Chantier du camp d’Abéibara détruit, l’Etat doit réagir!

C’est sur une radio de la capitale que les bamakois ont découvert le lundi dernier qu’il se déroulait dans la ville situé au Nord-est du pays, une scène digne des films de guerre. Un ouvrier travaillant sur le chantier d’un camp militaire en construction dans la localité y racontait que le lieu avait été pris d’assaut par des individus armés arrivés pas dizaine dans des véhicules tous terrains . « Ils sont venus sur les lieux en voiture. Ils étaient nerveux. l’un d’eux a dit : +Si nous revenons ici, C’’est pour tuer », a-t-il déclaré par téléphone à  nos confrères. La construction de cette infrastructure qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre du Programme spécial pour la paix et le développement du Nord-Mali ne semble pas être au goût de tout le monde. Il est vrai que la zone est le fief de trafiquants de stupéfiants et autres contrebandiers qui n’ont aucun intérêt à  voir l’autorité de l’Etat restaurer dans la région. Ce ne serait donc qu’une bande de voyous armés qui s’en est pris au chantier. Le vol de matériaux de construction et d’une grosse somme d’argent, plusieurs millions de nos francs selon notre témoin, un ouvrier qui précise que l’opération a eu lieu un jour de paye et que le matériel de chantier a été détruit à  coup d’explosifs. Les assaillants se seraient identifiés comme des membres de la rébellion. Du coté des autorités on se veut rassurant. La sécurité sera renforcée dans la région d’Abéibara, selon le ministre des Affaires étrangères Soumeilou Boubeye Maà¯ga qui affirme que «ce n’est ni un règlement de compte, ni l’œuvre d’Aqmi ». Depuis plusieurs mois, les autorités maliennes ont marqué leur volonté de prendre en main le no man’s land du Nord du pays. Cela passe par la construction d’infrastructures sociales et sécuritaires. La construction de camps militaires dans une région o๠l’insécurité grandissante n’a pour pendant que le manque criard de moyen de ceux qui sont censés la combattre a été saluée par tous, à  commencer par les populations. Mais, il semble que la chose ne sera pas facile à  réaliser. Trop d’intérêts en jeu. Il convient à  présent de tirer les leçons de cet incident d’Abéibara. C’est le bouton d’alarme que les auteurs de cette attaque ont allumé en venant nargué de cette façon les autorités politiques et militaires. Une manière de dire «Â ici, c’est notre territoire, vous n’avez rien à  y faire ! ». Va-t-on laisser la situation telle quelle ? A un moment o๠le pays essaie de corriger son image à  l’extérieur, o๠le tourisme se meurt à  cause justement de l’insécurité (avérée ou supposée) dans la région, un tel acte ne peut rester sans suite. Le fait que le chantier n’était pas sécurisé démontre que l’on a quelque peu minimiser la capacité de nuisance des bandes qui sévissent dans la zone. Une erreur que les autorités se doivent de rattraper rapidement si elles veulent garder intact l’espoir suscité au sein des populations par le lancement, il y a à  peine quelques semaines, du Programme spécial pour la paix et le développement au nord Mali (PSPDN). En urgence.

Nord Mali: La paix par le dévéloppement

C’’est la salle des banquets de la Présidence de la République qui a servi de cadre ce mardi 9 août au lancement du Programme spécial pour la Paix et le Développement des Régions du nord Mali (Pspdn). La cérémonie était présidée par le Chef de l’Etat. Ce projet a cinq composantes : composante gouvernance, composante sécurité, composante développement socio-économique, composante finançant les activités génératrices de revenu, composante communication. Il a pour objectif, selon son coordinateur Mohamed Ag Erlaf, de rendre disponibles des infrastructures sociales, des équipements et la formation nécessaires pour l’armée, l’administration et le secteur privé. A travers le Programme, une quarantaine d’infrastructures verront le jour au nord. Il prévoit également une vaste campagne de sensibilisation qui ciblera plus de 10 000 citoyens pour la première phase. M. Ag Erlaf a fait noter que la deuxième phase du Programme sera focalisée sur la région de Tombouctou. Pour le Président de la République, la position stratégique du Mali dans la bande Sahélo sahélienne exige de notre pays de garantir une certaine stabilité politique et sociale. « Après réflexion nous nous rendons compte que la situation militaire n’est pas déterminante », dira-t-il. Pour Amadou Toumani Touré, pour pouvoir faire face aux problèmes multiformes du nord de notre pays, il faut maà®triser deux facteurs : l’espace et la population. l’implantation des casernes, des commissariats, des locaux, et des administrations locales permettra d’occuper l’espace. A en croire le président ATT, le développement est une réponse aux problèmes des populations. « C’’est à  partir de tout cela que nous avons dégagé la politique nationale de lutte contre le terrorisme et le banditisme au nord Mali. Sur ce programme national, nous avons dégagé des axes prioritaires », ajoutera le Chef de l’Etat, qui précise que C’’est suite à  cette politique nationale que le PSPSDN est établi pour deux ans (2010-2012). Ce programme serait donc une solution adéquate aux questions liées au terrorisme et au grand banditisme qui sévissent dans la Bande sahélo-sahélienne. l’Etat malien entend désormais s’attaquer avec efficacité aux causes de l’insécurité au nord du pays.