RCA: pas l’ombre d’un gouvernement, reprise des affrontements

Plus d’une semaine après sa nomination au poste de premier ministre, la Centrafrique est toujours sans gouvernement. La formation du nouveau gouvernement centrafricain est bloquée par les différentes factions en conflit en Rca. Les différentes initiatives n’ont pas permis de sortir de la situation de blocage o๠se trouve le pays qui connait une certaine accalmie depuis la signature d’un fragile cessez-le feu. Le Premier ministre Kamoun est-il le problème ? Tout porte à  croire que oui. Le président du parlement provisoire de Centrafrique, Alexandre Ferdinand Nguendet, a demandé ainsi à  Brazzaville de «surseoir» à  la mise en place d’un nouveau gouvernement dans son pays, estimant que le Premier ministre désigné récemment ne fait pas l’unanimité. Remettant en cause le choix de la Présidente Mme Samba Panza, il a affirmé que «la concertation, c’est ce qui a manqué dans la désignation du Premier ministre, c’est ce qui a posé problème au niveau des institutions et des entités importantes qui ont signé les accords de Brazzaville». Face à  la presse après une rencontre avec le président congolais le mardi dernier, il a estimé qu’il était désormais « urgent que toutes les institutions et toutes les entités se retrouvent pour qu’on se parle. (…) S’il faut faire des sacrifices pour que le peuple centrafricain puisse avoir la sérénité, il faut le faire. Le temps passe certes, mais le principe de la transition c’est la concertation». Au total, une dizaine de personnalités représentant le CNT, l’ex-rébellion Séléka, les milices anti-balaka, les partis politiques et la société civile ont fait le déplacement dans la capitale congolaise, o๠elles doivent discuter séparément avec le médiateur, selon le protocole de la présidence du Congo. Fait remarquable, ni le Premier ministre, ni la Présidente de la république n’a été officiellement informé de ce déplacement des parties centrafricaines à  Brazzaville, à  l’invitation du président N’Guesso. La Centrafrique est maintenant sans gouvernement depuis une quinzaine de jours. Sa formation bute notamment sur la question de la représentation des groupes armés en son sein. L’ex-rébellion Séléka refuse pour le moment d’y participer, affirmant que son avis n’a pas été pris en compte. Fin juillet, les protagonistes de la crise centrafricaine avaient signé dans la capitale congolaise, sous forte pression internationale, un fragile accord de cessez-le-feu, plusieurs fois violé depuis lors. 5 morts dans la journée du mercredi Cinq personnes, dont un volontaire de la Croix-Rouge centrafricaine, ont été tuées et une trentaine d’autres blessées dans les heurts survenus à  Bangui depuis mardi 19 août entre soldats français de la force européenne Eufor et des hommes armés, selon des sources médicales. « C’est un bilan provisoire, puisque certaines personnes affirment qu’il y a eu des musulmans fauchés par balle dont on ne connait pas l’état », a indiqué Maurice Banda, membre du personnel de l’hôpital communautaire, principal établissement de la capitale. « Près de quarante » blessés ont également été évacués vers l’hôpital, dont « certains sont des cas graves ». Trois soldats français de la force Sangaris ont également été blessés. « Leur pronostic vital n’est pas engagé. Deux d’entre eux ont fait l’objet d’une évacuation sanitaire vers la France », a annoncé jeudi le ministère de la défense, sans que l’on sache si les soldats font partie du bilan évoqué par M. Banda. Le volontaire de la Croix-Rouge centrafricaine a été tué « par une balle alors qu’il procédait à  l’évacuation de blessés dans le secteur du km 5 » (PK5), dernière enclave musulmane de la capitale, a précisé le Comité international de la Croix-Rouge.

