Pourquoi veut-on brader les Aéroports du Mali?

Depuis les années 90, pendant la vague de privatisation des sociétés d’à‰tat, il a été question de privatiser les aéroports du Mali. Pour rappel, le pays en compte 6, dont le principal est celui de Bamako-Sénou. « Lors de l’adhésion du Mali à  Air Afrique, on avait parlé de privatisation, explique Malick Sy, secrétaire général de la section syndicale de l’Aéroport. Après, on a arrêté d’en parler jusqu’en 2002, o๠un groupe turc a gagné le marché de concession. Les acquéreurs n’ont même pas pu réunir la caution de garantie, et c’est de nouveau tomber à  l’eau ». Le processus reprendra en 2008 avec l’attribution à  une société canadienne SNC Lavalin. Nouveau problème. Une autre société soumissionnaire conteste la procédure d’attribution de ce marché et dépose plainte. Plainte qui aboutit à  une décision de la Cour Suprême portant annulation dudit marché. La société française qui a déposé plainte se retrouve aujourd’hui adjudicataire de fait, alors qu’un nouvel appel d’offres devait être lancé, s’indignent les syndicalistes. Une négociation « en catimini » Pour les agents de la société des Aéroports du Mali (ADM), il est inconcevable qu’on veille donner la société à  un privé. Selon Cheick Oumar Tall, syndicaliste, « personne ne connait les termes de la négociation en cours entre le ministère de l’équipement et des transports et la société Egis Projects à  qui ils ont donné le marché. C’est une négociation en catimini et nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont les choses se passent ». D’autant plus que, toujours selon les conférenciers, rien ne vient justifier la cession de l’aéroport de Bamako-Sénou, seul concerné par cette mesure. La structure aurait depuis cinq ans, connu une progression de son chiffre d’affaires de près de 87%, passant d’un peu plus de 4.600.000.000 en 2007 à  8.622.000.000 en 2011. Même la crise de 2012 et la cessation d’activités de nombreuses compagnies au Mali n’a pas beaucoup affecté ce rendement. Alors pourquoi procéder à  une mise en concession de la « seule société publique encore viable et fiable » s’interroge Malick Sy. Cette question a d’ailleurs été posée directement au ministre de l’équipement et des transports que les syndicalistes ont rencontré ce mardi 06 août. Les syndicalistes lui ont produit un courrier signé de sa main, demandant à  l’opérateur français de « confirmer son arrivée […] en vue de la reprise de nos activités ». Un document signé du 18 juillet 2013 et dans lequel le ministre estime que « la situation actuelle est favorable à  la reprise du processus de mise en concession de l’Aéroport Bamako-Sénou ». Abdoulaye Koumaré, qui avait auparavant assurer que jamais concession ne se ferait sous sa direction, appelle désormais les agents de l’aéroport à  se « préparer à  l’inéluctable ». Plus de 150 emplois menacés « Il nous a expliqué que nous devions nous préparer parce que le processus en en cours ». Or, affirment les syndicalistes, cette concession ne sera d’aucune utilité pour le Mali. Pire, ce sera à  perte pour l’à‰tat, puisque De plus, la société ADM paie aujourd’hui à  l’à‰tat, des impôts qui couvriraient amplement le montant de la concession sur la même période. « C’est aberrant, de mettre en danger nos emplois, nos familles et la souveraineté du Mali sur des infrastructures aussi stratégiques que des aéroports pour des montants aussi insignifiants ». « Nous nous battrons de toutes nos forces et par toutes les voies légales pour empêcher que des intérêts personnels prennent le pas sur le bien commun », affirment encore les agents. Le cahier de charges de la société française en négociation avec l’à‰tat stipule que 60% des 239 agents de la société seront mis au chômage dès la première année d’exploitation. « Nous demandons aux décideurs politiques d’être vigilants. Ils ne doivent pas se précipiter pour gérer cette affaire et être à  l’écoute de la famille ADM », concluera le SG Malick Sy.

Aéroports: Consession n’est pas privatisation!

