Benoît Hamon, vainqueur du premier tour des primaires de la gauche française

Surnommé « petit Ben » ou « petit Benoît » par les éléphants socialistes, Benoît Hamon s’est émancipé pour sortir en tête dimanche du premier tour de la primaire organisée par le PS, en portant un programme de « gauche totale » et innovante.

Longtemps Benoît Hamon a incarné la quintessence de l’apparatchik, fin connaisseur des réseaux socialistes et bras armé des tâches de l’ombre, couvé avec un brin de paternalisme voire de condescendance par les ténors du PS.Mais « petit Ben », comme l’appelait avec affection Martine Aubry qui l’a fait entrer à son cabinet de ministre de l’Emploi en 1997, est à 49 ans arrivé à « maturité », a récemment noté la maire de Lille.

Les gens qui ont travaillé avec lui ont toujours eu tendance à le sous-estimer, souligne son ami de longue date et porte-parole Régis Juanico, avec en tête la prédiction de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, glissant dès la mi-novembre que la surprise pourrait venir du petit Benoît lors de la primaire.

Vent dans le dos depuis plusieurs semaines, le député des Yvelines a effectivement bousculé les pronostics en défendant un programme original, dont la mesure phare, le revenu universel d’existence, a largement focalisé les débats entre les sept candidats.Il assume et revendique même ses fraîches « prises de conscience »: sur l’écologie d’abord, dont il a fait un pivot de son projet, mais aussi contre « le mythe de la croissance », en repensant la place déclinante du travail dans la société.Cote d’ivoire : Les fonctionnaires, en grève depuis le 9 janvier, ont cessé leur mouvement dimanche soir, a annoncé un représentant syndical à la télévision publique nationale.  « Les organisations [syndicales] ont décidé de suspendre leur mot d’ordre de grève pour donner une chance aux discussions », a précisé ce dimanche 22 janvier Théodore Gnagna Zadi, porte-parole de la plateforme qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires. Il a précisé  que de nouvelles négociations auront lieu à partir de mardi 24 janvier. » Des convictions fortes mâtinées d’habileté « , dixit un poids lourd du PS, pour qui Hamon a » réussi à suivre son propre chemin en utilisant la faiblesse de ceux qui se sont servis de lui » comme caution de la gauche au gouvernement. » Il en a profité pour construire sa propre maison « , poursuit ce ténor du parti.

Gabarit poids plume mais amateur et pratiquant de rugby, breton revendiqué, licencié d’histoire « seulement »…. S’il n’a pas tous les codes de départ, le natif de Saint-Renan, fils d’un père ouvrier devenu ingénieur à l’Arsenal de Brest et d’une mère secrétaire, a su jouer des coudes pour se faire entendre. Cet aîné d’une fratrie de quatre, qui a passé une partie de son enfance à Dakar où son père avait été muté, se souvient du badge  » Touche pas à mon pote  » qu’il arborait dans son lycée privé catholique comme de son premier acte militant.

Un homme de réseaux Adhérent à SOS Racisme, puis au PS début 87, il intègre les cercles rocardiens à Paris. Là, il vit en colocation avec d’autres jeunes socialistes de province, dont Olivier Faure, aujourd’hui président du groupe PS à l’Assemblée, qui se souvient des heures passées  » à refaire le monde, soir après soir ». » Benoît était à ce moment pas forcément le plus ambitieux ni le plus volontaire « , mais  » très simple, très joueur « , détaille-t-il.

En 1993, à 26 ans, Benoît Hamon conquiert la présidence du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) qui, plus de 20 ans après, lui est toujours largement acquis et lui a permis de cultiver de précieux réseaux. Il participe ensuite à la campagne de Lionel Jospin en 1995, avant de rejoindre le cabinet de Martine Aubry. La maire de Lille le récompensera de sa fidélité en le nommant porte-parole du PS en 2008.

Avant cela, il y a le  » choc  » de l’élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle en 2002, puis la création du défunt courant rénovateur Nouveau Parti Socialiste avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, des adversaires lors de cette primaire. Incarnation de la gauche du parti, M. Hamon est propulsé ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire en 2012, puis promu à l’Éducation. Une consécration éphèmère puisqu’en désaccord avec la politique de Manuel Valls, il quitte le gouvernement en août 2014, en compagnie d’Arnaud Montebourg. Député des Yvelines, il rejoint les frondeurs sur les bancs de l’Assemblée et se démène contre la loi Macron puis la loi El Khomri. Dans le même temps, il dessine son projet et se lance dans la campagne de la primaire dès la mi-août 2016, prenant tout le monde de court. Déjà.

