Élections : La Convention des Bâtisseurs veut des assesseurs

Un nouveau front politique, la « Convention des bâtisseurs », ambitionne d’écarter de la route menant à Koulouba l’opposition et la majorité. Mais les deux assesseurs par bureau de vote qu’offre à la majorité et à l’opposition la loi électorale lui paraissent très insuffisants.

« Dès la semaine prochaine, nous irons à la rencontre des autorités et des partenaires du Mali pour leur dire que nous sommes là, ce que nous sommes et ce que nous voulons. Et nous attirerons leur attention sur la disposition de la loi électorale qui dit que dans chaque bureau de vote il y a deux assesseurs, l’un pour la majorité et l’autre pour l’opposition. C’est un problème sérieux », affirme Me Mountaga Tall, Président du CNID / FYT, un parti membre de la convention.

Réunis vendredi dernier pour la signature de leur convention, Yelema de Moussa Mara, Alliance Kayira de Hamadoun Touré, Nouveau Pôle Politique (NPP) de Modibo Sidibé, Partis Unis pour la République (PUR) de Housseini Amion Guindo, Convergence Patriotique pour le Changement  au Mali (CPC Maliko) de Clément Dembélé,  Coalition pour le changement, de l’ex général Moussa Sinko Coulibaly, et  Unis Pour le Mali (UMA) de Me Mountaga Tall, s’activent pour parvenir à une candidature unique ou pour en réduire le nombre au sein de leur convention. Ce n’est pas leur seul défi, même s’ils assurent avoir les moyens de leurs ambitions. Les Bâtisseurs fustigent l’octroi exclusif à la majorité et à l’opposition de deux assesseurs sur les quatre qui composent un bureau. Une disposition de l’article 83  de la nouvelle loi électorale dont ils se sentent « exclus », n’étant ni de l’une, ni de l’autre.

« L’élection présidentielle, ce sont des candidats qui se présentent. Il y a donc là une difficulté sérieuse, à laquelle il faut réfléchir pour y apporter des solutions », déplore Me Mountaga Tall. « Dès le départ, la nouvelle loi a été mal rédigée. Pourtant, son esprit n’était pas de doter IBK ou Soumaila chacun d’un assesseur », dénonce Alassane Abba, Secrétaire général du CODEM.

« C’est un faux débat », répond l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe  Vigilance républicaine démocratique (VRD).  « On ne donne pas les assesseurs par regroupement, mais par rapport au positionnement du parti. Soit tu es de l’opposition, soit tu es de la majorité. C’est ainsi que tu peux en désigner. C’est la procédure », précise-t-il.

Baba Dakono : « Les prémices d’une crise n’indiquent pas forcément sa matérialisation »

Alors que l’élection présidentielle approche, les tensions entre l’opposition et le gouvernement vont croissant. L’interdiction de la marche de la Coalition pour l’alternance et le changement et la volonté de l’État de faire respecter l’état d’urgence semble être les principaux points de discorde. Baba Dakono, chercheur à  l’antenne de Bamako de l’Institut d’étude de sécurité, analyse les risques de crise post-électorale.

Que pensez-vous des préparatifs de l’élection présidentielle du 29 juillet ?  

Le scrutin présidentiel de 2018 est envisagé dans un contexte particulier. Trois points méritent une attention particulière. D’abord la présence des agents électoraux et du matériel de vote sur l’ensemble du territoire n’est pas garantie. Les nouvelles cartes d’électeurs ne seront disponibles qu’en juin, laissant seulement quelques semaines au gouvernement pour leur distribution. Sans oublier qu’avec les premières pluies les routes sont impraticables dans de nombreuses localités, créant ainsi un défi logistique supplémentaire.

Ensuite, vu contexte sécuritaire, la présence effective des représentants de l’administration (préfets et sous-préfets), qui doivent organiser les opérations de vote, n’est pas assurée dans de nombreuses localités du nord et du centre. Ce qui va entraver le déroulement du scrutin. Il faut également ajouter qu’avec la relecture de la Loi électorale le gouvernement envisage de produire de nouvelles cartes biométriques pour remplacer les cartes Nina (numéro d’identification nationale), utilisées depuis 2013. Les nouvelles dispositions permettent, en cas de force majeure, l’utilisation de la carte Nina quand les nouvelles sont indisponibles. Si cette mesure tend à prévenir des difficultés logistiques, elle rappelle tout le défi opérationnel lié au scrutin du 29 juillet.

Enfin, le calendrier de cette élection correspond à une période où de nombreux électeurs, notamment en milieu rural, sont préoccupés par les activités agricoles et accordent peu d’importance à une élection. Ainsi, en plus des menaces sécuritaires, la mobilisation pourrait être très réduite.

C’est toute la difficulté d’organiser la présidentielle du 29 juillet qui soulève des inquiétudes sur la capacité des acteurs du processus électoral à surmonter les difficultés. Sans visibilité sur les actions menées et celles envisagées pour une élection acceptable par les parties prenantes, il est difficile d’éluder les hypothèques sur ce scrutin.

On entend parler de plus en plus de possibilité de crise post-électorale.  L’atmosphère tendue ne l’annonce-t-elle  pas déjà ?

Une crise électorale naît du concours de certaines circonstances, dont la méfiance entre les acteurs et l’instrumentalisation du contexte. Les violences liées aux élections peuvent intervenir avant, pendant ou après elles. L’inquiétude ne doit pas porter uniquement sur la période post-électorale, mais sur toutes les étapes du processus.

C’est dire que les prémices d’une telle crise existent depuis les débats autour de la révision constitutionnelle avortée de juin 2017, dans un contexte de tensions et d’escalade verbale. Actuellement, les clivages entre partisans du Président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et opposants cristallisent l’attention, dans une atmosphère tendue. Les opposants sont convaincus que les attentes déçues des Maliens par l’actuel président offrent un terrain politique favorable à l’alternance. A contrario, le camp de l’actuel président, jugeant son bilan positif, estime pouvoir remporter l’élection en dépit de la situation décrite par l’opposition. Les récentes déclarations  de l’opposition, comme celles de la majorité, sur la probabilité d’une victoire dès le premier tour attestent du sentiment que chaque  camp entretient. Les récentes manifestations de l’opposition visent d’ailleurs à démontrer l’impopularité de l’actuel président.