Dans le but d’ « améliorer la qualité de service et de maintenance et de la performance commerciale », le gouvernement a décidé en 2010 de concéder la gestion de l’Aéroport international de Bamako Sénou à  un privé. Le concessionnaire sera connu d’ici à  juin, assure le gouvernement. Les autorités maliennes parlent de « concession ». Les syndicalistes considèrent qu’il s’agit d’une privatisation qui ne dit pas son nom. La direction nationale de l’Agence nationale d’avion civile (ANAC) et celle des Aéroports du Mali (ADM), relevant du ministère de l’Equipement et des transports (MET), ont donc tenu à  en dire plus sur cette décision polémique. « Pas une privatisation », selon le gouvernement « Cette concession est l’une des conditionnalités posées par le Millenium Challenge Account-Mali (fond étasusien) pour le financement, la modernisation et l’extension de l’aéroport de Bamako Sénou », a indiqué Mme Cissé Kadidia Traoré, conseillère technique au MET. Une concession n’est pas une privatisation, a-t-elle insisté en précisant que la mise en concession prévue d’ici juin 2012 n’implique pas un transfert complet de l’exploitation du service public au repreneur. Les installations aéroportuaires appartiendront toujours à  l’Etat malien, a notamment expliqué le directeur général de l’ANAC, Abdoulaye Coulibaly. La directrice des Aéroports du Mali mise à  la porte « Toute défaillance au titre des obligations du concessionnaire en termes de garanties financières, de protection de l’environnement, de sécurité et de refus de communication constitue une faute contractuelle donnant droit à  une résiliation de la Convention », a-t-il également rappelé. La décision de mise en concession n’est nullement liée à  la gestion controversée de l’ancienne directrice générale de la structure, Mme Thiam Aya Diallo, a ajouté Mme Cissé kadidia Traoré. Après des semaines de protestations des employés la directrice a été remercié le 22 février. Le syndicat des travailleurs est farouchement opposé à  toute idée de mise concession, qu’il perçoit comme une privatisation pure et simple. Si cette concession venait à  être effective l’entreprise et ses employés seraient menacés, ont estimé les travailleurs et le collectif des femmes. Toutes les garanties sont prises pour la préservation des emplois, a affirmé de son côté la conseillère technique du ministère.

Aéroport de Bamako: Chaude matinée pour Mme le PDG

Les minutes ont été longues ce mardi matin 6 décembre pour la présidente directrice générale des Aéroports du Mali, Mme Thiam Aya Diallo, qui a été la cible d’une violente manifestation de colère de ses employés. En toile de fond, la « gestion peu orthodoxe » des ressources de la société, le plan de privatisation peu favorable à  leur égard, et la « violation des libertés syndicales. Libérée après des heures d’enfer Ce mardi matin aux environs de midi, un groupe de manifestants a en effet décidé de faire irruption dans le bureau de Mme le PDG des aéroports, avant d’exiger sa démission. Pour Mme Thiam, il n’en est évidemment pas question. Et il n’en fallait pas moins pour s’attirer les foudres de ses employés qui décident de la retenir en otage. Mis au courant des évènements, le ministre de l’équipement et des transports, Hamed Diané Séméga, a vite dépêché des émissaires sur les lieux. Ils sont très vite éconduits par les manifestants qui ne veulent rien savoir. C’’est donc après le déploiement d’un important dispositif de sécurité (principalement composé de policiers) que le ministre Séméga lui-même se transporte sur les lieux. Après de longues discussions avec les travailleurs, le chef du département des transports parvient à  « sauver » la patronne des aéroports. Sous bonne escorte, elle sera extraite de son bureau puis emmenée en des lieux plus sûrs. Qu’est-ce que le ministre et les travailleurs ont pu se dire au cours de leur échange? Selon un responsable du Collectif des syndicats des aéroports du Mali, au cours des discussions, le ministre a pris des engagements sur plusieurs revendications des travailleurs, notamment l’assurance qu’aucun salarié ne sera licencié dans le cadre de la privatisation en perspective. Cependant, explique-t-on du côté des Collectifs des syndicats des aéroports du Mali, face aux engagements du gouvernement en matière de privatisation, il faut être prudent. Notre interlocuteur rappelle ainsi le souvenir des tensions intervenues dans le cadre des précédentes privatisations, notamment à  l’HUICOMA, à  la Régie des chemins de fer du Mali, EDM S.A, etc. Une atmosphère déjà  délétère La prise d’otage de Mme le PDG des aéroports du Mali intervient dans un contexte de forte tension entre la direction et les travailleurs, depuis l’annonce faite par les autorités du pays de privatiser les aéroports du Mali. On se rappelle qu’il y a seulement une semaine (le mardi 29 novembre dernier), le Collectif des femmes des aéroports avait pris d’assaut la Primature pour dénoncer la mesure de mise en liquidation de l’entreprise. Avec le Collectif des syndicats des aéroports, une pétition avait été lancée pour exiger la démission de Mme le PDG. Car, selon eux, l’espoir suscité par la réhabilitation de l’aéroport international de Bamako- Sénou, dans le cadre de l’aide du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique à  travers le Millenium Challenge Account (MCA) n’aura été que de courte durée. Présentée comme « un moyen efficace de lutte contre la pauvreté », (comme l’a d’ailleurs soutenu le Directeur général Daniel Johanes, qui vient de boucler une visite sur les différents chantiers du MCA dans notre pays), la modernisation de l’aéroport international de Bamako Sénou risque, selon les syndicalistes, de produire l’effet contraire. Le nouvel acquéreur ne serait autre qu’une société canadienne du nom de « SNC Lavalin ». « Si le principe de toute liquidation veut que la société à  privatiser soit en difficulté, tel n’est pas le cas de l’aéroport international de Bamako-Sénou » avaient dénoncé récemment dans la presse les militantes du Collectifs des femmes des aéroports. Pour qui, depuis une dizaine d’années, cette plateforme se présente comme étant le meilleur site aéroportuaire de notre pays. A ce titre, expliquent leurs collègues du Collectif des syndicats des aéroports, Bamako Sénou sert de soutien financier aux autres aéroports du Mali. Pourquoi donc vouloir privatiser une structure, qui a jusqu’à  présent fait des bénéfices et qui s’est régulièrement acquittée de ses obligations fiscales? Les syndicalistes qui se demandent si « ceux-là  mêmes qui s’agitent pour céder Bamako Sénou n’ont pas intérêt à  cette privatisation sauvage? »

