Décharge du Quartier Mali : la face cachée de l’assainissement de Bamako?

« On s’enferme pour manger. Entre la fumée et les mouches, ce n’est pas possible de rester dehors ». Ramata Diarra vit dans la concession d’El Hadj Youssouf Yanoga, au pied de la « décharge du Lycée Badala ». Le site est situé au bord de la route qui mène de l’hôtel Olympe à  l’Université de Bamako. Il jouxte une école maternelle privée et les facultés d’économie et de droit privé qui hument depuis des mois des veloutes de fumée grise épaisse et nauséabonde. l’Hotel Olympe, le plus grand établissement hôtelier de la rive droite se retrouve également en prise à  divers nuisances qui ne sont pas sans répercussion sur son fonctionnement. l’Université, plein pied dans les ordures Aucune disposition particulière n’est prise, explique Sacko, le gardien du site. « Moi, je suis là  pour empêcher les GIE et les particuliers de déverser leurs ordures du côté du goudron. En ce qui concerne la fumée, je ne peux rien y faire, même les sapeurs pompiers qui sont venus ici n’ont pas pu éteindre le feu », assure-t-il. Il reconnait que cette fumée qui s’élève dans le ciel est un véritable problème, surtout pour les gens qui vivent en contrebas de la décharge. « En fait, précise encore M. Sacko, le tas d’ordure en contrebas est récent ». Il provient des décharges de Ngolonina, Lafiabougou, Djicoroni Para, etc. qui avaient été évacuées pendant le dernier trimestre de 2014. l’opération d’assainissement de Bamako, financée à  quelques 900 millions de FCFa, avait permis d’enlever des dizaines de milliers mètres cubes de déchets qui ont migré vers le ravin situé en contrebas de l’Université. La fumée et les mouches font maintenant partie du quotidien des étudiants qui se sentent « abandonnés à  leur sort », « même les ordures ont raison sur nous », se lamente Aminata, étudiante en droit privé. l’idée, avait expliqué le Directeur National de l’Assainissement de l’époque, Modibo Diallo, était pourtant de combler ce ravin, d’en recouvrir la surface de terre et de l’aménager en terrain de jeu ou autre superficie exploitable à  un usage social. Mais il semblerait qu’entre temps, les objectifs aient changé. Aujourd’hui, le site sert de décharge finale principalement à  la société Ozone qui y déverse les ordures qu’elle collecte dans les rues de Bamako. Et C’’est à  ladite société que revient la charge de l’entretien du site. «Jusqu’en septembre, C’’était la mairie de la commune 5 qui exploitait cette décharge. La décharge brûle en fait tout le temps mais il y avait des actions ponctuelles pour l’éteindre. Mais depuis qu’Ozone l’utilise, toutes les ordures de Bamako y convergent et il est difficile de vaincre le feu qui y couve, à  moins d’une grande pluie », explique le responsable assainissement de la commune, Oualamako Traoré. « C’’est un problème sérieux, qui doit être pris à  bras le corps, une question de santé publique », conclut-il. D’autant plus que dans l’emprise de la fumée, les soirs de grand vent, se trouve le centre de santé de référence de la Commune 5, communément appelé « Hôpital du Quartier Mali ». Chez les Yanoga, C’’est le ras-le-bol. « Les enfants et les vielles personnes sont tout le temps malades, toux, diarrhée, problèmes respiratoires». « Ils sont venus ici nous dire qu’ils vont tracer une voie à  coté de notre cour, pour que les camions puissent venir chercher les ordures et les dégager. Or, C’’est le contraire qui est arrivé. l’espace o๠vous voyez la décharge là , C’’était des champs de maà¯s, du maraichage, aujourd’hui, voilà  le spectacle. Il y a juste une semaine, on a barré la route avec des cailloux. Ils sont venus ici (la mairie et les représentants des sociétés d’assainissement, ndlr) et ont renouvelé leur promesse de tout faire pour diminuer les nuisances, mais nous on a maintenant du mal à  les croire »assure le vieux Yanoga, tandis que d’autres membres de sa famille approuvent bruyamment. « Ils sont venus cacher leurs ordures ici, l’essentiel C’’est qu’on ne les voit pas de la route. Le reste ce n’est pas leur problème », murmure une femme de la concession avant de se retirer à  l’intérieur de sa maisonnette. l’eau de l’unique puits de la concession est aujourd’hui impropre à  la consommation. Les femmes se livrent désormais à  la corvée d’eau pour les besoins de la famille. « Le problème, C’’est l’entretien de la décharge. Il faut qu’Ozone fasse un effort, elle doit veiller à  minimiser au maximum les nuisances » explique M. Traoré. La société marocaine est en charge de l’assainissement de la vile de Bamako. Des dizaines de camions alimentent le tas, sans compter les charrettes qui déversent les ordures des environs. Ces nouveaux arrivages alimentent le feu qui couve en permanence. Il était prévu que les déchets soient acheminés vers la décharge finale de Noumoubougou (30km de Bamako). l’aménagement de celle-ci n’étant pas terminé, tout ce qui est collecté finit dans la décharge du Quartier Mali. Ce quartier, qui abrite le centre de santé de référence de la commune 5 et ceux de Badalabougou, 300 logements et Sabalibougou sont touchés par cette pollution. « La nuit, la fumée est si épaisse qu’on ne distingue même plus les gens sur la route de l’Aéroport au niveau de la colline. Il faut que ça cesse », implore un riverain.

