Processus de paix : nouvelle donne ?

Après avoir annoncé leur retour au sein du Comité de suivi de l’accord (CSA) le 29 septembre, les responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les membres de la Plateforme ont publié un autre communiqué, conjoint cette fois, et qui allait à  contresens du communiqué précédent. Raison invoquée, « l’intrusion de nouveaux acteurs dans le processus de mise en œuvre de l’accord », et qui les motive à  suspendre leur participation aux travaux des sous comités thématiques, jusqu’à  ce que le CSA, en accord avec la médiation Internationale, clarifie la situation concernant ces nouveaux acteurs ». Signé d’Ambéry Ag Rhissa, connu pour être un membre influent du MNLA et d’Ibrahim Diallo, ce communiqué dénote d’une volonté de certains mouvements de gagner du temps. Tout se joue en effet autour de la localité stratégique d’Anefis, o๠des éléments armés, d’un côté comme de l’autre, font évaluer le rapport de force, au grand dam des populations, que doivent sécuriser les forces de la MINUSMA. Si une délégation ministérielle s’est récemment rendue à  Anefis pour tenter de relancer le processus, les efforts déployés par Bamako restent freinés par une minorité de mouvements réfractaires à  la paix. Côté plateforme, on fait preuve de plus de bonne volonté surtout après l’entrée au sein gouvernement de l’un de leurs représentants, en la personne de Samba Diallo, chargé du portefeuille de l’Aménagement du territoire et de la population. l’absence d’anciens rebelles pourrait même gripper le processus à  nouveau. Nouvel acte Face aux blocages, l’échange de prisonniers, qui a eu lieu entre le gouvernement et la CMA la semaine dernière, vise à  instaurer un nouveau climat de confiance. Bamako a en effet relâché une trentaine de rebelles, et la CMA, seize militaires maliens. Cet épisode fait croire à  une avancée : « on peut penser que l’échange de prisonniers constitue une preuve de bonne foi, puisqu’on ne peut gagner la paix en gardant les prisonniers. Mais es groupes armés sont comme les membres d’une famille avec des intérêts divergents… », résume ce cadre de l’administration, originaire de Gao. En attendant, on annonce une nouvelle rencontre entre groupes rebelles en fin de semaine, pour discuter du plan de cantonnement, avec des propositions de sites à  la clé. « Un processus dans lequel chaque mouvement aura à  C’œur de placer ses hommes, et parmi lesquels figurent des trafiquants, combattants, déserteurs, braqueurs, bandits armés, etc.», poursuit notre interlocuteur. Malgré tout, les groupes signataires de l’Accord de paix sembleraient être revenus à  de meilleures intentions. Faut-il leur faire confiance ?

Edito : Se rebeller contre les rebelles

De la capitale malienne, on minimise un acte odieux qui visait le chef du gouvernement. La « réponse politique appropriée » promise par le Premier ministre doit être musclée. Ils ont osé le faire. Ils l’ont planifié. Ils ont osé défier l’Etat. Ils ont voulu rappeler qu’ils n’ont jamais capitulé. Ces insurgés enragés, ces rebelles écervelés, ces groupes armés terroristes aiment semer la terreur. Ils ont beaucoup appris de Boko Haram, d’Aqmi et de bien d’autres organisations similaires qui les infiltrent ou pactisent avec eux. Samedi, ils ont manifesté leur volonté d’en découdre avec Bamako. Ces djihadistes qui ont laissé dans leur fuite en janvier 2013 un baril rempli de préservatifs sont avides de bonne chair, de produits prohibés par la religion qu’ils prétendent défendre et de billets de banque. Ils font de la rébellion un fonds de commerce pour jouir de passeports diplomatiques, de privilèges en tous genres et de prébendes. Ils ne respecteront jamais un accord. l’urgence les commande. Les coups spectaculaires les motivent Moussa Mara était une cible parfaite. Attenter à  sa vie aurait été une victoire. Menacer le Premier ministre devient un coup d’éclat. Aujourd’hui, le dialogue n’est plus la solution. « Le Mali ne sous traitera pas sa sécurité » avait dit le chef du gouvernement lors de la DPG, le moment est venu de le prouver. Face à  des partisans de la terreur, la réponse appropriée demeure la terreur, la guerre totale. Le Président Abdou Diouf l’avait dit « on ne négocie pas avec des rebelles », il faut les combattre sans relâche. Un groupe armé n’a jamais les mêmes référentiels d’éthique qu’un Etat. Le Mali a tenté par plusieurs moyens de négocier, de dialoguer, de pacifier et de mettre un terme à  la rébellion nordiste mais face à  une horde boulimique, une meute multicéphale, seul le langage des armes peut prévaloir. D’ailleurs avec qui dialoguer ? Une meute a ceci de particulier : tout règne y est éphémère, chaque clan se bat pour la survie. Moussa Mara a la mérite d’avoir secoué le palmier et de prouver aux sceptiques que tout est à  faire dans ce septentrion Malien. Le colonel Calvez de Serval l’avait dit « Kidal est un bouillon de culture ». Tout part de Kidal qui ne peut et ne doit pas être une principauté, une terre promise des groupes armés, un eldorado pour les terroristes de la bande saharo-saharienne. Aujourd’hui, les forces armées maliennes ont la puissance de feu requise, elles ont beaucoup appris ces derniers mois, elles se sont aguerries. Comme nous le confiait un officier supérieur de la zone militaire de Gao « nous pouvons défendre ce territoire à  condition que l’autorité politique nous suive et que la Minusma joue franc jeu». Justement, autant l’assassinat en novembre dernier de Ghislaine Dupont et Claude Verlon avait posé le problème du rôle de la force Onusienne autant les tergiversations entre les camps I et II à  Kidal samedi suscitent des questionnements sur la responsabilité des forces Onusiennes. Pourquoi le 31 décembre dernier la rébellion n’a pas tenté d’ouvrir le feu sur les délégations des ministres Malien et Français de la défense ? (sic). Moussa Mara a réussi une épreuve. Il lui faut, de concert avec le Chef de l’Etat, libérer les forces armées maliennes pour qu’aucune parcelle du territoire n’échappe au contrôle du pouvoir. l’hymne national du Mali le dit bien « La voie est dure très dure, qui mène au bonheur commun, courage et dévouement, vigilance à  tout moment ». La défiance appelle la résistance et vu qu’on devient rebelle quand les siens sont en cause, le pouvoir doit enfin se rebeller contre les rebelles pour « la dignité du Mali ».

Une très longue nuit à Kidal… pour Mara

C’’est à  la mi journée que l’hélicoptère du PM s’est posé à  Kidal, samedi 17 mai. La visite du Premier ministre malien dans le fief des rebelles touaregs avait été annoncée. Elle marquera certainement un tournant dans la balance entre les autorités maliennes et les groupes armés Nord qui occupent Kidal et ses environs et empêchent depuis plusieurs mois, le retour complet de l’administration dans cette zone. Que Serval et la Minusma y patrouillent n’a rien changé à  une situation de non droit à  Kidal, devenue le dernier bastion de la libération totale du Mali. « Mais l’armée opère une réelle montée en puissance dans la zone et montre de plus en plus son efficacité sur le terrain », déclarait ainsi un diplomate récemment. La veille, des heurts avaient opposé des manifestants hostiles à  sa visite, aux forces onusiennes et maliennes, des adolescents, des enfants une nouvelle fois = instrumentalisés par le MNLA sur le tarmac de l’aéroport de Kidal ; Bilan provisoire, une dizaine de blessés, une femme atteinte. La Minusma aurait tenté de s’interposer. Mais la force onusienne reste contestée. En dépit de cela, Mara est déterminé à  fouler ce sol aride, cet Adrar hostile des Ifoghas, « fief » des rebelles Touaregs et Azawad rêvé des autres groupes armés qui ont pris Kidal en otage, depuis les débuts de la rébellion de 2012 ; Kidal, C’’est le nœud de la souveraineté bafouée du Mali. Des troupes Minusma et serval y patrouillent, mais à  bonne distance. Le rôle trouble de la France y a été maintes fois décrié. Le Mali doit donc agir. Entrer dans la danse. Et gagner la bataille ultime. « Affronter Kidal » Samedi. 12h30. Arrivés à  bord d’un hélicoptère, le PM Mara et sa délégation composée d’une dizaine de ministres et accompagnée de journalistes se rendront au camp 1 base des FAMA o๠ils rencontreront les soldats maliens, tandis que d’autres sont aux prises avec les ennemis pour sécuriser cette visite très forte en symboles. « Je suis au Camp 1 en réunion avec les militaires maliens », peut-on lire sur le compte Twitter du PM. Aussitôt, la déclaration est reprise partout, sur les médias nationaux comme étrangers. l’euphorie est grande. Après l’échec de Tatam Ly en Novembre dernier, ce sont des cris de victoire ! On salue le courage du Premier ministre Mara. On crie à  la libération de Kidal ; On fustige les groupes armés et notamment le MNLA : «Maintenant, la communauté internationale devra être convaincue que ce groupe armé n’est animé d’aucune bonne intention », écrit Abdou sur sa page facebook. Puis direction le gouvernorat pour une séance de travail perturbée par des tirs au dehors. Repli au camp 1 dans la soirée. Les affrontements entre armée malienne et groupes armés se poursuivent et notamment autour du gouvernorat de Kidal: « Ils sont nombreux. Ils viennent de partout. Tous ceux qui étaient cachés sont sortis », confie un soldat de Serval. « Il est impressionnant d’entendre ces tirs alors qu’on se trouve à  l’intérieur du camp militaire », témoigne un journaliste français, qui suit la délégation du PM. Bilan temporaire dans la soirée, un morts et de nombreux blessés… l’attitude passive de la Minusma irrite aussi certains officiels : « Beaucoup ici sont énervés par cette attitude », informe notre source sur place. Depuis Bamako, difficile de réaliser la gravité de la situation, mais remarquable est la sérénité du PM, qui appelle les Maliens au calme sur les ondes de l’ORTM par deux fois. A 16h30 et à  20h. La délégation doit ensuite repartir, quitter Kidal assiégée, direction Gao en fin de soirée. Il n’en sera rien, puisqu’une tempête de sable, les contraint à  rester au Camp 1, tandis que le gouvernorat de Kidal continue d’essuyer des tirs. « Il est pris» ! l’édifice, il faut le préciser avait été complètement rénové, pour accueillir Adama Kamissoko, le gouverneur. A quoi ressemblera t-il lundi matin ? Du côté de Bamako, on a peur pour la délégation bloquée pour la nuit à  Kidal. Joint par téléphone, l’un de nos contacts déclare : « La délégation est prise en otage au Camp 1 ». « Exagéré, réplique un officiel, nous sommes protégés et le PM reste serein ». La Minusma aurait ensuite tenté de l’exfiltrer pour protéger sa vie. Mara refuse et préfère rester avec la délégation. La nuit sera donc très longue. « On entend les tirs au dehors, et cela est assez bizarre », témoigne notre source sur place, vers minuit. Mais on ne peut pas dire que l’armée malienne a repris le contrôle de Kidal », ajoute t-il. Après que la rumeur se soit étendue à  la toile. «Libérez Kidal!» Après le journal de 20h, l’ORTM diffuse un communiqué qui informe que « le gouvernement a pris acte de ce qu’il considère comme une déclaration de guerre, et y donnera une réponse appropriée » par la voix de son porte-parole Mahamane Baby. Dans les rues de Bamako, la fronde naà®t. Des manifestants, des jeunes déterminés à  se faire entendre, envahissent le boulevard de l’indépendance ; « Libérez Kidal ! », lit-on sur des pancartes. D’autres saluent la bravoure du PM et veulent la fin de la suprématie du MNLA à  Kidal. Ensuite, ces mêmes manifestants se dirigent vers 23h à  la télévision nationale et réclament la vérité sur Kidal. Négociations avec le DG, et finalement, vers 00h, ils quittent le siège de Bozola. Il faudra attendre la suite des évènements. Une fois de plus, les Maliens retiennent leur souffle. Qu’en sera-t-il du statut de Kidal. La visite de Mara marque t’elle le début de la fin des rebelles ? On veut y croire : « Nous vivons des heures cruciales à  Kidal. Minusma, Serval, oui, à  présent, l’armée malienne fait face à  un seul défi, celui de défendre son territoire », écrit Maria une internaute. Tous veulent y croire. Que la visite risquée de Mara à  Kidal sonne le glas de l’impunité des groupes armés au Nord reste relatif. Mais il n’en demeure pas moins que l’armée malienne a joué un grand rôle dans sa sécurité en affrontant les rebelles et autres djihadistes sortis de leur tanière. En outre, pour couronner le tout, les séparatistes Touaregs ont enlevé une trentaine de fonctionnaires : « Nos forces ont repris le contrôle de tous les bâtiments administratifs à  l’exception pour le moment du Gouvernorat o๠le MNLA et les terroristes détiennent une trentaine de fonctionnaires en otages », informe ainsi le Ministère de la défense. Vers 5h du matin. Le calme est de retour et la délégation se dirige vers le camp de la Minusma pour décoller vers Gao. A 6h passés, ils sont dans le ciel. Et la cité des Askias les a accueilli sains et saufs dans la matinée ! Côté bilan, après les affrontements de Kidal, il y aurait pour l’heure une vingtaine de blessés et 8 morts côté malien, toujours selon le communiqué du ministère de la défense. Mara doit faire une déclaration dans l’après midi à  Gao…

