Mali: échange de prisonniers entre Bamako et groupes rebelles

Bamako a libéré cette semaine une trentaine de rebelles prisonniers et la Coordination des mouvements de l’Azawad a de son côté libéré seize militaires maliens. Les militaires maliens libérés cette semaine étaient détenus dans le grand nord du pays alors que les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui ont recouvré la liberté étaient emprisonnés à  Bamako, la capitale malienne. l’échange de prisonniers s’est déroulé comme prévu, sans incident. Et jusque-là , aucune partie n’a annoncé que ses combattants étaient maltraités lors de leur détention. De part et d’autre, on affirme même que ces libérations peuvent aider à  restaurer la confiance. Un responsable de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) va même plus loin et parle de « décrispation » dans le cadre du processus de paix. Des signes de décrispation ? D’autres signes de décrispation sont par ailleurs signalés. Cette semaine, les deux principaux groupes armés rivaux impliqués dans le processus de paix se sont rencontrés sur le terrain, dans le nord-est du Mali. Pas pour se battre pour une fois, mais pour parler de paix. Une nouvelle rencontre est prévue, ce dimanche, pour échanger encore une fois sur les futurs sites de cantonnement. Les groupes armés loyalistes ont déjà  proposé six sites de cantonnement, les rebelles en ont proposé six autres. Et de l’avis d’un observateur étranger sur le terrain, pour le moment l’ambiance est plutôt bonne et les discussions pourraient rapidement avancer.

Evasion de prisonniers : les fugitifs activement recherchés

Les faits se sont déroulés hier lundi 16 juin à  la Maison centrale d’arrêt de Bamako vers 15 heures lorsque des plombiers sont venus pour effectuer des travaux à  la prison. Selon le Secrétaire général du ministère de la justice, Boya Dembélé, c’est au moment o๠le surveillant de prison, l’adjudant Kola Sofara était venu ouvrir la grille pour les plombiers, que le détenu en a profité pour tirer à  bout portant sur le surveillant. Ce dernier a été blessé à  la tête et transporté par la suite à  l’hôpital Gabriel Touré o๠il a rendu l’âme quelques instants après. Ceux qui se sont évadés sont au nombre de 23 mais huit d’entre eux ont été rattrapés un peu plus tard. On dénombre des blessés parmi les surveillants de prison et les détenus repris. « l’un des détenus a rendu l’âme à  la suite de son arrestation » a indiqué M. Dembélé. Le chef de l’opération est Mohamed Ali Ag Wassouden, l’un des auteurs présumés de l’enlèvement de deux Français pour le compte d’Aqmi à  Hombori dans le nord du Mali. Le ministre de la justice s’est rendu à  la prison et à  la morgue pour voir la dépouille du surveillant. « Il a donné des instructions au parquet de la commune 3 qui était représenté par un substitut sur le lieu pour que les enquêtes soient ouvertes pour en situer toutes les responsabilités. Toutes les mesures idoines sont prises pour renforcer la sécurité autour de la prison et les détenus en fuite, sont activement recherchés. La traque de ces détenus se fait avec assez de professionnalisme » a ajouté le secrétaire général du ministère de la justice. Le régisseur de la prison aurait été mis aux arrêts aux fins d’enquêtes. Qui est Mohamed Ali Ag Wassouden ? De nationalité malienne, Mohamed Ali Ag Wassoudèn est né le 09 avril 1989 à  Kidal de Wadossène et Hassi Wallet Hitta, sœur de Sedan Ag Hitta, chef de la Katibat Youssef Ben Tachfine; Mohamed Ali est un déserteur de la garde nationale du Mali, il est du contingent 2009. Il est l’organisateur principal du rapt des deux Français, le 24 novembre 2011 à  Hombori. Il a effectué cette opération au compte de la Seriât El Ancar d’Abdel Krim El Targui, neveu de Iyad Ag Rahly. Il a été arrêté la la SE le 10 décembre 2011 à  Gao, puis mis sous mandat de dépôt en Mars 2012. Il a profité de la défaillance du système pénitentiaire pour renouer le contact avec son oncle Sedan Ag Hitta. Il aurait ainsi reçu des moyens financiers et matériels pour planifier un attentat terroriste contre la prison centrale de Bamako. L’individu est en cavale depuis le lundi 16 juin, avec son complice Haiba Ag Acherif.

Bert Koenders :  » La libération des prisonniers MNLA est un pas en avant »

