Le Mali, de bon élève de la démocratie à recordman des coups d’État

Comme en 2012 avec ATT, le régime d’IBK a pris fin par un coup d’État militaire le 18 août 2020, suivi de la démission contrainte du désormais ex Président de la République. Le Mali, en l’espace de huit ans, aura connu deux renversements de pouvoirs démocratiquement établis avant l’échéance constitutionnelle. Deux coups de force militaires qui font régresser la démocratie malienne, jadis citée en Afrique de l’ouest en exemple. Pour certains, ce mal récurrent est la grave conséquence d’une gouvernance largement en deçà des aspirations profondes du peuple malien.

« Je voudrais en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien pour son accompagnement le long de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement », a déclaré Ibrahim Boubacar Keita le 19 août 2020, après avoir été arrêté quelques heures plutôt par des militaires à la suite d’une mutinerie.

Ainsi se terminaient des mois de turbulences et de manifestations enclenchées par le M5-RFP pour réclamer la démission du Président de la République. Mais, contre les aspirations des leaders de ce mouvement, et comme en 2012, ce sont les militaires qui ont pris les devants par un coup d’État contre le régime d’IBK, même si, dans la forme, ils ont pu obtenir que le Président de la République sortant annonce lui-même qu’il rendait son tablier.

« Regrettables » mais « compréhensibles »

L’histoire semble se répéter au Mali et, pour certains observateurs, les causes de cette répétition sont légitimes, même si aucun n’applaudit l’interruption anticonstitutionnelle du processus démocratique dans le pays.

Khalid Dembélé, analyste politique au CRAPES, pense que le contexte dans lequel  ATT avait  été déposé en 2012 et celui dans lequel IBK a été contraint à la démission le 19 août ont un point commun : l’incapacité des deux hommes à diriger le pays et à instaurer un système de gouvernance vertueuse.

« En 2020, c’est à la suite de manifestations populaires de citoyens qui semblaient ne pas être d’accord avec le cap fixé par les gouvernants que les militaires ont saisi  l’opportunité de renverser le régime d’IBK », pointe-t-il, avant de souligner que la démocratie est un concept local qui doit d’abord s’adapter aux réalités locales.

« Tant que les gouvernants ne parviendront pas à mettre en place ce genre de système, il va toujours falloir s’attendre à ce que le processus démocratique soit interrompu par des insurrections populaires et bouclé par des coups d’État », regrette M. Dembélé.

Si, pour Bréhima Sidibé, Secrétaire général adjoint des Fare An Ka Wuli, il est fort regrettable que le Mali, qui était « apprécié à travers le monde entier pour sa démocratie », en soit arrivé là aujourd’hui, cela peut toutefois se comprendre.

« Le coup d’État est  désigné comme un crime imprescriptible dans la Constitution de 1992. Mais cela devrait être accompagné de mesures. Il aurait fallu que les hommes politiques, ceux qui ont la lourde responsabilité de conduire les affaires de l’État, le fassent conformément à cette même Constitution et de la façon la plus irréprochable possible. À partir du moment où ce n’est pas le cas, c’est la porte ouverte à toutes les aventures », se désole-t-il.

À l’en croire, dès que ceux qui doivent garantir le respect de la loi sont les premiers à la fouler aux pieds, il est difficile d’échapper à certaines situations. « Nous pouvons avoir les meilleurs textes du monde, s’ils ne sont pas appliqués, ils deviendront pires que de mauvais textes ».

Mauvaise habitude

Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par les militaires pour assurer la continuité de l’État a pris un certain nombre de mesures et assure vouloir asseoir une transition civile, qui aboutira à des élections générales dans des « délais convenables ».

Mais certains analystes craignent toujours que le Mali ne soit pas totalement débarrassé du spectre des coups d’État militaires dans les prochaines années, notamment après l’installation d’un nouveau pouvoir démocratiquement élu.

« Je pense qu’après les prochaines élections, il faut que le Président élu soit à la disposition des Maliens et non d’un clan. Le clientélisme et le clanisme sont aujourd’hui à la base de ce que nous vivons », affirme le politologue Bréhima Mamadou Koné.

« Il faut que l’on s’inscrive désormais dans un système où les gouvernants rendent compte au peuple de ce qui est fait en son nom. Tant que nous n’arriverons pas à asseoir un État de droit respectueux des valeurs démocratiques, nous ne serons pas sortis de l’auberge », prévient-il.

Coup d’État du 18 août : Le film de la journée

Alors qu’un climat de panique s’est installé sur Bamako, réveillé tôt par une mutinerie de militaires au camp Soundiata Kéïta de Kati, le mardi 18 août, au Monument de l’Indépendance se tient un regroupement, semble-t-il spontané, d’une centaine de jeunes, impatients de voir le Président Ibrahim Boubacar Kéïta démissionner. Ibrahim Traoré, mécanicien, habits tâchés d’huile, est convaincu du départ d’IBK cet après-midi. « L’armée républicaine malienne a décidé de prendre les choses en main. Nous sommes derrière elle, parce qu’elle veut nous libérer d’un régime corrompu et dictatorial. Que le peuple malien nous rejoigne massivement pour fêter le départ de ce régime. Un nouveau Mali va naître ce soir à minuit », prédit-il. Dans la nuit du mardi au mercredi, la prophétie d’Ibrahim s’est réalisée. Arrêté à sa résidence privée de Sébénikoro avec son Premier ministre, Boubou Cissé, vers 16h 30, et conduit à la garnison militaire de Kati, le désormais ex Président de la République a, contraint, déclaré sa démission vers minuit. « Je voudrais en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien pour son accompagnement le long de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement », a-t-il déclaré. L’histoire ne cesse de se répéter. Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta venait d’être chassé du pouvoir un mardi, comme ses prédécesseurs Modibo Kéïta et Moussa Traoré.

Kati a encore fait peur à Bamako. Tout est parti de cette ville-garnison, à 15 km de la capitale, tristement célèbre pour son putsch de 2012 contre le Président Amadou Toumani Touré. Le même scénario s’est répété ce mardi 18 août 2020. Très tôt le matin, vers 8 heures, le commandant Abdoulaye Gakou, chef de bataillon adjoint du camp, regroupe les militaires. Même si le coup semble bien préparé en amont, certains militaires présents affirment ne pas savoir ce qui va se passer. Le colonel Malick Diaw, ancien du CNDRE, qui a dirigé un groupement tactique interarmées en 2016, vient s’adresser aux troupes. « Je vous retourne votre vérité aujourd’hui », dit-il aux militaires. Un instant, les mots sortent difficilement de sa bouche, à cause de l’émotion. Rapidement, il se dirige vers sa voiture, une Toyota Corolla de couleur grise, prend son arme, tire en l’air et demande aux militaires d’aller prendre des armes. Les soldats s’exécutent. Le magasin d’armes a été ouvert et les mutins s’arment lourdement. Certains ont été dépêchés à la Poudrière, à moins d’une vingtaine de kilomètres de la ville de Kati. Là, blindés, munitions et autres armes lourdes sont en train d’être acheminés. Pendant ce temps, à Bamako, d’autres éléments procèdent à des arrestations. « Le gros du travail a été effectué par des éléments de la police nationale. Alors qu’on se préparait à Kati, ils arrêtaient des ministres, des députés et autres personnalités. Leur choix pour cette mission n’est pas fortuit. Ils sont toujours avec eux et savent là où ils peuvent être », explique un militaire.  