Privatisation de la CMDT : la dernière ligne droite

Le ton de la dernière étape du processus de privatisation de la CMDT a été donné hier au CICB avec les travaux de la Conférence des investisseurs pour la cession des actions des filiales. La cérémonie était présidée par le ministre de l’Economie et des Finances, Sanoussi Touré, qui avait à  ses côtés, le Chef de la Mission de Restructuration du Secteur Coton, Fagnanama Koné et le Président Directeur Général de la CMDT , Tiena Coulibaly. Le processus de privatisation de la CMDT s’inscrit en droite ligne du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté 2007-2011 et de la Loi d’Orientation Agricole, qui vise à  faire de ce secteur le moteur de l’économie nationale en vue d’assurer le bien-être des populations. Pourquoi la privatisation Depuis 2001, le gouvernement du Mali a engagé un vaste programme de réforme du secteur coton, dont l’objectif est d’améliorer la performance du secteur et d’accroà®tre sa contribution au développement économique et social de notre pays. Ce processus de réformeS a déjà  franchi plusieurs étapes et la privatisation de la CMDT, au sujet de laquelle les acteurs du coton sont réunis, est considérée comme l’étape ultime de ce processus. A présent, le schéma de privatisation retenu par l’Etat a été la création de quatre filiales, par la scission de la CMDT, et une CMDT holding. Le capital de chacune des filiales serait, par la suite cédé à  hauteur de 61% à  un opérateur privé de référence, contre 20% aux producteurs, 17% à  l’Etat et 2% aux travailleurs. La Conférence des investisseurs, selon le ministre s’inscrit dans la dynamique de l’aboutissement du processus de privatisation de la CMDT. « Elle consistera essentiellement à  échanger avec vous sur toutes les informations utiles concernant la procédure de privatisation, mais aussi sur les données chiffrées relatives à  la situation financière des filiales, leurs équipements industriels, leurs potentialités, ainsi que les perspectives de la filière cotonnière du Mali». « En devenant acquéreurs de lots majoritaires des actions des filiales de la CMDT, vous acceptez de contribuer à  relever, avec nous, le défi de sortir le secteur coton de la crise qu’il traverse depuis d’une décennie et de devenir, ainsi, L4un des acteurs essentiels du processus de développement économique et social de notre pays». Faut-il noter que la privatisation est loin d’être le bout du tunnel. Car, les professionnels du secteur se doivent d’être armés pour faire de ces filiales des entreprises viables et rentables pour le Mali.

