvé, car malgré l’opposition de tout le monde, j’ai pu aller aux Nations unies et j’étais convaincu que les résolutions du chapitre VII allaient être votées à  l’unanimité. Elles ont été votées deux fois à  l’unanimité. Mon travail était fait. Le pays a eu besoin de moi à  une période difficile et j’ai fait mon devoir. Je leur ai demandé de m’apporter un papier et j’ai signé. Ce sont eux qui m’ont appelé et nommé Premier ministre, et ce sont les mêmes, en consensus, qui ont voulu que je parte.

Le général Sanogo vous a reproché de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour renforcer et équiper les forces armées, pour leur permettre de libérer le Nord du Mali. Qu’en est-il ?

J’ai donné 15 % d’augmentation à  l’armée, à  la police et à  la gendarmerie. Une telle augmentation d’un seul coup n’avait jamais été faite. 90% de ce que ces forces ont comme armes aujourd’hui, c’est moi qui les ai commandées. À l’époque, il y avait un embargo sur l’armement au Mali. J’ai fait envoyer des personnalités dans un certain pays avec un message de ma part. On a fait arrêter la ligne de commande en armes d’autres pays, pour mettre le Mali en tête, et elles ont fini par être livrées à  l’aéroport de Bamako. Quand je voyageais dans les pays voisins, je demandais qu’on me donne des armes, on me les refusaient. Mais on me donnait de l’argent et je me débrouillais pour les acheter. C’est comme ça que ça s’est passé. La libération du Nord était une de mes priorités, mais la plupart des pays qui pouvaient nous aider, comme les États-unis, sont limités par leur constitution, qui leur interdit d’intervenir dans un pays où il y a un coup d’État. Or, vous savez que si vous organisez des élections dans certaines conditions, la légitimité du président élu sera en question. C’étaient des discussions et des va-et-vient sans fin. Il fallait en même temps que je fasse en sorte qu’un pays comme l’Afrique du Sud nous cède ses drônes, je devais parler avec un pays comme le Nigeria pour obtenir le soutien de leur armée de l’air à  partir des informations des drônes sud-africains, aller convaincre le Tchad pour qu’il puisse se joindre à  l’armée du Mali pour faire le nettoyage au sol et qu’on puisse se débarrasser finalement de tous ces narcotrafiquants et djihadistes, différents de nos compatriotes qui se sont rebellés. La situation était très complexe. On a dit que votre cohabitation avec le président de la transition, Dioncounda Traoré, était difficile et que vous vous conduisiez en chef d’État alors qu’il était le Président de la République.

Quels étaient vos rapports ?

La constitution, l’article 36 en particulier, dit que le Président de la République par intérim n’a aucun pouvoir, même pas d’accepter la démission d’un ministre. J’étais le Premier ministre avec les « pleins pouvoirs », et pourtant j’ai consulté Dioncounda sur tout, même sur la nomination des ministres lors de la constitution du gouvernement d’union nationale. Je suis allé systématiquement tous les mardis chez Dioncounda déjeuner avec lui, discuter de tous les dossiers du Conseil des ministres. La seule chose sur laquelle on ne s’est pas entendu et qui a été laissée à  sa volonté, c’est la « feuille de route ». Tous ceux qui nous aidaient voulaient une feuille de route. Je lui ai dit qu’il fallait la ratifier en Conseil des ministres et l’envoyer à  l’Assemblée. Lui, disait que les militaires voulaient une conférence nationale. Jusqu’au dernier Conseil des ministres, il a dit non. Mais après ma démission, ce même document a été ratifié en Conseil des ministres sans changer une virgule et a été envoyé à  l’assemblée comme je l’avais demandé. Vous savez j’ai été très atteint quand le président Dioncounda Traoré a été agressé. C’est moi qui ai pu le sortir et l’emmener à  l’hôpital. Comme je ne pouvais faire confiance à  personne, je l’ai amené chez moi pour sa sécurité. J’ai monté la garde avec les gendarmes chez moi. Tous les soirs jusqu’à  4h du matin avec mon propre Beretta à  la ceinture, pendant 3 jours. Et c’est moi qui l’ai emmené à  l’aéroport dans ma voiture pour qu’il aille à  Paris se faire soigner. Les militaires refusaient que l’avion parte. Je leur ai donné 10 minutes pour qu’il décolle, après ça je serai allé moi-même le sortir de l’avion pour le ramener chez moi. Il n’y a qu’une seule personne qui soit allé le voir, en dehors de moi et de mon gouvernement, quand il était à  l’hôpital, c’est Younoussi Touré qui était à  l’époque le vice-président de l’Assemblée nationale. C’est le seul qui se soit déplacé. Personne de son parti, ni de l’Assemblée nationale n’est venu le voir. Alors que vous avez été pendant neuf mois Premier ministre avec « les pleins pouvoirs », tout le mérite de la transition a été donné à  Dioncounda Traoré et à  Django Cissoko.

Comment l’avez-vous vécu ?

Vous savez, en tout honnêteté, je n’ai pas besoin de ce genre de chose. Peu m’importe qu’on m’accorde du crédit ou pas. Après tout, un gouvernement c’est la continuité. Je ne suis pas sorti amer de tout ça. Dans le domaine de la politique faites ce que vous avez à  faire, ne vous préoccupez pas de savoir qui le sait et qui va dire quoi. L’histoire va l’enregistrer. Un peuple a une mémoire. Tout finit par se savoir.

Vous voulez que le RpDM soit une force politique majeure fin 2017. Êtes-vous d’ors et déjà  candidat pour la prochaine élection présidentielle ?

Vous savez, à  la prochaine élection présidentielle, je ne sais pas quels seront les défis du Mali. Nous jugerons des challenges auxquels le pays est confronté et nous verrons dans notre groupe qui est la personne la mieux indiquée pour trouver des solutions à  ces problèmes mais aussi pour nous attirer un maximum de votes pour gagner. Nous n’avons pas l’intention d’être le parti qui va recycler le même candidat sur 20 ou 25 ans. Depuis la révolution de 91, ce sont les mêmes candidats que l’on voit sur la scène politique. Pour un pays c’est presque honteux. J’essaye d’éviter que le parti devienne redevable à  une seule personne. Nous voulons éviter ça. Nous travaillons dans ce sens pour que les gens puissent venir chez nous et s’épanouir, pour que ce soit un parti de toutes les possibilités pour tout un chacun, avec l’objectif d’aider et de donner à  la Nation.