C’est ainsi que, de la matinée jusqu’à tard dans l’après-midi, plusieurs personnalités politiques et militaires ont été arrêtées. Ce sont, entre autres, le Président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, le ministre de l’Économie et des finances, Abdoulaye Daffé, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et M’Bemba Moussa Keïta, ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, et plusieurs autres hauts gradés.

La Cité administrative a été interdite d’accès et des forces de sécurité se postent en sentinelle devant les bâtiments.

Colère

À côté des mouvements de militaires, plusieurs jeunes se rassemblent vers 13h au Monument de l’Indépendance pour exprimer leur soutien aux mutins. Ils scandent des slogans et propos hostiles au Président Ibrahim Boubacar Kéïta et à la France. Un vieux tacot supporte péniblement deux enceintes, qui crachent les paroles d’une chanson de Tiken Jah Fakoly « quitte le pouvoir, quitte le pouvoir, je te dis quitte le pouvoir ». « Nous sommes ici pour montrer à l’armée malienne que nous sommes derrière elle. Que tous ceux qui hésitent se joignent au combat. On attend que les militaires viennent nous dire qu’IBK a démissionné, sinon on ne rentrera pas à la maison », prévient Elimane Niang, membre de la jeunesse M5-RFP de la Commune III.

Alors que des rumeurs faisant étant de la démission d’IBK se faisaient entendre, certains sont révoltés. Ils ont peur que les militaires aillent signer un compromis avec lui pour le faire sortir du pays. Ils souhaitent qu’il soit jugé et condamné. « En cet instant, on entend qu’IBK a déposé sa démission. Celle-là, on n’en veut plus. Il doit être arrêté, ainsi que les membres de son régime, et jugé. Ceux qui sont morts ne le seront pas pour rien. Les derniers mots d’un de nos camarades de lutte ont été de ne pas arrêter le combat. Si jamais IBK s’en tire facilement, c’est comme si on l’avait trahi »,  prévient un manifestant, très excité. 

La nature des colères est diverse mais elles se rejoignent toutes au niveau des problèmes de gouvernance, que beaucoup voudraient voir changer dans le futur. Kadiatou Traoré est diplômée sans emploi. Habillée d’un complet wax, foulard rose sur la tête, elle a perdu son père, militaire, sur le théâtre des opérations au nord du Mali. Et elle ne cache pas sa colère contre IBK et son régime. « Qu’IBK s’en aille. Aujourd’hui, je suis contente pour deux choses : Moussa Timbiné est aux mains des militaires ainsi que Karim Kéïta. Et, d’ici à 16 heures, le Président de la République sera arrêté. Ce sont nos pères qui sont morts au front. Même le Pharaon n’a pas gouverné de la façon dont IBK l’a fait. Avec le nouveau pouvoir à venir, j’espère que nous pourrions étudier. Que Dieu nous donne un président qui saura bien diriger le pays et que la France ne se mêle pas des affaires maliennes ».

Oumou N’diaye est habillée aux couleurs du Mali. Membre du M5-RFP, elle tient un balai, une branche de neem avec des feuilles, une tapette et une spatule. « Nous, les femmes, sommes là depuis le 5 juin. Nous exigeons qu’IBK démissionne, avec son régime. S’il ne s’en va pas de gré, il s’en ira de force. Ce sont nos maris et nos enfants qui sont tués au Nord. IBK a fait tuer des innocents jusque dans une mosquée. Il a été maudit par le bon Dieu, c’est pourquoi les militaires se sont levés.  Un Musulman ne fait pas cela. Avec ce balai, on va le balayer avec son régime maléfique, qui tombera à l’image de chacune des feuilles de cette branche qui tombe », déclare-t-elle.

Cris de joie

Jusqu’à 15 heures, tout le monde est dans le flou total. « Assistons-nous à un coup d’État ou juste à une mutinerie de militaires en colère ? ». C’était la grande question. Mais les choses ont bientôt commencé à paraitre plus claires. Plusieurs centaines d’éléments des forces de défense et de sécurité, lourdement armés d’armes de guerre, ont pris la direction de Sébénikoro, résidence du Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Arrivés au niveau du Monument de l’Indépendance, ils ont tiré des coups de feu en l’air, sous les hourras des manifestants, qui leur tendent la main. Une pluie a arrosé les manifestants, qui y ont vu un signe divin. « Dieu ne dort pas. Le pouvoir maléfique est parti. Enfin ! », s’exclame un manifestant.

Les putschistes sont arrivés à la résidence d’IBK, à Sébénikoro en même temps que plusieurs manifestants, qui les ont suivis. Embouteillage monstre. Un blindé est posté devant l’accès menant directement à la résidence. Joyeux, les soldats tirent en l’air.  Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta est avec son Premier ministre, Boubou Cissé. Des militaires se présentent à eux et leur demandent de les suivre. IBK est mis dans un Toyota V8 noir et Boubou Cissé dans un blanc. Ils sont escortés par les militaires jusqu’au camp de Kati.

Vandales aux aguets

Les rangs des manifestants ne cessent de grossir. Certains affirment attendre d’investir la maison d’IBK. « Il y a de l’or là-dedans », jurent-ils. Cependant, d’autres ont déjà trouvé une mine, qu’ils exploitent : la maison du fils du président, Karim Kéïta, située seulement à quelques mètres de celle du chef de l’État. La maison est pillée. Tout est emporté. Des tonnes de ciment, déposées dans un magasin, sont enlevées par les habitants du quartier. La piscine, dans l’enceinte de la cour, sert de cadre à une « after party » pour des adolescents. Aux environs de 21 heures, la station Total, près du pont « Woyowayanko », à l’entrée de Sébénikoro, est vandalisée. Les pompes à carburant sont détruites et les marchandises de l’alimentation emportées. Une boutique de mode, dans l’enceinte de la cour de la station Shell, près de la maison d’IBK, est cassée et tous les effets dérobés. Les éléments de la Garde nationale qui assuraient la sécurité de la maison du président, pour mettre fin aux pillages, font des tirs de sommation et lancent des gaz lacrymogènes afin de faire fuir les pilleurs.

