Lèpre: 200.000 cas par an malgré un traitement efficace et gratuit

Maladie contagieuse à  évolution très lente, causée par une mycobactérie, la lèpre s’attaque aux nerfs et muscles, et finit par provoquer paralysie et infirmités définitives des membres et des yeux si elle n’est pas traitée à  temps. Spécialiste de la lèpre, le Britannique Stewart Cole reconnaà®t qu’il « y a eu d’énormes progrès dans le traitement et la maà®trise de l’épidémie. 16 millions de malades ont été traités par polychimiotherapie (PCT) et guéris. » Ce traitement composé de trois antibiotiques, mis au point dans les années 80, est mis gratuitement à  disposition dans les pays pauvres par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1995. Il permet de tuer le bacille et guérir un malade en six à  douze mois. De fait, après plusieurs campagnes de dépistage et traitement, « la lutte contre la lèpre s’est considérablement améliorée », note l’OMS dans un point sur la maladie réalisé en 2012. Elle reconnaà®t néanmoins « que de nouveaux cas continuent de se produire dans pratiquement tous les pays d’endémie » avec des « poches » o๠la maladie est encore très présente. Au Mali, la situation s’est également nettement améliorée ces quinze dernières années. Selon le Directeur du Centre National de Lutte contre la Maladie, le Dr Samba Ousmane Sow, entre 300 et 500 cas sont encore recensés chaque année dans notre pays. L’accès aux soins et surtout le dépistage précoce sont, selon lui, la clé de la lutte contre cette maladie. Des efforts restent à  faire pour arriver à  l’objectif de l’OMS qui est l’éradication complète de la lèpre. Stagnation des progrès et projet de vaccin D’après les chiffres de l’OMS, 219.075 nouveaux cas de lèpre ont été dépistés en 2011, contre 228.474 en 2010 (-4%)) et plus de 400.000 cas en 2004. « L’OMS commence à  se poser des questions. Ils nous ont dit pendant des années que si on continuait d’appliquer la PCT, l’incidence allait petit à  petit atteindre zéro mais ce n’est pas le cas et cela nous préoccupe », déclare le Pr Cole qui préside la Commission médicale et scientifique de la Fondation Follereau. Autre spécialiste de la lèpre, le médecin béninois Roch Christian Johnson souligne que la lèpre en Afrique demeure « endémique là  o๠les systèmes de santé sont faibles avec des centres de santé éloignés de la population ». Dans les régions reculées, le dépistage précoce est difficile, souligne-t-il. Résultat: 12.000 personnes sont diagnostiquées chaque année en phase avancée et des séquelles irréversibles. La persistance de la maladie dans certaines poches malgré l’efficacité des traitements pourrait s’expliquer par l’existence de réservoirs du bacille ailleurs que chez l’homme, en particulier chez certains animaux, selon le Pr Cole. Ses recherches ont permis de démontrer que certains tatous, un mammifère à  carapace, étaient aux Etats-Unis porteur du bacille de la lèpre, ce qui pouvait expliquer certaines mystérieuses contaminations chez l’homme en Louisiane et au Texas. Une équipe américaine de Seattle travaille actuellement à  un projet de vaccin et va demander l’autorisation pour un tout premier essai (phase 1), explique le Pr Cole. « L’idée de vacciner pourrait être très utile dans les coins reculés pour immuniser toute une population. Mais c’est un travail de longue haleine », déclare-t-il.

Lèpre : Elle menace toujours

Une personne touchée toutes les 3 minutes En 2008 la lèpre, que l’on croit à  tort éradiquée, frappera encore plusieurs centaines de milliers de personnes dans le monde. Près de 600 nouvelles infections sont enregistrées chaque jour, l’OMS ayant recensé 212 000 cas en 2009. Ce dimanche 30 janvier a marqué la 58e Journée mondiale des Lépreux – celle-ci a été organisée pour la 1ère fois en 1954 par le Français Raoul Follereau. Bien sûr, la lèpre ne ravage plus le monde comme au temps de Saint François d’Assise… En 2006, seulement 16 pays – sur 192 Etats-Membres de l’OMS – ont déclaré plus de 1 000 nouveaux cas. Et ces pays concentrent à  eux seuls, 93% de l’ensemble des infections enregistrées cette année-là . Aussi vieille que notre histoire -la première mention écrite de la lèpre remonte à  l’An 600 avant Jésus-Christ – cette maladie infectieuse n’est donc plus considérée aujourd’hui, comme un « problème de santé publique ». Sous les coups de boutoir de campagnes très actives, elle a reculé de sorte qu’en 15 ans, 98 pays l’ont éradiquée… A ce jour, 14 millions de malades ont été guéris mais la contagion frappe encore une personne toutes les 3 minutes. Pourtant, « il ne suffit pas de soigner et de guérir un lépreux et d’arrêter la contagion », précise-t-on à  la Fondation Raoul Follereau, qui cite le chiffre de 2 à  3 millions d’anciens malades qui présentent des infirmités liées à  la lèpre. Provoquée par le bacille mycobacterium leprae, la maladie est transmise par des gouttelettes – d’origine buccale ou nasale – à  l’occasion de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté non traité. Dans l’organisme, le bacille se multiplie très lentement, la période d’incubation atteignant 5 ans. Quant aux symptômes, ils peuvent n’apparaà®tre qu’au bout de 20 ans ! Non traitée, la maladie peut entraà®ner des lésions progressives et permanentes de la peau, des nerfs, des membres et des yeux. Depuis 1981, l’OMS recommande un traitement basé sur l’association de trois antibiotiques : la dapsone, la rifampicine et la clofazimine. Cette approche thérapeutique assure une guérison totale… à  condition bien sûr d’être mise en œuvre précocement et suivie scrupuleusement pendant au moins 6 mois. Grâce à  cela, 14 millions de malades ont été guéris au cours des 20 dernières années. Mais 3 millions restent handicapés…