Centrafrique: l’exode des musulmans continue

C’’est un convoi de dix-huit semi-remorques qui a quitté Bangui, la capitale centrafricaine, ce dimanche en milieu de journée. Escorté par des éléments de la MISCA,la force africaine déployée dans le pays depuis quelques mois. Partir pour survivre Les camions étaient chargés de meubles, bétails et autres biens, en plus de leurs propriétaires. Au total 1300 musulmans ont quitté la capitale, avec pour destination le nord de la Centrafrique. Ils avaient été contraints de rester tout le temps chez eux après s’être retrouvés piégés il y a cinq mois dans le Point kilométrique 12 (PK-12), cet étroit couloir sur la route menant vers le nord du pays, régulièrement victimes d’attaques d’anti-balaka. Ils vivront désormais à  proximité de la frontière de la Centrafrique avec le Tchad. Juste après leur départ, des centaines de jeunes, qui guettaient à  quelques dizaines de mètres des camions bondés, ont afflué sur le PK-12, o๠vivaient les musulmans, pour une scène de pillage sans précédent. Ils ne vont rien laisser, à  part les murs, car même les portes des maisons vont être démontées avant la tombée de la nuit. Pour le moment, ils sont quelques milliers de musulmans a tenter de survivre encore à  Bangui. Ils sont dans le quartier PK-5 o๠ils ne doivent leur salut qu’aux soldats burundais de la force africaine MISCA.

Centrafrique: bavure des soldats tchadiens à Bangui, l’ONU condamne

Ils étaient venus pour assurer la protection des ressortissants tchadiens dans la capitale centrafricaine et les rapatrier. Leur descente sur un marché de Bangui restera l’incident le plus grave impliquant des troupes étrangères dans le pays. 30 morts et 300 blessés « Dès que le convoi de l’armée nationale tchadienne a atteint la zone de marché du (quartier) PK12, ils auraient ouvert le feu sur la population sans qu’il y ait eu de provocation », a déclaré à  Genève un porte-parole de l’ONU aux droits de l’Homme, Rupert Colville, présentant aux médias les premiers résultats des enquêteurs des Nations unies sur l’incident. « Alors que les gens fuyaient dans la panique dans toutes les directions, les soldats ont continué à  tirer de façon indiscriminée. Pourquoi ont-ils commencé à  tirer ? Ce n’est pas clair », a-t-il indiqué. Il semble que les tirs aient cessé lorsque des troupes congolaises sont arrivées, a-t-il dit. Selon les premiers résultats de l’enquête, au moins 30 personnes ont été tuées et au moins 300 autres blessées, dont des enfants, des handicapés, des femmes enceintes et des personnes âgées. Précision de taille, donnée par M. Colville, les soldats tchadiens impliqués étaient des membres de « l’armée tchadienne », et non pas de la force africaine en Centrafrique (Misca). Selon les informations recueillies par les enquêteurs de l’ONU, « il semble que l’action des forces tchadiennes a été totalement disproportionnée, puisqu’ils ont tiré sur un marché bondé de civils non armés », a insisté le porte-parole qui a également estimé que le nombre de soldats tchadiens impliqués ne devait pas être très élevé et que ces individus « avaient dû repartir directement » dans leur pays. Acteur clé de la crise centrafricaine et incontournable puissance régionale, le Tchad a claqué jeudi la porte de la Misca, dénonçant une « campagne malveillante » contre ses soldats, à  nouveau mis en cause après avoir tué des civils le 29 mars à  Bangui.