Des actes de vandalisme se sont également déroulés en d’autres endroits. Pendant que les uns et les autres étaient impatients, au Monument de l’Indépendance, du départ du Président de la République, certains manifestants en colère se sont attaqués au cabinet du ministre de la Justice du gouvernement restreint, Me Kassoum Tapo, à Bamako-coura. Du monument on pouvait voir une épaisse fumée noire se dégageant du bâtiment. Du mobilier de bureau, des portes, des climatiseurs et bien d’autres objet sont emportés. Des vandales ont été pris au piège au niveau du quatrième étage. Les accès aux escaliers de secours et à ceux menant à la sortie étant condamnés par le feu, certains décident de sauter du balcon.

En bas, le reste des manifestants se donne pour mission de les rattraper à l’aide d’un matelas dérobé. Quatre jeunes sautent du quatrième étage, mais l’un d’entre eux est blessé au bras. Il est rapidement conduit au centre de santé pour des soins. Des manifestants ont aussi essayé de s’attaquer à l’annexe du ministère des Finances, non loin du monument, mais en ont été empêchés par d’autres manifestants.

Dans la nuit du 18 au 19 août, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission et celle du gouvernement. Il a également dissout l’Assemblée nationale. L’épilogue d’une longue journée qui a mis fin à sa présidence.

 

Repères : 18 août 2020

8h : Début de la mutinerie au camp Soundiata de Kati

8h : Arrestation du ministre de l’Économie et des finances

Vers 9h : Arrestation du Président de l’Assemblée nationale

13h : Des manifestants investissent le Boulevard de l’Indépendance

Vers 13h : Arrestation des ministres de la Défense et de la Sécurité et de plusieurs haut gradés

16h : Alors que les putchistes sont à Bamako, un communiqué du Premier ministre demande aux militaires de faire taire les armes

16h30 : Le Président de la République et son Premier ministre sont arrêtés à Sébénicoro, puis conduits au camp Soundiata de Kati

00h : Dans un message télévisé, le Président de la République annonce sa démission

EXCLUSIVITÉ : Derek Matyszak : « Cela semble être la fin de l’ère Mugabe »

Il régnait d’une main de fer sur le Zimbabwe depuis 37 ans, le chef de l’État, Robert Mugabe, 93 ans, a vu sa position de force basculée suite à une intervention militaire, ce matin. Les locaux de la radio nationale ainsi que certains bâtiments publics et officiels ont été pris d’assaut dans la nuit de mardi à mercredi. Ce bouleversement politique intervient après le limogeage de l’ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, pressenti pour succéder à Robert Mugabe. Alors que son épouse vise également la fonction suprême. En exclusivité pour le Journal du Mali, Derek Matyszak, nous accorde cet entretien. Ce consultant de l’Institute for Security, à Pretoria, mais actuellement basé, à Harare est un témoin privilégié de cet événement.

Journal du Mali : Les militaires disent que ce n’est pas un putsch mais comment interpréter cet événement ?

Derek Matyszak : Les militaires ont déclaré qu’ils effectuaient une courte intervention chirurgicale et incisive pour « extraire » les éléments contre-révolutionnaires du parti au pouvoir, le ZANU PF. Ils disent que ce groupe contre-révolutionnaire déstabilise le parti au pouvoir et donc le pays, et qu’ils sont constitutionnellement tenus de le défendre. Ils ont déclaré qu’une fois leur devoir accompli, ils retourneront à la caserne. Cependant, leurs actions constituent clairement une ingérence inconstitutionnelle dans les affaires politiques.

Certaines personnes appartenant à l’entourage de Robert Mugabe ont été arrêtées. Mais qui sont-elles concrètement ?

Les personnes qui ont été arrêtées appartiennent à une faction particulière du Zanu-PF connue sous le nom de G40. Ce groupe a essayé d’empêcher la succession à la présidence par Emmerson Mnangagwa, qui a le soutien de l’armée. Lorsque ce dernier a été limogé par le président Mugabe, le 6 novembre dernier, l’armée a décidé de protéger son statut de successeur.

Le vice-président Mnangagwa est destitué et Grace Mugabe est désignée comme la succeseur de son mari, cette intervention militaire peut être considérée comme un avertissement pour le pouvoir ? Une nouvelle ère pour le paysage politique ?

Cela semble être la fin de l’ère Mugabe. Mnangagwa sera installé en tant que président. La question est de savoir s’il a l’intention de chercher une sorte d’alliance avec les groupements d’opposition pour former un gouvernement technocratique pour sauver l’économie zimbabwéenne qui est au bord de l’effondrement.

 

 

Sall et Boni à Ouagadougou ce vendredi

Le Président Michel Kafando et certains de ses ministres ont été libérés et sont rentrés chez eux, selon les putschistes qui annoncent que le Président de la Transition a été placé en résidence surveillé. Le Premier Ministre Zida reste quant à  lui en détention. Les tractations sont en cours pour tenter de ramener le pays dans la légalité et les présidents sénégalais et béninois sont attendus dans la capitale burkinabè pour entamer une médiation. « L’objectif à  cela est de parvenir à  un retour à  une vie constitutionnelle normale, à  la libération du président et du Premier ministre qui sont otages, et à  la libération de tous les ministres », a déclaré le ministre béninois des affaires étrangères, Saliou Akadiri, à  la télévision nationale. La garde présidentielle du Burkina Faso avait annoncé jeudi la dissolution du gouvernement de transition et la création d’un nouveau « conseil national pour la démocratie » dirigé par le général Gilbert Diendéré, bras droit de l’ancien président Blaise Compaoré. Un coup d’à‰tat militaire qui intervient alors que le pays s’acheminait vers des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre, censées clore la transition ouverte après la chute de Blaise Compaoré il y a un an. Le général Gilbert Diendéré a promis d’organiser « rapidement » des élections prévues à  l’origine en octobre. « Mais nous pensons discuter de cela avec les acteurs qui sont concernés notamment les partis politiques et les organisations de la société civile », a-t-il ajouté. Le putsch a été unanimement condamné par la communauté internationale: l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cédéao.

