Levée de mandat d’arrêt contre des chefs rebelles au Mali

Les autorités maliennes préparent la levée de mandats d’arrêt lancés en février contre certains chefs de groupes armés ayant leurs bases dans le nord du Mali et aujourd’hui engagés dans des discussions de paix avec le gouvernement. L’annonce a été faite par le ministre malien de la Justice samedi. Aucun calendrier n’a été fourni par le ministre Mohamed Ali Bathily. On ignore également le nombre de personnes concernées par cette levée de mandats d’arrêts. Avocat de son état, Me Bathily précise que : « Lever le mandat, c’est restituer la liberté de mouvement, mais ce n’est pas exonérer ou dédouaner la personne des charges qui peuvent peser sur elle. Donc, l’instruction continue, les enquêtes continuent ». « Au début des événements du Nord , certaines personnes ont été identifiées comme étant les chefs politiques, les responsables politiques de ces mouvements, parmi lesquelles six députés, qui ont donc déserté l’Assemblée nationale pour aller se retrouver du côté des mouvements », ajoute le ministre Bathily, sans, pour autant, citer de noms. L’accord de Ouagadougou a été signé le 18 juin par le gouvernement malien de transition, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Un peu plus de quatre mois plus tôt, le 8 février 2013, le parquet de Bamako avait rendu publics une trentaine de mandats d’arrêts notamment pour « sédition » et « terrorisme » contre des chefs du MNLA et d’autres groupes armés dont des jihadistes d’Ansar Dine et d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). C’’est un long processus judiciaire qui vient donc d’être ouvert.

Discret retour au pays pour Ag Bahanga

L’enfant terrible du nord du Mali Ibrahim Ag Bahanga est de retour dans son village, après un exil de deux ans en Libye. Quel rôle va-t-il désormais jouer ? L’exil en Libye est terminé pour Ibrahim Ag Bahanga. Après un séjour de près de deux ans chez le riche voisin du Nord, l’ancien chef rebelle touareg malien de l’Adrar des Ifoghas est enfin de retour au Mali. Mais cette fois pas pour faire la guerre. Du moins pour l’instant. « Ibrahim Ag Bahanga a accepté de revenir dans le processus de paix. Il est revenu de son exil en Libye, et actuellement, il est dans son village dans le nord-est du Mali », a déclaré le lieutenant de l’armée malienne Sayfoulaye Koné. Il indique que l’ancien rebelle se trouve « un peu consigné jusqu’à  la suite des évènements ». « La Libye a joué un rôle de facilitateur et Ibrahim a accepté de réintégrer l’accord d’Alger », a confirmé un membre du comité de suivi des accords d’Alger de 2006, composé de représentants du gouvernement malien et de l’ex-rébellion touarègue. Volonté d’autonomie Ag Bahanga est surtout connu pour ses faits d’armes. En 2006, un groupe de touaregs dont Ibrahim Ag Bahanga, avaient repris les armes, pillé des dépôts de munitions de l’armée dans le Nord, et s’étaient retirés dans des zones montagneuses situées non loin de la frontière algérienne. Après une médiation algérienne, rebelles touaregs et gouvernement malien avaient alors signé des accords de paix à  Alger, qui stipulaient notamment que le gouvernement malien accélérait le développement des trois régions du nord du mali. Les ex-rebelles touaregs abandonnaient quant à  eux l’idée d’obtenir une autonomie de leur région – qui pourrait avoir été inspirée, ou tout au moins encouragée, par Mouammar Kaddafi lui-même. Mais à  peine deux ans après la signature de ces accords, en 2008, Ibrahim Ag Bahanga de nouveau rentré en rébellion avait fait enlever des dizaines de militaires. Le président malien Amadou Toumani Touré avait finalement ordonné aux militaires maliens soutenus par une milice arabe de défaire l’enfant terrible du nord du Mali. Début 2009, l’armée malienne avait déclenché dans le nord-est du pays une opération destinée à  « anéantir » le groupe d’Ag Bahanga. Le ministère de la Défense avait ensuite annoncé que toutes ses bases avaient été prises et qu’il était « en fuite ». Abandonné par ses troupes, Ibrahim Ag Bahanga avait laissé les deniers otages maliens qu’il détenait avant de partir vers la Libye o๠il avait été admis en février 2009, « à  condition de rester tranquille ». Pourrait-il désormais se rendre utile à  son pays, en remplissant par exemple un rôle dans la lutte contre Aqmi ? (Avec AFP)