Dans un contexte post électoral, si, en 2013, les résultats ont été acceptés sans heurts, il n’est pas évident que ce soit le cas cette année, tant certains candidats sont convaincus de leur victoire et déterminés à la faire accepter. Toutefois, les prémices d’une crise n’indiquent pas forcément sa matérialisation. Il est donc urgent de créer les conditions pour l’acceptation d’un scrutin imparfait et des résultats qui y découleront.

Est-ce que l’emploi par un grand nombre d’acteurs, nationaux comme internationaux  du terme de crise post-électorale, n’est pas un facteur de conditionnement du peuple malien ?

C’est possible, mais cela ne doit pas occulter les risques, qui sont réels. Nous sommes dans un contexte de fragilité et les conséquences d’une crise politique au Mali peuvent être désastreuses pour le pays et pour toute la région sahélienne.

Quelles sont les solutions  aujourd’hui pour éviter les risques ?

Le plus important est de pouvoir identifier tous les risques liés à ce processus électoral. Quand ils sont connus, il est plus facile de les contenir. Ensuite, il est utile de rappeler la nécessité d’un cadre de dialogue inclusif sur les conditions d’organisation du scrutin. Il existe un cadre de concertation gouvernement – partis politiques, mais cela fait deux mois que ce comité ne s’est pas réuni. La majorité et l’opposition s’en rejettent la faute. Il est important, voire primordial, qu’aujourd’hui ce cadre se réunisse et que le dialogue s’ouvre aux autres parties prenantes, comme la société civile et les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

La certification des résultats de l’élection par l’ONU, demandée par l’opposition, n’est-elle pas aussi une  option pour éviter les contestations et les violences ?

Je pense que les Nations unies ont mis fin à ce débat en estimant que la situation ne s’y prêtait pas. 

Election du 29 juillet : Le ministère de l’Administration Territoriale fait le point

Le secrétaire général du ministère  de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation a animé une conférence de presse le 17 mai. Il a rappelé les mesures prises et à venir pour la bonne tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet, y compris la livraison des cartes d’électeurs.

La date du 29 juillet approche à grand pas. Les préparatifs pour la bonne tenue de l’élection présidentielle se poursuivent. C’est dans ce cadre que le secrétaire général du ministère de l’Administration Territoriale  et de la Décentralisation, Babahamane Maiga,  a tenu une conférence de presse le jeudi 17 mai dans les locaux du ministère.

Pour couper court aux doutes sur le respect du chronogramme, le secrétaire général rassure.  «  Je peux vous affirmer qu’à la date d’aujourd’hui tous les actes législatifs et règlementaires devant encadrer le scrutin sont prêts et ont été publiés. Le collège électoral a été convoqué le 28 avril et la campagne électorale débutera le 7 juillet », rappelle-t-il.

De même, les cartes d’électeurs biométriques, sans lesquelles le vote est impossible, seront bientôt délivrées. « La première semaine de juin inch’Allah, toutes les cartes d’électeurs biométriques seront là à Bamako et la distribution se fera dans la foulée», informe le secrétaire général du ministère. Chaque région aura droit à son lot de cartes pour une distribution rapide et efficace. La MINUSMA qui est un partenaire de l’État intervient aussi pour couvrir « les régions les plus difficiles ». « Tout ce qui concerne les régions du Nord,  la MINUSMA va nous aider au transport logistique du matériel électoral et documents, l’acheminement  des cartes d’électeurs et agents électoraux », souligne le conférencier.

Il assure que les concertations avec les partis politiques vont reprendre bientôt.  « Dans les jours à venir, le ministre sera là avec les partis politiques pour s’entretenir de toutes ses innovations », fait-il savoir.

Si l’organisation matérielle de cette élection est sur la bonne voie, le problème d’insécurité dans plusieurs parties du territoire reste entier. « Toutes les dispositions  sont en cours pour juguler cette insécurité et permettre à l’administration de prendre place dans certaines localités  où elles n’étaient pas pour mener à bien le travail », déclare Babahamane Maiga.

Un discours qui ne convainc point à deux mois du scrutin. Au moins 56 communes n’ont pas participé aux élections  communales de 2016. La situation, deux ans après est toujours complexe. Absence de l’administration dans certaines  localités, attaques des groupes armés terroristes au nord et au centre, conflits intercommunautaires,  le tableau est loin d’être idoine. Mais l’impératif de tenir ce scrutin à date et dans des conditions acceptables passe avant tout.

Du côté de l’opposition, on prévient que ‘’la fraude comme en 2013’’ ne sera pas tolérée cette fois ci. D’ailleurs, la coalition pour l’alternance et le changement, regroupant des partis politiques de l’opposition et d’autres mouvements  prévoit le 2 juin une marche pacifique pour  ‘’la tenue d’élection crédible, inclusive et transparente’’.

Élection présidentielle : Soumaïla Cissé investi candidat

Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé a été investi le samedi 12 mai au stade du 26 mars. Le désormais candidat de l’URD avait bénéficié du soutien des plusieurs mouvements et associations.  Après une dénonciation de la gouvernance actuelle, il promet au public ‘’une victoire certaine’’.

’Boua Ka Bla’’, ‘’Soumi, la solution ’’. Ce sont là quelques un des refrains entonnés depuis la tour de l’Afrique en direction du stade du 26 mars en cet après-midi du samedi 12 mai. Dans les Sotrama, mobilisés pour l’occasion, un seul homme comptait : Soumaila Cissé.

Devant l’infrastructure footballistique,

Parrainage de candidatures : Comment ça marche ?

La loi électorale de 2016, modifiée en 2018, exige que chaque candidat remplisse un certain nombre de critères. Le parrainage par des députés ou des conseillers communaux en est un pour que la Cour constitutionnelle valide son dossier. A quelques mois de l’élection présidentielle, comment se déroule cette procédure ?

Alors que les déclarations de candidatures se poursuivent en vue de la présidentielle, tous les candidats ayant l’ambition d’escalader la colline de Koulouba feront face une procédure électorale : le parrainage. La loi électorale en vigueur, en  son article 149 (nouveau), spécifie que : « chaque déclaration doit recueillir la signature légalisée d’au moins dix députés ou cinq conseillers communaux dans chacune des Régions et du District de Bamako ». La déclaration de candidature, selon l’Article 148, est faite à titre personnel à partir de la publication du décret convoquant les élections, au plus tard le  trentième (30ème) jour précédant le scrutin, et adressée au Président de la Cour constitutionnelle, qui en délivre récépissé. En plus de cette mesure, le candidat doit s’acquitter d’une caution de vingt-cinq millions de francs CFA. Pour certains observateurs, ce système crédibilise la candidature, alors que pour d’autres c’est  une manière de barrer le chemin « aux candidatures fantaisistes ». « Certains estiment que  c’est pour mettre la barre très haut, pour que tout le monde ne puisse pas  se présenter, mais même sans ces conditions draconiennes, il y aura des gens qui n’auront personne comme parrain », explique l’honorable Touré Alkaidi Mamoudou, du groupe Vigilance Républicaine Démocratique (VRD).