Lèpre : le Mali a atteint le seuil d’élimination fixé par l’OMS

1954 date de la 1ère journée mondiale contre la lèpre Initiée pour la première fois en 1954, la journée mondiale des lépreux est célébrée dans 137 pays à  travers le monde. Elle a pour but d’obtenir que les malades de la lèpre soient soignés comme tous les autres malades et guérir les bien-portants de la peur absurde et parfois criminelle qu’ils ont de cette malade et de ceux qui en sont atteints. La célébration de la journée mondiale de la lèpre est l’occasion de faire le bilan de l’évolution de la lutte contre la maladie, mais aussi de réfléchir sur les perspectives d’amélioration des conditions de vie de ces nombreux malades de la lèpre, que sont les plus pauvres parmi les pauvres. La fondation Raoul Follereau à  la hauteur de la lutte Grâce à  la dynamique partenariale de la fondation Raoul Follereau, de l’organisation mondiale de la santé et du ministère de la Santé, le Mali a atteint le seuil d’élimination de la lèpre selon les critères définis par l’OMS. Le président de l’Union malienne Raoul Follereau, Goulou Moussa Traoré a porté à  la connaissance du public que plus de 500 malades de la lèpre ont obtenu des parcelles à  usage d’habitation et beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui chez eux. Il a lancé un appel fraternel à  tous et à  toutes pour cultiver davantage la cohésion, la solidarité entre tous les malades afin qu’ils puissent jouer valablement et dignement leur rôle dans le développement économique, social et culturel du Mali. Goulou Moussa Traoré a félicité tous ceux qui ont contribué financièrement, matériellement et moralement à  la réussite de cette fête d’amour, de partage et de solidarité. Régression lente mais réelle des cas de lèpre Pour le ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, la régression du nombre de nombreux cas de lèpre a été lente mais réelle pendant les 10 dernières années. De 800 en 2000, elle est tombée à  346 en 2009. Quant à  l’ampleur de la maladie, à  la fin du 4ème trimestre 2009, le ministre dira que 405 malades de la lèpre, anciens et nouveaux cas confondus ont été enregistrés pour une population totale couverte de 13 millions d’habitants. Ce qui équivaut à  un taux de 0,31 cas de lèpre pour 10.000 habitants, quand on sait que le seuil d’élimination fixé par l’OMS est moins d’un cas pour 10.000 habitants. Oumar Ibrahim Touré a signalé que les proportions d’enfants et d’infirmes, qui traduisent l’importance de la transmission et le retard dans le diagnostic de la maladie parmi les nouveaux cas sont largement au-dessous de 10%. Selon lui, ces résultats ont été acquis parce que 900 centres de santé communautaires et 56 centres de santé de référence offrent des services lèpre à  plus de 60% des populations. Pour le ministre de la Santé, s’il est vari que la lèpre a significativement reculé, il reste également évident que la maladie n’est pas totalement terminée dans sa forme médicale, encore moins dans ses conséquences sociales. C’’est pourquoi, il a indiqué qu’il sera procédé au renforcement du dépistage et du traitement correct des cas dans un système de soins intégrés, à  la poursuite des actions spécifiques imaginées au niveau communautaire, et négociées avec les partenaires locaux pour contourner les obstacles naturels à  l’accès des populations aux centres de santé existants. ATT voisin des lépreux Le président de la République, ATT, dans son interview accordée à  la presse, a déclaré « Depuis mon arrivée au pouvoir, J’ai participé à  toutes les fêtes de la journée mondiale de la lèpre. J’ai vécu avec les lépreux dans le même quartier pendant des années avant que je sois président. Je les connais et ils me connaissent aussi. Donc je leur dis, ceux qui sont malades, qu’ils ne sont pas seuls. Nous allons tout faire pour apporter notre soutien afin de lutter cette maladie. » ATT a salué le gouvernement à  travers le ministère de la Santé, l’association Raoul Follereau, la directrice du projet Raoul Follereau, Bénédicte De Charrette, l’OMS et tous les partenaires pour leur engagement à  la lutte contre la lèpre au Mali.