Compagnie malienne de développement textile (CMDT) : des perspectives prometteuses

l’application correcte du plan social semble constituer le signe avant coureur d’une privatisation réussie pour la CMDT. Par rapport aux contours de cette privatisation, nous avons approché le PDG de la CMDT, Tienan Coulibaly. Jouissant de sa riche expérience dans le domaine des finances publiques et de son statut de cadre, cet ancien ministre des Finances nous a accordé un entretien. Les raisons d’une crise l’idée de privatiser la CMDT fait suite aux difficultés financières qu’elle a connu il y a 10 ans. A l’origine de cette crise, la chute du cours mondial du coton. Les autorités ont alors initié un vaste programme de réforme dont la privatisation est l’un des volet essentiel. Réforme du secteur l’objet premier de la réforme est que la filière coton reprenne de l’essor et contribue au développement du pays. La première feuille de route de la réforme a été adoptée le 6 juin 2001.Intitulé «lettre de politique de développement du secteur coton », ce document dresse les grandes lignes de réformes envisagées par les autorités. La mise en œuvre d’un certain nombre de mesures devrait servir à  préparer le processus de privatisation. Ce programme a, tout d’abord, fait l’évaluation de la situation financière réelle de la CMDT, avant d’entamer les autres chantiers de la réforme. Fixée au départ pour 2005, la date de privatisation de la CMDT a été repoussée à  2006, pour prendre en compte un ensemble de mesures préparatoires. Recentrage des activités de la CMDT autour du système coton Une autre cause, non moins importante du mal, a indiqué M. Coulibaly, C’’est qu’à  l’époque, la CMDT était retenue par le gouvernement comme « bonne à  tout faire » dans les zones cotonnières. Outre l’activité cotonnière, elle s’occupait de la mise en œuvre de plusieurs autres programmes de l’Etat. A titre d’exemple, la CMDT assurait la Direction régionale de l’agriculture et de l’élevage à  Sikasso, l’alphabétisation fonctionnelle, les travaux de réalisations de pistes rurales…dans certaines zones. Ce qui la rendait inefficace dans l’accomplissement de sa mission première. « Elle était allée largement au delà  de sa compétence normale ». Ainsi, il a paru juste aux autorités de retirer la CMDT de toutes ses missions afin de recentrer son activité sur le coton. Dans le cadre de ce recentrage, les activités connexes de la société ont été supprimées. Cela n’a pas été sans conséquence sur le personnel qui exerçait (au compte de la société) dans les secteurs délaissés. Ce qui a donné lieu à  l’élaboration et l’application, en 2003, d’un premier plan social au bénéfice du personnel excédentaire ainsi libéré. La mise en œuvre des mesures de réforme s’est donc poursuivie. Malgré tout, le nombre des travailleurs paraissait pléthorique. C’’est ainsi qu’un second plan social est apparu nécessaire afin de susciter l’engouement chez les repreneurs de la société.En effet, l’ensemble des programmes de réforme de la CMDT ont été conçus dans le but de booster le secteur du coton au Mali.Ainsi, les autorités ont initié la création de l’Office de classement du coton. « Quand la CMDT achète le coton graine avec les producteurs, le prix est fixé en fonction de la qualité (le 1er, le 2ème et le 3ème choix). Structure unique chargée de gérer l’ensemble des classements du coton, que ce soit le coton graine ou le coton fibre, l’Office veillera à  l’uniformisation des prix du coton malien. Interprofession du coton Aussi l’Office aura pour mission le classement du coton graine et du coton fibre afin d’éviter tout litige au moment ou les sociétés cotonnières négocient sur le prix avec les paysans. Car le standard Mali devra rester le même, autrement dit qu’il n’y ait pas de disparité entre les prix au niveau des 4 compagnies.Comme élément de la réforme, il faut signaler, la mise en place de l’interprofession du coton perçue comme l’une des structures phares de la réforme et une innovation majeure. En effet, l’interprofession du coton est un organe qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière ; à  savoir, les égreneurs, l’Etat, les producteurs. Outre la fonction de fixer les prix aux producteurs fixer, les acteurs qui l’animent sont appelés à  trouver les bonnes formules en commun. l’application du plan social Longtemps attendu, le plan social de la CMDT est finalement tombé en janvier dernier, à  la grande satisfaction des travailleurs. Selon M Coulibaly, le règlement du plan social et la réduction des effectifs avant l’arrivée des privés sont de nature à  encourager ces derniers. Ainsi, dit-il, le montant débloqué par l’Etat permettra la réinsertion socio-économique des travailleurs licenciés (pour motif économique). Pour obéir au principe de diminuer l’effectif toujours pléthorique des travailleurs, il y a eu des critères de sélection. Ainsi, plus de 300 travailleurs ont été mis au plan social. « Au lieu de choisir les travailleurs qui sont partis, nous avons choisi les travailleurs qui sont restés. Nous sommes donc partis du cadre organique de l’ensemble de la CMDT pour remplir les organigrammes, tout en tenant compte d’un certains nombre de contingences et de facteurs sociaux », a indiqué M. Coulibaly. Dans le plan de privatisation retenu, la CMDT sera scindée en 4 grandes filiales, qui seront implantées à  Kita, Sikasso, Koutiala, et Fana. A noter que la CMDT est une Société anonyme dont le capital appartient à  99,49% à  l’Etat. Après sa privatisation, elle sera scindée en quatre (4) sociétés privées, au sein desquelles (chacune) les producteurs de coton détiendront 20% du capital, et les travailleurs de la CMDT 2%. l’Etat malien, pour sa part détiendra 17, tan disque l’actionnaire majoritaire se taillera la part du lion avec 61% du capital de la société.