Pour l’honorable Sankaré Idrissa, du groupe parlementaire ADEMA – ASMA, le système à sa raison d’être. « C’est pour légitimer le candidat, parce que ces élus sont les représentants du peuple. On suppose que quand tu es un conseiller, tu es un représentant d’une partie de la population », avance-t-il. Selon lui, c’est le parrainage des députés qui est le plus recherché. « Ce qui ont de l’argent  préfèrent être parrainés par un député. Cela évite aussi des problèmes devant la Cour constitutionnelle, parce qu’il peut y avoir un seul conseiller qui soutient plusieurs candidats, ce qui n’est pas permis », souligne-t-il.

Même s’il y a une volonté de limiter les candidatures à travers cette loi, l’achat des signatures reste une alternative pour ceux qui ont confiance en leurs poches. En attendant, ce sont les annonces tapageuses de candidatures qui occupent le devant la scène politique.

 

Candidature à la présidentielle : le parti Union emboîte le pas

Dans l’effervescence de l’élection présidentielle du 29 juillet, de nouveaux acteurs de la scène politique sortent du bois. Le samedi 5 mai, Mohamed Y Traoré, président du pari Union a déclaré sa candidature au grand redevez-vous à venir.

À moins de trois mois de l’élection présidentielle du 29 juillet, l’ambiance au niveau des états-majors des partis politiques s’amplifie. Le samedi 5 mai, le parti Union AN KA BOLI DI GNOGON MA a investi Mohamed Y Traoré candidat pour la magistrature suprême. La cérémonie qui a réuni plusieurs militants et sympathisants s’était déroulée au siège du parti, à Kalaban Coro.
Dans sa déclaration, le nouveau candidat, après une analyse de la situation actuelle du pays entend « proposer des solutions durables à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat, aux revendications sociales persistantes, aux crises politiques, aux problèmes récurrents de l’école entre autres. » Même si le parti est conscient de la complexité des défis et enjeux, ses militants ont fait leur choix. « Les militants et sympathisants du parti Union AN KA BOLO DI GNOGO MA, que je remercie ici, ont porté leur choix sur ma modeste personne Mohamed Y Traoré pour être leur candidat à cette élection présidentielle du 29 juillet 2018 », déclare ainsi le prétendant de Koulouba.

Des applaudissements retentirent du public, largement mobilisé derrière celui qui adhère à la ‘’ démocratie de base’’.
La création en 2016 de ce parti qui se veut une alternative aux difficultés du moment est née selon le candidat « pour traduire à l’intention du peuple malien et de la communauté internationale leur volonté de faire autrement la politique », justifie-t-il. Ayant pour devise ‘’équité, justice -progrès’’ et comme slogan « A Touma Sera », ‘’Notre ère est arrivée’’, le parti Union croit en ses chances.

Les différentes visites et échanges entreprises avec toutes les couches sociales du pays’’ ont permis selon Mohamed Y Traoré de recenser les préoccupations fondamentales de la population et de la diaspora.
L’appel à l’union et au rassemblement est donc lancé, mais la sortie du labyrinthe qui mène au palais convoité reste l’ultime défi pour la nouvelle formation.

Mali : Le président sortant IBK sera candidat pour un second mandat

Le président du Rassemblement pour le Mali (RPM) Dr. Bocary Tréta, a révélé dimanche à Bamako que le président Ibrahim Boubacar Keita a confirmé « sa volonté et sa disponibilité d’être au service du peuple » malien.

Le président malien sortant Ibrahima Boubacar Keïta a été investi dimanche 6 mai candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet par une coalition de près de 70 partis.

« A la demande de son parti et de ses alliés politiques, le président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) accepte d’être candidat à la présidentielle de juillet », a déclaré Dr. Bocary Tereta, président du RPM, devant des milliers de sympathisants du RPM, rassemblés dans la salle Bazoumana Sissoko du palais de la Culture.

Il a appelé les militants à « faire confiance en IBK » et à « se mettre en mission pour (le) réélire dès le premier tour », ajoutant que le chef de l’Etat, désormais officiellement candidat à sa propre succession « demeure l’homme de la situation ».

Une cérémonie d’investiture sera organisée à une date non précisée par M. Tereta

Le chef de l’Etat malien, 73 ans, élu en 2013 pour cinq ans, n’était pas présent à cette réunion, tenue devant 3.000 personnes.

Lors d’une rencontre samedi avec sa coalition, M. Keïta, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, a affiché sa disponibilité à se présenter au scrutin de juillet.

« Nous sommes prêts à resservir ce pays de toutes nos forces », a-t-il déclaré, lors de cette rencontre.

Quel budget pour l’élection présidentielle ?

102 ou 45 milliards ? Quel est le budget réel prévu pour organiser l’élection présidentielle du 29 juillet prochain ? A quatre mois du scrutin, la question se pose avec acuité.

Le montant prévu dans la Loi de finances 2018 pour les élections générales de 2018 est de 45 milliards de FCFA. S’ajoutent à cette somme 8,71 milliards, initialement prévus pour les communales et le scrutin référendaire de 2017, et 1,3 milliard supplémentaire destiné à assurer certaines dépenses de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). En somme, le budget total programmé pour les élections générales de cette année s’élevait à 54,83 milliards de FCFA.