RCA : un an après Bozizé, toujours le chaos…

On lui reprochait sa mauvaise gestion du pays et son incapacité à  résoudre les conflits sociaux. Après avoir menacé plusieurs semaines durant de rentrer dans la capitale, les rebelles de la Seleka, menés par Michel Djotodia, renversaient Fançois Bozizé. Le pays venait de traverser quatre mois de combats, entrecoupés de cessez-le-feu. Avec la chute du régime commençait une période de transition de dix mois, qui devait aboutir à  des élections dont étaient exclues les parties prenantes. Mais C’’est plutôt une période marquée par l’instabilité chronique qui s’est ouverte. De mars à  juin les exactions se multiplient, la situation dégénère en conflit intercommunautaire. La Seleka, assemblages de rebelles nordistes, de mercenaires tchadiens et soudanais, multiplie les massacres, les viols et les pillages. Michel Djotodia ne parvient pas à  imposer sa volonté à  la Seleka qui l’a propulsé au pouvoir. Dépassé, sans aucune prise sur les évènements, Michel Djotodia est poussé vers la sortie par la France et les pays de la région. Sa démission est remise le 10 janvier à  Ndjamena au cours du sommet extraordinaires de la CEAC. Il est remplacé par la maire de Bangui, Catherine Samba Panza. La peur et la haine, au quotidien La «haine entre communautés demeure à  un niveau terrifiant» en Centrafrique, o๠il n’existe plus d’Etat pour arrêter les criminels qui agissent en toute impunité, s’est alarmée jeudi dernier à  Bangui la haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay. La situation de quasi-guerre civile dans le pays ne s’améliore pas, malgré la présence de troupes étrangères, ayant pour mandat de maintenir la sécurité et contenir les groupes armés qui s’affrontent depuis plus d’un an maintenant. «Bien que les tueries à  grande échelle qui ont eu lieu en décembre et janvier paraissent être arrêtées pour le moment, principalement en raison de la présence des forces africaine Misca et française Sangaris, des personnes continuent d’être tuées quotidiennement», poursuit Navi Pillay au cours d’un point de presse, évoquant particulièrement les milices majoritairement chrétiennes anti-balaka qui «se métamorphosent en gangs criminels». «C’’est devenu un pays o๠des personnes sont non seulement tuées, mais aussi torturées, mutilées, brûlées et démembrées», s’est-elle indignée, indiquant que «les viols et violences sexuelles ont augmenté, spécialement dans les camps des personnes déplacées». La Misca, Sangaris et les agences humanitaires sont confrontées au terrible dilemme de choisir entre aider involontairement au « nettoyage » des populations musulmanes piégées, ou alors les laisser – contre leur volonté – dans des lieux o๠il y a un réel danger de les voir exécutées en masse. Mme Pillay appelle au retour de l’Etat, qui de l’aveu même de dirigeants centrafricains n’existe plus. «Il n’y a pas d’armée nationale cohérente, ni de police, ni de système judiciaire, pratiquement pas de lieux de détention des criminels», une situation qui n’augure pas d’une fin prochaine de l’état de non-droit actuel.