Primaire à gauche en France : divergences et confrontations courtoises

Les candidats se sont affrontés jeudi soir lors d’un premier débat télévisé. Des divergences sont apparues sur quelques sujets. Le prochain débat sera diffusé en direct ce dimanche, entre 18h et 20h30, sur BFMTV et iTélé.

Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel et Manuel Valls, tous candidats à la primaire à gauche, étaient hier, jeudi 13 janvier, sur TFI et RTL pour un premier débat télévisé suivi par 3,8 millions de téléspectateurs. Les observateurs estiment qu’il a été moins suivi que le premier débat du jeudi 13 octobre dernier de la primaire de la droite (5,6 millions de téléspectateurs). Courtois, corrects, voici les adjectifs employés pour qualifier les échanges entre les candidats à la primaire de la Belle alliance populaire (BAP) dont le 1er tour est prévu pour le 22 janvier prochain. Les divergences entre les candidats ont cerné des sujets comme la Loi Travail qui a été défendue par Sylvia Pinel, François de Rugy ainsi que l’ancien Premier ministre Manuel Valls. « Cette loi a été soutenue par certaines organisations syndicales réformistes, il y a des avancées comme le droit à la déconnexion, le compte personnel d’activité ou encore le compte  pénibilité », a estimé Sylvia Pinel, ancienne ministre du Logement et membre du parti radical de gauche. Par contre, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon sont de ceux qui s’en sont pris à cette loi. « J’abrogerai la Loi Travail », a déclaré Arnaud Montebourg.

Il en est de même pour le bilan du président sortant François Hollande, qui a décidé de ne pas briguer un second mandat. Pour Arnaud Montebourg, c’est un bilan « difficile à défendre mais qui contient des avancées ». « Contrasté » et « en demi-teinte » pour François de Rugy. « Sentiment d’inachevé, comme si nous étions restés sur beaucoup de sujets au milieu du gué », a dit Benoît Hamon.

Un autre sujet sur lequel des divergences sont apparues, c’est celui du revenu universel, qui s’est presque imposé. Il vise à donner, selon Maxime Vaudano, journaliste au Décodeurs du Monde, à « tout le monde, quel que soit son âge, quel que soit le fait qu’il travaille ou non, un revenu de base variant entre 5 et 800 euros ». « Le revenu universel, c’est le sujet qu’on n’attendait pas forcément. Quelques années, c’était vraiment une proposition utopique portée par la gauche, l’extrême gauche en général. C’est revenu dans le débat grâce à Benoît Hamon, qui a porté le sujet et en a fait une des principales propositions de sa campagne et l’a imposé dans le débat. Du coup, la plupart des candidats se sont positionnés par rapport à ça. Si on regarde les candidats, Jean-Luc Bennahmias et Jean-Luc Mélenchon (candidat du Front de gauche) sont pour le revenu universel. Il y a Manuel Valls qui est pour une version alternative (…), tandis que Vincent Peillon et Arnaud Montebourg sont contre (…) », a-t-il ajouté.

Il faut relever que ce n’est pas une primaire de toute la gauche. « Emmanuel Macron n’y participe pas, Jean-Luc Mélenchon et la gauche radicale n’y participent pas. L’idée de primaire de la gauche, c’est de prendre en compte cette réalité qui est que ce n’est pas seulement une primaire du parti socialiste », analyse Maxime Vaudano. Ainsi, la campagne est officiellement lancée. Un sondage Elabe pour BFMTV, effectué à la suite du premier débat de la primaire de la gauche auprès d’un échantillon de téléspectateurs, a jugé Arnaud Montebourg le plus convaincant avec 29 %. Il est suivi de Manuel Valls (26 %) et Benoît Hamon (20 %). C’est un tout autre classement chez les sympathisants de la gauche où l’ancien Premier ministre arrive en tête avec 28 %, suivi de Benoît Hamon (27 %) et Arnaud Montebourg (23%).

France : six hommes, une femme: sept profils pour la primaire du PS

Voici une courte présentation des sept candidats à la primaire élargie organisée par le Parti socialiste les 22 et 29 janvier :

Manuel Valls

54 ans, ancien Premier ministre (mars 2014-décembre 2016), après avoir été ministre de l’Intérieur. Iconoclaste à gauche, il défend une laïcité stricte et tient un discours volontiers pro-entreprise.