Pour un leadership malien du dialogue au nord

Il y a dans cette affaire beaucoup d’enjeux. La stabilité du Nord Mali en proie à  une certaine insécurité et le retour complet de l’autorité d’Etat et de l’administration dans le septentrion malien. Même si la bonne nouvelle de la libération des cinq humanitaires enlevés par le Mujao, vient donner une petite note d’espoir, il reste que le Mali fait face à  des groupes armés aux velléités diverses et variées. En tête le MNLA, qui tantôt avance d’un pas, puis recule de deux et se scinde au passage avec un leadership éclaté désormais. En clair, le mouvement cherche à  gagner du temps, en jouant sur la communication et une diplomatie tous azimuts, qui consiste à  courtiser toutes sortes de médiateurs possibles. De San Egidio à  la Russie. Incohérent ! Quand les autorités maliennes cherchent justement la cohérence dans les pourparlers inclusifs avec les groupes armés. Un travail est déjà  entrepris par divers acteurs et partis au dialogue. Des discussions portant sur le cantonnement ont eu lieu récemment sous l’égide de la Minusma pour étaler une feuille de route qui doit précéder un désarmement, en vertu des accords de Ouagadougou. Mais ces accords ont-ils encore force et loi ? Aussi la désignation d’une personnalité est une initiative des autorités maliennes. Une personnalité dont le sens de l’Etat et de la patrie, la probité et le courage politique sont de notoriété avérée », a indiqué le chef de l’Etat lors du premier conseil de ministres de son nouveau gouvernement, le 16 avril et dont l’annonce a ensuite été faite par le ministre porte parole du gouvernement Mahamane Baby. Toujours selon IBK, la personnalité qui sera nommée aura la « lourde charge » de conduire des discussions avec les groupes rebelles, mais aussi avec l’ensemble des communautés du nord du pays. Cette nomination répond d’une certaine façon à  une volonté du Mali de prendre le taureau par les cornes, alors que C’’est toujours la communauté internationale qui mettait la pression, et s’y ajoute, l’audience entre le président et les membres de cette communauté internationale, quant à  la suite du dialogue. Une chose est sûre, le Mali doit prendre le leadership du dialogue au Nord.

La vraie-fausse vidéo des otages d’Arlit ? ANI

Ces derniers, dont quatre Français – Pierre Legrand, Thierry Dol, Marc Féret et Daniel Larribe -, seraient «visiblement en bonne santé » et appellent leurs pays à  «négocier leur libération ». « les otages français précisent » dans cette vidéo s’exprimer « le 27 juin 2013 », rapporte également l’agence. Cela fait trois ans que les otages d’Arlit sont détenus. Depuis quelques temps, l’agence sert de relais pour les djihadistes du Sahel, lorsqu’ils veulent diffuser des messages à  l’endroit des autorités ou des familles des otages qu’ils détiennent. Un peu comme pour la chaà®ne Al Jazeera qui servait de relais médiatique à  la nébuleuse terroriste Al Qaeda. Lors de la prise d’otages d’In Amenas en Algérie en janvier 2013 déjà , l’agence s’était déjà  fait connaà®tre par la proximité qu’elle entretenait avec les preneurs d’otages. Depuis, l’ANI se traà®ne une réputation de « canal de communication des groupes terroristes ». Le Huffington Post s’interroge lui sur l’agence mauritanienne ANI et écrit :  » Difficile de trouver des informations sur l’ANI. Sur son site internet, un court texte ressemblant plus à  une profession de foi qu’à  une présentation classique, présente l’agence et met en avant la fiabilité de ses informations. « ANI cherche à  combler le vide dont souffre la famille médiatique indépendante en Mauritanien en l’absence de sources fiables d’informations libres, traitées avec professionnalisme, objectivité et rapidité, dans le souci d’apporter une information sûre et sans déformation ni affabulation au lecteur là  o๠il est, aussi bien en langue arabe qu’en français. » Selon Mohamed Ould Khattat un journaliste agencier travaillant à  l’ANI, contacté par Le HuffPost, l’Agence Nouakchott d’Informations (de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie) a été créée il y a cinq ans par le groupe de presse mauritanien MAPECI qui possède deux autres journaux Nouakchott Info (en français) et Akhbar Nouakchott (en arabe). à‰ditée en deux langues: arabe et français, elle emploierait une dizaine de journalistes. Formé à  l’agence de presse sénégalaise, Mohamed Ould Khattat travaille à  l’ANI depuis sa création, il est aussi à  la tête du journal Nouakchott Info. L’ANI est dirigée par un certain Mohamed Mahmoud Ould Aboul Maali, suspecté d’avoir des liens très étroits avec Aqmi. Une agence pointée du doigt en Mauritanie et en Afrique L’agence a en effet été à  plusieurs reprises mise en cause pour ses relations privilégiées avec les groupes terroristes et Aqmi en particulier. Après la prise d’otages d’In Aménas, l’ANI a été convoquée par la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel de Mauritanie (HAPA) pour qu’elle s’explique sur une couverture médiatique qui « s’est transformée en une propagande en faveur des preneurs d’otages et de leurs actions ». Une couverture médiatique également vivement critiquée par le journal algérien El Watan. Contactée par les preneurs d’otages et Mokhtar Belmokhtar que l’ANI avait interviewé en 2011, l’agence a accepté de publier leurs communiqués de presse pendant toute la durée de l’attaque. à€ l’ANI, Mohamed Ould Khattat balaie d’un revers de la main ces accusations « La couverture de la prise d’otages d’In Amenas a été un grand coup médiatique qui a renforcé notre sérieux, notre professionnalisme sachant que nous avons publié en même temps les informations du côté algérien, notamment de l’agence de presse algérienne qui est la voix autorisée, explique t-il au HuffPost. Nous avions refusé toute manipulation par les terroristes, comme accepter de donner la parole aux otages puisqu’ils sont sous pression, et parce que nous respectons les sentiments de leurs familles. » Comment l’ANI est-elle entrée en contact avec les terroristes d’Aqmi? Mohamed Ould Khattat ne répondra pas. L’interview de Mokhtar Belmokhtar sur le site de l’ANI Prudence, prudence donc. Si pour l’instant, aucune information publiée par l’ANI n’a été formellement démentie (si ce n’est lorsque le site a été piraté), l’opacité qui entoure les méthodes et les réseaux de cette agence de presse incite les médias et le public à  prendre toute information délivrée avec beaucoup de précaution.

Mali: accrochages entre l’armée et des rebelles

Le porte-parole de l’armée confirme des « escarmouches » sans toutefois donner de bilan et affirme que cette intervention s’inscrit dans le cadre d’une opération de sécurisation entamée en fin de semaine dernière et menée depuis aux environs de Léré, et Nyafunke, notamment. Une opération destinée à  lutter contre le banditisme armée dans la région. « Nous avons constaté qu’il y a eu des vols de bétails. Des forains sont attaqués, dépossédés de leurs biens. La population elle-même se plaint de ce banditisme », explique le lieutenant-colonel Souleymane Maà¯ga, porte-parole de l’armée malienne. « Si des individus sèment la terreur au sein de la population en se faisant passer pour des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad, je pense qu’il y a vraiment un problème », estime-t-il. Il affirme également qu’« il ne s’agit pas de créer des situations conflictuelles avec les groupes armés », mais de « remplir ses missions régaliennes : sécuriser les populations, en vue du retour de la paix sur l’ensemble du territoire national ». Le MNLA dénonce une violation des accords de Ouagadougou Ag Ibrahim Mohamed Assaleh, cadre du MNLA et membre du Comité de suivi des accords de Ouagadougou, dénonce pour sa part une violation de ces accords. Il assure que cette zone de Foà¯ta, près de Léré, o๠ont eu lieu les affrontements, a été décrétée « zone de regroupement » en vue d’un cantonnement, en accord avec les autorités maliennes, il y a quelques jours. C’est à  la suite de cette décision que le MNLA a demandé à  ses hommes présents dans la zone de s’y rassembler. Une affirmation que dément le porte-parole de l’armée, qui assure n’avoir pas été informé d’une telle décision. Depuis mercredi soir, le calme semble revenu. Aucune perte humaine n’est à  déplorer pour le moment. Précisons qu’aux termes de l’accord de cessez-le-feu, le nouveau chef de l’Etat dispose de deux mois à  partir de la formation, dimanche dernier, de son gouvernement pour l’établissement d’une « paix globale et définitive ».

Le pouvoir et les rebelles touaregs ont officiellement signé un accord

Après onze jours de négociations, les autorités de transition et les groupes touaregs du nord ont paraphé ce mardi 18 juin un texte intitulé « Accord préliminaire à  l’élection présidentielle aux pourparlers inclusifs de paix au Mali ». Objectif : permettre un retour de l’Etat dans le nord, tout en considérant les revendications des groupes qui tiennent la zone. L’accord a été signé, pour Bamako, par le ministre de l’administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, et par Bilal Ag Acherif et Algabass Ag Intalla au nom des deux mouvements touareg, en présence du président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne. Encore quelques « détails techniques » L’ONU a rapidement salué cette annonce. « Il s’agit d’un premier pas, il est maintenant important que les signataires se tournent vers l’avenir et continuent leurs efforts, main dans la main, en vue d’une mise en oeuvre concrète de cet accord qui doit commencer immédiatement de manière coordonnée et paisible », a réagi Bert Koenders, le représentant du secrétaire général de l’ONU au Mali. Selon lui, « en pratique, les parties doivent encore discuter des derniers détails techniques en ce qui concerne les problèmes de sécurité, le retour de l’administration, des services essentiels aux populations dans la région de Kidal, et la préparation (de la) prochaine élection présidentielle » dont le premier tour est prévu pour le 28 juillet. « Une fois ces conditions réunies, c’est à  ce moment-là  qu’un dialogue inclusif pourra s’instaurer, impliquant non seulement le gouvernement, les groupes armés, mais aussi tous les Maliens », a-t-il précisé, en se disant « encouragé par l’engagement des parties à  la réconciliation nationale et la résolution des différends par le dialogue ». Le retour de l’armée prévu à  Kidal Le processus prévoit un cessez-le-feu immédiat, un cantonnement des combattants du nord du pays et un redéploiement des forces de sécurité du Mali dans la zone. Le tout sous l’encadrement de la Minusma et de la force française Serval, afin d’éviter le moindre débordement. Dans un premier temps, la commission mixte pourrait décider du retour de gendarmes, de médecins mais surtout de membres de l’administration capables d’organiser l’élection présidentielle. Car le temps presse : le premier tour est toujours prévu le 28 juillet. En contrepartie, les autorités de transition de Bamako s’engagent sur la seconde phase de l’accord. Soixante jours après son élection, le nouveau président du Mali aura la lourde tâche d’organiser des pourparlers de paix plus consistants, notamment pour définir le statut administratif de l’Azawad et les stratégies de développement de la zone. Pour obliger les deux camps à  tenir leurs engagements, l’ensemble de ce long processus qui s’engage sera encadré et suivi de près par les Nations unies. Les rebelles touareg se sont installés fin janvier à  Kidal à  la faveur de l’intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à  Al-Qaida. Les djihadistes avaient pris en 2012 le contrôle du nord du Mali, s’alliant d’abord au MNLA, qui avait lancé l’offensive, avant d’évincer ce mouvement dans la région.