22 milliards pour la présidentielle 22,4, plus précisément. C’est ce que devrait coûter la présidentielle, bien loin des sommes avancées ces dernières semaines. Le souhait que des tablettes soient utilisées pour permettre la transmission rapide des résultats avait été émis, proposition par la suite abandonnée, car ces outils auraient coûté 35 milliards. « L’État a les moyens de financer ces élections », assure une source proche du dossier qui a requis l’anonymat. « La somme est déjà disponible, puisqu’elle est programmée dans la loi de Finances 2018. Certaines structures ont déjà reçu une grande partie de leur budget », ajoute-t-elle. La Délégation générale aux élections, en charge du fichier électoral et du financement public des partis politiques, a un budget de 1,6 milliard de FCFA, selon le Général Siaka Sangaré, son premier responsable. Mais le projet de loi électorale en débat le 19 avril à l’Hémicycle pourrait faire évoluer la situation. Si elle est adoptée par les députés, cette loi prévoit une nouvelle carte d’électeur biométrique pour la présidentielle du 29 juillet. La DGE ne confectionnera pas les cartes mais aura en charge leur personnalisation, soit un coût supplémentaire. « Lors des concertations avec les partis politiques, l’opposition avait demandé de ne pas utiliser les cartes NINA, elle n’avait pas confiance », poursuit notre source. « C’est une bonne innovation, car la carte NINA sert à l’identification. Avec la carte d’électeur, les votants pourront facilement identifier leur centre et leur bureau de vote », affirme pour sa part Moussa Mara, candidat de Yelema à l’élection présidentielle.

Décaissements Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, la CENI, la Cour Constitutionnelle et le Comité national d’égal accès aux médias d’État devraient eux aussi bénéficier d’une partie des 22,4 milliards de FCFA, décaissée selon un chronogramme très précis en fonction des activités de chaque entité.

Les problèmes du Mali vont au-delà de la présidentielle de juillet

L’organisation d’une élection crédible est importante au Mali mais elle ne doit pas occulter le défi de l’absence de l’État dans plusieurs localités du pays.

Quatre mois avant la tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet au Mali, le pays reste confronté aux problèmes de gouvernance et de sécurité. Sur les plans politique, sécuritaire et opérationnel, les défis perdurent et focalisent l’attention nationale et internationale.

L’insécurité au Mali, caractérisée par la persistance de la menace terroriste, a entrainé la perte de contrôle de l’État sur une grande partie des régions du Nord et du Centre du pays. De plus, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, signé entre le gouvernement malien et des groupes rebelles, en 2015, est actuellement au point mort. Dans ces conditions, il est peu probable que les pouvoirs publics puissent gérer et superviser efficacement les élections dans toutes les localités.

La présence d’agents électoraux n’est toujours pas garantie dans environ un tiers du pays

 

Si les récentes déclarations du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, lèvent l’équivoque quant à la volonté d’organiser l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels, il semble évident que seul un scrutin imparfait pourra être organisé et qu’il importera de créer les conditions de son acception.

Sur le plan politique, l’espoir que le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a suscité avec plus de 77 % des voix en 2013 s’est estompée avec en toile de fond des fractures au sein de la majorité présidentielle et une galvanisation de l’opposition politique.

Un sentiment d’insatisfaction, motivé par la perception qu’il n’a pas fondamentalement amélioré la situation du pays, grandit vis-à-vis du président Keïta. Selon un sondage réalisé en 2017 par la Fondation Friedrich Ebert auprès de 2 156 personnes, 50 % des sondés étaient « plutôt insatisfaits » de la gestion du président, contre 38,9 % qui se sont déclarés « plutôt satisfaits ».

Alors que des discussions sont en cours pour choisir un candidat unique de l’opposition, des coalitions hétéroclites se réunissent autour du mot d’ordre «Tout sauf IBK». Avec des conflits d’intérêts personnels et des dissensions stratégiques en son sein, il est cependant peu probable que l’opposition parvienne à s’unir autour d’une candidature unique.

 

Le prochain président du Mali devra faire face à de nombreux défis pour stabiliser le pays

 

Parallèlement, les partisans du président IBK restent convaincus que les résultats positifs de son premier mandat, notamment les améliorations au sein de l’armée malienne, lui permettront d’obtenir un second quinquennat.

Alors que l’opposition comme la majorité gouvernementale croient détenir les clés d’une victoire électorale, aucune d’elles n’a encore présenté de propositions concrètes pour la restauration de l’autorité de l’État et l’amélioration des conditions de vie des Maliens.

Sur le plan sécuritaire, une centaine d’attaques a été attribuée à des groupes terroristes depuis le début de l’année 2018. De plus, les affrontements entre certains membres des communautés peuhle et dogon, durant le mois de mars, ont fait 32 victimes, dans le Centre du pays. Ces tensions résultent, notamment des luttes de pouvoirs locales et de la compétition autour des ressources naturelles.

Cette recrudescence des attaques et des tensions intercommunautaires ont rendu difficile le bon fonctionnement de l’État. Depuis la rébellion armée de 2012 et la précarité de la sécurité qui s’en est suivie au Mali, l’administration publique a été absente de nombreuses localités du Nord et du Centre.

Dans ce contexte instable et à quatre mois de l’élection présidentielle, la présence d’agents électoraux n’est toujours pas garantie dans environ un tiers du pays. L’absence des représentants de l’État met en péril l’organisation des élections dans ces localités. Jusqu’à ce que la sécurité soit rétablie, le fonctionnement de l’État demeurera dysfonctionnel.

En avril 2017, le gouvernement a adopté le Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre du pays (PSIRC). Ce plan, qui intègre les acteurs sécuritaires internationaux, devra être une réponse militaire pour notamment faciliter le redéploiement de l’administration dans le Centre en vue des élections.

L’autorité de l’État malien – et son utilité pour le peuple – doivent être restaurées sur l’ensemble du territoire

Malgré ce plan, des inquiétudes subsistent quant à la capacité de l’État à recouvrer et à conserver un contrôle territorial efficace dans le Nord et le Centre du pays. En effet, la montée en puissance de la force conjointe du Groupe des cinq pays du Sahel (G5-Sahel) – composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, et du Tchad – est encore attendue. Cette force prévoit de déployer 5 000 soldats pour lutter contre le terrorisme, les trafics d’êtres humains et le crime organisé dans les zones frontalières de la région Liptako Gourma (Mali, Burkina, Niger).

Sur le plan opérationnel, en vue de donner certains gages de crédibilité et de transparence à l’organisation de la présidentielle, en plus de l’audit du fichier électoral en cours, le gouvernement prévoit la distribution de nouvelles cartes électorales. Elles remplaceront les cartes NINA (Numéro d’identification nationale) qui avaient été utilisées en 2013.