Martin Ziguélé, regard croisé sur le Mali et la Centrafrique

C’’est en marge du Forum de Bamako que Martin Ziguélé, nous a accordé cet entretien. Le président de l’Alliance des forces démocratiques de la transition (AFDT) jette un regard croisé sur les crises malienne et centrafricaine. s’il a lui-même été aux affaires et Premier ministre de Centrafrique entre Avril 2001 et Mars 2003 , il estime que ces crises sont le fait de ceux qui veulent saper les institutions. Son mouvement entend jouer son rôle pour que la transition centrafricaine réussisse. Journaldumali.com : La Centrafrique connaà®t une instabilité qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons vécu au Mali ? Quel regard portez-vous sur la sortie de crise malienne ? Martin Ziguélé : Vous savez les crises qui frappent nos Etats ont deux caractéristiques : elles surviennent soudainement, mais en réalité, elles ont commencé il y a longtemps en amont. Pour le Mali, nous avons vu la crise atteindre son sommet avec le coup d’Etat de Mars 2012 et peu de temps après, la tentative djihadiste de s’emparer du pays. Quelques temps après en Centrafrique, l’Etat s’est effondré par une avancée de coalitions et de mouvements de rébellions. Le Mali a puisé en ses propres ressources pour sortir de cette situation. Aussi bien les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur et J’en ai été témoin, ont tout fait pour garder le pays au C’œur de l’agenda de la communauté internationale, en se mobilisant et grâce à  un plaidoyer intense jusqu’à  l’intervention salvatrice des Français. En Centrafrique aussi, nous nous battons pour mobiliser les forces républicaines et démocratiques en interne afin que notre pays ne sombre pas. La leçon à  tirer de tout cela, C’’est que la tolérance et le savoir-vivre ensemble sont le fondement de ces nations que nous sommes entrain de vouloir créer. Il ya eu les interventions « Serval » au Mali et « Sangaris » en Centrafrique, des interventions ponctuelles qui ont prévenu le chaos, malgré tout, on a vu les résurgences djihadistes au Nord Mali avec le Mujao ces derniers jours. A Bangui, la situation est loin d’être apaisée. Que font les forces africaines ? Vous savez, lorsqu’on parle de l’effondrement d’un Etat, il ne s’agit pas d’un mouvement isolé, mais cela veut dire que les institutions centrales sont faibles et l’institution centrale, ce sont quand mêmes les forces de défense et de sécurité. Ces forces en général n’ont jamais reçu, ni l’équipement, ni la formation, ni même la confiance nécessaire pour assumer leur mission. Et C’’est pourquoi la population sent qu’il n’y a pas une armée au profit des ennemis de la république. Cela montre qu’il y a un problème dans l’armée et dans d’autres institutions du pays sans légitimité, crédibilité, ni contenus. Au final, l’état s’effondre et toutes les digues tombent successivement. Vous qui avez été aux affaires, estimez-vous que Catherine Samba Panza, qui dirige la transition, sera à  la hauteur ? Madame Samba Panza est une femme très forte, sur le plan mental. Elle s’est toujours battue jusquÂ‘à  être cadre dans le secteur privé et dans d’autres postes de direction. Ensuite, elle a crée sa propre entreprise, s’est investie dans le champ social en participant à  plusieurs reprises dans les mécanismes de suivi du dialogue en Centrafrique. Elle a été présidente de l’association des femmes juristes en Centrafrique, défenseur des droits de l’homme avant d’être maire de Bangui jusquÂ‘à  la présidence de la transition. Je lui fais confiance et il faut qu’elle réussisse sa mission. Si elle échoue, C’’est le pays qui va sombrer. Si elle échouait, ce serait aussi l’échec de la classe politique centrafricaine dont vous faà®tes partie ? Non Madame, C’’est toute la nation qui échouerait! Nous devons tous la soutenir parce qu’elle représente la dernière chance pour notre pays. Vous voyez les atrocités, tous les jours et les déchirures de la société centrafricaine, alors comme femme et comme mère, comme celle qui donne la vie ou a donné la vie, J’espère qu’elle va redonner de l’espoir à  notre pays et je vous assure, que ce soit moi, ou mon parti politique, l’alliance des forces démocratiques pour la transition, qui est l’ancienne opposition, que je dirige, nous la soutenons de manière inconditionnelle. Vous pensez que le retour à  la stabilité politique va se faire rapidement comme la transition malienne ? Je pense que la lecture qui est faà®te de la situation en Centrafrique commence à  devenir réaliste. Maintenant, les uns et les autres ont compris que les milices qu’on qualifiait de milices chrétiennes sont en fait des milices militaro-politiques et qui voulaient déstabiliser durablement la transition. Maintenant, cela a été compris. On a voulu donner un aspect religieux au conflit ? La RCA comme le Mali, le Burkina, le Niger, la Côte d’Ivoire, comme tous les pays africains ont des communautés de différence de religion et d’origines et s’il fallait faire la guerre parce que vous êtes chrétien et que je suis musulman, il n’y aurait aucun pays en Afrique, qui serait en paix. Pourquoi est-ce en Centrafrique seulement qu’on voit cela, C’’est parce qu’il y a une instrumentalisation, une indexation de communautés, par des gens qui ont perdu le pouvoir et qui pensent revenir aux affaires par ce biais. Est-ce que les médias internationaux n’exacerbent pas ce côté? Non, les médias ne relatent que ce qu’ils voient. Ils cherchent à  comprendre et à  faire comprendre. Mais je vous le concède, les médias ont utilisé un terme impropre, C’’est de dire que ces milices sont des milices chrétiennes ; Moi je suis chrétien et le premier message des chrétiens, C’’est aime ton prochain comme toi-même ! Aucune religion au monde n’enseigne de tuer son prochain. Si Dieu qui nous a crée, et qu’il nous a donné diverses voies de le prier, il ne peut pas nous demander de nous entretuer. Ceux qui utilisent la religion blasphèment. Et je crois que la sagesse prévaudra, la paix reviendra et on saura qui sont les vrais coupables, et il faudra que justice se fasse. Je me réjouis de l’appel de Mme Bensouda de la CPI sur l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les crimes commis en RCA. Parce que C’’est l’impunité qui est à  la source de ce qui se passe en Centrafrique ? Comment jugez-vous la médiation au Nord du Mali et la reprise du dialogue avec les groupes armés ? Je suis un républicain et je pense qu’il ne faut jamais faire l’économie du dialogue, même quand l’adversaire n’est pas de bonne foi. La solution est politique ; La vie en société est politique. Et la politique vient du mot latin qui veut dire la cité. Il faut toujours dialoguer. Un homme de bonne volonté ne se décourage jamais et le message qui peut germer comme un grain apportera la paix.

