Inde : l’agression raciste de trop

Insultes, menaces, attaques physiques, racisme quotidien, en Inde les Africains sont souvent stigmatisés. Le passage à tabac de 5 étudiants nigérians, fin mars, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des diplomates de 44 pays africains ont officiellement protesté lundi dernier contre les violences dont sont victimes les ressortissants africains en Inde.

Coups de pied, de barres de métal ou de chaises qui pleuvent, dans la clameur d’une foule en fureur qui s’acharne sur eux. Les cinq étudiants nigérians se souviendront longtemps de ce lundi 27 mars où tout a dégénéré. Quelques jours auparavant, un adolescent indien de la ville de Noida, proche de New Delhi, décédait des suites d’une overdose. L’enquête menée par la police aboutit à l’arrestation des cinq nigérians suspectés d’avoir vendu à l’adolescent les substances illicites. Relâchés faute de preuves suffisantes, les cinq étudiants africains décident de se rendre à la veillée funèbre pour rendre hommage au jeune décédé. Une mauvaise idée. La situation dégénère. Convaincue qu’ils sont à l’origine du drame, la foule se jette sur eux et les passe à tabac. Les images diffusées sur les réseaux sociaux ont fait le tour du monde et éclairé à nouveau sur la situation difficile à laquelle sont confrontés les ressortissants africains en Inde, essentiellement des étudiants.

Ces agressions racistes sont en effet fréquentes dans le pays et particulièrement dans la capitale New Delhi, où résident quelques 30 000 Africains, en majorité dans les quartiers de Greater Noida et de Khirki. Ces cinq dernières années, de nombreux cas d’agression ont été enregistrés. En mai 2016, un enseignant congolais avait même trouvé la mort dans une attaque à caractère raciste.

Réactions diplomatiques L’incident de fin mars a fait réagir le Nigeria qui a convoqué l’ambassadeur indien à Abuja pour réclamer la fermeté des autorités dans cette affaire. La ministre indienne des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, a réagi en promettant qu’une enquête serait menée en toute impartialité. Six hommes en lien avec l’agression des étudiants nigérians ont été arrêtés et la police dit avoir identifié soixante personnes impliquées dans ces violences, qui devraient être poursuivies pour émeutes. Le tollé en Inde et à l’international a poussé des diplomates de 44 pays africains à monter au créneau le 3 avril pour protester contre les violences dont sont victimes leurs ressortissants en Inde. Ils ont appelé à une enquête indépendante menée par des groupes de défense des droits de l’Homme. Quant à l’association des étudiants africains en Inde, elle a conseillé sur Facebook à ses membres de rester chez eux pour parer à d’éventuelles attaques.