Cette mesure vise à dissiper les inquiétudes de l’opposition quant à la présumée disparition de 900 000 cartes après les élections de 2013. La disposition  s’ajoute à l’audit en cours du fichier électoral. Ces solutions du gouvernement – à quelques mois du scrutin – pourraient toutefois entraîner des retards et des complications au processus électoral au lieu de le renforcer et le légitimer.

De nombreux acteurs nationaux et internationaux se demandent si l’échéance du 29 juillet est réaliste dans le contexte actuel du Mali. Tenir l’élection présidentielle dans les délais est essentiel pour éviter une crise politique aux conséquences imprévisibles au Mali. Organiser les élections et créer les conditions pour l’acceptation de leurs résultats est également important. Mais cela ne devrait pas occulter l’ampleur des défis post-électoraux qui attendent le président qui sera élu.

En 2013, le pays organisait des élections sans le contrôle total de l’État sur le Nord. En 2018, elles sont envisagées dans un contexte d’absence de l’État dans une grande partie du Nord et du Centre. Cet état de fait souligne l’urgence de rétablir, non seulement l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire, mais aussi – et peut-être plus important encore – son utilité pour les populations.

 

Elections locales et régionales : L’inévitable report

La tenue des élections locales et régionales n’est plus d’actualité.  Reportés en décembre 2017 à avril 2018, ces rendez-vous de proximité tendent vers un nouveau décalage. Les préparatifs de la  présidentielle y sont pour quelque chose.

« A ma connaissance,  aucune date n’a été retenue pour les élections locales et régionales. Jusqu’ à preuve du contraire, c’est l’élection présidentielle qui est à l’ordre du jour », répond brièvement la chargée de communication du ministère de l’Administration territoriale.  Prévues pour le mois d’avril, suite au report de  décembre, les élections locales et régionales ne semblent plus être la priorité. « La priorité aujourd’hui c’est l’élection du 29 juillet. Un chronogramme a même déjà été publié », conclut Madame Camara FataMaiga. En effet, un calendrier détaillé a été rendu public le 15 mars par le gouvernement. La mobilisation pour occuper le palais de Koulouba bat son plein au niveau des partis et mouvements à connotation  politiques et certaines personnalités ont même déjà été investies par leur parti pour le grand rendez-vous à venir.

Au regard de cette atmosphère, les élections locales, pour les conseillers de cercle,  régionales, pour les conseillers régionaux, et communales partielles pour les maires ne pourront se tenir qu’après la présidentielle. Selon Amary Traoré, Vice-président en charge de la communication de la CENI, la structure n’a reçu aucune information  relative aux échéances locales et régionales. « Nous ne pouvons, au moment où je vous parle, ni infirmer ou confirmer la tenue  de ces élections », souligne-t-il. Le nouveau cap fixé, « c’est la présidentielle, qui est la priorité maintenant. On ne nous a rien dit par rapport aux élections locales et régionales », précise-t-il. « Nous étions prêt à superviser. Les démembrements ont tous été mis en place. Mais, tant que l’activité n’a pas lieu, nous ne pouvons rien faire», insiste le chargé de communication de la  CENI.

L’intérêt et les enjeux de la présidentielle prennent le pas sur ceux  des  locales et des régionales. Tenir à date le scrutin évitera de tomber dans un vide constitutionnel. Il reste pour autant qu’en dehors des communales partielles, dans 59 communes,  les élections des conseillers des cercles seront une nouveauté. Les électeurs auront en effet à élire au suffrage universel direct  leurs représentants. Le report, incontournable, permettra aussi aux nouvelles collectivités des régions de Ménaka et Taoudéni de participer à ces scrutins de proximité. A Ménaka, depuis deux semaines, les populations de 22 fractions et de 7 villages dénoncent d’ailleurs leur non prise en compte dans le découpage administratif du cercle

Niankoro Yeah Samaké : « Nous ne devons pas nous engager dans 5 nouvelles années d’aventure »

A l’issue de sa deuxième conférence nationale, le Parti pour l’Action  Civique et Patriotique (PACP) a investi le 24 février, à la maison des Ainés, son Président d’honneur, Niankoro Yeah Samaké, comme  candidat à l’élection présidentielle de 2018. L’ancien ambassadeur du Mali en Inde ne doute pas de sa force politique et a répondu aux questions de Journal du Mali.

Que vous inspire le fait d’avoir été investi comme candidat de votre parti à la présidentielle ?

Je mesure à leur juste valeur la confiance et l’estime que le Président du parti et tous les militants du PACP, et au-delà les Maliens et Maliennes, m’ont témoignées. Les attentes sont immenses, mais j’affirme que nous avons les ressources nécessaires ici, au Mali pour les relever. Notre pays n’est pas condamné à la fatalité. J’aurai l’occasion de partager ce message d’espoir avec nos compatriotes prochainement.

Par rapport à 2013, votre parti a-t-il pris du poids sur l’échiquier politique ?

Évidemment! Le Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) continue de croître et de s’implanter sur tout le territoire national. Lors des dernières élections de proximité, notre parti a pu étendre son maillage en qualité et en quantité. Cet effort d’implantation se poursuit et se renforcera dans les semaines à venir.

Quels sont les grands axes de votre projet de société ?

Permettez que je respecte le calendrier électoral. La campagne n’est pas officiellement lancée. D’ores et déjà, nous profitons de la précampagne pour mobiliser le peuple malien à participer pleinement à ces échéances capitales pour le devenir de notre nation. Le Mali est à la croisée des chemins, les marges de manœuvres se restreignent chaque jour. Nous devons donc faire le bon choix et ne pas nous engager dans 5 ans d’aventure, dans l’inconnu, avec les mêmes personnes, qui produiront certainement les mêmes résultats décevants. Le Mali a l’occasion unique de faire un choix capital, décisif, pour son futur. Nous pensons qu’il doit basé sur un leadership intègre, avec un homme ayant une haute idée de la notion de servir, avec un sens moral élevé. Le PACP incarne ces valeurs et s’emploiera à convaincre nos compatriotes de faire ce choix.

Envisagez-vous une coalition avec un autre parti ou regroupement ?

Je reste convaincu que seul aucun groupement ou parti ne peut nous sortir de la situation complexe de crise multidimensionnelle que vit notre pays. Le PACP jouera sa partition dans cette quête d’unité, à condition que le choix soit porté vers une véritable alternance, avec des leaders honnêtes, capables de tourner enfin la page d’une mauvaise gouvernance chronique, qui ne fait que retarder le décollage de notre pays vers l’émergence et le développement.