Syrie: l’UE lève l’embargo sur les armes pour les rebelles

Aucun pays membre de l’UE n’a l’intention d’envoyer des armes dans les deux prochains mois afin de ne pas mettre en danger l’initiative de paix russo-américaine alors que la guerre fait rage sur le terrain. «l’UE a décidé de mettre fin à  l’embargo sur les armes pour l’opposition syrienne et de maintenir les autres sanctions contre le régime syrien», prises il y a deux ans, a annoncé le ministre britannique William Hague en milieu de nuit à  l’issue d’une réunion marathon. Mais, dans les faits, elle ne devrait rien changer pour les rebelles qui font face à  l’offensive de l’armée syrienne, en particulier autour de la ville stratégique de Qousseir, au centre du pays. Car les 27 «se sont engagés à  s’abstenir d’exporter des armes à  ce stade et, en tout état de cause, à  appliquer un certain nombre de critères stricts à  d’éventuelles exportations futures», a expliqué le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. Aucune arme ne devrait ainsi être livrée d’ici au 1er août, date avant laquelle les ministres ont prévu de «réexaminer» leur position. Ce délai devrait leur permettre de dresser un premier bilan de la conférence internationale «Genève 2» prévue en juin à  l’initiative des Etats-Unis et de la Russie. «C’’est une levée théorique de l’embargo. Concrètement, il n’y aura pas de décision de livraison avant au minimum le 1er août», a de son côté indiqué un haut responsable français, ayant requis l’anonymat. Une conférence de paix en vue l’organisation d’une telle conférence de paix sur la Syrie ne sera «pas une mince affaire», a prévenu lundi soir le chef de la diplomatie russe Sergue௠Lavrov, à  l’issue d’un entretien à  Paris avec son homologue américain John Kerry. «Nous avons discuté des moyens de procéder (…) pour que cette conférence ait lieu. Ce n’est pas une tâche facile, ce n’est vraiment pas une mince affaire», a déclaré Sergue௠Lavrov, dont le pays soutient le régime de Damas. MM. Lavrov et Kerry, dont C’’est la 6e rencontre depuis la prise de fonction de John Kerry en février, venaient de s’entretenir dans un grand hôtel parisien pour discuter de la date d’une conférence de paix et des représentants de l’opposition syrienne et du régime du président Bachar al-Assad qui y participeraient. «Comme l’a dit John, nous nous sommes, avant tout, concentrés sur la nécessité de déterminer la liste des participants du côté syrien, le groupe du gouvernement et celui de l’opposition, comme nous en avions parlé à  Moscou», a expliqué M. Lavrov. Si Damas a donné son «accord de principe» pour participer à  «Genève 2», l’opposition syrienne, réunie depuis jeudi à  Istanbul, apparaà®t profondément divisée et ne s’est pas encore prononcé sur sa présence. Les négociations se poursuivaient hier soir sans signe de progrès, selon un membre de la Coalition syrienne. Soupçons d’utilisation d’armes chimiques Le ministre russe des Affaires étrangères a souligné que la conférence de paix pourrait être «élargie pour inclure tous les acteurs clés», dans la région. Moscou souhaite de longue date que l’Iran, soutien du régime de Damas, participe aux négociations, ce que les Occidentaux refusent. En juin 2012, la première conférence de Genève avait rassemblé les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne), des représentants de l’Irak, du Koweà¯t, du Qatar, de la Turquie, et de responsables de l’ONU et de l’Union européenne. MM. Lavrov et Kerry ont ensuite dà®né dans un restaurant de la capitale française avec leur homologue Laurent Fabius, de retour de Bruxelles. Avant de quitter Bruxelles, M. Fabius a affirmé qu’il y avait «des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d’usage localisé d’armes chimiques» en Syrie. Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l’utilisation d’armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. La France va analyser les échantillons de potentielles armes chimiques rapportés de Syrie par des journalistes du quotidien français Le Monde, a annoncé mardi un haut responsable français sous couvert de l’anonymat. La question des armes chimiques a été abordée par MM. Kerry, Lavrov et Fabius lundi soir, a indiqué le responsable français, ajoutant: «la question des armes chimiques peut introduire une situation différente car les lignes de clivage (avec les Russes) ne sont pas les mêmes que sur le conflit syrien». l’utilisation d’armes chimiques fait l’objet de soupçons depuis déjà  quelques semaines dans plusieurs endroits de Syrie, mais n’a pas été formellement prouvée. l’ONU demande en vain à  Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l’opposition concernant le recours à  ces armes. Combats acharnés, «cauchemar» humanitaire et social Epaulée par les combattants du Hezbollah libanais, dont au moins 79 hommes ont été tués en une semaine selon une ONG syrienne, l’armée syrienne livrait lundi des combats acharnés pour s’emparer de la ville de Qousseir (centre). Les insurgés défendent bec et ongle cette ville et ses environs, zone stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime car elle se trouve sur le principal axe vers le Liban, et sur la route reliant Damas au littoral, base arrière du régime. A Homs, dans le centre de la Syrie, au moins quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans l’explosion d’une voiture piégée, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Et les craintes de voir le Liban entraà®né dans la guerre se sont encore accrues avec de nouveaux tirs d’obus, depuis la Syrie, sur un fief du Hezbollah dans l’est du Liban. Au moins une femme a été tuée lorsque trois obus lancés depuis la Syrie se sont abattus près de la ville de Hermel, a affirmé à  l’AFP un responsable des services de sécurité.

Ménaka, triste symbole de la rébellion armée, un 17 janvier…

Ménaka, est désormais le tristement célèbre symbole de l’attaque des rebelles du MNLA en 2012. Située dans la région de Gao à  un peu plus de 1000 km de Bamako, C’’est ensuite, la localité d’Aguel’hoc, qui est à  son tour victime de l’offensive des hommes en turbans, qui revendiquent l’indépendance de l’Azawad. Le 17 janvier est une date marquante parce qu’elle est la 4è attaque des rebelles depuis les indépendances au Mali et parce qu’elle ne laissait en rien présager la partition du pays, dans une atmosphère o๠les partis politiques étaient plongés dans la préparation des élections générales du 29 avril. Elles n’auront pas lieu finalement puisqu’après Ménaka, Aguel’hoc et la fête du 20 janvier, date de création de l’armée malienne, le Mali se retrouvera pris dans un étau irrépressible de colère populaire. Celle des femmes d’abord en fin janvier, décidés à  en découdre avec ATT sur la mort horrible d’une soixantaine de soldats maliens à  Aguel’hoc exécutés par Aqmi et le MNLA, ensuite, celle des militaires de la garnison de Kati, révoltés par leurs conditions salariales déplorables et le manque d’équipements et de formation… s’en suivra le coup d’Etat du 22 Mars et la chute des régions du nord, le reste, nous le connaissons tous… CPI : zéro impunité Un an après, le 17 janvier 2012, la CPI décide d’ouvrir une enquête sur les crimes présumés commis depuis Janvier 2012, une façon de marquer le coup. Et pour ne pas céder à  l’impunité. « Depuis le début du conflit armé qui a éclaté en janvier 2012, les habitants du nord du Mali sont soumis aux grands troubles qui agitent leur région », a-t-elle déclaré. « Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à  la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à  tous les stades du conflit. Je suis parvenue à  la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du Statut de Rome », a précisé Fatou Bensouda, procureur général de la CPI. Car si les rebelles du MNLA qui sont à  l’origine de l’attaque de Ménaka, ont depuis été mis hors jeu par les groupes armés islamistes que sont Ansar Dine, le Mujao qui contrôlait jusqu’à  l’offensive française, la région de Gao ou encore, Aqmi qui détient aujourd’hui 41 otages en Algérie, il va sans dire, que ces hommes ont commis des crimes contre leurs frères dans ces attaques. Des Maliens ont agressé d’autres maliens, soldats ou pas, ces crimes ne devront pas rester impunis de l’avis général : « J’ai un frère dans la rébellion, et il faudra qu’il soit jugé pour ses actes ! », témoigne Oumou Sall Seck, maire de Goundam, réfugié à  Bamako. Pour Saidou Diallo, maire de Gao, la décison de la CPI est salutaire : « C’‘est une bonne chose, parce que le MNLA qui continue à  réclamer l’Azawad, cherche à  ne pas encourager la réconciliation entre Maliens. Aussi, après la guerre, il faudra une justice et punir tous ceux qui ont perpétré des actes violents, Mossa Ag Assarid, le premier. C’’est la seule manière d’amener une réconciliation saine au Mali ». Ainsi cette décision de justice internationale convient à  la plupart des ressortissants du nord, déplacés ou réfugiés à  Bamako, qui ont perdu des proches dans ces attaques. Mais si le Mali est aujourd’hui au C’œur d’une guerre, qui n’en est qu’à  ses débuts, le processus sera long pour réunifier tous les Maliens du nord et surtout ne pas tomber dans la stigmatisation ethnique, le repli identitaire ou l’esprit de vengeance. Une tâche immense attend tous les Maliens et le 17 janvier restera une date clé dans l’histoire de la rébellion armée au Nord du Mali.

Le spectre de Kadaffi hante à nouveau

Dans ce nouveau rapport de Human Rights Watch, publié le 17 octobre et intitulé « Mort d’un dictateur : Vengeance sanglante à  Syrte », apporte de nouvelles preuves renforçant l’hypothèse selon laquelle le dictateur libyen déchu, ainsi que des dizaines de partisans, aurait été tué, délibérément, par des miliciens rebelles. Alors que les images de son lynchage ont fait le tour du monde relayées par des vidéos sur internet, les circonstances de la mort de Kadaffi s’éclairent un peu plus. Plusieurs versions ont été données de cette mort. D’après les autorités libyennes, le guide a perdu la vie dans un échange de tirs au moment de sa capture dans sa région natale de Syrte, le 20 octobre 2011. Hypothèse contredite par des témoins qui affirment qu’il aurait été liquidé après sa capture. Les dernières heures du guide De fait, le rapport revient sur les dernières heures du guide, la fuite de son convoi et celle de son fils, Moatassem grâce à  des témoignages et vidéos publiés sur Internet recoupés. «Â Les résultats de notre enquête soulèvent des questions autour des affirmations des autorités que Mouammar Kaddafi a été tué dans des échanges de tirs et non après sa capture », affirme Peter Bouckaert, directeur des urgences à  HRW. « Les preuves suggèrent aussi que des miliciens de l’opposition ont exécuté sommairement au moins 66 membres du convoi de Kaddafi capturés à  Syrte », selon lui. Plus grave, les miliciens de la ville de Misrata auraient capturé et désarmé les membres du convoi de Kaddafi, puis les auraient violemment battus. « Ils ont ensuite exécuté au moins 66 d’entre eux près de l’hôtel Mahari », ajoute-t-il, en soulignant que certains avaient leurs mains liés derrière leur dos. Sur la mort de Kaddafi, l’ONG fait état d’images vidéo montrant que la dictateur a été capturé vivant mais saignant d’une blessure à  la tête. Selon elle, on y voit les rebelles le battre violemment et il semble avoir été blessé à  la baà¯onnette sur les fesses avec de forts saignements. « Il apparaà®t sans vie » au moment o๠il est filmé, à  moitié nu, pendant son transport dans une ambulance, selon l’ONG. Vidéo La fin d’un mythe En dépit de ces nouveaux éléments, qui apportent un peu plus de lumière sur les images choquantes, d’un guide livré aux mains des rebelles, torturé, piétiné puis entreposé dans une vulgaire boucherie, l’on ne peut s’empêcher de penser à  la fin indigne d’un homme qui a régné près de 40 ans sur la Lybie et suscité, peur et respect, dégoût et admiration. Après sa mort, il y a fort à  parier que d’autres vérités et romances surgiront sur ce personnage hautement controversé. En témoigne la publication récente de ce livre : « Les Proies», de la journaliste Annick Cojean ou le témoignage d’une jeune femme que Kadhafi a intégré dans son supposé harem, dans le désert. Les amazones de Kaddafi, l’affaire des infirmières bulgares, celle du DC10 d’UTA, autant de zones d’ombres qui ont fait du guide un personnage parfois détestable. Sa mort est-elle à  l’image de toutes ces affaires ? La vengeance a-t-elle guidé ou de simples rebelles se sont acharnés sur cet homme, manipulés par des forces étrangères ? l’avenir nous le dira. En attendant, HRW affirme avoir remis les résultats de l’enquête aux autorités de transition libyennes immédiatement après les meurtres et a ensuite demandé aux nouvelles autorités de mener une enquête complète sur ces crimes qui s’assimilent à  des crimes de guerre.