Les confessions du colonel Abidine Guindo

Le colonel Abidine Guindo, du 33è régiment des commandos parachutistes, un corp d’élite de l’armée malienne aurait avoué les faits qui lui sont reprochés, à  savoir son implication dans la tentative de contre coup d’état du 30 avril 2012; Ces évènements, rappelons le, avaient opposé les bérets rouges aux bérets verts, lors d’un affrontement sanglant qui avait vu la prise de l’ORTM et de l’aéroport international. Immédiatement, Abidine Guindo, proche d’ATT, a tout de suite été visé par les hommes de Sanogo. C’est donc le 11 juillet qu’il sera arrêté et mis sous détention au camp 1 de la gendarmerie de Bamako dans un lieu sûr. Les aveux d’un colonel « Si aux premières heures de son arrestation, ni sa famille, ni son avocat n’ont pu le rencontrer aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre. En effet l’homme qui était le plus recherché par les hommes d’Amadou Haya Sanogo depuis le 30 Avril, a accepté de collaborer avec les enquêteurs. Gardé dans un lieu sûr, l’ancien chef des corps des commandos parachutistes est bien traité et bien portant. Il reçoit régulièrement des visites de sa famille et de son avocat. Selon nos informations proches du dossier, l’ex- aide de camp du président déchu Amadou Toumani Touré a reconnu les faits sans ambages qui lui sont reprochés, précise l’hebdomadaire Mutation. D’après les aveux de l’homme, l’opération du 30 avril n’est pas le fait d’un seul homme. « Le colonel a affirmé avoir obtenu du soutien de plusieurs personnes dont certains responsables politiques de la place tant sur le plan matériel que financier », poursuit Mutation. Autre révélation de taille, Abdine Guindo a déclaré qu’il avait volontairement mis les noms de certains sous-officiers et officiers supérieurs dans sa liste sans les informer. C’’est dire qu’on risque d’assister à  une libération de ces personnes injustement accusés par Abdine dans les prochains jours. Ces révélations de l’ex aide de camp d’ATT, vont t’elle calmer le jeu au sein des forces de défense ? Après les évènements du 30 avril, de nombreux bérets rouges avaient été pourchassés, d’autre détenus à  Kati dans des conditions inhumaines. Les épouses de bérets rouges, sont plusieurs fois montées au créneau pour dénoncer une chasse aux soircières orchestrée par l’ex junte du Capitaine Sanogo. Et dernièrement, la tension entre policiers, a mis en exergue une division profonse au sein de l’armée malienne, dont la mission première est pourtant d’assurer la cohésion nationale mais aussi de restaurer l’intégrité

Avis de tempête sur la COPAM et le FDR

Aux dernières  nouvelle, la Coordination patriotique pour le Mali (COPAM), organisation pro-putsch, devait se réunir mardi pour sceller le sort de son président, Hamadoun Amion Guindo.  l’objet de  cette réunion est de déposer ces deux figures de proues des partisans du coup d’Etat du 22 mars, accusées de haute trahison par leurs pairs pour avoir favorisé leurs proches dans la formation du gouvernement d’union nationale. La COPAM, bientôt une coquille vide ? Ce regroupement vit sans doute les dernières heures de son existence, marquée par un soutien aux putschistes du CNRDRE au moment o๠la communauté internationale condamnait le coup d’Etat avec la dernière énergie. Si les deux responsables sont débarqués, la COPAM ne sera plus qu’une coquille vide. l’organisation avait déjà  été affaiblie par l’agression le 21 mai du président de la République par intérim d’alors, Dioncounda Traoré. Une agression dont les circonstances ont notamment conduit à  la condamnation à  six mois de prison avec sursis d’Hamadoun Amion Guindo, de Younouss Hamèye Dicko et Rokia Sanogo du MP22. Au FDR, la formation du nouveau gouvernement a laissé des traces La mésentente entre les leaders de la COPAM et ceux de son allié du MP22 mené par Oumar Mariko au sujet de la participation du regroupement au gouvernement montre également que l’alliance bat de l’aile. En face, dans le camp des anti-putsch du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république (dit F, il n’y a pas non plus de quoi parader. Les frustrations y sont grandes. La démission de Kassoum Tapo du titre de porte-parole peut être vue comme un signe annonciateur d’une éventuelle dislocation du FDR . Les choix des ministres du FDR au sein du gouvernement ont fait grincer des dents au sein de la famille des anti-putsch, qui accuse par ailleurs le président Dioncouda Traoré d’être trop laxiste à  l’égard du Premier ministre Cheick Modibo Diarra.

Concertation Nationale, c’est pour bientôt…

C’est un « comité technique » dirigé par la COPAM qui a été créé le 15 août dernier. Son rôle, « l’élaboration des termes de références de la concertation nationale pour la conduite de la transition ». En effet, la grande concertation nationale, appelée de tous ses voeux par la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM,proche de l’ex-junte minitaire), ne prendra aucune décision mais permettra plutôt de réfléchir au devenir de la transition mise en place après le putsch du 22 mars dernier. Composé de sept membres, le comité sera présidé par un membre de la COPAM et comptera des représentants du Haut conseil islamique du Mali mais aussi d’une coalition soutenant l’ex-Premier ministre Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK Mali 2012). Un membre d’une organisation féminine, un militaire et un expert feraient également partie de ce comité. Le bon timing Cette information, qui circule dans la capitale Bamako mais qui n’a pas été officiellement annoncée, fait penser que finalement la poire aura été coupée en deux. La COPAM, qui ne participe pas au gouvernement d’union nationale formé le 20 aout dernier, avait réclamé la tenue de la concertation avant tout autre chose. Requête jugée irrecevable par les partis anti-putsch, réunis au sein du FDR.Pour la COPAM, c’est au peuple et à  lui seul de décider de son avenir et en particulier de la gestion de la transition. l’idée serait, selon un proche du chef du gouvernement qui s’est confié à  l’AFP, de « baliser la transition » mise en place après le coup d’Etat du 22 mars dernier et le départ de l’ex chef d’Etat, Amadou Toumani Touré. « Ces journées de concertation ne seront pas du tout une conférence nationale souveraine. Elles ne vont pas durer plus de 48 heures et ne remettront pas du tout en cause les acquis », ajoute-til. Bien qu’aucune date ne soit fixée pour l’instant, la tenue de ces assises à  court terme, permet donc de donner satisfaction à  la COPAM menée par Oumar Mariko et le leader syndicaliste Amion Guindo. Et même si la rencontre n’aura pas pour objectif de prendre des décisions, elle servira certainement de cadre pour que chacun « puisse vider son sac », tant les rancoeurs apparues depuis l’éclatement de la crise en mars dernier sont nombreuses.