 

Campagne électorale « précoce » : La CENI contre-attaque

Face aux « potentiels » candidats à la présidentielle mènent déjà campagne, la CENI a décidé d’agir. Elle les appelle à la retenue.

La campagne, c’est maintenant ? Non, rappelle la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Le 24 janvier dernier, elle a publié un communiqué pour « constater que certains candidats potentiels à l’élection du Président de la République commencent à inonder les espaces publics d’affiches ou de slogans qui s’assimilent à des affiches et slogans de campagne ». Elle les invite à ne pas violer les « lois de la République » et à faire preuve de retenue. « Ce sont des affiches de campagne déguisée. Dès qu’il y a des violations, nous devons agir. Voir de potentiels candidats démarrer ainsi est assez inquiétant »assure le Président de la CENI, Amadou Ba. « Il est important que la CENI réagisse, c’est tout à fait normal », se félicite Amadou Thiam, Président d’ADP-Maliba. Officiellement, la campagne électorale démarre 21 jours avant la date du scrutin, qui pour l’heure n’est pas encore connue.

Toute forme de communication est donc proscrite avant cette période. « Nous devons rester en alerte », affirme Ba. Pour ne rien laisser au hasard, la CENI entend, par le biais de la Haute Autorité de la Communication (HAC), surveiller réseaux sociaux, télévisions et radios afin que les potentiels candidats se conforment tous à la loi. « La HAC va jouer son rôle de police des médias et nous signaler tout ce qui ne sera pas conforme », annonce notre interlocuteur.

Teasing ou campagne ?

Même si le communiqué ne nomme personne, l’attention se porte sur Alliance Kayira du Dr Hamadoun Touré. Dans les allées du parti, on préfère plutôt évoquer un teasing, ce qui, en marketing, est une technique visant à éveiller la curiosité. Les responsables ont néanmoins instruit à leur agence de communication d’enlever leurs affiches. « Nous ne savions pas que nous faisions mal. Un nouveau mouvement doit se faire connaitre mais nous ne voulons pas être accusés d’enfreindre la loi », se défend le Président Bocar Moussa Diarra.

Menacer c’est bien, mais dissuader est toujours mieux. La CENI ne pouvant sanctionner personne, que risquent les contrevenants ? Rien, si l’on se réfère à la loi électorale. L’instance demande donc au Gouvernorat du district de Bamako de « prendre ses responsabilités », selon les termes de son Président. « Comme la CENI, nous nous référons à la loi électorale. Si elle ne prévoit aucune sanction, que faire ? », s’interroge le Directeur de cabinet du gouvernorat.

Opposition malienne : Vers une candidature unique ?

Dans l’objectif d’une alternance en 2018, certains responsables des partis politiques de l’opposition annoncent une possible candidature commune lors du scrutin présidentiel à venir. Se coaliser pour déminer le chemin menant à Koulouba s’avère, même pour ces caciques de la scène politique, la seule alternative. Mais un tel pari aura-t-il raison des divergences de visions des acteurs concernés ?

Rupture, alternance, changement. Le vocabulaire est en vogue. Des personnalités, au sein de l’opposition, s’expriment à plaider pour une alliance autour d’une candidature commune contre le Président de la République actuel en 2018. Le 23 octobre, à l’occasion d’une conférence de presse, le chef de file de l’opposition avait annoncé que les partis politiques « se coaliseront en 2018 pour faire barrage à IBK ». L’honorable Soumaila Cissé croit à l’initiative, estimant que, pour la survie du Mali, l’alternance est une nécessité. Face au « gâchis immense » de l’élection d’IBK en 2013, le Président du Parena, dans un récent entretien accordé à RFI, réitère l’appel. « Je suggère le plus large rassemblement possible de toutes les forces du pays autour d’un projet », a affirmé Tiébilé Dramé. Le projet trouve aussi écho auprès du Président de l’ADP – Maliba, l’honorable Amadou Thiam. Ce jeune, en pleine ascension politique, plaide aussi pour une union sacrée des « formations politiques contre IBK ». Le Président d’honneur de son parti, Aliou Boubacar Diallo, s’y était déclaré lui aussi favorable. Pour le Président du groupe Vigilance Républicaine Démocratique (VRD) au Parlement, Mody N’Diaye, au-delà de l’opposition actuelle, il y a nombre de mouvements qui souhaitent l’alternance. « L’idéal serait de porter ensemble une candidature unique », espère-t-il, soulignant que la dynamique existe en marche. Avec 13 partis, l’opposition mise surtout sur les « déçus de la gouvernance », sans sous-estimer les 64 partis membres de la Coalition de la majorité présidentielle.

Des raisons de douter ?

« Une chose est claire, nous ne sommes pas d’accord avec IBK », précise l’honorable Oumar Mariko, Président de SADI. Si les leaders de l’opposition et d’autres s’accordent sur l’alternance, ils sont divisés dans leurs visions. Qui fera l’unanimité autour de lui pour porter cette candidature ? Si Mody N’Diaye de l’URD « ne le sait pas » pour l’heure, Oumar Mariko estime que « SADI est le seul capable de mener une politique alternative aujourd’hui », au vu de sa trajectoire. De même, rien n’indique que l’ex général Moussa Sinko Coulibaly, les CDR de Ras Bath ou les FARE Anka-Wili de Modibo Sidibé s’aligneraient derrière « un homme providentiel ».

Égypte : Ahmed Chafik se retire de la course à la présidentielle

L’ancien Premier ministre faisait figure de sérieux concurrent au chef de l’État, Abdel Fattah al Sissi, dans l’hypothèse où ce dernier se porte candidat à sa propre succession.

C’est sur Twitter qu’Ahmed Chafik a fait savoir sa décision. L’ex chef de l’exécutif égyptien, de retour de son exil des Émirats arabes unis, avait exprimé son souhait de briguer la présidence.

 

« J’ai vu que je n’étais pas la personne idéale pour diriger le pays dans la période à venir », affirme l’ancien Premier ministre pour justifier sa décision.

À la tête de l’exécutif sous la présidence d’Hosni Moubarak lors du soulèvement populaire de 2011, Ahmed Chafik s’est présenté à la présidentielle qui a finalement vu Mohamed Morsi, candidat islamiste des Frères musulmans à la tête du pays, en 2012. Il s’était exilé aux Emirats arabes unis où il vivait depuis. En plus de ce parcours politique, M. Chafik est en ancien général de l’armée de l’air.