Grave accident de la circulation : Un gros porteur sème la mort au quartier Mali

Un spectaculaire accident de la circulation est survenu hier au niveau de la passerelle pour piétons du Quartier-Mali sur la rive droite du fleuve Niger à  Bamako. Un camion remorque d’immatriculation étrangère « LG-3024-B » a provoqué un carambolage impliquant six véhicules. l’accident a causé deux morts sur place. Deux personnes ont été grièvement blessées. Elles ont été transportées à  la clinique Pasteur o๠elles recevaient hier des soins intensifs. Des témoins rencontrés sur le lieu de l’accident ont donné leur version des circonstances du drame. Le commandant adjoint de la Compagnie de circulation routière (CCR), le commissaire Modibo Keà¯ta était présent sur les lieux avec ses hommes. Il explique que le gros porteur était en provenance de la voie qui va à  l’aéroport de Bamako-Sénou et qu’il se dirigeait vers le centre-ville. C’’est quand le véhicule dévalait la pente de la colline o๠se trouve l’hôtel Olympe pour monter sur l’échangeur du Quartier-Mali que ses freins auraient lâché. Sans contrôle, le mastodonte a alors percuté six voitures qu’il suivait. Un véhicule de type 4X4 a été complètement broyé. Deux de ses occupants ont été tués sur le coup. Tandis que deux autres passagers ont été gravement blessés. Les deux corps inanimés ont été amenés à  la morgue du Centre hospitalier universitaire (CHU), Gabriel Touré, tandis que les deux blessés graves ont été transportés à  la clinique Pasteur. Le commandant adjoint de la Compagnie de circulation routière, le commissaire Modibo Keà¯ta ne cachait pas sa colère. Selon lui, cet accident pose une fois de plus la problématique de la circulation de ces types de véhicule dans la capitale. Il rappelle que dans les textes, les gros porteurs ne sont autorisés à  circuler dans la ville que de minuit à  6 heures du matin, les jours ouvrables. Mais le week-end, ils sont autorisés de 10 à  16 heures. « Il nous faut trouver la bonne formule pour les empêcher de faire autant de dégâts qu’ils le font actuellement », estime Modibo Keita. Mesures de sécurité C’’est l’adjudant de police Bréhima Sissoko du commissariat du 4è Arrondissement qui a fait le constat de l’accident. Il confirme que le drame est lié à  un défaut de frein. Des badauds rencontrés sur place avaient dans un premier temps assuré que le chauffeur avait pris la fuite. Mais l’adjudant Bréhima Sissoko révèle qu’un conducteur est venu remettre les papiers du gros porteur au commissariat. Au moment o๠nous le rencontrions, il présumait que c’était le chauffeur du camion. Le bilan de l’accident aurait pu être plus lourd. Heureusement, les occupants des autres véhicules violemment heurtés s’en sont sortis miraculeusement. Certains saints et saufs et d’autres avec des blessures très légères. Comme Aboubacrine Ag Abdou qui n’en revenait toujours pas de ce qui lui était arrivé. Il conduisait ses trois enfants dans une Mercedes. Sa voiture a été touchée, mais ni lui, ni aucun des enfant n’ont été blessés. Le miraculé transportait dans le coffre de son véhicule, un bélier. Il l’a immolé sur place en guise de sacrifice pour remercier Dieu de lui avoir sauvé la vie. Effet du choc ressenti ? Sans doute. Apparemment très lucide, l’homme nous a expliqué le sens de son geste : « J’avais un bélier que je devais aller sacrifier. Après être passé aussi près de la mort, C’’était normal pour moi de faire ce sacrifice sur place pour rendre grâce à  Allah, le Tout-Puissant et le Miséricordieux ». Un réflexe bien compréhensif. Il va de soi que l’accident a provoqué un embouteillage monstre sur la voie qui passe par le pont Fahd. Un embouteillage aggravé par l’indiscipline des conducteurs, surtout ceux de minibus Sotrama et de taxis. Les autres devaient prendre leur mal en patience. l’on pouvait mettre deux heures entre la passerelle pour piéton du Quartier-Mali et le pont Fahd. La situation était aussi compliquée par la présence des agents de la Protection civile qui s’attelaient à  nettoyer le bitume sur lequel s’était déversée une grande quantité de gas-oil.