L’hôpital de Gao à nouveau fonctionnel

La situation sanitaire s’améliore peu à  peu dans la Cité des Askia. Six mois après l’invasion de Gao par les groupes indépendantistes du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui avaient complètement saccagé la structure hospitalière et après à  la reconquête de la ville par le groupe islamique du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO), l’hôpital s’efforce de renouer avec un fonctionnement acceptable. Le service se passe presque normalement pour l’instant. Le président de la commission médicale, le Dr Moulaye Djitèye, et son personnel s’en félicitent. « La situation actuelle de l’hôpital n’est pas aussi mauvaise. Le début a été difficile pour nous. Mais aujourd’hui tous les services fonctionnent à  part celui de l’ORL à  cause de l’absence du responsable de ce service qui se trouve actuellement à  Bamako. En ce qui concerne le reste du personnel, il n’y a pas de problème majeur. Mieux, nous fonctionnons avec un surplus d’agents. Les besoins de l’hôpital en terme de praticiens sont estimés à  130 agents. Nous sommes 138 aujourd’hui. Et le Croissant rouge, l’Ong qatari, promet d’en recruter d’autres. C’’est dire que nous sommes presque ici dans l’humanitaire », analyse le Dr Moulaye Djitèye. Appui des ONG En effet, l’appui de l’Ong qatari à  l’hôpital de Gao est aussi important que multiforme. Ces actions et autres appuis portent essentiellement sur l’assistance financière et aussi sur l’approvisionnement de l’établissement en produits médicaux. l’Ong assure le salaire du personnel aussi bien des fonctionnaires restés sur place que celui des agents qu’elle recrute pour l’établissement. l’Etat n’est pas demeuré en reste. A travers l’Usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP), la structure hospitalière a reçu environ 6 millions de Fcfa de médicaments. Cette assistance a considérablement fait baisser le coût des ordonnances puisque les produits sont cédés à  moitié prix. De passage, les responsables de Ginna Dogon ont apporté une contribution à  l’hôpital. 100.000 Fcfa ont ainsi été remis au président de la commission médicale par le premier responsable de Ginna Dogon, Mamadou Togo. Une amélioration sensible ne signifie pas pour autant que tout va pour le mieux à  l’hôpital de Gao dont le système d’évacuation et de référence est gravement grippé. Faute de moyens de transport (une seule ambulance pour toute la ville), de nombreux cas de décès de femmes en couches sont enregistrés. Sans compter la persistance de certaines affections comme le paludisme et les maladies respiratoires. Quant aux forces d’occupation, elles se contentent de sécuriser l’établissement. « Notre rôle, C’’est de protéger l’hôpital d’une éventuelle agression du MNLA qui rode toujours dans les parages », souligne Sidi Mohamed, le responsable du MUJAO chargé du volet santé. Cette protection est bien accueillie par les responsables de l’hôpital et, surtout, par les malades qui gardent un très mauvais souvenir de l’irruption des éléments du MNLA dans l’établissement. Ceux-ci ont tous emporté obligeant même des malades à  céder les matelas sur lesquels ils étaient couchés. Un cauchemar gravé au fer rouge dans les mémoires. « C’’est le jour le plus dur de mon existence. Jamais je ne l’oublierai », confirme ce septuagénaire, les yeux embués de larmes.

Nord Mali : l’imminence d’une offensive malienne…

La visite du Premier ministre, aux militaires de Ségou, le 1er juin, précède t’elle une offensive de l’armée malienne vers le nord. Les deux tiers du territoire, de Tessalit à  Douentza, sont contrôlés, depuis le début du mois d’Avril, par les rebelles du MNLA et divers groupes armés ou djihadistes comme Ansar Dine et Aqmi. A Sévaré, un militaire nous informe que les troupes se préparent. Là , à  600km, sont rassemblés quelques milliers de soldats maliens. « Ils préparent des MIG, des chars de combats, peaufinent les stratégies ».  » Pas un centimètre carré de territoire ne sera cédé  » L’offensive viserait à  libérer Douentza, à  800km de Bamako et dernier rempart contre les occupants, un point stratégique pour ensuite progresser vers le nord. « Il n’est pas question de renoncer à  un seul centimètre carré de notre territoire », avait déclaré Cheick Modibo Diarra aux soldats à  Ségou. Pour motiver davantage, les troupes, une « prime d’opération », serait prévue pour ceux déployés au front.Démoralisée, décapitée de son commandement aux premières heures de l’attaque de la rébellion, et surtout traumatisée par l’attaque d’Aguelhok, fin janvier, l’armée malienne a certainement besoin d’être galvanisée pour retourner au front. » Avoir le matériel oui, mais pas les hommes, n’aident pas une guerre! », analyse un éditorialiste malien. Du côté de Bamako, au ministère de la Défense, on ne laisse rien filtrer. « C’est le matériel qui est entrain d’être préparé, on rassemble, mais ce sont les militaires qui manquent à  l’appel », témoigne, un ancien de la Sécurité d’Etat. La première sortie du Premier ministre à  Ségou était nécessaire, témoigne un officier en poste à  Bamako. « Discrétion totale » Des soldats ont été déployés à  Sévaré (base du commandement opérationnel pour le nord depuis la prise de Gao en avril dernier) à  partir des camps de Ségou, Sikasso et Kayes pour étoffer l’effectif. Et pour mener ces hommes au combat, deux hommes, les généraux Mahamadou Maà¯ga (gouverneur de Kayes) et Minkoro Kané qui sont réputés dans l’art de la guerre et respectés par les troupes et la hiérarchie militaires. La stratégie de reconquête du nord, inclut par ailleurs, des éléments de renforts comme les milices sonrhais du nord (Ganda Izo et Ghanda Koy). En attendant l’appui des forces d’intervention étrangères comme celles de la CEDEAO ou la communauté internationale, l’armée malienne, dont le rôle premier est la défense de l’intégrité territoriale du Mali, semble reprendre du galon. Si cette offensive s’avérait un succès, elle conforterait la position du gouvernement, en vue des négotiations avec les occupants du nord, notamment un certain Iyad Ag Ghaly…

Au tour des épouses d’ambassadeurs d’aider les populations du Nord

Télévisions, radios, SMS. Au Mali, l’heure est à  la mobilisation en faveur des populations des trois régions du Nord occupées par les rebelles et les islamistes. Le «Â Beau club », qui réunit les épouses d’ambassadeurs en poste au Mali, s’est associé aux élans actuels de solidarité en remettant la semaine dernière un don à  la Croix Rouge. Les membres et les sympathisants du club se sont réunis à  la Maison du diplomate pour assister à  la remise officielle. Ce don avait été précédé d’un autre le 2 mars dans le cadre de l’opération Mains unies. Les bénéficiaires étaient alors les militaires. Cette fois, 60 sacs de sucre, 25 sacs de lait, 80 cartons d’huile et 80 cartons de pâtes ont été remis pour une valeur estimée à  six millions de FCFA. «Â C’’est le cri de C’œur qui répond au cri de la femme et de l’enfant », s’est félicité la présidente du club Sidibé Dedeou. Le président de l’amicale des anciens ambassadeurs et consuls du Mali a salué les efforts de la Croix Rouge dans sa quête du bien-être des populations du Nord. «Â Je suis très impressionné par votre dévouement, votre détermination et votre succès » a déclaré à  la présidente le représentant de l’amicale des anciens ambassadeurs et consuls du Mali. Nia Fané du comité directeur de la Croix rouge a salué ce geste du «Â Beau club » qui ne le «surprend guère ». Abondant dans le même sens, son homologue Fofana a vu dans ce don «Â la preuve de la solidarité malienne », avant de promettre que «Â cette importante contribution sera acheminée au populations du Nord dans les plus bref délais ».

Gao meurtrie

Profitant du putsch de Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ont pris en fin de semaine le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux. La prise de la ville de Gao (classée comme la 2ème région militaire du Mali), dans la nuit du 31 mars au 01er avril dernier, a surpris plus d’un. Pis, elle a été et continue d’être le théâtre de toutes les exactions ; à  savoir vol, pillage, pillage, meurtre… , obligeant la population à  s’exiler. Le triste scénario qu’offre ainsi Gao interpelle à  plus d’un titre. En effet, outre la paralysie de l’activité économique, l’administration publique se trouve inopérante. Les hôpitaux et aires de santé ne fonctionnent plus. Conséquences : des centaines de personnes ont vidé les lieux accourant vers des cieux plus cléments. Après une brève interruption par les bandits armés, le trafic s’est quelque peu rétabli. Du coup C’’est la ruée sur Bamako ou autre localité. Certains sont partis vers Ansongo, Ménaka, à  la frontière nigérienne. Pris au piège Tout de même, ne sachant o๠donner de la tête, certains ont tout de même décidé de rester. «Â Je ne sais o๠aller. J’avais centré tous mes efforts sur ici en y mettant tous mes biens immobiliers », s’indigne Malamine Sylla fonctionnaire à  l’Office de protection des végétaux à  Gao. Et ce médecin ayant trouvé refuge à  Bamako d’ajouter, « J’ai construit une maison à  Gao. Mes deux véhicules ont été emportés. C’’est triste de tout perdre et me retrouver bredouille » Selon une source habitant la ville de Gao, la cité des Askias n’est plus viable. Les habitants ayant choisi de rester sont privés d’eau. La seule centrale thermique qui alimentait la ville ne fonctionne plus à  cause du manque de carburant. «Â Il n’ya plus de carburant, les boutiques sont fermés, l’activité économique est paralysée ». A cela, il faut ajouter des milliers de d’habitants de Gao ont quitté la ville. «Â Nous préférons braver les intempéries que de rester, sous les balles, dans une ville qui ne vit plus ». Les chrétiens chassés des lieux Selon une source chrétienne, des hommes armés ont détruit la mission et l’église des Pères blancs. Du coup, la peur a gagné la communauté chrétienne de Bamako. «Â La chasse aux chrétiens de Gao est ouverte depuis que la ville est tombée entre les mains de la rébellion, samedi. Les Pères blancs de la ville ont échappé de peu à  la mort »,  alerte une source informée à  Bamako. Dès la chute de la ville, ils ont été informés qu’ils étaient «Â sous la menace de “barbus” »  et ont décidé de quitter la ville le lendemain. Quelques heures plus tard,  poursuit-elle, des hommes armés sont arrivés. Ils ont forcé la porte, exigé du gardien qu’on leur livre les prêtres pour les égorger et fouillé la maison. Furieux de les avoir ratés, ils ont brûlé l’église, brisé les statues et les ornements religieux. Tous les témoignages que J’ai recueillis vont dans le même sens : des islamistes s’en prennent aux chrétiens dans le nord du pays ». Comme quoi, Gao va vraiment mal. Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne, a appelé les Occidentaux à  intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés, dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens français Libération et le Monde. Sera-t-il entendu ?

MNLA : Fin de la progression ?