Rentré en Égypte, en décembre dernier, suite à son expulsion des Émirats arabes unis, Ahmed Chafik a donné des raisons sur son retrait à la course à la présidence. « Mon absence pendant plus de cinq ans a sans doute mis une distance avec ma capacité à suivre de très près ce qui se passait dans notre pays en termes de développements et d’accomplissements en dépit des conditions difficiles », déclare-t-il dans un communiqué.

« Je vois que je ne serais pas la personne idéale pour diriger les affaires de l’État dans la période à venir. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2018 », poursuit-il.

 

Hillary Clinton publie un livre sur sa défaite

Dix mois après sa défaite face à Donald Trump, Hilary Clinton a publié le 12 septembre un livre ‘’What happened’’ dans lequel, elle dit tout sur ce revers.

« Inscrire ses victoires sur le sable, et graver ses échecs dans le marbre », dit le vieil adage.  Hilary Clinton, candidate malheureuse à l’élection présidentielle américaine de 2016, a choisi elle de consigner ses « mémoires » de défaite dans un livre. Un bouquin de 496 pages, au titre évocateur ‘’What happened’’ (Ca s’est passé comme ça) dans lequel elle se confie sans concession sur sa défaite inattendue et très surprenante. Elle évoque le « choc » ressentie, au soir 8 novembre 2016, dans sa chambre d’hôtel de New-York, le sentiment d’etre ‘’vidée’’, la ‘’tristesse’’ qui ne la quitta pas pendant des semaines.  « Il n’y a pas eu une journée depuis le 8 novembre 2016 durant laquelle je ne me suis pas posé la question : pourquoi ai-je perdu ? J’ai parfois du mal à me concentrer sur autre chose » confie-t-elle dans son livre. Une quête obsessionnelle de réponses qui l’amène à se questionner sur sa campagne, qu’elle juge ‘’manquant de passion ‘’.

« Je dirigeais une campagne présidentielle traditionnelle avec des politiques soigneusement pensées et des coalitions soigneusement construites, alors que Trump conduisait une émission de télé-réalité qui entretenait sans relâche la colère et le ressentiment des Américains » assure-t-elle.  Elle ne mâche pas ses mots à l’égard du 45ème président des Etats-Unis qu’elle qualifie de ‘’menteur’’, ‘’sexiste’’, ‘’indigne’’ et ‘’incompétent’’ entre autres. Elle confie avoir même failli l’insulter lors du deuxième débat qui les a opposés. « Il me suivait où que j’aille, il me fixait des yeux, il grimaçait. C’était incroyablement gênant. Il me soufflait littéralement dans le dos. J’en avais la chair de poule » raconte-t-elle, avant de décrire les sentiments qui lui traversent alors l’esprit. «Que feriez-vous à ma place ? Resteriez-vous calme, souriante, comme s’il ne mordait pas constamment sur votre espace ? Ou bien vous retourneriez-vous pour le regarder dans les yeux et lui dire, haut et fort : ‘Reculez, sale type, éloignez-vous. Je sais que vous adorez intimider les femmes, mais vous ne m’intimiderez pas, alors reculez ».

Elle s’évertue également à lister les facteurs qui ont conduit à sa défaite. Selon elle, le désir de changement, le rejet de sa personne, la misogynie, l’ingérence russe, et la réouverture par le FBI de l’enquête sur ses mails, auraient conduit une grande frange des américains à se détourner d’elle.  « Sans l’intervention spectaculaire du directeur du FBI dans les derniers jours, nous aurions gagné la maison blanche » jure-t-elle.

Elle consacre également une partie de son livre à la difficulté d’être une femme en politique. Elle revient sur la haine que lui vouent les supporteurs de Trump, elle en va même à comparer leurs dédains pour elle à la scène de la « marche de la honte » dans la série à succès Game of Thrones. «Ce n’est pas facile d’être une femme en politique mais je crois qu’on peut dire que le niveau de méchanceté que j’ai subi était d’un niveau inédit. Les foules aux meetings de Trump ont demandé mon emprisonnement un nombre incalculable de fois. Ils hurlaient « coupable! coupable! » comme les fanatiques religieux de Game of Thrones qui scandaient « honte! honte! » lorsque Cersei Lannister marchaient vers le Red Keep».

Conscient d’avoir manqué sa chance, elle assure ne plus vouloir être candidate, mais annonce n’avoir pas encore terminé avec la politique car elle estime que « le futur de son pays est danger ».

 

 

 

 

Election américaine : face à face hostile entre Clinton et Trump

Selon les premiers sondages, Hillary a largement dominé ce premier débat. Un véritable coup dur pour le candidat républicain, Donald Trump.

Dans un débat impitoyablement hostile, Hillary Clinton et Donald J. Trump se sont affrontés sur le commerce, la guerre en Iraq, le refus de Trump de communiquer sur sa déclaration de revenus, l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur de messagerie privé. Selon le quotidien New York Times, « M. Trump a montré fréquemment de l’impatience et de l’inexpérience lorsque Mme Clinton l’a poussé à défendre son passé de misogyne… »

C’était la première des trois confrontations entre les deux candidats à la course pour la maison blanche. Donald Trump n’a eu de cesse d’interrompre Hillary Clinton durant les 90 minutes du débat, multipliant les attaques qui ont sûrement satisfait sa base républicaine mais qui ont rebuté les femmes et les électeurs indécis. Mme Clinton n’a pas manqué de vivement critiqué Trump d’avoir caché des informations sur ses créances à Wall Street et dans les banques étrangères.

Ensuite, ce fut à Trump de mettre son adversaire sur la défensive, notamment sur les accords de libre-échange qui, selon lui, aurait enlevé à beaucoup d’américains leur travail. Mais sur les questions raciales et de genre, Donald Trump n’avait pas le pied assez sûr. Hillary l’a encore accusé d’être raciste, amenant le magnat à répliquer que c’est plutôt elle et son son équipe qui, en 2008, ont dit qu’Obama n’était pas un citoyen américain. La démocrate a rappelé qu’en 1970 Trump a été poursuivi en justice pour discrimination raciale : il ne voulait pas autoriser les Noirs à loger dans ses appartements.