Affaire des 180 Milliards de la Sotelma : le débat continue

l’affaire de la vente de la Société de télécommunication du Mali (Sotelma)n’ a pas encore connu son épilogue. Après les propos du ministre des finances, Sanoussi Touré, il incombait au président ATT d’éclairer l’opinion nationale sur la gestion des fonds recueillis par la privatisation de la Sotelma ATT se prononce Lors de la cérémonie du vendredi dernier, le président ATT a publiquement annoncé que les actions vendues de la Sotelma représentent la somme de 180 388 175 000 F CFA soit 4% du PIB. Ses propos ont été clairs. Il a instruit au chef du gouvernement la mise en place d’un comité interministériel sous la direction du PM lui-même pour la gestion des fonds récoltés. A en croire le chef de l’Etat, les fonds de la cession seront destinés aux secteurs sociaux, à  savoir, les infrastructures, l’éducation, la santé, les ressources humaines… «Â Ceci est notre vision traduite dans le Projet de développement économique et social (PDES) pour porter progressivement le Mali au rang de pays émergent ». ATT a t-il convaincu ? Nombreux sont pourtant les observateurs restés sceptiques quant aux explications d’ATT. Pour beaucoup, il s’agit d’une mise en scène qui ne trompe personne. l’on se rappelle que la question a été soulevée le week-end dernier, par l’opposition (le groupe parlementaire PARENA-SADI) lors de sa rentrée parlementaire. Depuis, le débat a été relancé. Pour ATT, il s’agissait surtout d’informer l’opinion publique et les autres partenaires sur l’utilisation des ressources issues de la vente des 51% de la Sotelma. Un exercice de transparence auquel le président ATT ne s’était jamais livré. Interpellation à  l’assemblée Nationale Jeudi, le gouvernement était interpellé à  l’Assemblée nationale sur la situation financière à  travers le ministre délégué au près du ministre de l’Economie et des finances chargé du Budget, Lassine Bouaré. Les ressources issues de la privatisation, la comptabilité publique, « l’Initiative riz », la dette intérieure de l’Etat (53 milliards), le dernier rapport du BVG, qui incriminerait des ministres, le budget 2010 étaient au centre des échanges entre l’honorable Koniba Sidibé du groupe parlementaire Parena/Sadi et le ministre Bouaré, informe le Journal Les Echos. A cet égard, l’honorable Sidibé demandera à  ce que les autorités restituent les 180 milliards de F CFA issus de la privatisation de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma).Pour le député, l’utilisation de ce fonds doit faire l’objet d’un débat entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. Il a notamment critiqué la façon dont les 50 milliards de la Banque internationale pour le Mali (BIM-SA) ont été utilisés. Le député a également fustigé l’attitude du gouvernement qui consiste à  dépenser d’abord et à  faire valider ensuite ces dépenses par l’hémicycle, informe le Journal Les Echos. A l’origine de l’ire de l’opposition parlementaire, le fonds Sotelma qui n’a pas été inscrit dans le projet de loi des finances de 2010. Depuis son accession à  la magistrature suprême en 2002, personne n’avait vu ATT se livrer à  l’exercice délicat que constitue, l’utilisation des fonds publics, leurs, origines et leur mode de répartition. Si le compte est bon pour ATT, des questions demeurent. Pourquoi vouloir jouer la carte de la transparence maintenant ? l’audit de vente s’impose, dans la mesure ou la Sotelma n’est pas la première société vendue. Pour Oumar Mariko du Parti SADI, il y a lieu de réfléchir: « Nous allons analyser la question de très près ». l’opposition n’a pas dit son dernier mot dans cette affaire et menace de bloquer le vote de la loi de finances à  l’assemblée, loi qui n’inclut pas les recettes de la vente de la Sotelma, une atteinte grave aux dispositions de la constitution du 25 février 1992, juge certains députés