Dans quelques jours, ils vont proclamer l’indépendance de l’Azawad. D’après eux, ils ont libéré le nord au profit des populations touaregs. Après avoir pris Kidal, Gao, Tombouctou, les indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont décidé de rendre les armes. Est-ce pour autant la fin de la menace pour ceux qui croyaient que les rebelles allaient continuer leur progression vers Bamako. D’après une source à  Tombouctou, Douentza qui se trouve entre la région de Tombouctou et celle de Mopti,sur une distance d’environ 200km, serait la limite des rebelles, même si des mouvements avaient été signés à  Mopti. Plusieurs ressortissants de la Venise malienne, se sont réfugiés à  Bamako, de peur d’être la cible d’attaques rebelles. A Bamako, la nouvelle est accueillie avec prudence. «Â  C’’est une bonne chose de savoir qu’ils vont s’arrêter là , mais va-t-on les laisser nous prendre la moitié du pays ? », s’inquiète Ali, un commerçant. Alors que le Collectif des ressortissants du Nord a appelé à  la reconquête des régions du nord, lors d’une assemblée tenue à  Bamako le 4 avril, les rebelles n’entendent pas négocier avec la junte du capitaine Sanogo qu’ils jugent illégitime : «Â  Ce n’est pas un capitaine sans expérience, qui va nous faire reculer…», déclarait Mossa Ag Attaher, l’un des porte- parole du MNLA. Au même moment, la junte se débat à  Bamako entre les partis politiques qui réclament son départ et l’embargo de la CEDEAO, qui réclame le retour à  l’ordre constitutionnel sans délai, avec un appel à  une intervention étrangère au Nord… Le Mali abandonné La France par la voie de son ministre des Affaires Etrangères, Alain Juppé se dit préoccupée par la progression de l’islamisme au nord du pays, mais la France n’interviendra pas au Mali militairement. , a déclaré Juppé Rappelons qu’Aqmi détient encore 6 otages français au nord du pays, ce qui compromet une quelconque ingérence française au Mali. Tout au plus peut-on espérer une aide logistique de la France ? Même son de cloche du côté des Nations-Unies qui se contente d’exiger un retour à  l’ordre constitutionnel. Tout comme l’Union Africaine qui a émis des sanctions contre les membres de la junte. l’Union Européenne appelle aussi à  un cessez-le-feu, sans toutefois une suspension de ses aides. Malgré tout, l’appel du capitaine Sanogo à  une intervention militaire étrangère au Mali, sonne vide face à  une communauté internationale unanime à  condamner le régime pris par les armes. Dans ce cafouillis, les rebelles se préparent à  s’autoproclamer «Â état indépendant » au nord du pays. Dans la Venise malienne, des scènes de pillage et même de viol sur des femmes de Gao ont été dénoncés par des ressortissants de la ville. Certains habitants joints par téléphone refusent même de parler, alors que les ONG dénoncent une situation humanitaire critique, qui touche près de 90 000 déplacés. Voici le témoignage poignant d’un salarié d’une Ong qui a requis l’anonymat : «Â A Gao la situation est catastrophique, les rebelles ont pillé tous les services techniques, l’hôpital régional, les banques et même la Croix Rouge et le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Il n’y a plus d’eau, d’électricité de médecins dans la ville. Les gens sont terrés chez eux et malgré cela, les rebelles entrent dans la ville pour braquer les familles, et violer les femmes la nuit…Les rebelles volent même les véhicules qu’ils chargent de provision et sont toujours à  l’intérieur de la ville qu’ils ratissent carré par carré ! » Notre interlocuteur ajoute aussi qu’il cherche à  quitter la ville, sa femme et lui. Des cars de la compagnie Binke transport sont chaque jour acheminés à  Gao et se remplissent de voyageurs décidés à  fuir le climat de peur qui règne à  Gao. «Â A Gao, il n’y a plus rien d’intéressant à  Gao, à  par la peur », conclut notre témoin joint par téléphone. MNLA, Ançar Dine, la nouvelle donne Fi de Bamako, le MNLA a un autre concurrent. Le mouvement Ançar Dine du chef islamiste Iyad Ag Ghaly. Ce dernier consolide son emprise sur la ville sainte de Tombouctou et aurait d’ores et déjà  fait appliquer la charia sur place. Du coup, les rebelles se sont repliés dans certaines zones de Tombouctou. Leur nouvel ennemi n’est plus Bamako mais l’ingérence d’Ançar Dine dans leurs affaires. Mais pour cet éditorialiste, les liens sont évidents : « Des complicités locales, des alliances temporaires, chacune cherche à  avoir le contrôle dans les zones du nord. Sans parler de la proximité d’AQMI ». Alors les gesticulations du capitaine Sanogo à  Bamako laissent le mouvement rebelle complètement indifférent. Pour le moment.

Sanogo : « Si la situation se durcit au Mali, le monde entier en sera victime »

Le chef mutin s’entretenait avec des journalistes français depuis le camp militaire de Kati, près de la capitale malienne. {Les rebelles avancent à  grande vitesse. Est-ce l’heure d’une opération militaire, d’une contre-offensive de l’armée dans le Nord} La situation est critique, mais pas générée par le CNRDRE. C’est une des raisons pour lesquelles on a décidé de mettre fin à  un régime [celui du président Amadou Toumani Touré]. La situation était déjà  pourrie, depuis une dizaine d’années, par des personnes qui avaient trahi ce pays. Nous mettons tout à  la disposition des forces armées qui doivent préserver l’intégrité du territoire. La situation n’est pas seulement critique pour le Mali. Ce n’est plus une rébellion simple. On a un groupe islamique qui s’installe, avec tout un réseau. Si la situation se durcit, et l’Afrique et le monde entier en seront victimes un jour. {Que faut-il faire à  ce stade ?} Essayons d’oublier le Comité [le CNRDRE], oublions les rouages de la Constitution : on doit faire face à  un problème. Chaque heure compte. {Quelle est la solution ? Vous appelez à  une aide militaire internationale contre les rebelles ?} Si les grandes puissances ont été en mesure de traverser les océans pour aller lutter contre… [un ennemi comparable], qu’est-ce qui les empêche de venir ici ? Le danger, ce n’est pas seulement pour le Mali. Qu’on oublie un peu le Comité. Parlement, Constitution, ça peut attendre. Le dossier grave, c’est au Nord, c’est le plus important. {Une force internationale au Mali serait souhaitable, selon vous ?} Le Comité va toujours dans le sens de ce qui est bien pour ce pays. L’intervention d’une force, d’accord, mais bien canalisée, conformément à  nos principes. L’ennemi est connu, ce n’est pas Bamako. Si une force devait intervenir, elle sait oà¹. C’est là -haut [au Nord]. Des éléments africains ou occidentaux pourraient prendre part à  cette force ? J’ouvre la porte à  toutes les possibilités. Mais, encore une fois, dans le souci d’aller en guerre contre ce système [les rebelles], pas à  Bamako. Vous appelez la classe politique et les organisations à  tenir, jeudi 5 mars, une convention nationale pour décider du futur du pays ? Quand pensez-vous que des conclusions peuvent être attendues ? Nous sommes venus [au pouvoir] pas pour nous [y] éterniser, je le dis et le maintiens. Nous sommes des militaires. Notre mission principale, c’est de sécuriser le territoire, d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Si vous voyez qu’on est là  aujourd’hui, c’est par la force des choses. On compte tenir la promesse qu’on ne sera pas là  pour longtemps. Concernant la convention, puisque on l’a fait pour le bonheur du peuple, c’est que quelque chose ne marchait pas. Dans la convention, demain, les participants parviendront à  dégager les grandes lignes d’une feuille de route. Pour le petit temps qu’on aura fait ici, et projeter ce qui se passera plus tard. Y a-t-il a des négociations avec Ansar Dine ou le Mouvement national de libération de l’Azawad -MNLA- [les deux groupes rebelles qui ont pris le nord du Mali] ? Faut-il discuter avec ces deux groupes séparément ? Tant qu’un individu est en armes, avec l’objectif de semer la terreur ou tuer, pour moi ces groupes n’ont pas de différence. Quant aux négociations, les portes sont ouvertes, mais une chose est sûre : l’intégrité du territoire reste mon mot d’ordre. C’est l’une des plus graves crises dans le nord du Mali. Ce qui est certain, c’est que le groupe islamiste est en train de s’installer, et ça n’interpelle pas seulement le Mali. Cela interpelle tout le monde. Vous avez peur que le MNLA décrète une forme d’autonomie, ou de sécession, dans le Nord du pays ? D’abord, en tant que soldat, je n’ai jamais peur. Mais j’ai quelques inquiétudes quand même. Pour l’instant, je préfère ne pas me prononcer. Hier, vous annonciez des poursuites contre « ATT » [le président Amadou Toumani Touré, toujours caché]. Que vont devenir les ministres arrêtés [comme Boubeye Maiga, ministre des affaires étrangères] ? Je n’ai pas de ministre arrêté. Pour le moment, je les détiens pour protéger leur intégrité physique, car je connais bien mon pays. En les laissant en ville, ils peuvent courir un risque. Si on devait faire des exactions, on l’aurait déjà  fait, mais vous conviendrez avec moi que depuis qu’on est là , on est à  l’écoute du peuple, on fait ça pour le peuple, donc on n’est pas dans une chasse aux sorcières. Ces gens, en les laissant en ville, courent un danger. Voilà  pourquoi je les garde, mais ils ne sont pas détenus. Et « ATT » ? Si je le trouve, c’est aux services spécialisés de le décider. Il y a encore un service judiciaire qui fonctionne, c’est à  eux de déterminer. O๠sont les militaires qui ont fui ? Mes soldats n’ont pas fui, ils se sont repliés. Une grande partie est restée à  Sévaré [base militaire près de Mopti]. Etes-vous en contact avec les pays qui sont utilisés par la rébellion comme bases arrières, l’Algérie et la Mauritanie ? Je n’en veux à  personne. D’ailleurs, si nos propres responsables ont permis l’accueil de groupes armés… Tout un groupe [de rebelles] a quitté la Libye et a été accueilli en héros ici, avec les honneurs, et c’est ce même groupe qui en train de tuer les Maliens aujourd’hui… Je n’en veux à  personne. Au contraire, je les invite à  une collaboration pour éradiquer le mal commun. Avez-vous peur de voir la classe politique qui était aux affaires revenir au pouvoir ? C’est ma plus grande préoccupation. Il y a ceux qui ont fait dix ou quinze ans au pouvoir. De député on devient ministre sans rien rapporter au pays. Vous croyez que les mêmes têtes vont rester ? Nous, on veut un changement, pas un changement pour changer, pour les valeurs. « Tu as dirigé le Mali pendant trente ans, et tu t’accroches encore ? Laisse les autres s’exprimer ! » C’est tout ce que je demande à  la classe politique. Si la convention nationale décide que votre départ est souhaitable, que ferez-vous ? Laissons la convention décider de cela, mais laissez-moi vous dire quelque chose : à  l’heure o๠nous sommes, on a déjà  évité un chaos. J’espère bien que la convention ne souhaitera pas voir ce Comité disparaà®tre, parce que ça va être le chaos le lendemain. L’application des sanctions est-elle une grande surprise ? La Cédéao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], c’est l’organisation à  laquelle nous appartenons, je respecte leur décision, mais je les appelle au dialogue. Il est temps qu’on aille vers une Cédéao des peuples et non des Etats, des peuples d’Afrique. Je n’ai rien contre les circuits institutionnels, mais j’ai peut-être quelque chose contre les hommes. Si dans vingt à  quarante jours, il n’y a pas d’élection, il y aura un vide. Ce vide, qui va le combler ? Au lieu de perdre deux mois et de repartir sur quelque chose d’incertain, puisque il y a déjà  des acquis, pourquoi ne pas faire un démarrage imminent ? On gagne en temps, on gagne en structure, on gagne en confiance. Et surtout le CNRDRE est le comité du peuple, vous l’avez remarqué, faites des sondages. On a posé un acte qui a plu au peuple. Des propositions pour la Cédéao ? Je suis obligé de garder une position. Ce n’est pas de la bravade, c’est pour l’intérêt du peuple malien. L’heure n’est pas au Comité, ou au jeu politique, ça peut attendre dix ans. C’est un pays de la Cédéao qui est en train de mourir chaque jour, c’est ça la priorité. L’administration à  Bamako fonctionne, les gens vaquent à  leurs affaires, le Comité est là , bien respecté, donc il n’y pas d’urgence ici. L’urgence, c’est le Nord. Les pays qui conseillent à  leurs ressortissants de quitter le pays ? Ils ont leurs raisons. Vous êtes là , à  Bamako, on vous a menacé ? Certains journalistes l’ont été, oui… Certains journalistes ? Ceux qui les ont agressé ont leurs raisons. Mais moi, ma mission est d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur le territoire malien, que vous soyez malien ou étranger. Et si je suis incapable de le faire, ce n’est pas délibéré. Y a-t-il déjà  un effet des sanctions qui perturbent le secteur bancaire ? Pour le moment, le Mali marche bien. Pour les structures bancaires, je ne suis pas informé, mais ça marche. Je peux vous assurer qu’on n’arrivera pas à  ce point.