Selon un premier sondage diffusé par CNN, 62% des téléspectateurs pensent ainsi que Hillary Clinton a remporté le débat, contre seulement 27% pour Donald Trump. Un autre sondage de Public Policy Pulling donne également Hillary Clinton gagnante, selon 51% des sondés, contre 40% pour Donald Trump. Un écart qui s’agrandit chez les jeunes (63% pour Clinton, 24% pour Trump), chez les femmes (54%, contre 36%) et chez les électeurs afro-américains et hispaniques (77% pour Clinton, 13% pour Trump) !

Le prochain débat est prévu pour le 9 octobre à Saint-Louis, dans le Missouri, sur le format d’un meeting où les électeurs poseront la plupart des questions. Le dernier aura lieu le 19 octobre à Las Vegas avec le même format que le premier.

 

RDC : Tshisekedi met Kabila en garde

En RDC, la situation politique est loin d’être rassurante. Surtout avec le retour de l’opposant Etienne Tshisekedi qui exige le départ de Kabila et la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année.

De retour au pays, l’opposant historique au pouvoir congolais, Etienne Tshisekedi, a battu le rappel des forces de l’opposition pour un meeting, le dimanche 31 juillet dernier, avec comme objectif : exiger la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année et le départ de Kabila. Au cours de la rencontre, le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a déclaré  que « Le 19 septembre 2016 est la première ligne rouge à ne pas franchir. Le corps électoral doit être convoqué pour l’élection présidentielle. Au cas contraire, la haute trahison sera attestée devant le chef de l’Etat M. Kabila, qui endossera la responsabilité du malheur des Congolais ». Une sorte d’ultimatum qui ne dit pas son nom, fixé au Président Joseph Kabila, qui, on le sait, avait amené la Cour constitutionnelle à rendre un arrêt, en mai dernier, stipulant qu’il pourra rester en fonction jusqu’à la prestation de serment d’un nouveau président. Il ne fait aucun doute qu’en RDC, l’arène politique est plongée dans une bataille sur le calendrier électoral. Kabila a échoué à modifier la Constitution, lequel lui interdit de briguer un nouveau mandat. Pour beaucoup, sa stratégie de Kabila consisterait à faire « glisser » le calendrier. Les partis de l’opposition avaient opposé une fin de non-recevoir à son invitation à un dialogue politique en novembre 2015, même si aujourd’hui, nombre d’entre eux y sont favorables à la condition que cessent « des procédures arbitraires judiciaires ou autre à l’encontre des leaders de l’opposition comme c’est le cas de Moïse Katumbi et Martin Fayulu »

Si la manœuvre de Kabila est on ne peut plus savante, il n’en demeure pas moins que sa positon devient de plus en plus inconfortable. Et il reste tout aussi évident que la proposition d’un dialogue et l’arrêt de la Cour Constitutionnelle ne sont pas suffisants pour le sauver, surtout dans un pays où l’économie est exsangue, les populations mécontentes et les richesses à la merci des multinationales…En RDC, le problème est connu de tous. Il faut que les élections soient organisées à tout prix avant la fin de l’année.

 

Gabon : Tous contre Ali Bongo

En août prochain, Ali Bongo briguera un second mandat. Face à lui, des barons du microcosme politique gabonais qui lui dénient le droit d’être candidat.

 

Au Gabon, le mardi 12 juillet, à 18 heures, l’opération de dépôt de candidatures a pris fin auprès de la Commission électorale nationale autonome et permanente gabonaise (Cenap). En tout, 18 candidatures ont été déposées sur la table de la commission qui doit les valider ou non avant le 15 juillet. Aussi, faut-il rappeler que ces candidats seront amenés la caution qui s’élève à 20 millions. Parmi eux, il y a Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’Union africaine et qui fait aujourd’hui figure d’adversaire principal d’Ali Bongo Ondimba. Ensuite, Pierre-Claver Maganga-Moussavou, porte-drapeau du Parti social-démocrate, qui a également été candidat aux élections de 1993, 1998 et 2009. Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre d’Omar Bongo ayant butiné au sein du Parti démocratique gabonais (PDG) avant de mettre les voiles, est le candidat de l’Union nationale (UN). A ceux-ci, il faut ajouter Guy Nzouba-Ndama, Raymond Ndong Sima, Bruno Ben Moubamba, Leon Paul Ngoulakia, Dieudonné Minlama Mintogo, Paul Mba Abessolé, Augustin Moussavou King, Gérard Ella Nguema, Michel Bouka Rabenkogo, Roland Désiré Aba’a Minko, Jean-Jacques Ndong Mbadinga, Gervais Nzovi Moulengui, Pierre-Claver Mouele Mboumba, Abel Mboumbe Nzondou, Camille Mouivo-Matsima et enfin Ali Bongo Ondimba. Le Président sortant, Ali Bongo Ondimba, 57 ans et dont le mandat s’achève en août prochain, est candidat à sa propre succession. Il reste qu’il fait face à la tempête d’une contestation de son droit d’être candidat, soulevée par certains candidats de l’opposition.

Polémique

A un mois de la présidentielle, la polémique est loin de désenfler sur les origines d’Ali Bongo Ondimba. Le 23 avril dernier, l’Union sacrée pour la patrie (USP), une coalition réunissant des partis d’opposition et des ONG de la société civile a, dans un communiqué publié le 9 mai, annoncé qu’elle allait recourir au Parlement pour destituer Ali Bongo. Elle estime qu’il n’est pas gabonais et qu’il ne doit donc pas diriger le Gabon. Déjà, le 23 avril dernier, la coalition avait lancé au chef de l’État un ultimatum de deux semaines pour retirer sa candidature ou démissionner, annonçant un recours au cas où ce dernier n’obtempérait pas. De fait, Ali Bongo est accusé, par ses opposants qui se basent sur des dissensions familiales, d’être plutôt un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, auquel cas la constitution gabonaise l’empêche de prétendre à la fonction de président. Mais ces accusations essuient un démenti catégorique de la part du camp présidentiel. Elles sont apparues en 2014 dans le livre « Nouvelles affaires africaines, mensonges et pillages au Gabon » de l’essayiste français, Pierre péan avant de se répandre comme une traînée de poudre. Officiellement, Ali Bongo est né le 09 février 1959 au Congo Brazzaville. Sa demi-sœur, Onaïda Maïsha Bongo Ondimba, a déposé une plainte et a obtenu la copie de l’acte de naissance, laquelle ne serait pas conforme à ceux des enfants nés dans les colonies françaises avant l’indépendance.