Ouverture du sommet de l’UA : la Centrafrique au coeur des débats

La 22è session du sommet de l’Union Africaine vient de s’ouvrir à  Addis Abeba dans la capitale éthiopienne en présence de plusieurs chefs d’états et de gouvernement. Si le sommet veut se pencher sur l’agriculture et le développement en Afrique, il y’a aussi sur la table, plusieurs crises qui frappent le continent, notamment l’instabilité chronique en Egypte, au Soudan du Sud et surtout, la Centrafrique, dont la transition est désormais dirigée par Catherine Samba Panza. Mardi, l’ancienne maire de Bangui, a réclamé officiellement l’envoi d’une force onusienne pour parer aux violences qui agitent Bangui depuis plusieurs semaines. Une demande que soutient le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine(CPS). « Nous devons apporter notre appui à  la demande formulée par la présidente de la transition en Centrafrique pour un déploiement rapide d’une force de maintien de la paix », a déclaré le président guinéen, Alpha Condé, qui préside le CPS. Et de poursuivre : « Nous devons être solidaires pour extraire ce pays de la spirale de la violence et éloigner le risque de génocide qui plane à  l’horizon ». A Bangui, ce sont les troupes françaises de l’opération Sangaris et la MISCA, la force africaine, qui tentent de sécuriser les populations menacées par les exactions entre anti-balaka et ex séléka. Selon Amnesty International, il y a eu en Centrafrique « plus de 1000 morts » depuis le 5 décembre, date d’une soudaine flambée de violences, indique son site internet, jeudi 19 décembre. Le dernier bilan de ces violences faisait état de 600 morts, dont 450 à  Bangui, selon l’ONU. D’après Amnesty International, la plupart des victimes ont été tuées lors de représailles de l’ex-rébellion Séléka à  Bangui, mais également dans les atrocités des milices d’autodéfense villageoises en province. Prévenir les conflits Que peut faire l’Union Africaine pour parer aux crises ou du moins intervenir rapidement en cas de conflits ? En perspective dans ce sommet, la Caric, la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises. Les chefs d’à‰tat vont tenter de sauver la face après avoir étalé leurs divisions depuis que l’idée d’une force d’intervention rapide a été lancée il y a un an. Enfin, les chefs d’Etats voteront aussi pour la présidence tournante de l’UA qui revient cette année à  la région Nord du continent. Très vraisemblablement, C’’est la Mauritanie qui devrait l’assumer pour l’exercice qui commence.

Bangui : « Sangaris » veut mettre fin aux exactions des chrétiens

L’opération française de sécurisation de la Centrafrique se poursuit. Après plusieurs jours à  patrouiller dans les rues de Bangui, sans vraiment réussir à  stopper les multiples exactions. Pour faire face à  ce climat d’insécurité chronique, « une opération militaire est en cours à  Boy-Rabe », a indiqué une source proche des français, sous couvert d’anonymat. Anti-balaka vs ex-séléka Sur la route menant à  l’aéroport (nord de Bangui), plusieurs véhicules blindés étaient déployés à  l’entrée du quartier, survolé par un hélicoptère. Dans le nord de la capitale centrafricaine, le quartier de Boy-Rabe est un fief de l’ancien président François Bozizé (renversé en mars 2013) o๠sont aujourd’hui basés de nombreux miliciens « anti-balaka », en lutte contre l’ex-rébellion de la Séléka (au pouvoir). A la faveur d’une vaste offensive coordonnée le 5 décembre sur plusieurs quartiers périphériques de Bangui, ces miliciens ont pris part à  nombreuses attaques contre des civils musulmans, qu’ils assimilent aux combattants de l’ex-rébellion Séléka, coalition à  dominante musulmane qui avait pris le pouvoir en mars 2013. Près de 1.600 militaires français sont actuellement déployés en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Sangaris visant à  rétablir la sécurité dans le pays. Les soldats français avaient le 9 décembre dernier à  Bangui une vaste opération de désarmement des milices et groupes armés. Cette opération visait jusqu’à  présent essentiellement les combattants de l’ex-Séléka, seuls à  déambuler en armes dans les rues de la capitale. Milices paysannes d’auto-défense, les anti-balaka quant à  elles évoluent surtout en brousse et dans les quartiers périphériques de Bangui, o๠une grande partie de la population –chrétienne– leur est acquise. Leur armement est généralement très sommaires: vieux fusils, machettes et armes blanches.