Mossa Ag Attaher : « Ce n’est pas un jeune capitaine sans expérience qui nous fera reculer »

Alors que les putschistes du 22 mars dernier l’accusent d’ «Â incompétence » dans la gestion de la guerre au Nord, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) lreproche à  l’ancien président d’avoir piétiné le processus de négociation. A la question de savoir l’état des négociations avec les autorités maliennes avant le coup d’Etat militaire, Mossa Ag Attaher est formel : «Â Depuis le 17 janvier, il n’y a aucune négociation. Ni avec l’Etat malien ni avec les puissances étrangères. La France a fait des offres pour une rencontre entre l’Etat malien et nous. Le ministre français des Affaires étrangères, lors de son passage à  Bamako, a proposé un cessez-le-feu avant d’ouvrir des négociations. Mais au moment o๠nous l’envisagions, le Mali a envoyé plus de 200 véhicules pour attaquer nos positions. ATT a saboté la proposition de négociation française. On ne demande pas que la France ou l’Algérie supplie le Mali de nous donner notre indépendance. l’indépendance ne se donne pas, elle se mérite. Par le combat, sur le terrain ». «Â Ce n’est pas un jeune capitaine sans expérience qui nous fera reculer » Cette interview du porte-parole du MNLA intervient au moment o๠au Nord, la rébellion connait une avancée fulgurante. Les trois principales villes (Kidal, Tombouctou et Gao) sont désormais sous contrôle. Lorsqu’on demande à  Ag Attaher si le coup d’Etat du 22 mars change quelque chose, la réponse est sans équivoque. «Â Nous restons très distants et réservés par rapport à  ce coup d’Etat. Nous ne nous sommes pas du tout exprimés sur le sujet avant aujourd’hui. Je préfère parler d’un malaise au sein de l’armée plutôt que d’un manque de moyens militaires », a déclaré le porte-parole de la rébellion. Pour qui, «Â n’importe quel officier ou homme politique qui arrive au pouvoir ne pourra utiliser plus de moyens ». «Â Le Mali a utilisé tous les moyens militaires dignes d’une guerre entre deux pays contre nous, explique Mossa Ag Attaher. Qui cite des avions, des hélicos, des blindés, des chars… mais l’échec a toujours été au rendez-vous. Donc ce n’est ni une question de manque de moyens ni de négligence, mais une question de volontés opposées. Nous restons sereins. Nous savons que le Mali ne pourra pas utiliser plus de moyens contre nous, ce n’est pas un jeune capitaine qui arrive avec aucune expérience de l’Etat qui nous fera reculer ». Pour d’éventuelles négociations ? «Â La situation au Nord est critique », comme le disait le chef de la junte dans son adresse à  la nation le 26 mars derniers. Et pour le capitaine Amadou Haya Sanogo, le Mali reste ouvert au dialogue. Au MNLA l’option n’est pas écartée. Mais selon son porte-parole, l’objectif reste l’auto-détermination de l’Azawad. «Â Nous ne sommes pas dans une logique de chantage avec l’Etat malien. Ce que nous voulons, C’’est de montrer au monde entier, que la volonté de l’Azawad doit être entendue. Nos objectifs restent les mêmes : libérer les trois villes du nord, Kidal, Gao et Tombouctou. Notre combat n’a pas changé depuis le 17 janvier. Et l’on va continuer jusqu’à  la libération totale de la zone. Si la junte au pouvoir aujourd’hui exprime de manière claire sa volonté de privilégier une solution politique, nous sommes disposés à  l’entendre. Si l’Etat malien se reprend et accepte le droit du peuple de l’Azawad à  l’autodétermination alors nous seront prêts à  arrêter les hostilités le jour même », a promis le porte-parole du MNLA. Qui prévient : «Â si le capitaine, qui a pris le pouvoir, cherche des moyens nouveaux pour se battre contre nous, alors nous lui disons que le rendez-vous se fera sur le terrain ».

Mali : la Cedeao place la junte sous « embargo »

Les chefs d’à‰tats de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont frappé fort. Réunis lundi 2 avril à  Dakar à  l’occasion d’un sommet extraordinaire, ils ont décidé d’imposer à  la junte au pouvoir au Mali un « embargo total », c’est à  dire à  la fois diplomatique et financier. « Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli, a déclaré le chef d’à‰tat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao. Parallèlement, la Cedeao a décidé la mise en place immédiate de sa force militaire, qui était déjà  en état d’alerte depuis plusieurs jours. Les modalités d’activation de cette force de quelque 2 000 hommes doivent être étudiées lors d’une réunion d’un comité des chefs d’état-major dès cette semaine à  Abidjan. « Les déclarations de la junte vont dans le bon sens » « La situation au Mali est très grave, c’est un coup contre la démocratie et une atteinte à  l’intégrité territoriale de ce pays », a affirmé Ouattara. Et de répéter : « Ce n’est pas acceptable. Le retour à  l’ordre constitutionnel et à  l’intégrité territoriale doivent se faire dans les plus brefs délais. » De son côté, la junte a promis dimanche le retour à  un pouvoir civil et une transition démocratique avec des élections dont la date n’a pas été précisée. Une marque de bonne volonté qui n’a visiblement pas suffit à  calmer l’ire de Ouattara. « Les déclarations de la junte vont dans le bon sens, mais il faut que ce soit effectif, que la junte se mette à  l’écart et transmette le pouvoir aux autorités constitutionnelles reconnues », a estimé le président ivoirien. Le sommet de Dakar a également demandé que le gouvernement légitime qui doit être « mis en place dans les prochains jours ouvre le dialogue avec les mouvements armés », a poursuivi Alassane Ouattara. « Nous allons transmettre ces décisions au président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping afin de lui demander de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour accompagner ces décisions », a-t-il le président de la Cedeao. à‰ventuelle saisine de l’ONU Le ministère français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui assistait à  la réunion de la Cedeao en marge de l’investiture de Macky Sall comme nouveau président du Sénégal, a quant à  lui indiqué que le Conseil de sécurité pourrait aussi être saisi par Paris des éventuels besoins de l’organisation ouest-africaine pour régler la crise au Mali. La France soutient les efforts de la Cedeao, qui a mandaté le président (burkinabè Blaise) Compaoré comme médiateur, et elle relaiera auprès du Conseil de sécurité, avec ses partenaires africains au sein du Conseil, les besoins de la Cédéao pour appuyer ses actions », avait affirmé plus tôt un porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal.

L’avancée de rebelles fait fuir les habitants de Mopti

Des centaines d’habitants de Mopti et de ses environs (centre du Mali), incluant des militaires et leurs familles, ont quitté leurs domiciles, craignant l’avancée de rebelles touareg ayant pris en trois jours le contrôle du nord du pays, a appris lundi l’AFP auprès de témoins. « Nous on est partis hier (dimanche) après-midi » de Mopti pour Bamako, « et il y avait beaucoup de personnes sur la route, avec leurs effets, qui partaient. Les gens sont paniqués, même les militaires fuient », a affirmé une mère de famille résidant à  Mopti et travaillant à  Sévaré, ville proche abritant un camp militaire. « C’est pareil à  Sévaré. Les membres des forces de défense et de sécurité se mettent en civil et partent, ou mettent leurs familles à  l’abri. Les militaires partent depuis l’attaque de Gao » (nord-est) samedi par des groupes rebelles et islamistes armés, a-t-elle ajouté. Ses déclarations ont été confirmées par un autre résident de Sévaré fonctionnaire à  Mopti, qui a parlé de « déplacements » mais a précisé qu’il n’étaient pas massifs. « Hier » dimanche, « les stations-service étaient fermées mais beaucoup ont rouvert aujourd’hui. Les militaires ont quitté les camps, il y en qui se sont installés dans des quartiers » à  Mopti et Sévaré, d’autres ont quitté les villes, a déclaré cet adulte, qui assure que des habitants font leurs provisions pour plusieurs jours. Selon la mère de famille, de nombreux jeunes se sont rendus à  Ségou, plus au sud, pour s’inscrire sur des listes de bénéficiaires potentiels d’armes, afin de « défendre leurs villes », en cas d’attaque. « Personne n’est à  l’abri à  Mopti, puisque même ceux qui sont chargés de nous protéger ont fui », a-t-elle dit. Aucun officiel n’a pu être joint pour commenter ces informations. Sévaré, à  l’est de Mopti, est sur la route reliant Bamako, la capitale, à  Gao, capitale d’une des trois régions administratives du nord du Mali, avec Kidal et Tombouctou. Toutes ces régions n’étaient plus lundi sous le contrôle des forces gouvernementales, qui les ont désertées, les laissant aux mains de groupes de rebelles touareg et islamistes armés.

Français, il faut quitter le Mali !

Faut-il avoir peur et quitter le Mali ? La France conseille en tout cas à  ses ressortissants de prendre la poudre d’escampette, avec la progression rapide des rebelles ces derniers jours au nord du pays. Après de violents combats qui ont conduit à  la chute de Kidal en plein putsch au Mali, C’’est désormais Gao attaqué le 30 Mars et pris par les éléments du MNLA, puis Tombouctou, la cité touristique, qui ont rendu les armes. «Â Le pays est coupé en deux », rapporte les médias internationaux, ajoutant à  la psychose des français de l’étranger, notamment ceux du Mali, qui attendent d’embarquer dans le premier avion ce lundi. Air France va faire le plein, puisque la France appelle ses ressortissants à  quitter «Â provisoirement le Mali ». Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Que la vieille Gaulle redoute des menaces envers les populations touaregs à  Bamako et un sentiment anti-teint clair, auquel les français n’échapperaient pas. Dans la foulée des manifestations pro et anti-putsch, qui ont suivi le coup d’état du 22 Mars au Mali, le danger était perceptible, témoigne un journaliste français, à  qui l’on a conseillé de rester à  domicile. Est-ce pour autant que tous les «Â teins clairs » de Bamako seront pris en chasse ? Le sentiment qui prévaut est celui de l’angoisse face à  l’avancée des rebelles, mais l’angoisse est généralisée et ne concerne pas que les étrangers. Une habitante de Bamako témoigne sur les ondes d’une radio célèbre sa peur et redoute que les rebelles ne progressent vers le sud. Qu’est-ce qui pourrait les arrêter ?, s’interroge t-elle La confusion peut vite brouiller le bon sens et le rôle des médias n’est-il pas de replacer les choses dans leur contexte et de restituer l’information juste ? Le ministre français des Affaires Etrangères, Alain Juppé, depuis Dakar n’y va pas de main morte : «Â  La situation est dangereuse, c’est la raison pour laquelle j’ai demandé à  nos ressortissants dont la présence n’est pas indispensable de quitter le pays». Et le chef du Quai d’Orsay d’affirmer que la France n’envisage aucune intervention militaire au Mali. Qui doit se débattre seule avec ses rebelles. C’’est oublier que l’intervention de la France en Lybie a un effet collatéral sur la rébellion malienne. Comme toujours la France ne vise que ses intérêts… En clair, pour les Français du Mali, C’’est sauve-qui-peut !