Il était une fois…le 8 juin

Il avait maintes fois répété qu’il ne briguerait pas un troisième mandant, pressé d’en finir avec un pouvoir vacillant et un nord o๠rougeoyaient les cendres d’une rébellion jamais éteinte. ATT n’aura donc pas le privilège de passer le témoin. Pourtant nul ne pouvait imaginer que ce 8 juin, le Mali aurait été le théâtre d’un scénario cauchemardesque. Avec un président par intérim molesté par son peuple, un gouvernement de transition qui tente de trouver la meilleure stratégie de reconquête du nord, avec une classe politique à  couteaux tirés et des informations judiciaires tous azimuts pour débusquer les auteurs, les complices, les responsables du désordre malien. Ce 8 juin 2012, il y a fort à  parier qu’ATT pensera au Mali comme jamais. Une date qui nous rappellera les limites d’une démocratie de façade à  laquelle nos amis de la communauté internationale, auront longtemps cru, jusqu’au 22 mars 2012. Mais il n’y aura pas qu’ATT pour les réminiscences. Tous ceux qui rêvaient de Koulouba vivront ce 8 juin comme un acte manqué. Une date à  laquelle l’un de ces quatre candidats à  la présidentielle qu’étaient Soumaila Cissé, Ibrahim Boubacar Keita, Dioncounda Traoré et Modibo Sidibé, aurait été investi à  la tête du Mali. Aujourd’hui, toutes ces figures politiques majeures méditent à  un avenir politique incertain. Et dans toute cette débandade, il faut croire qu’un seul homme a gagné le jackpot, après avoir mis sens dessus-dessous le pays, précipité le nord aux mains des rebelles et islamistes avant de se laver les mains de l’objectif de départ : sauver le Mali de ses ennemis ! Il n’y a pas de djihad plus grand que celui que l’on mène contre soi-même. Alors mon capitaine, n’êtes-vous finalement le héros triste de ce 8 juin 2012 ? Mais comme l’a dit un homme puissant, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ! Aussi ce 8 juin devra marquer un nouveau tournant, celui d’un changement dans la manière de faire de la politique. Le début d’un nouveau processus démocratique et une restauration de l’idée d’unité, de patriotisme et d’entente entre peuples d’un même territoire. Un long combat commence pour la terre de Soundjata, de Samory, de Biton, mais si le Mali a perdu une partie de son territoire, il devra désormais gagner en noblesse. La vraie !

Transition : Dioncounda reste

BAMAKO — L’accord de principe entre l’Afrique de l’Ouest et les putschistes du 22 mars au Mali pour le maintien du président intérimaire Dioncounda Traoré à  la tête de la transition suscitait dimanche une joie mesurée dans les camps des opposants et partisans du putsch à  Bamako. « C’est plutôt une bonne nouvelle. Maintenant, il faut avoir une feuille de route très claire pour éviter des couacs », a déclaré à  l’AFP Soumaà¯la Diakité, responsable d’un des partis du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR, opposé au putsch). Samedi soir, l’ex-junte militaire ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré et des médiateurs dépêchés à  Bamako par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont annoncé avoir trouvé un accord de principe, selon lequel l’ex-junte accepte le maintien du président intérimaire Dioncounda Traoré à  la tête de la transition au Mali, en pleine crise depuis le putsch. Les deux parties ont indiqué qu’elles poursuivraient les discussions pour définir des « mesures d’accompagnement », sans plus de détails. « Il y a accord de principe sur le nom du président de transition, mais il y a tout le reste toujours en discussions », a affirmé à  l’AFP Mahamane Maà¯ga, responsable d’un des partis du Mouvement populaire du 22 mars (MP22, front favorable au putsch). « Le processus n’est pas terminé », il faut en attendre l’issue pour être fixé », a-t-il ajouté. Les médiateurs de la Cédéao poursuivaient dimanche leurs discussions sur la question. Samedi soir, l’un d’entre deux, le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, a indiqué qu’ils resteraient à  Bamako « le temps nécessaire ». Les auteurs du coup d’Etat du 22 mars sont restés jusque-là  incontournables, bien qu’ils aient officiellement rendu le pouvoir aux civils en vertu d’un accord-cadre conclu avec la Cédéao le 6 avril. Ils entendaient faire partir Dioncounda Traoré dès mardi prochain, au terme du délai constitutionnel de 40 jours pourtant déclaré intenable dans l’accord-cadre. La Cédéao avait au départ prévu une transition d’un an, mais aucune précision sur la durée du processus n’a été donnée samedi à  Bamako et à  Abidjan, o๠s’est tenu une réunion de ministres ouest-africains notamment sur la crise au Mali.

L’amnistie des putschistes votée

Après son adoption en Conseil des Ministres, le 6 mai 2012, il restait aux députés de voter la fameuse Loi d’amnistie des membres du CNRDRE, auteurs du coup d’Etat et des troubles sociopolitiques que traverse le Mali depuis le 22 mars 2012. Voté ce vendredi 18 avril, à  l’unanimité des députés présents, l’amnistie «Â bénéficie aux officiers, sous officiers, hommes de rang et toutes autres personnes leur ayant apporté un concours ». «Â Violation de la constitution » Condamné par la communauté internationale, les partis politiques et la société civile, le coup d’Etat du 22 Mars 2012 est contraire à  la Constitution du Mali. «Â Tout coup d’Etat ou push est un crime imprescriptible contre le peuple malien », stipule l’article 121 de la Constitution du 25 février 1992. Celui du 22 Mars, a été émaillé d’infractions et d’atteinte à  la sureté de l’Etat. Destruction de biens publics, violence, enlèvements, séquestration, et pillages etC’… Les nouveaux maitres du pays (CNRDRE) ont pris le pouvoir en destituant l’autorité d’Amadou Toumani Touré. Face à  l’embargo de la CEDEAO, les membres du CNRDRE se sont engagés à  rétablir l’ordre constitutionnel normal. En incluant dans l’Accord Cadre signé le 1er Avril entre les deux parties, une loi d’amnistie pour les militaires. Apaiser le climat social… Pour Me Kassoum Tapo, rapporteur de la Commission Loi, le vote de la loi d’amnistie des putschistes, «Â ne doit pas préjudicier aux droits des victimes ». Pour l‘avocat, la loi permettra à  toutes victimes de bénéficier d’une indemnisation. Autre justification du vote, le rétablissement de la paix civile et de la cohésion sociale. « Il subsistera certainement quelques amertumes. De part et d’autres, il y aura des frustrations à  inhiber. Tout dépendra de la capacité des maliens à  dépasser les ranC’œurs d’un passé récent », précise de son côté, Abouzeidi Ousmane Maiga, de la Commission des Affaires étrangères des Maliens de l’extérieur et l’intégration Africaine (CAEMEIA)… Cela en attendant de choisir un nouveau président de transition…