Pour le représentant de la Minusma, Bert Koenders qui assistait à  la cérémonie de libération des 23 prisonniers militants du MNLA, cet acte permettra de rétablir la confiance et poursuivre le dialogue avec les groupes armés du Nord. Boert Koenders, Représentant spécial de la Misnusma au Mali : « J’espère que les groupes vont se parler et continuer le dialogue. Maintenant, avec cette libération, il y a un début de confiance qui est posé. Il s’agit de beaucoup de choses, le cantonnement, le déploiement des troupes et bien d’autres choses qui sont en jeu. Je crois que cet acte est un pas en avant. Les mesures de confiance sont importants dans la résolution des Nations Unies et dans les Accords de Ouagadougou et sont de nature à  favoriser le dialogue. Du côté du MNLA, il y a aussi eu des libérations. Rappelons que le Mali est souverain et notre rôle à  la Minusma, c’est aussi d’accompagner le président dans son œuvre de paix. » Mohamed Ag Erlaf, représentant de la société civile du nord : « Cette libération participe du renforcement des mesures de confiance liées aux accords de Ouagadougou, cela permettra de négocier sereinement et en toute confiance. Je ne crois pas que le fil du dialogue soit interrompu. La situation au nord comme au sud est calme désormais. Nous, société civile, nous avons une autre flèche à  notre arc pour obtenir gain de cause. Je suis surtout facilitateur pour qu’un accord raisonnable ait lieu, sans porter atteinte à  l’intégrité nationale ni à  l’unité nationale du Mali ». Le Ministre de la justice, Mohamed Aly Bathily C’est un engagement pris par le gouvernement à  Ouagadougou et qui est aujourd’hui respecté. Il s’agit de la crédibilité du gouvernement malien qui est en jeu. Et surtout pour la suite des négociations. Tout ce que le gouvernement pose comme acte relève de sa responsabilité de rechercher la paix. Cette paix se construit mais ne se décrète pas et le Mali est disposé à  continuer ce dialogue par tous les moyens.

Les prisonniers ont été libérés

C’est un nouveau rebondissement dont la junte commence à  être coutumière. Les personnalités civiles et militaires arrêtées en début de semaine ont été libérées, a annoncé le CNRDRE jeudi soir. « Le Directeur général de la Gendarmerie nationale informe l’opinion publique nationale et internationale qu’il a été procédé ce jeudi 19 avril 2012 à  l’élargissement de l’ensemble des personnalités civiles et militaires mise en causes, à  l’issue de l’expiration du délai légal de garde à  vue », indique le communiqué en précisant que « les intéressés resteront à  la disposition des autorités compétentes pour les besoins de l’enquête ». Explications floues Parmi les personnes arrêtées (22 au total) figuraient l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé et l’ancien ministre des Finances Soumaà¯la Cissé, tous deux candidats à  l’élection présidentielle. Egalement Mahamadou Diagouraga, directeur général de la police, le général Hamidou Sissoko, chef d’état-major particulier de l’ancien président Touré, le général Sadio Gassama, ancien ministre de la Défense, Tiéman Coulibaly, membre de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) et Me Kassoum Tapo, ancien bâtonnier et porte-parole du Front du refus. « Tiéman Coulibaly est content d’être sorti », réagit Mohamed Dollo de l’UDD, selon qui le leader politique « s’attendait à  être arrêté ». Toutes ces personnalités avaient été arrêtées en début de semaine « sur la foi d’indications précises et d’informations graves et concordantes », avait affirmé la junte, qui avait laissé entendre qu’un coup d’Etat était en préparation. « Des éléments de l’armée continuent de violer l’Etat de droit » Ces arrestations avaient été dénoncé au Mali comme à  l’étranger. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait appelé à  la libération des détenus et demandé à  la junte de « s’abstenir de toute autre action susceptible de compromettre le retour effectif à  l’ordre constitutionnel dans le pays ». « Ces arrestations montrent clairement que, malgré le rétablissement du pouvoir civil, des éléments de l’armée continuent de violer l’à‰tat de droit » avait pour sa part déclaré l’ONG Amnesty International.

Le retour des 150 prisonniers d’Ançar Dine

l’on pourrait dire que C’’est sur la pointe des pieds que sont rentrés à  Bamako les 150 citoyens maliens fait prisonniers par le Mouvement armés des Ançardine opérant dans le nord du Mali. En effet, lors de son offensive enclenché à  partir de mi janvier dans le nord du Mali, obligeant l’armée malienne à  replier, le Mouvement Ançardine a réussi à  faire des prisonniers dans le rang non seulement de l’armée malienne mais également des populations civiles. Selon nos dernières informations, le Mouvement armé a mis le grappin sur 160 soldats maliens. Ces derniers écopaient du coup le statut d’otage. Pour vérifier nos informations, nous avons joint le directeur général de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), le Col Idrissa Traoré qui a confirmé l’information. Les 160 prisonniers de guerre sont donc libérés par Ançardine. Un acte de bonne foi et de grande portée humanitaire, à  tous points de vue, vient donc d’être posé par le Mouvement Islamiste qui règne en maitre absolu sur les trois régions du Nord Mali. Résultat d’une longue tractation Une source proche du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) précise que ce geste d’Ançardine est le fruit de longues tractations son institution et le Mouvement Ançardine. On se rappelle que le président de l’institution avait, au cours du meeting des confessions religieuses à  Bamako, invité Iyad Ag Aly à  «Â déposer incessamment les armes ». Serait-il entrain d’être entendu par le leader d’Ançardine qui a juré, main sur le C’œur, de mettre à  sac le principe de la laà¯cité consacré par la constitution du 25 février 1992. La délégation du HCIM, conduite par l’imam Yacouba Siby de la mosquée du vendredi de Banankabougou, a parcouru toutes les régions du nord pour obtenir un consensus auprès d’Ançardine. C’’est à  elle que les 160 éléments de l’armée malienne ont été remis à  Kidal et conduits sous bonne escorte jusqu’à  l’entrée de Sévaré. Selon des sources militaires, ces prisonniers de guerre ont été libérés sans contrepartie. Après avoir passé la journée de ce lundi à  Sévaré, ils ont été acheminés à  Bamako dans la nuit. A Bamako, leur remise fera l’objet d’une cérémonie officielle ce mardi. Ils seront ensuite officiellement accueillis au CICB o๠une réception est prévue.