L’avancée des rebelles dans le Nord du Mali inquiète

La situation militaire se dégrade rapidement dans le nord du Mali plaçant la junte au pouvoir à  Bamako depuis dix jours dans une position extrêmement délicate. Samedi, après le chute de Kidal la veille, les rebelles de Mouvement Nationale pour la libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion touareg, étaient entrés dans Gao, la seconde ville du nord-Mali o๠ils se heurtaient à  l’armée malienne. Toute la matinée, d’importants combats se sont déroulés dans la périphérie de la cité. Dans l’après-midi, le MNLA, appuyés par les hommes de la milice Ansar Dine, un groupe salafiste dirigé par Iyad ag Ghaly, semblait avoir pris le contrôle de toute la ville. On ignorait cependant samedi soir le sort de camp militaire situé à  une dizaine de kilomètres au sud-est de Gao. Cette importante caserne sert de centre opérationnel à  l’état-major malien et de base aux trois hélicoptères engagés dans les combats. L’éventuelle chute de ce site achèverait de désagréger le front malien. Dans le même temps, des accrochages étaient signalés aux environs de Tombouctou, la capitale du nord du pays. Selon un homme d’affaire originaire de cette ville, les rebelles n’en seraient qu’à  quelques kilomètres. L’armée malienne, pour sa part, se serait repliée au moins en partie plus au sud. Les mouvements touaregs sont renforcés Pour le MNLA, qui revendique l’indépendance de l’Azawad, une vaste zone qui comprend notamment une bonne part du nord Mali, la prise de ces deux villes signifierait la réalisation complète de ses objectifs en un temps record. Cette avancée fulgurante doit beaucoup à  la supérioté de ses armes. Les mouvements rebelles touaregs, qui agitent le nord du pays presque sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960, ont été considérablement renforcés avec l’arrivée à  l’automne d’hommes venus de Libye. La chute de Kadhafi a en effet entraà®né le retour aux bercails d’au moins 2000 de ces mercenaires d’origine malienne avec leurs armes. Cet afflux a radicalement changé le rapport de force entre les Touaregs et une armée malienne, très mal équipée. Le MNLA a aussi profité ces deniers jours du coup d’état qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, désorganisant le commandement malien. Pour la junte, arrivée en pouvoir en affirmant précisément agir pour renverser le sort des armes dans le nord du pays, cette avancée est un désaveu. Dans une interview accordée à  Radio France Internationale (RFI), le chef du Comité national pour restauration de la démocratie et le redressement de l’Etat (CNRDRE), le capitaine Amadou Haya Sanago, a assuré que ces récents revers n’étaient pas pour lui une défaite. «On ne peut pas redresser en dix jours dix ans d’erreur», a-t-il expliqué. L’officier appelle également à  l’union nationale pour sauver l’unité du pays. Un argument qui semble porter. Les partis politiques qui dans un premier temps avaient rejeté le coup de force et exigé un retour à  l’ordre constitutionnel s’y sont montrés sensible. «L’heure n’est plus au discussion. Il faut que le monde politique se réunisse pour trouver une solution rapide. Il faut sauver le Mali», affirme ainsi Ibrahim Boubacar Keita, ancien premier ministre. Le Front du refus, un collectif de partis et d’associations formés pour lutter pour le putsch, a lui aussi lancé un appel en ce sens. La junte veut aussi convaincre les pays voisins de lui venir en aide. Mais la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a lancé au CNRDRE un ultimatum qui se termine lundi pour rendre le pouvoir sous peine d’un embargo diplomatique et financier. Une telle mesure étoufferait rapidement le Mali. Samedi, une délégation du CNRDRE était à  Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabé Blaise Compaoré, nommé médiateur de cette crise. «Nous espérons infléchir la position de la Cédéao et obtenir son aide», a affirmé le capitaine Sanago. Une aide que la Cédéao semble prête à  lui accorder. à€ une condition. Vendredi le président ivoirien Alassane Ouattara a une nouvelle fois exigé le retour à  l’ordre constitutionnel avant toute chose. Le ministre des Affaires étrangères Burkinabé, était lui attendu samedi soir à  Bamako pour tenter de trouver une sortie de crise. De notre envoyé spécial à  Bamako

Au nord, les rebelles prennent le camp d’Anefis

«Â Pour nous, le coup d’état n’est pas une surprise ! ATT a caché la vérité aux maliens, qui vont enfin savoir la vérité sur ce qui se passe entre nous et l’armée malienne sur le terrain. Pour nous le coup d’état ne change rien à  notre objectif, qui est d’obtenir l’indépendance de l’Azawad ». Voilà  en substance ce qu’a déclaré le MNLA, à  travers son porte parole, Moussa Ag Assarid, pour ceux qui se demandent, o๠en est la rébellion au nord du Mali. Alors qu’elle gagne du terrain au Nord, après la dernière prise de Tessalit, et que l’inquiétude reste vive quant au sort de l’armée malienne, déployé au front, le coup d’état du 21 Mars, n’arrange pas les choses. On apprend à  travers une source sur facebook, que les rebelles auraient selon leurs propres termes «Â  libéré Anefis », une localité située entre Kidal et Gao. Un officier malien en poste à  Kidal a déclaré que les rebelles avaient pris possession du camp militaire d’Anefis, situé 100 km plus loin en direction du sud-ouest et abandonné par les forces gouvernementales. « L’armée s’est retirée de sa base à  Gao », a dit une source à  Tombouctou, autre grande ville du nord du Mali. « Il n’y a plus de hiérarchie militaire. (Les rebelles) vont s’emparer des villes du nord », a ajouté cet homme ayant requis l’anonymat, rapporte les dernières dépêches. Pas de stratégie pour la junte Dans une déclaration télévisée, le capitaine Sanogo, chef de la junte, ne dit rien ou presque de la stratégie militaire pour contrer les rebelles. Il déclare simplement que la priorité est à  la restauration de l’ordre dans le nord du Mali. Un membre de l’administration nous déclare que les soldats maliens n’ont hélas pas de stratégie militaire et ne savent pas se battre. Les hommes de Sanogo en savent-ils davantage ? Alors que des armes de dernière génération ont été envoyées au Nord, les militaires n’ont plus de hiérarchie. Des positions stratégiques ont été abandonnées et le flou reste total sur le sort de l’armée malienne au Nord…

Tessalit entre fiction et réalité…

De Bamako, l’on sait finalement peu de choses de la réalité du terrain à  Tessalit, la ville du Nord Mali, qui est le siège des derniers affrontements entre la rébellion du MNLA et l’armée malienne qui vient d’y opérer, selon ses propres termes un repli stratégique. Pour se faire une idée géographiquement, Tessalit est situé à  l’extrême Nord est du Mali, près de la frontière algérienne. Une zone désertique, hostile, idéale pour une rébellion et dont le contrôle, était l’enjeu des combats entre les deux factions. « Il n’y a rien de pire qu’une guérilla… », affirmait un éditorialiste malien à  l’annonce de la prise de Tessalit par les rebelles dimanche soir. L’armée a t’elle été à  bout de souffle ? D’après des sources locales, le MNLA n’a pas relâché la pression sur Tessalit et les militaires maliens ont donc quitté le camp en face de la seule piste goudronnée de la région de Kidal, capable d’accueillir des hélicoptères mais aussi des cargos, des gros porteurs donc. Tessalit étant l’un des plus imposants camps militaires au nord de Kidal, les rebelles du MNLA seraient en position de force désormais. Informations contradictoires… Mais les choses se sont-elles vraiment passées ainsi ? «Â Vers 17h, nous avons donné l’assaut au camp militaire d’Amachach qui comptait plusieurs centaines de soldats, officiers ainsi que des civils, notamment des familles de militaires. Ces derniers ont préféré prendre la fuite au lieu de riposter. Ils ont abandonné le camp. Nous nous sommes accrochés avec eux, lors de la course-poursuite », affirme au journal Algérien El Watan, Bekay Ag Ahmed, chargé de la communication du MNLA ». L’armée malienne rapporte les choses autrement : « Ces assaillants tentent d’empêcher les Forces Armées et de Sécurité de ravitailler plus de 1500 personnes réfugiées dans la garnison de Tessalit et comprenant en majorité des femmes et des enfants. Face à  ces agressions répétées rendant difficiles toutes les tentatives de ravitaillement de ces populations civiles, le Commandement militaire a décidé, dans la nuit du 10 au 11 mars 2012, l’organisation de convois d’évacuation et d’escorte des civils vers d’autres garnisons ». On imagine nos pauvres militaires démoralisés par ce repli forcé et on imagine les rebelles en joie, armes à  la main détenir les prisonniers civils et militaires qu‘ils disent détenir. Bref, on navigue entre fiction mentale et réalité floue du terrain. Avec pour seule option, les communiqués officiels des uns et des autres…. Mais la question qui se pose désormais, c’est combien de victimes après ces affrontements ? Combien de nouveaux déplacés vers les frontières voisines ? Y a -il eu des exactions comme à  Aguelhock ? C’est la raison de la mission du Comité International de la Croix rouge qui est arrivée lundi 12 Mars au soir dans les environs de Tessalit. Elle devrait permettre d’en savoir plus même s’il est difficile de joindre l’un des membres en mission au Mali.

Rébellion : Tessalit en état de siège

C’est désormais la ville désertique Tessalit au nord-est du pays qui est le siège de violents accrochages entre l’armée malienne et les rebelles touaregs. On parle d’un dispositif militaire impressionnant des deux côtés. D’après les sources, chaque partie a mobilisé de grands moyens : des blindés, plus de 300 hommes, plusieurs colonnes de véhicules pour l’armée malienne et du côté des rebelles touaregs, regroupement de plusieurs unités avec du matériel de guerre sophistiqué, rapporte RFI. Comme lors des précédents combats, l’enjeu, c’est le contrôle de la ville et notamment le camp militaire de Amachache, situé à  15 km de Tessalit en face d’une piste d’atterissage. Et qui contrôle cette piste, contrôle cette vaste zone communément appelée l’adrar des Ifouras. Pour éviter de reculer, l’armée malienne tente de renforcer ses positions sur cette zone, afin que les rebelles ne s’emparent pas de cette position stratégique. Les opérations côté malien, sont conduites par le commandant de zone de Gao, Didier Dacko, les colonels Gamou et ould Meydou. Quant à  savoir qui a pris l’avantage dans les combats, l’information reste incertaine. Les deux camps affirmaient mercreci soir, avoir le dessus, mais la réalité du terrain laisse entrevoir que les combats pourraient continuer ce jeudi. Ce n’est pas la première fois que Tessalit subit des attaques. Située dans la région de l’Adrar des Ifoghas, d’o๠viendraient les rebelles les plus acharnés du MNLA, le contrôle de Tessalit consitue un enjeu de taille pour la rébellion. Pour le moment, le bilan des victimes n’est pas connu, mais les combats auraient été très violents, rapporte une source gouvernementale. Pour sortir de la crise, le gouvernement malien appuyé par la voix de France, a maintes fois appelé à  un cessez-le feu. Mais face aux attaques régulières de la rébellion dans la zone nord, l’armée est obligée de riposter. La solution du dialogue semble sourde à  l’oreille des rebelles qui continuent leurs assauts. De leur côté, la médiation africaine, appuyée par l’Union Africaine et la Cedéao, vise un dialogue inclusif afin de trouver une issue à  cete crise qui frappe les régions nord du Mali.

Faut-il négocier avec les rebelles ?