Né espagnol et naturalisé Français à 20 ans, il a présenté sa candidature à la présidentielle, dont il rêve ouvertement depuis des années, après le retrait de François Hollande, qu’il a poussé à ne pas se représenter.

Élu maire d’Évry en 2001, puis député en 2002, il a déjà été candidat à la primaire en 2011, où il n’avait réuni que 5,63% des voix.

Outre l’élection en 2017, il joue également son avenir politique et une éventuelle candidature en 2022, que lui permettrait idéalement la prise du parti socialiste.

Arnaud Montebourg

54 ans, ancien ministre du Redressement productif puis de l?Économie (mai 2012-août 2014). Ambassadeur du « made in France », c’est un farouche critique de l’austérité libérale européenne, au talent oratoire et à la prestance reconnus.

Longtemps considéré comme un « trublion » à gauche, cet avocat de formation, volontiers provocateur, s’était fait « faiseur de princes » en 2011, lorsqu’il remporte 17% des voix à la primaire. Il avait alors appelé à voter pour François Hollande, malgré son appartenance à l’aile gauche du parti.

En quittant Bercy, il s’est formé et reconverti dans le privé. Il avait auparavant promis qu’il ne se représenterait plus à aucune élection sauf la présidentielle.

Benoît Hamon

49 ans, leader de l’aile gauche du parti socialiste. Ancien président du MJS (1993-1995) qui lui conserve ses suffrages, il a été ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire (mai 2012- avril 2014) puis brièvement ministre de l?Éducation avant de quitter précipitamment le gouvernement en août 2014 en même temps qu’Arnaud Montebourg.

Converti à l’écologie, M. Hamon défend la mise en place d’un revenu universel, la légalisation du cannabis et veut relancer la réflexion sur la réduction du temps de travail.

Vincent Peillon

56 ans, s’était éclipsé du débat politique hexagonal en 2014 en quittant son poste de ministre de l?Éducation (mai 2012-avril 2014). Redevenu député européen la même année, il fait figure d’intellectuel, et se voit parfois reprocher son arrogance.

Professeur de philosophie, il a été qualifié de « Docteur Vincent et Monsieur Peillon » par Pierre Moscovici pour avoir souvent changé de camp au sein du parti socialiste. Il a de fait été successivement proche d’Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon avec qui il a créé en 2003 le Nouveau parti socialiste, puis de Ségolène Royal, de Dominique Strauss-Kahn avant de rejoindre la campagne de François Hollande en 2012.

Au delà de la primaire, qu’il assure avoir rejointe pour défendre le bilan du quinquennat et pallier le retrait de M. Hollande, il n’a rien dévoilé sur ses ambitions.

Sylvia Pinel

39 ans, présidente du Parti radical de gauche depuis quelques mois, est la seule femme concourant dans cette primaire. Totalement inconnue avant 2012, elle a depuis été ministre de l’Artisanat et du Commerce (mai 2012-avril 2014) puis ministre du Logement (avril 2014-février 2016) avant de quitter le gouvernement pour son mandat de vice-présidente de la région Occitanie.

Très réservée, cette jeune députée du Tarn-et-Garonne depuis 2007 est une proche de Jean-Michel Baylet, indéboulonnable président du PRG pendant 20 ans dont elle a été cheffe de cabinet.

François de Rugy

43 ans, est un Nantais député de Loire-Atlantique depuis 2007 et président du Parti écologiste, créé un an après son départ fracassant d’Europe Écologie-Les Verts en août 2015.

Ardent défenseur de l’écologie ayant toujours été proche des socialistes, il avait vivement protesté lorsque Cécile Duflot et Pascal Canfin avaient décidé de quitter le gouvernement en avril 2014, y voyant une décision prise « à titre personnel » par l’ancienne ministre du Logement, dont l’inimitié avec Manuel Valls est connue.

Jean-Luc Bennahmias

62 ans, président du Front démocrate et coprésident avec Jean-Vincent Placé de l’Union des démocrates et des écologistes. Il est auparavant passé par les Verts, dont il a été secrétaire national entre 1997 et 2001, et le MoDem, qu’il a participé à fonder avec François Bayrou en 2007, avant de le quitter sept ans plus tard.

Directeur de campagne de Noël Mamère pour la présidentielle de 2002, cet ancien journaliste a été élu député européen en 2004 et réélu en 2009. Il avait appelé à voter pour François Hollande en 2012.