Le programme sportif des candidats

Quelles propositions pour le sport de haut niveau ? Pour le développement de la pratique sportive au Mali ? Quid des anciennes gloires ? Une nouvelle compétition majeure dans le pays ? À quelques jours de l’élection présidentielle, petit tour des propositions des candidats.

A dix jours du scrutin présidentiel, le sport apparait comme le parent pauvre dans les programmes des différents candidats. Évoqué en coup de vent chez certains, comme Aliou Boubacar Diallo, qui se contente d’un « faire du sport un facteur privilégié de l’épanouissement de notre jeunesse », il ne dispose pas de plus d’attention de la part de l’ancien Premier ministre de la transition Cheick Modibo Diarra. Trois malheureux paragraphes y sont consacrés. Mais ledeux « outsiders » ont au moins le mérite de l’évoquer. Chez les candidats Yeah Samaké ou encore Modibo Kadjoké, aucune mention. Alors oui, les observateurs pourront toujours avancer les nombreux défis prioritaires (crise au nord et au centre, chômage des jeunes, insécurité) auxquels le pays doit faire face, des casses têtes dans les sports il y en a aussi. Énormément. Infrastructures vétustes ou inexistantes, moyens limités pour de nombreuses fédérations, politique à améliorer pour les sportifs de haut niveau.

Similitudes

Dans le fond, les programmes se ressemblent assez. Développement du sport d’élite, construction d’infrastructures sportives ou encore amélioration de la pratique sportive pour les personnes handicapées. Sur ce dernier point, les candidats se sont tous engagés à parapher un manifeste selon Amadou Diarra, Président de la Fédération malienne de sport pour personnes handicapées. Modibo Kadjoké et Cheick Harouna Sankaré l’ont déjà signé. Soumaila Cissé et Modibo Sidibé devraient bientôt leur emboiter le pas. Le manifeste stipule que les candidats s’engagent à la création d’un Comité national paralympique et à l’achat d’équipements, entre autres. « Je n’ai vu aucun candidat parler spécifiquement de développement du sport. Ils doivent comprendre que c’est un élément essentiel d’intégration sociale pour les personnes handicapées », regrette le Président. Néanmoins, certaines singularités se dégagent. Le candidat de l’URD par exemple. Soumaila Cissé propose de « concentrer les efforts sur les disciplines où le Mali a le plus de chances de remporter des médailles ». Le porte-étendard du NPP, Modibo Sidibé, veut mettre en place des mesures fiscales incitatives, qui faciliteront la sponsorisation. Il veut en outre remettre en état le Champ hippique de Bamako, objet de tant de remous ces derniers mois.

Nouvelle grandes compétitions ?

Se définissant dans son programme comme un grand amateur de sport, le candidat indépendant Mohamed Aly Bathily assure qu’il « favoriserait tout projet d’accueil de compétitions sportives régionales ou internationales sur notre territoire, s’il s’avère pertinent, durable et viable économiquement ». Une nouvelle Coupe d’Afrique des Nations dans le pays ? Beaucoup de Maliens seraient réceptifs à l’idée. Vision partagée par Housseini Amion Guindo. L’ancien ministre des Sports propose de soutenir la candidature du Mali à l’organisation d’une nouvelle CAN, après celle de 2002. Par contre, ce ne serait pas avant 2025, les éditions 2019, 2021 et 2023 étant déjà attribuées. Nous en sommes encore loin, mais une compétition de ce type serait un grand succès, à l’heure où les vestiges de la compétition de 2002 prennent un sacré coup de vieux. Consacrant un sous-axe de ses propositions au sport, il entend créer cinq lycées sportifs régionaux pour l’amélioration de la performance sportive. « Aucun des candidats ne peut parler de sport, Guindo est l’exception, il a été ministre des Sports, mais pour quel bilan ? ll n’est pas vraiment une bonne référence » estime Abidine Maiga, 1er Vice-président de la Fédération malienne de rugby.

Retour des anciennes gloires

Les héros d’hier seront célébrés. Pour la plupart oubliés après leurs carrières sportives, ils devraient être de retour sur le devant de la scène. Le premier Ballon d’Or africain, Salif Keita, regrettait que le Mali ne reconnaisse pas le mérite de ces « Champions ».  Candidat malheureux en 2013, le chef de file de l’opposition entend instaurer une « politique d’utilisation des compétences des anciennes gloires, un système de reconnaissance et d’accompagnement de l’État ». « Ce sont des promesses politiques, certes, mais ce serait bien si elles pouvaient devenir effectives. Nous avons beaucoup de peine, il y a un système mis en place pour nous bloquer », commente l’ancien capitaine des Aigles du Mali Soumaila Coulibaly.

Le plus complet

Il est à chercher du côté du candidat Oumar Mariko. Oui, cela peut étonner, mais ses propositions pour le sport sont les mieux structurées. Même s’il met un accent particulier sur les sportifs d’élite, 11 des 17 mesures qu’il entend prendre lui sont consacrées. Il souhaite notamment « l’insertion du sportif d’élite non travailleur » ou encore « favoriser le maintien de nos sportifs d’élite dans notre pays par la professionnalisation du sport ».