Sista Mam : « Les rastas sont très mal vus au Mali »

Journaldumali.com : Pourquoi avez-vous choisi d’être rasta ? Sista Mam  : Depuis l’enfance J’ai été bercée dans la musique reggae grâce à  mes parents. Tous les problèmes de la société sont traités par le reggae : l’économie, la gouvernance, la santé, la politique. Le rasta est dépositaire d’un certain nombre de valeurs universelles. Il prône la liberté, l’égalité, la dignité. Le «Â rastapharisme » met en valeur la culture africaine qui a tendance à  disparaitre de nos jours. Voilà  pourquoi je suis rasta de C’œur. Journaldumali.com : Quelle est la différence entre le mouvement rasta et la musique reggae ? Sista Mam  : Un «Â reggaeman » n’est pas forcément un «Â rastaman ». Tous les rastas ne font pas du reggae et on peut être rasta sans porter de «Â dreadlocks ». Le reggae est une musique qui qui permet au «Â rastamen » de s’exprimer. à‡a leur permet de dire tout haut ce que le bas peuple ne peut affirmer. Journaldumali.com : Quel héritage Bob Marley a-t-il légué ? Sista Mam  : l’homme a laissé un grand héritage au monde entier. Nous sommes tous héritiers de Bob Marley. Ses textes sont encore d’actualité et sont repris par les chanteurs de reggae à  travers le monde. C’’est comme s’il avait écrit ses chansons aujourd’hui. Il prônait par exemple le droit, une thématique plus que jamais d’actualité dans la mesure o๠au Mali, les droits humains sont violés à  longueur de journée. Il prônait également l’unité de l’Afrique, notamment à  travers sa chanson «Â Africa Unite ». C’’est pour cela qu’il était apprécié par certains chefs d’Etat comme Mouammar Kadhafi, qui voyaient dans l’unité africaine un facteur de développement. Journaldumali.com : Existe-t-il un mouvement rasta au Mali ? Sista Mam  : Il se résume à  l’existence du Mouvement des Rastas du Mali (MOURASMA). C’’est la seule association qui prétend défendre les valeurs rastas, mais elle n’a pas les capacités réelles pour s’implanter sur l’ensemble du territoire national. Il y a encore du chemin à  faire. Journaldumali.com : Comment sont perçus les rastas au Mali ? Sista Mam  : Ce n’est facile d’être rasta au Mali. Nous sommes vus d’un mauvais œil. Nous sommes assimilés à  des drogués ou des soulards. Le mouvement rasta recèle en son sein des hommes valables qui prônent le bien être social. Mais nous sommes très souvent marginalisés dans l’administration. C’’est vrai qu’une dérive est en train de s’installer. Aujourd’hui n’importe qui se déguise en rasta. C’’est ce qui me fait mal. Un vrai rasta ne consomme pas d’alcool, ne fume pas la cigarette et ne mange pas de viande rouge. Journaldumali.com : Vous êtes l’initiatrice du Festival Reggae. Quels sont ses objectifs ? Sista Mam  : J’ai initié ce festival pour combler un vide. Cet événement, qui en est à  sa 7ème édition, vise à  promouvoir le mouvement rasta à  travers des concert, des conférences et des débats sur des thèmes d’actualité. C’’est aux membres de notre mouvement de démontrer l’intérêt de notre combat. Nous devons mener des actions concrètes sur le terrain, comme l’ont toujours fait Bob Marley et les siens en Jamaà¯que. Cela pourra amener plus de gens à  s’intéresser à  la musique reggae. Le ministère de la Culture pourrait également favoriser sa promotion, ne serait-ce qu’en accordant des financements aux artistes.