La BIM-SA sur orbite pour conquérir le marché malien

Un groupe en pleine expansion Un an après sa privatisation, la plus marocaine des banques maliennes est une originalité dans le paysage bancaire de la place. Au bord de la faillite il y a 3 ans, la BIM-SA affichait au moment de sa privatisation en novembre 2008 des résultats plus qu’honorables, qui la plaçaient, selon Jeune Afrique, à  la seconde place des établissements du pays derrière la Banque de développement du Mali (BDM-SA). Son total bilan atteignait 377 millions de dollars à  la fin 2008, pour un résultat net de 27 millions, fruit d’un redressement mené par Mamadou Igor Diarra, nommé depuis ministre de l’énergie et de l’eau. Depuis la prise de contrôle par le groupe marocain AttijariwafaBank, la BIM SA affiche de nouvelles ambitions. Dans un paysage bancaire déjà  encombré de 13 banques, et qui verra bientôt l’arrivée du géant nigérian UBA, elle possède un atout important : faire partie du 7ème groupe bancaire africain (total bilan), qui plus est en pleine expansion. En effet, Attijariwafa a récemment pris pied en Afrique centrale avec le rachat en juin 2009 des filiales du Crédit Agricole, ce qui a porté sa présence à  6 pays d’Afrique subsaharienne (Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal), en plus du Maroc, de la Tunisie, et de la France. Le groupe se positionne ainsi comme une alternative aux filiales des groupes français, pour accompagner le développement de l’Afrique à  travers des financements structurés pour les Etats et les grandes entreprises, mais aussi des prêts aux ménages et PME. Un plan de développement ambitieux Malgré la concurrence de BDM SA, la banque historique de l’Etat malien, et des grands réseaux panafricains comme Ecobank, Bank Of Africa ou Banque Atlantique, le faible taux de bancarisation au Mali, environ 5%, laisse présager des marges de progression importantes. Pour en profiter, la BIM-SA pourra bénéficier du savoir-faire éprouvé de sa maison mère, qui a largement contribué à  la bancarisation du royaume du Maroc. D’ailleurs, la nouvelle équipe de direction, avec à  sa tête Mohammed Krisni, président directeur général, a mené à  son arrivée un diagnostic dont l’aboutissement est le plan de développement triennal. Son principal objectif n’est autre que de faire de la banque « une référence pour la qualité de ses services, et sa réactivité ». Le travail a débuté par l’adaptation de la BIM-SA aux standards internationaux, au niveau du contrôle interne, des systèmes d’information, et de la technologie. En parallèle, la direction prépare un ambitieux plan de développement du réseau, déjà  le plus important du Mali, qui devrait voir la modernisation des 60 agences existantes, et l’implantation d’une vingtaine supplémentaires d’ici 2 ans, pour améliorer le maillage territorial, y compris dans les régions les plus reculées du pays. Au niveau de l’offre, l’institution de l’Avenue de l’Indépendance se positionne sur le créneau de la banque universelle, s’adressant à  toutes les catégories de la population avec des offres ciblées, et innovantes. Premier exemple : le prêt Ramadan de 250 000 F CFA mis en place cette année, à  un taux de 0% . La panoplie de produits devrait bientôt s’étoffer avec des crédits à  la consommation, du crédit bail, ou encore de l’affacturage. En outre, la présence de représentants de la BIM-SA, lors de la fête de l’artisanat malien, en octobre à  Paris, démontre son intérêt pour la clientèle de la diaspora, à  l’instar de sa maison mère pour les Marocains résidants à  l’étranger. Cap sur la formation des jeunes Le volet ressources humaines reste le plus grand défi du plan de développement. Raison pour laquelle dans le cadre de la mise aux normes internationales, la formation des cadres semble être l’une des priorités de la direction de la BIM-SA. « Nous avons recruté 40 jeunes maliens, qui vont apporter du sang neuf, et porter nos effectifs à  304 salariés, dont seulement 4 marocains », précise-t-on de source interne. Tous ces jeunes et la plupart des cadres seront envoyés au Maroc, pour se mettre aux standards du groupe et bénéficier d’une formation de plusieurs mois. Mais qu’en pense le personnel ? « Même si la restructuration de la BIM-SA bouscule un peu nos habitudes, la nouvelle direction nous apporte des méthodes de travail et une technicité qui nous manquaient », reconnaissent plusieurs d’entre eux. Gageons que l’adhésion du personnel de la BIM-SA aux nouveaux projets de la banque sera l’une des clefs de son succès.