France: après le Mali, la Centrafrique

A propos de la présence prochaine de soldats français sur le sol centrafricain, le ministre de la défense Le Drian se veut rassurant. « Rien à  voir avec le Mali » a-t-il déclaré sur la radio Europe1. « Là , c’est l’effondrement d’un Etat et une tendance à  l’affrontement confessionnel » a-t-il ajouté. Après le Mali, la France s’apprête en effet à  intervenir en Centrafrique, pays en proie à  l’anarchie depuis le renversement du président François Bozizé en mars. « Un millier de soldats » vont être déployés « pour une période brève, de l’ordre de six mois à  peu près », a annoncé hier mardi Jean-Yves Le Drian. « La France accompagnera une force africaine déjà  en cours de constitution, composée d’éléments militaires venus des pays voisins pour faire en sorte que ce massacre s’arrête », a précisé le ministre français. « Gendarme de l’Afrique »? C’est bien la question que tous se posent en voyant les nouvelles propensions de va-t-en-guerre de l’Hexagone.Après la Lybie, le Mali, maintenant la RCA o๠la France se pose en redresseur de tort et en défenseur de la liberté et de la démocratie. « Il ne faut pas le voir ainsi mais plutot comme une application des valeurs de solidarité de la France » déclare un diplomate français. C’est justement pour se déprtir de cette image que Paris insiste sur le fait que la France est «en appui» et qu’elle ne réédite pas son intervention au Mali, qui visait à  neutraliser des groupes islamistes armés. Elle n’en apparaà®t pas moins comme pour ce pays à  la manoeuvre et sur tous les fronts, diplomatique comme militaire. A l’ONU, Paris a soumis lundi soir à  ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution visant à  renforcer la Mission internationale de soutien à  la Centrafrique (Misca) déjà  présente, avec la perspective de la transformer en force de l’ONU de maintien de la paix. Jusqu’à  présent plusieurs pays, notamment les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, semblaient réticents à  financer une nouvelle opération de maintien de la paix en Afrique. En attendant l’ONU Dans un premier rapport examiné lundi par les 15 membres du Conseil, Ban Ki-moon avait évoqué le déploiement de 6.000 à  9.000 Casques bleus pour sécuriser le pays. Selon l’ONU, sans «action rapide et décisive» en République centrafricaine, il existe le risque «que la crise échappe à  tout contrôle» et s’aggrave dans un «conflit religieux et ethnique», entre chrétiens et musulmans, qui pourrait mener à  des «atrocités généralisées». L’ONU redoute aussi que la Centrafrique devienne «un vivier pour les extrémistes et les groupes armés». Lundi, l’ambassadeur français à  l’ONU Gérard Araud a estimé que le projet de résolution proposé par Paris pourrait être adopté la semaine prochaine. La résolution est placée sous le chapitre 7 de la Charte de l’ONU, qui prévoit le recours à  la force. Elle autorise la Misca à  se déployer «pour une période initiale de six mois» pour tenter de rétablir la sécurité et de protéger les civils. La force panafricaine compte actuellement 2.500 hommes, sur un total prévu de 3.600, mais elle peine à  atteindre son effectif plein et manque de moyens. La résolution demande à  l’ONU de mettre en place un fonds pour financer la Misca et invite les Etats membres à  y «contribuer généreusement et rapidement». Le projet de résolution, qui réclame «l’application rapide des accords de transition» en RCA, avec dans la foulée des élections libres et équitables, «autorise les forces françaises» présentes en RCA à  «prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca». Mais en attendant le vote de la résolution, Paris a déja commencé à  envoyer ses militaires sur le terrain. Ils sont 410 à  débarquer aujourd’hui en Centrafrique, basés à  l’aéroport de Bangui. A l’issue d’une rencontre lundi à  Paris avec le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, le Premier ministre centrafricain de transition Nicolas Tiangaye avait annoncé que la France était prête à  envoyer en Centrafrique 800 soldats supplémentaires. La Centrafrique est en proie aux violences depuis le renversement, le 24 mars, du régime de François Bozizé par Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka, devenu depuis président. Il y a quelques mois, les chrétiens, largement majoritaires, et les musulmans vivaient en bonne intelligence. Mais les exactions à  répétition de l’ex-rébellion Séléka, à  majorité musulmane, ont rapidement généré des tensions, poussant des populations chrétiennes à  former des « groupes d’autodéfense » (appelés « anti-balaka ») pour s’en prendre aux musulmans.