Laylatul Qadr, querelles autour d’une nuit exceptionnelle

Laylat Al Qadr (nuit du destin), qui correspond à  la 27ème nuit du mois de Ramadan, approche et avec elle la fin du carême. Dans le Coran, la sourate 97, «Al Qadr», évoque cette nuit importante pour les musulmans qui, cette année, pourrait être célébrée entre le 12 et le 13 juillet. De fait, selon la tradition, elle se situe dans les dix derniers jours du Ramadan. C’’est une nuit de très haute spiritualité et durant laquelle les musulmans passent des heures à  prier et à  louer Allah. Mais aussi sacrée soit-elle, la nuit du destin fait l’objet d’un désaccord dans le monde musulman. La plupart des oulémas s’accordent sur la 27e nuit explique Amadou Djibo, khalife à  la Zaouà¯a «Farifoni Tidjaniya ». Cependant, précise-t-il, « le prophète n’a pas validé la 27ème nuit comme étant celle du destin. D’ailleurs, il ne dormait jamais les dix dernières nuits du mois de Ramadan et priait avec sa famille dans l’espoir de tomber sur Laylatul Qadr, rapporte un hadith (tradition). Le Mali, comme beaucoup d’autres pays, a pourtant décrété la 27ème nuit comme celle de Laylatul Qadr». Certains tenants de cette nuit avancent d’ailleurs que Dieu aime le chiffre 7 : « Il y a 7 cieux, 7 terres, 7 jours, la sourate la plus importante dans le Coran (Fatiha) compte 7 versets, le prophète a eu 7 enfants.». « à‰crit en arabe, Laylat Al Qadr fait 9 lettres et est répété 3 fois dans la sourate», explique un ouléma. Des voix discordantes émergent pour dire qu’il faut chercher la nuit du destin dans les dix derniers jours du mois de Ramadan. «La 27ème nuit est devenue une tradition partout. Alors que le prophète a affirmé qu’elle se trouvait dans les dix dernières nuits, sans préciser laquelle », affirme Moussa Alassane, enseignant arabisant. « Il faut donc la chercher dans les chiffres impairs, 21, 23, 25, 27. Dieu aime les chiffres impairs », renchérit Aboubacar Diassana du Centre de formation et d’ouvrages islamiques Içla Média. Malgré tout, Laylatul Qadr reste une nuit que les musulmans célèbrent. Des sacrifices sont faits, des mets sont préparés et envoyés dans les mosquées, et des mariages religieux sont même célébrés avec les longues séances de prêche dans la capitale. Laylatul Qadr reste la nuit la plus importante selon le calendrier hégirien.

LeylaTul Qadr : la nuit qui vaut milles mois

Dans l’évocation des mérites du mois de Ramadan à  travers les dires du Guide de l’islam (PSL) il est rappelé entre autres, que : « Ramadan, le mois de Dieu est supérieur aux autres mois, tout comme Dieu est supérieur à  ses créatures… » Pour les oulémas, lorsque le Messager en faisait état dans sa présentation du mois béni, soulignant qu’il « comportait une nuit meilleure que mille mois », il renvoyait aux sources du Livre saint de l’islam qui proclame : « Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit du Destin. » Et ce moment est ainsi caractérisé : « La nuit du Destin est meilleure que mille mois. » (97:3) Pour les exégètes, le fidèle musulman qui cherche à  complaire par son œuvre au Créateur unique, et dans ce dessein, multiplie tout au long de l’année les actes d’adoration et les invocations, se trouverait fort comblé si les bienfaits d’une nuit pouvaient lui valoir le mérite de mille mois. l’aspiration en est fondée sur les propos du Messager, selon lesquels : « Il y a dans les jours de votre vie, des souffles bénéfiques de la part de votre Seigneur. Soyez soucieux de vous y exposez « . Au nombre de ces périodes faisant l’objet de la quête du croyant musulman, figure « la meilleure des nuits du Ramadan, la nuit du destin », suivant les recommandations du Prophète : « Quiconque a animé la nuit du destin (pour y être tombé) pour sa foi et son désir de complaire à  Dieu, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés ». Les théologiens rapportent dans cet esprit que le Messager avait rejoint un jour un groupe d’hommes en grande discussion sur le Ramadan :  » Je suis venu vous annoncer la Nuit du Destin. Mais J’ai eu peur que vous ne comptiez que sur cela, et pourvu que ce soit pour vous un bien. Recherchez-la dans les dix derniers jours de Ramadan », avait-il recommandé. Il mettra l’accent à  cet effet sur les jours impairs dans ce décompte. Selon les exégètes, le Prophète encourageait les fidèles à  accomplir des œuvres surérogatoires durant tout le mois de Ramadan, sans les leur imposer. l’accomplissement en congrégation des prières surérogatoires du Ramadan relève de ces pratiques que le Prophète n’a pas maintenu tout au long du mois par crainte qu’elle ne fût une prescription à  observer par tous et que l’on se trouve incapable de l’exécuter Il est rappelé dans cet esprit que l’obtention des faveurs attribuées au Ramadan et mentionnées par le Messager est liée au respect par le fidèle du caractère sacré du mois, avec la recommandation que le fidèle garde sa langue du mensonge, de la médisance et qu’il se garde des transgressions, en préservant son C’œur de la jalousie et de l’hostilité envers son prochain.