Plan social à la Sotelma : des centaines d’employés en attente

Depuis le 31 juillet 2009, date de la cession de la Sotelma à  la société Maroc Télécom, plus de 600 employés (toute catégories confondues) ont mis la clé sous les verrous. Ainsi, ils ont jeté l’éponge non pas par frustration, mais plutôt avec la satisfaction de profiter de la manne financière proposée par le plan social. En effet, ce sont près de 800 agents qui avaient souhaité partir en bénéficiant du plan social que le Gouvernement avait négocié avec la société Maroc Télécom… à  hauteur de 15 milliards de francs. Il faut tout de même rappeler que ledit plan social a mis beaucoup de temps avant adoption. De sources concordantes, il nous est revenu que C’’est cet aspect (plan social) qui serait à  la base du grand retard accusé dans le processus d’adjudication de la Sotelma. Au finish, la pactole des 15 milliards, dégagée à  cet effet n’a pu prendre en charge que 610 travailleurs de la société au lieu d’environ 800 agents à  l’origine. Un plan pour les employés techniciens Aux dires du Secrétaire général du Comité syndical UNTM de la Sotelma, ce sont les employés exerçant des métiers « improductifs », qui ne sont pas directement liés aux activités de la société (C’’est-à -dire, les techniciens en bâtiments, les électriciens…), les malades et les agents proches de la retraite qui ont été priorisés par le plan social. Il faut noter que les 51% des actions de la Sotelma ont été cédés (à  la société Maroc Télécom) à  180 milliards de F CFA. Ainsi, les 19% des actions de la société étaient destinés au grand public, tandis que 10% étaient réservés aux salariés de la société et 20% à  l’Etat. Aussi, au 31 décembre 2007, la société présentait un chiffre d’affaire de 70 milliards de F CFA. Elle se portait relativement bien avant cession au géant marocain.

Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) : les effets pervers de la privatisation

Le projet de plan social HUICOMA ignoré Avec la protection des droits des travailleurs licenciés, le projet de plan social, HUICOMA, a été élaboré (avant la cession) par le gouvernement, le syndicat des travailleurs de HUICOMA et la société HUICOMA-SA. Mais, il a été tout simplement jeté à  l’eau, malgré le fait qu’il garantissait des mesures d’accompagnement,d’indemnisation et de réinsertion socio-économique des travailleurs licenciés. En effet, ledit projet de plan social prévoyait explicitement que « l’acquéreur s’oblige à  mettre en place, dans un délai de soixante jours, à  compter de la date de transfert, un plan social négocié avec les travailleurs et acceptable pour le cédant. Ce plan social sera pris en charge par HUICOMA. Plus loin, le même projet de plan social stipule que l’Etat et la société HUICOMA-SA s’engagent à  effectuer le paiement intégral des montants dus à  tous les agents concernés en une seule tranche et au moment de leur licenciement. « Mais, force est de constater, qu’en dépit des dispositions du projet de plan social, depuis la cession de HUICOMA au groupe TOMOTA en juin 2005, aucun plan social en faveur des travailleurs n’a été mis en place jusqu’à  ce jour. l’engagement de maintien de la totalité du personnel par l’acquéreur n’est pas respecté ; encore moins son engagement à  poursuivre la réalisation de l’objet social de l’HUICOMA, en maintenant les 3 usines (Koutiala, Koulikoro et Kita) pendant une durée minimum de 5 ans. Une vie socio-économique en lambeaux La crise qui a engendrée la privatisation de l’HUICOMA a donné lieu au licenciement de plus de 395 travailleurs. La situation précaire des travailleurs licenciés à  Koulikoro (par exemple) a fini par causer d’énormes troubles sociaux. Au plan socio-économique, la baisse vertigineuse du revenu des ménages, s’est fait cruellement ressentir, causant une dégradation du tissu social. Ainsi, nous assure le greffe du Tribunal de Première Instance de Koulikoro : « une soixantaine de foyers ont vu leur union conjugale, partir en fumée. Cela était bien prévisible dans la mesure oà¹, la plupart des chefs de famille (ne travaillant plus), ne pouvaient faire face aux charges familiales. Il faut aussi ajouter certains cas de décès, une vague de déguerpissement dans des maisons louées… Aussi, certains parmi ces licenciés, pour échapper à  la stigmatisation, se sont convertis dans le métier d’extraction de sable(dans le fleuve) en attendant des lendemains meilleurs ». La mauvaise foi des autorités Le premier rôle qui revenait à  l’Etat, était de veiller strictement à  l’application du plan social, deux mois après la cession de l’HUICOMA au Groupe TOMOTA. Ce qui n’a point été fait. Selon le porte-parole du collectif des licenciés, M. Ibrahim Diarra, « à€ aucun moment, nos gouvernants ne se sont souciés de la mise en place d’un plan social au profit des travailleurs qui sont au nombre de 900. Les autorités ne se sont pas préoccupées de la violation de tous les textes en matière du travail et de sécurité sociale (code du travail et code de prévoyance sociale). Pourtant, le droit réclamé par les travailleurs licenciés, ne sauraient être de trop pour l’Etat qui a empoché 9 milliards, suite à  la cession de ses 84,13 % d’actions ». Une gestion défaillante Pendant ce temps, l’HUICOMA, depuis sa cession, subit une véritable descente aux enfers par sa calamiteuse gestion. Aux dires du président du collectif des travailleurs licenciés, Boubacar Samaké, la société se portait économiquement très bien avant la privatisation, contrairement à  ce que nos autorités ont laissé croire. Et mieux, poursuit-il, l’Etat n’a jamais eu la clairvoyance de l’accompagner financièrement. « Aujourd’hui, il est très regrettable de constater que l’HUICOMA coule progressivement vers un avenir incertain », a-t-il déploré. Au grand dam des dispositions prévues dans le protocole, le repreneur (le Groupe TOMOTA) quant à  lui, a bénéficié de la part de l’Etat, d’avantages exceptionnels. Les effets pervers de la privatisation Il s’agit notamment de la diminution du prix de la graine de coton : de 47 500 Fcfa TTC prix HUICOMA avant cession à  12 500 Fcfa TTC, après cession au groupe TOMOTA ; l’exonération sur une période de huit (8) ans…Mais, le constat est aujourd’hui amer puisque : l’HUICOMA est pratiquement à  l’arrêt, après seulement trois années de gestion. Sur le marché, aucun produit de la société n’est présent (huile, savon, aliment bétail et crème karité) et tous les prix ont doublé avec l’arrivée massive de produits étrangers. Les villes industrielles de Koutiala, Koulikoro et Kita sont aujourd’hui des villes mortes, les retombées indirectes de ces unités sur les activités connexes (transports, commerce, location, restauration) étant estompées. Des travailleurs, déterminés à  se faire entendre « Un droit ne se donne pas, mais s’arrache », cet adage semble inspirer la démarche entreprise par le collectif des travailleurs licenciés de l’HUICOMA des suites de sa privatisation. En effet, le collectif s’est plus que jamais assigné le devoir de prendre ses destinées en mains (en restant solidaire), nonobstant les méfaits du grotesque coup bas que lui a infligé le bradage de l’HUICOMA. Ainsi, le collectif des travailleurs licenciés a saisi toutes les autorités administratives du pays impliquées dans la gestion du dossier, et a même adressé une lettre, ouverte au Président de la République (lequel, en son temps, avait donné l’assurance que la privatisation n’interviendrait que lorsqu’un plan social consensuel aura été mis en place) pour lui manifester leur indignation et leur colère. Pour sortir la société HUICOMA de l’ornière, l’Etat devra donc relancer dans le cadre d’une délégation de gestion et mettre les travailleurs licenciés dans tous leurs droits.