Kati couleur kaki

Les habitants de Kati auraient pu mener la vie paisible destinée à  ceux qui vivent à  15km de la capitale, dans une ville entourée de collines et de verdure. C’’était sans compter le coup de sang des bérets verts du camp Soundiata Keà¯ta, qui ont transformé depuis le 22 mars la ville en un vaste camp militaire. Quartier général des putschistes, Kati fait l’objet de toutes les attentions. Les bérets rouges l’ont attaquée le 30 avril lors d’une tentative avortée de contre-coup d’Etat. Depuis le 22 mars, les populations doivent s’habituer aux treillis et aux claquements des armes à  feu. « Un simple pneu qui éclate provoque la panique » Les vendeurs ambulants évitent de se rendre à  proximité du camp militaire. « Vue la situation je préfère m’éloigner » témoigne Modibo Diallo, vendeur de montres et de lunettes. « Un simple pneu qui éclate provoque la panique au marché », commente un taximan local. Les katois doivent désormais se faire aux nombreux contrôles d’identité et aux fouilles censés protéger la ville-bunker. « Une fois J’avais oublié ma carte d’identité dans mon bureau. Arrivé vers Samè, o๠des barrages étaient érigés partout, J’ai été menacé par un militaire qui m’a obligé à  faire demi-tour pour retourner chercher ma pièce d’identité », témoigne un employé de banque. La tension était à  son comble le 10 mai, quand en fin d’après-midi une fausse alerte au sujet d’une contre-attaque de mercenaires a circulé dans la ville. « Les militaires nous ont fait rentrer chez nous en nous disant que les mercenaires étaient en position pour lancer un assaut sur Kati. Jusqu’au matin nous avons prié Dieu. » Une inquiétude partagée par certains militaires. « Dieu seul peut nous sauver, on ne sait pas quand les mercenaires peuvent faire irruption, malgré les mesures de sécurité », témoignait Ibrahim Dagno, caporal chef, en poste à  l’un des barrages. « Tout se décide chez nous » Malgré la situation angoissante certains habitants trouvent quand même de quoi se réjouir. « Notre ville est désormais la capitale du Mali, tout se décide chez nous », lance une femme dans le quartier Noumorila. D’autres voient dans l’arrivée au pouvoir des militaires de Kati des signes, et les griots s’en donnent à  C’œur joie. « Kati a été fondée par Bourama Koné, un chef guerrier. C’’était un homme courageux car à  l’époque, les Niarés de Bamako lui avaient déconseillé de s’installer à  Kati car la ville était hantée par les esprits. Il s’y était installé malgré tout », raconte Mamadou Diabaté, l’un des griots de Kati. « Le capitaine Sanogo est sur les traces de ces grands hommes qui ne connaissaient pas la peur. Il a permis à  tous les Maliens de connaitre le vrai Mali », clame t-il…

Madani Tall : « S’unir derrière Dioncounda Traoré »

Il est midi ce mercredi 21 mars lorsque des rumeurs de mutinerie à  Kati parviennent jusqu’au domicile de Madani Tall. Accompagné de deux journalistes, le président du parti Avenir et Développement du Mali (ADM) décide de monter au palais présidentiel, sur la colline de Koulouba. Il n’en redescendra qu’en fin de soirée, après les combats. « Pluies de balles » « C’’était un moment très émouvant pour la famille ADM de constater que son mentor avait échappé aux pluies de balles des mutins », a commenté tragiquement le secrétaire général Boubacar Makanguilé au cours d’une conférence de presse le 5 avril. Pour Madani Tall, dont le parti est membre du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FU, «le capitaine Sanogo semble être quelqu’un de raisonnable mais il faut qu’il retourne dans les casernes avec ses camarades pour remettre le pouvoir aux civils.» S’unir derrière Dioncounda Traoré Partisan d’un retour à  l’ordre constitutionnel Madani Tall cite la Constitution selon laquelle « le coup d’Etat est un crime imprescriptible contre le peuple malien ». Il invite à  « s’unir derrière Dioncounda Traoré », le président de l’Assemblée nationale. « En cas de vacance du pouvoir, le président de l’assemblée nationale assure l’intérim et organise les élections dans un délais de 45 jours » stipule la Constitution. Madani Tall se dit par ailleurs favorable à  l’intervention de la CEDEAO, selon lui indispensable pour reconquérir les trois régions du Mali tombées aux mains des rebelles. Le maintien au pouvoir de la junte a logiquement conduit à  des sanctions de l’organisation régionale, estime-t-il, en pressant les militaires de libérer les détenus politiques.

Bourse du Travail : Affrontements entre pro-putschistes et anti-puschistes

Cela fait maintenant une semaine que le Mali vit dans les troubles depuis le coup d’état du 22 Mars à  travers les différentes marches des mouvances pour ou contre la junte. Et ce 29 Mars, des affrontements entre pro-putschistes soutenues par certains partis politiques et les anti-puschistes regroupés au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie (FU ont eu lieu à  la Bourse du Travail. l’incident s’est produit vers 10 heures au moment o๠les jeunes et les femmes étaient réunis devant la bourse du travail en attendant les responsables du meeting. C’est alors qu’une pluie de pierres venant s’est abattue sur les manifestants, provoquant un mouvement de panique général. Les jeunes du FDR ont ensuite riposté contre leurs agresseurs. Durant une heure, des lancets de pierre ont émaillé la Bourse du travail et détourné l’objectif de la marche. Un jeune militant pro-putschiste est ensuite tombé dans les mains des jeunes du FUDR. Bilan de cet affrontement, des blessés légers. Au même moment, d’autres manifestants ont envahi l’aéroport de Bamako Sénou o๠était attendue une délégation de chefs d’états de la CEDEAO en visite au Mali, ce qui poussé à  l’annulation de la réunion. Le FUDR monte au créaneau La veille, les responsables du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie, (FU étaient face à  la presse à  la bourse du travail pour annoncer la marche de protestation des partis politiques et de la sociétés civiles regroupés au sein du FUDR en soutien à  la CEDEAO dont la mission a du pourtant être annulée. Selon Kassoum Tapo, porte-parole du FUDR, il s’agit d’exiger à  la junte le retour à  l’ordre constitutionnel. « Aujourd’hui la question est de défendre la démocratie remise en cause par le coup des jeunes militaires » précise Tièman Coulibaly, le président de l’UDD. D’autres responsabilités ont dénoncé l’inutilité d’un coup de force à  un mois des élections. De même qu’Iba Ndiaye, le premier vice président de l’Adema a dénoncé la situation extrêment tendue qui prévaut à  Bamako :  » Il serait regrettable que nous en arrivions à  autre chose ».

Djibril Bassolé : « Le dialogue avec la junte n’est pas rompu »

Retour rapide à  l’ordre constitutionnel ou possibilité d’une transition, le communiqué final du Sommet Extraordinaire de la CEDEAO tenu le 27 Mars à  Abidjan a été clair : « Si la junte n’acceptait pas de surseoir au putsch, une intervention militaire pourrait être envisagée: «Â Je crois qu’on se dirige vers un scénario à  la nigérienne, avec une assemblée constituante prenant en compte toutes les tendances de la société… », confie un diplomate sur place. Dès 9h, le tarmac de l’aéroport de Bamako Sénou s’est vu envahi de journalistes, de militaires de la junte et de membres du protocole ce 29 Mars pour attendre la mission des 5 chefs d’Etats de la CEDEAO, mission constituée d’Ellen Johnson du Libéria, Yayi Boni du Bénin, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cédéao en cours de route. Mais lorsque les journalistes apprennent que la visite est annulée, C’’est l’agacement général. A 10h30, le chef de la junte, président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a fait une entrée spectaculaire un peu à  la manière d’un Dadis malien et des manifestants ont forcé les grilles et investi le tarmac. Sur les pancartes, des slogans hostiles : «Â A bas la Cédéao» ! «Non à  l’impérialisme ». «Â Vive la junte au pouvoir » Le capitaine Sanogo s’est ensuite offert un bain de foule, avant de disparaà®tre dans le salon d’honneur de l’aéroport. D’après des témoins, il aurait demandé aux manifestants de libérer le tarmac pour laisser atterir les avions. Mais on se demande pourquoi la sécurité a laissé entrer les manifestants dans l’enceinte de l’aéroport réservé aux chefs d’états. Le CNRDRE l’a t-il fait exprès ? Des manifestations, au même moment, agitaient Bamako, entre partisans du CNRDRE et forces anti-junte à  la Bourse du Travail. Le dialogue n’est pas rompu Après l’annonce de l’annulation de la mission, des discussions ont eu lieu entre le chef de la junte et certains ministres présents à  Bamako. D‘après Djibril Bassolé, le ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso, rien n’est perdu: « Les conditions de sécurité n’étaient pas réunies, mais la junte est disposée, nous nous sommes écoutés et nous allons maintenant restituer cet entretien à  nos chefs d’états respectifs. Mais soyez sûrs que le dialogue n’est pas rompu ». Tout comme L’honorable Bictogo Adama, Ministre Ivoirien de l’Intégration Africaine, a souligné l’environnement peu propice à  la tenue de la rencontre qui a dû être différée. Mais ce qui est plus étonnant de la part de la CEDEAO, c’est de vouloir faire venir en grosse délégation au Mali, six chefs d’états, deux jours après la réunion d’Abijdan vu le contexte agité. Du reste, le capitaine Sanogo n’a fait aucune déclaration à  la presse après l’annulation de la mission. Le chef de la junte malienne n’envisage pas de se retirer. Il aurait par ailleurs demandé à  la Cédéao de l’aider à  réaliser une réforme de l’armée malienne, et expliqué que les conditions ne sont pas réunies pour tenir les élections à  la fin avril comme prévu, rapporte RFI. Les Chefs d’états en mission de la CEDEAO ont eux pris le chemin d’Abidjan pour une réunion d’urgence. « Ceci montre bien l’incapacité de la CEDEAO à  gérer cette crise, une petite manifestation et ces chefs d’états rebroussent chemin! », commente un photographe déçu. « Il n’y avait pas grand-chose à  espérer de cette rencontre, et je ne crois pas que la CEDEAO soit la solution à  ce problème », ajoute un diplomate en sourdine. « Le plus curieux, C’’est cette décision brusque de venir à  Bamako, alors que la situation ne le permettait pas ». A Bamako, la situation reste tendue avec les nombreuses manifestations qui ont émaillé ce jeudi en faveur mais aussi contre la junte au pouvoir. Une autre grande manifestation est prévue ce samedi au stade du 26 Mars de Bamako à  l’initiative du Mouvement Patriotique du 22 Mars…

Le FUDR en croisade contre la junte au pouvoir

La junte au pouvoir fait face à  désormais à  un front de partis politiques qui tente d’affaiblir le coup de force perpétré jeudi 22 Mars par les hommes du capitaine Sanogo, en renversant le régime d’Amadou Toumani Touré. Alors que de nombreux leaders de la classe politique comme Ibrahim Boubacar Keita du RPM et Soumaila Cissé de l’URD ont condamné avec vigueur le coup d’état, le FUDR, un front de 38 partis politiques dont l’Adema et l’URD, appellent à  marcher ce lundi et à  lutter contre le putsch « anticonstitutionnel ». Objectif, le retour à  l’ordre consitutionnel. Dimanche soir, le CNRDR, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE, junte) a mis en garde, dans un communiqué lu dimanche soir sur la télévision publique ORTM (tenue par les mutins), contre tout débordement à  l’occasion de manifestations lundi, férié au Mali pour célébrer le 26 mars 1991. Pour rappel historique, Amadou Toumani Touré renversait le général Moussa Traoré, après un soulèvement populaire durement réprimé. 22 mars, 26 Mars, à  quelques jours près, l’histoire aurait fait un doublé. Sauf que le coup de force du 22 Mars 2012, a été orchestré sans bain de sang, fort heureusement et sans grande résistance. A tel point, que certains se demandent ce lundi matin, si ce coup de force a une réelle légimité ? La France a réclamé le respect du calendrier électoral et assuré qu' »ATT » restait pour elle « le président du Mali », sans toutefois exiger explicitement son retour au pouvoir. Le sort d’Amadou Toumani Touré demeure inconnu. La junte a assuré qu’il « va très bien » et est « en sécurité », mais sans dire o๠il se trouve, ni s’il est en détention. Quatorze personnalités du régime déchu arrêtées et détenues au camp de Kati, QG du nouveau pouvoir près de Bamako, ont entamé dimanche une grève de la faim, selon un proche d’un détenu, pour protester contre leurs « droits élémentaires violés ». Kidal aux mains des rebelles ? Sur le front du Nord, l’avancée des rebelles se poursuit. Après Anéfis, situé entre Gao et Kidal, c’est le coeur de l’Adrar des Ifoguas, au nord est du Mali, qui est visé. D’apères le groupe islamiste armé touareg Ansar Dine, Kidal serait presque tombée, alors que l’amée affirmait dans un communiqué avoir repoussé une offensive dimanche soir. Le mouvement Ancar Dine, veut appliquer la charia (loi islamique) par « la lutte armée » et a déjà  revendiqué le contrôle des localités d’Aguelhok, Tessalit et Tinezawaten (nord-est). Un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se tient à  Abidjan mardi pour tenter d’esquisser une sortie de crise.

Niger : une République impossible ?

La tension née de cette situation n’avait pas cessé depuis quelques mois de se développer pour aboutir à  une véritable crise politique Le dispositif qui entourait Tandja a manqué de discernement et n’a pas été en mesure de saisir les possibilités offertes par la médiation de la CDEAO pour arriver à  une solution acceptée par les différentes parties. Le jusqu’auboutisme des extrémistes des deux camps ne pouvait qu’aboutir à  une issue néfaste pour l’avenir du pays. Cet opportunisme conquérant engendra au fil du temps une pratique politique trop partisane rendant quasiment impossible l’émergence d’une culture de dialogue dans l’espace public. Le fil des négociations n’était pas totalement rompu. Tandja n’avait cependant ni les moyens politiques ni la marge de manœuvre économique ni même, peut-être, la volonté de s’isoler définitivement du reste de la classe politique et de la communauté internationale… Dans ces conditions, le coup d’Etat fait naà®tre légitimement une suspicion sur ses motivations. Au risque de ramer à  contre-courant, nous devons aisément admettre qu’il n’est pas indispensable de croire que la force soit la solution la meilleure pour débloquer une situation créée de toutes pièces par les seules insuffisances de la classe politique. Le recours à  l’armée est forcément dommageable pour l’Etat et pour la démocratie. Ce coup d’Etat risque de poser plus de problèmes qu’il ne peut en résoudre, car il renforce l’idée déjà  hélas fort répandue que la force est un moyen presque banal de réguler la vie politique du pays. De plus, il alourdit davantage encore le climat politique en ne pouvant effacer ni les divisions ni les crispations et déplace forcément les lignes de conflit en créant d’autres oppositions. Ce qui pourrait compliquer considérablement l’avènement d’une réelle réconciliation nationale. La Ve et la VIe République n’ont rien de fondamentalement différent qui pourrait justifier la crise majeure qui a conduit à  ce coup d’Etat. Les deux textes constitutionnels ont été rédigés surtout pour régler des problèmes de circonstance. Le peuple n’avait pas eu d’autres choix que de les « accepter ». Les leaders qui ont partagé avec Tandja la paternité de la Ve République et qui l’ont accompagné dans sa gestion pendant ces dix dernières années ne peuvent pas sérieusement nous expliquer aujourd’hui qu’ils sont les seuls « Démocrates » et que « lui » serait devenu subitement un dictateur. Tandja est l’un des acteurs importants de la vie politique nigérienne depuis le coup d’Etat du 15 avril 1974. Il a bâti sa popularité sur une vision simple, voire simpliste, de la politique et de la gestion des affaires publiques. Nos « Démocrates » se sont toujours accommodés de ses méthodes, même quand celles-ci avaient pris une tournure ouvertement dangereuse pour l’unité nationale et pour la cohésion du pays. Aujourd’hui, une difficulté de taille pour les ténors de l’ancienne opposition est d’obtenir l’arrêt des poursuites judicaires qui les visent sans donner l’impression qu’ils instrumentalisent la justice à  leur tour ! Ils doivent, en effet, se défaire de ces accusations pour envisager sereinement les prochaines échéances électorales. Il serait catastrophique pour la crédibilité du Niger que les autorités des Ve et VIe républiques aient lancé des mandats d’arrêt internationaux sans éléments tangibles pour le faire… Restaurer, C’’est semer les germes du prochain coup d’Etat Le pays a besoin d’une introspection qui établira les raisons profondes de son instabilité et démontrera l’incapacité de ses élites à  produire des règles de gouvernance partagées par l’ensemble de la population, règles ayant donc la légitimité nécessaire pour être défendues contre tout usurpateur potentiel. Le Niger ne s’étant jamais doté de ce genre d’institutions, il est tout à  faire hasardeux de prétendre que ce qui n’a jamais existé puisse mériter d’être aujourd’hui restauré ! La stabilité relative observée sous les deux mandats de Tandja était due plus à  un malentendu à  propos de l’alternance qu’à  la qualité intrinsèque des institutions… Seule une volonté politique éclairée et patriotique des responsables de cette transition pourrait empêcher que la classe politique actuelle ne continue à  patauger dans ses contradictions et à  maintenir le pays dans une instabilité chronique. La refondation de l’Etat et de la République demeure une nécessité absolue si nous voulons sortir de la confusion institutionnelle issue de la Conférence nationale. Tout dépendra de la personnalité du nouveau chef de l’Etat. De sa capacité surtout à  contenir les ardeurs de certains de ses compagnons et à  désamorcer les incompréhensions qui pourraient s’amplifier au sein de l’armée. Le nouveau chef de l’Etat doit avoir conscience qu’il engage un pari difficile avec l’Histoire en choisissant de provoquer une crise dont le caractère salutaire n’est pas gagné d’avance. Sa crédibilité se mesurera à  la capacité dont il fera preuve pour se défaire de l’image du facilitateur au service d’un clan et à  poser rapidement des actes qui montrent qu’il agit pour l’intérêt du pays. Pour cela, il devra créer les conditions d’une véritable rénovation politique qui signifierait notamment une redistribution des cartes avec un renouvellement de la classe politique. Au lieu de nous gargariser avec le mot « démocratie », sans prendre d’ailleurs la peine de définir ce que nous y mettons, essayons d’imaginer des règles de gouvernance qui feront que chaque Nigérien se sentira représenté et protégé par les institutions de son pays, même quand il ne partage pas les choix de gestion de l’équipe au pouvoir. Tant que ce préalable n’est pas établi, nous ne ferons que ce que le tamasheq appelle « Alataf fel Chilken » « faire des tresses sur des poux », autrement dit construire sur des bases dont la qualité hypothèque la pérennité de l’œuvre. Il faut absolument que l’Etat soit bâti sur des fondations qui résistent aux aléas politiques conjoncturels. Aléas qui existeront toujours au gré des ambitions et des contradictions des différents acteurs politiques. Comprendre et accepter cette nuance est déjà  un pas vers la stabilité et la consolidation du sentiment national. Une transition fondatrice d’espoir Les Nigériens ont besoin de voir que le pays avance vers des lendemains qu’ils espèrent meilleurs. Que la guerre contre la malgouvernance quitte le discours pour se répandre dans leur quotidien. Que la lutte contre la corruption institutionnalisée soit une priorité absolue à  tous les niveaux de l’Etat. Que la Justice retrouve enfin les moyens politiques de mettre fin à  la culture de l’impunité. Que le citoyen vive au plus près les décisions qui influencent directement sa vie quotidienne. Que l’appartenance à  un groupe socioculturel ne soit ni un handicap ni un tremplin pour réussir son projet de vie… Ne partageons pas la position de ceux qui insistent pour réduire au minimum la durée de cette transition, car nous sommes à  nouveau à  un carrefour qui pourrait nous mener vers le meilleur, mais le pire est toujours possible. La période de transition devra durer le temps qu’il faudra pour mener une large consultation nationale dont les conclusions serviraient à  la rédaction d’une nouvelle Constitution. Une Constitution et des institutions dont la légitimité ne saurait faire l’objet d’aucune équivoque, car elle serait le fruit d’une large concertation nationale sans tabous ni précipitation. Ces débats ne devraient pas se limiter à  des considérations techniques, car nous ne sommes pas encore au stade o๠les préoccupations de la classe politique peuvent uniquement porter sur le dosage des pouvoirs entre les différentes institutions de l’Etat. Le vrai débat devrait se situer ailleurs, notamment sur le meilleur système à  mettre en place pour que tous les Nigériens puissent se reconnaà®tre dans les institutions de leur pays. Cela passe par une mise à  plat des règles essentielles qui doivent régir le fonctionnement de l’Etat pour garantir la cohésion nationale et sociale et veiller au respect des équilibres nécessaires à  la stabilité du pays. ll s’agira notamment d’accepter, enfin, de traiter la question du Nord dans un souci de réconciliation et de construction nationale. Un groupe de travail pourrait se charger de faire un état des lieux sur cette question et proposer des pistes qui seraient débattues lors d’un forum national. Une résolution définitive de cette question est d’autant plus urgente que le contexte géopolitique devient de plus en plus menaçant et que le Niger ne peut pas se permettre d’entretenir des querelles internes qui l’exposent davantage à  toutes sortes de velléités.