 » Il n’y a presque rien dans le nord, il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L’école, c’est pareil ». Cette citation d’un rebelle du MNLA montre à  quel point les choses auraient pu se passer différemment au Nord du Mali. Alors que le gouvernement lançait il y a quelques mois, le PSPSDN, un programme de développement du Nord et qu’ATT espérait sans doute finir son mandat dans la quiétude, les cendres de la rébellion touarègue se sont mises à  rougeoyer de nouveau dans le nord du pays, étouffant toute initiative visant à  promouvoir la paix, la sécurité et le développement pour les ressortissants du Nord. l’autodétermination, voilà  ce que réclament plusieurs figures de la rébellion actuelle; Colonels d’armée déserteurs, ex-officiers de l’administration malienne, touarègues d’origine, ils ont choisi de rejoindre les rangs du MNLA. « Donnez nous l’indépendance et vous verrez : ce sera la fin d’Aqmi, des enlèvements d’Occidentaux et du trafic de drogue », déclarait Mohamed Ag Aghaly à  l’hebdomaire Jeune Afrique, tout en soulignant les différences entre les peuples du Nord et du Sud. « Cela montre bien que leurs revendications sont irrecevables, comment peut-on promettre cela, alors qu’il s’agit de développement et non de trafic, ceux qui parlent ainsi sont tout juste condamnables », réplique un membre de l’administration d’état. Mais les arguments avancés par le MNLA vont plus loin : « Parce que depuis 1957, c’est la même chose. à€ l’époque déjà , les Touaregs avaient dit aux Français [les colonisateurs, NDLR] qu’ils ne voulaient pas être intégrés à  la république malienne. Et depuis trente ans, on discute avec le gouvernement, on signe des accords, mais ils restent sans effet. Nous avons voulu être avec Bamako, mais Bamako n’a jamais voulu de nous ». A Bamako, pourtant, côté protocole de la république, on grince des dents. La visite d’Alain Juppé à  Bamako, le 26 février est même venue relancer l’idée du dialogue avec les rebelles, de la négotiation, pour trouver une issue de sortie de crise. Le noman’sland du Nord Bamako a-t-il jamais voulu du Nord ? C’’est en tout cas l’idée que tentent de faire circuler les rebelles pour justifier leurs revendications séparatistes. Dans la réalité, Bamako a souvent négocié avec les rebelles. Peut être un peu trop. Les accords de Tamanrasset en 1991, le Pacte National en 1992, et les Accords d’Alger signés en Juillet 2006 après la rébellion du 23 Mai, avaient laissé entrevoir une volonté d’unité nationale basée sur l’entente, la compréhension mais aussi les questions de sécurité et développement. Approuvé par le gouvernement et le Mouvement démocratique du 23 mais, ces accords prévoyaient plusieurs axes de développement des régions du Nord Mali. A travers la tenue du Forum de Kidal sur la sécurité et le développement et la création d’un fonds spécial d’investissement pour mettre en œuvre un programme de développement économique, social et culturel au Nord. Depuis lors, plusieurs programmes ont été mis en place, une structure l’Agence de Développement du Nord (ADN), et dernièrement le Programme Spécial de Paix et de sécurité pour le développement du Nord Mali(PSPSDN)pour piloter plusieurs projets autour de l’élevage, l’hydraulique, le transport, la communication, la santé, l’éducation, la culture, l’artisanat et l’exploitation des ressources naturelles etC’… Aujourd’hui à  parcourir, le Nord, on est étonné de l’état d’abandon de cette vaste contrée. N’eut été certains forums, festivals et évènements ponctuels, il faut avouer que les villes du Nord Mali laissent perplexes si on les compare à  Mopti, Gao ou même Ségou, d’autres poumons économiques du Mali. Au-delà  des vœux du MNLA, se sont ajoutés au fil des ans, divers trafics et contrebandes dans la zone et qui on étouffé les efforts de développement socio-économique. l’affaire du Boieng de Tarkint à  Gao a défrayé la chronique dans les médias maliens et les enlèvements d’occidentaux, soulevé la question sécuritaire au Nord Mali avec la présence marquée d’AQMI dans la zone…: « Le Nord en quelques années est devenu ce nomans’land sans fin o๠chacun fait ce qu’il veut», affirme Alcoye, propriétaire d’un d’hotel à  Tombouctou. Pour le ministre des Affaires Etrangères,Soumeylou Boubèye Maiga, la réalité physique des régions nord du Mali font que ce vaste territoire qui constitue plus de 60% du territoire national, est habité par moins de 10% de la population, ce qui pose un problème de gouvernance à  l’état malien, mais concernant l’intégrité territoriale, elle n’est surement pas négociable ! Faut-il dialoguer avec les rebelles? «Les populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un état ensemble comme le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays », affirme encore ce membre du MNLA . Son propos est vivement contredit par les partisans de l’unité du Mali. « D’abord, ils ne sont qu’une faction à  vouloir cette indépendance, ceux qui viennent de l’Adrar des Ifoghas… », explique un éditorialiste malien. « Deuxièmement, le consensus n’existe pas parmi les Tamasheqs sur la question. Ni les sonrhaà¯s, ni les peuls, ni les bambaras et même certains touaregs qui vivent dans cette région du Mali, ne se reconnaissent dans l’idée de scission ». l’Azawad serait donc cet état imaginaire aux frontières floues que souhaite diriger une faction de rebelles. Qui donc ? Ag Najem, l’homme qui aurait orchestré les attaques violentes d’Aguelhock ou le colonel tamasheq qui s’est réfugié au Burkina ? l’idée même est irrecevable au Quai d’orsay qui réfute toute implication de la France dans la rébellion actuelle. « Je ne comprends pas très bien ce procès d’intention fait à  la France, affirmait Alain Juppé de passage à  Bamako. Reste qu’on reproche à  la France, de donner la voix aux rebelles et l’accès aux médias pour distiller leurs revendications, s’insurge un Bamakois sur les ondes d’une radio célèbre. « Il n’y a pas à  dialoguer avec les rebelles, ils ne sont qu’une infime minorité des peuples touaregs et l’option du dialogue n’a que trop duré, il faut à  présent employer l’option militaire et mater cette rébellion une bonne fois pour toutes ! », affirme cet autre auditeur.  » Le fait même de recevoir les mercenaires revenus de Libye, ne constitue t-il pas une gestion catastrophique de la problématique du Nord ?, s’interroge une enseignante. Pis, la campagne de mésinformation orchestrée de part et d’autre n’aide pas la résolution de cette crise. Les rebelles pointent du doigt l’armée comme des barbares ayant tué des civils dans les villes du Nord. Aguelhok a pourtant tristement illustré le massacre de plusieurs soldats maliens. Si le dialogue a prévalu un temps, l’option militaire est de plus en plus prônée par les citoyens, hommes politiques et membres de la société civile. Donner la voix aux rebelles ne constituerait-il pas une acceptation implicite de leurs doléances ? Certains vont jusqu’à  dénoncer la position ambigue de la France dans cette affaire. Mais pour Soumeylou Boubèye Maiga, ancien chef de la sécurité d’état, il faut bien comprendre les enjeux du Nord du pays. S’il n’est pas question de négocier l’intégrité territoriale du Mali, il faut arrêter de parler de Nord Mali, mais plutôt mentionner les régions nord du Mali.

Soleil de plomb à Hombori et Youwarou…

Le Nord du pays fait encore parler. Ou plutôt le sud du Nord Mali. Aux dernières nouvelles, ce sont deux localités, Hombori et Youwarou dans la région de Mopti qui ont été la cible d’attaques armées. A Youwarou, l’attaque s’est produite dans la matinée du samedi 18 février. Les bandits armés y auraient enlevé un soldat de la garde nationale et saboté le réseau téléphonique. Des informations non encore confirmées officiellement. « Les rebelles qui attaquent au sud sont en majorité des déserteurs de l’armée. Ils connaissent bien les localités qu’ils attaquent et sont souvent dans des voitures de l’armée, qu’ils ont emportées lors de leur désertion », rapporte Jeune Afrique, d’après une source sécuritaire à  Bamako. D’après d’autres témoins, deux véhicules 4X4 auraient été enlevés dans cette même journée. Meurtre à  Hombori Les bandits armés n’en sont pas restés là  et ont frappé un grand coup en se rendant à  Hombori, l’autre localité, o๠les deux français Philippe Verdon et Serge Lazarevic, avaient été enlevés le 24 novembre 2011, un rapt revendiqué peu après par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). A Hombori donc, les hommes en turbans ont assassiné le chef du village Moussa Bolobo Maiga, un vieillard de 78 ans. Un acte fort qui fait resurgir la psychose au sein des populations. Règlement de comptes comme on en a souvent vu entre clans ennemis ? La main d’AQMI ? Ou celle des rebelles ? Certains quotidiens nationaux pris par l’urgence, y ont vu celle du groupe salafiste qui opère dans la bande sahélo-saharienne, d’autres ont évoqué sans hésiter les rebelles du MNLA, qui sévissent au nord du pays. Les techniques sont similaires au groupe qui revendique l‘indépendance de l‘Azawad. Attaques surprises, boycott des liaisons pour isoler, puis actes de barbaries ou de vandalismes, enlèvements etc. Mais l’identité des assaillants réels demeure toujours floue même si l’on pointe clairement le MNLA du doigt à  l’instar du communiqué du ministère de la défense qui a suivi les deux attaques. Pas d’amalgame ! Ces deux nouvelles attaques à  quelques heures d’intervalles sonnent le glas d’une situation qui n’en finit plus de créer la confusion dans l’esprit des citoyens maliens. De son côté, le ministère malien de la Défense a invité la population à  éviter les amalgames en informant l’opinion que la situation à  Hombori et à  Youwarou avait très vite été circonscrite. Et de souligner la mission sacrée des forces armées, celle d’assurer l’intégrité du territoire national. Alors, pourquoi est-ce toujours stupeurs et les tremblements lorsqu’une nouvelle attaque se produit et que les rumeurs enflent, les commentaires prennent une proportion inquiétante face à  la gravité d’une situation qui ne tait plus son nom. «Â Nous sommes en guerre! », informait une source à  la présidence. Et bien, quand on est en guerre, le repli, l’observation, la prévention, la surprise et l’offensive face à  l’ennemi ne sont-elles pas des moyens de défense? Avec la communication en plus… Mais des gendarmeries, des garnisons sont attaquées, des citoyens attaqués et exécutés ? Des localités violées dans leur intégrité justement. Mopti est plus proche de Bamako que Tessalit ou Aguelhock, o๠la rébellion a eu son mot à  dire et les populations de cette région méritent une sécurité renforcée des troupes armées. Car pendant qu’on fêtait l’armée le 20 janvier, nos soldats se faisaient massacrer au nord. Et à  défaut de torpiller l’ennemi, il faut le prévenir d’attaquer ce qui peut encore être sauvé. Des convois avec du renfort militaire et de l’armement lourd seraient acheminés au Nord. Mais que vaut cette armada face à  la recrudescence continue de la violence et la fougue de bandits armés qu‘ils soient du MNLA ou d‘AQMI, toujours bien armés et véhiculés évidemment. Mais surtout enturbannés sous le soleil de plomb du nord…

ATT, ton peuple veut t’entendre !

Le Nord Mali offre au peuple malien son lot de surprises et d’attaques rebelles, à  tout heure du jour et de la nuit. Si le gouvernement se veut rassurant, il semble que le bilan des morts lui augmente de jour en jour, à  tel point que des femmes de militaires, à  Kati ( la ville garnison à  15km de Bamako) meurtries dans leur chair, sont sorties pour demander des comptes au Président ! Qu’elles aient battu le pavé ne semble pas émouvoir le locataire de Koulouba, sans doute las, ou pressé d’en finir avec un mandat qui risque de se terminer bien mal pour l’image qu’il a mis tant d’années à  construire. Celle d’un président sage. Ou d’un président muré dans son silence. Mais ce qui agace surtout les maliens, et l’opinion, C’’est cette mauvaise stratégie de communication. Bien souvent, on reproche au président son silence sur qui se passe sous ses yeux et lorsque le gouvernement se décide à  communiquer, ce n’est que leurres et lueurs. «Â Tout va bien au Nord », clamait-on pendant le Festival Au Désert. «Â Le PSPSDN est en marche… », «Â  Nous allons négocier, dialoguer ». Il n’a fallu que quelques jours aux rebelles, après la fête dans le désert, pour mettre le feu à  la poudrière du Nord. Erreur de communication du gouvernement ou laisser-aller total, on ne sait plus à  quel version se vouer pour comprendre la situation au Nord. On apprend que des villages sont attaqués et des hameaux menacés … Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces attaques à  deux mois des élections ? Va t-on vers un report du scrutin ? Le Nord pourra-t-il voter ? ATT fait-il des manoeuvres pour rester au pouvoir ? Voilà  les commentaires que l’on entend un peu partout. Au même moment, les populations sont en déplacements, des villes deviennent fantômes et l’aide internationale s’installe dans le Nord du pays pour secourir les réfugiés. Le Nord va-t-il s’embraser pour de bon ? La rébellion est aux portes de Bamako, disent les plus alarmistes… Et face à  la marche des femmes de Kati, ATT n’a toujours pas jugé bon de réagir pour jouer pleinement son rôle de chef d’état et de guide du peuple. A quoi servent ses conseillers ? En dépit de tout ce qui se passe, peut-on continuer à  se contenter d’insipides communiqués officiels, de versions tamisés du bilan des victimes des rebelles et assister impuissants à  la violence qui s’installe près de nous et tue nos frères et proches ? