PS-Yéelen Kura : Entre survie et déconfiture

Après la première conférence nationale du parti PS-Yéelen Kura, Amadou Koita, le désormais ex-porte-parole de l’opposition, a décidé de rejoindre la majorité présidentielle, pour que la nation malienne se réconcilie avec elle-même. Un choix qui ne fait pas l’unanimité aujourd’hui dans le camp de l’opposition comme de la majorité.

Répondre à l’appel du Président IBK pour sauver le Mali, c’est la litanie inlassablement psalmodiée par les cadres du parti. « Ils ne sont que des prétentieux, des jeunots politiques et leur chef Amadou Koita n’est qu’un opportuniste qui veut gouter toutes les sauces ’’, lâche un cadre d’un parti de l’opposition. Pour ce dernier, un rappel succinct de quelques faits ou évènements permet de se rendre compte que le PS-Yéelen était depuis longtemps dans une logique de ralliement au pouvoir. « Croire le contraire serait étonnant », déclare cet autre cadre de l’opposition. Il s’agit entre autre du fameux communiqué du samedi 07 mai 2016 dans lequel le parti informait l’opinion qu’il suspendait sa participation à la marche de l’opposition prévu le 21 mai, au motif qu’il coïncidait avec le grand meeting pour la paix et la réconciliation nationale. «Les masques sont tombés, après la tenue de la première conférence du parti, lorsque le président Koita a appelé les militants à soutenir les initiatives du Président IBK», ajoute-t’il. Pour cette militante qui était aux côtés d’Amadou Koita au sein du front pour la démocratie et la république (FDR), ce départ qu’elle considère comme un non-évènement était prévisible. «Nous avons senti le départ de Koita. On le voyait chaque fois avec Moussa Timbiné, le président de la jeunesse RPM et président du groupe parlementaire du même parti à l’Assemblée nationale ». Avant d’ajouter « Je suis tellement déçue de lui que je n’ai même pas de qualificatif pour juger son comportement. Moi qui pensais qu’il avait une idéologie, je me rends compte maintenant qu’il n’était finalement pas différent des autres ».

Au sein de la majorité présidentielle pour beaucoup Koita a fait un bon choix. « J’approuve parfaitement ce qu’il a fait, c’est un démocrate qui a répondu à l’appel du président IBK pour construire le Mali », souligne un responsable RPM de la commune IV. Cependant, cette alliance avec le PS-Yéelen Kura, au sein de la mouvance présidentielle, n’inspire pas forcément confiance. «Je pense que Koita n’avait plus le choix. A l’opposition, les grandes formations n’avaient pas accepté de faire alliance avec son parti pour aller aux élections communales. Son parti est aujourd’hui entre la survie et la déconfiture ». Et de poursuivre « même si je suis content qu’il soit un des nôtre, je suis tout de même méfiant », conclut ce cadre du RPM.

21 mai : Une date, deux évènements

Bamako sera éminemment politique le samedi 21 mai prochain. Deux grandes manifestations sont en effet prévues ce jour-là. Avec des questionnements sur cette « coïncidence » de calendrier…

Décidée à crier son rejet de la politique menée par le pouvoir, l’opposition sera finalement dans la rue ce 21 mai. Elle avait dû reporter la manifestation, initialement prévue le 23 avril, suite à la maladie du président de la République. Quelques heures plus tard, ce même 21 mai, aura lieu le meeting pour la paix et la réconciliation, organisé par la société civile et certains partis politiques. Les deux commissions d’organisation sont à pied d’œuvre, malgré le fait que ces évènements soient au cœur d’une polémique qui n’en finit pas d’enfler.

Évènements contradictoires ? C’est en tout cas ce que prétendent les pourfendeurs de l’opposition, à l’image du député RPM Yacouba Traoré, qui affirmait le week-end dernier que « la marche n’est pas l’action indiquée ». Un argument que les organisateurs de l’opposition balaient en rappelant que le Mali est un pays où chacun a le droit de faire entendre sa voix. Même si certains, à l’image des partis PS Yelen Coura et PRVM Fasoko se sont déjà désolidarisés de la marche de protestation, pas question donc de faire marche arrière.

Or, parmi les organisateurs du meeting de l’après-midi se retrouvent certains acteurs de la manifestation de protestation. Faudra-t-il choisir ? Oui, assurent certains militants de l’opposition pour qui le meeting est organisé à la même date pour tuer la marche de l’opposition. « Nous ne renoncerons pas à cette marche, même si la majorité ramène Amadou Toumani Touré. Nous marcherons pour dénoncer les dérives du pouvoir et non pour faire plaisir à quelqu’un », déclare une jeune leader de l’opposition. Pour le PDES, rien n’empêche de prendre part aux deux activités. « Le retour d’ATT c’est notre priorité. Nous participerons à la marche, car nous sommes un parti de l’opposition. Je pense que nous aurons des retombés politiques de ces deux événements», affirme Nouhoun Togo, chargé de la communication du PDES.

À quelques heures des deux manifestations, les rumeurs vont bon train et augmentent la tension  entre les deux « camps ». On évoque même une troisième manifestation, qui aurait lieu au même moment que la marche de protestation, cette fois-ci dans le but avoué d’y faire barrage. Toute chose qui pousse à s’inquiéter d’éventuels débordements samedi prochain. Du côté de l’URD, tête de file de la contestation, on se veut rassurant : « toutes les mesures sont prises pour faire face ». Des centaines de jeunes devraient être déployés en plus du dispositif policier habituel…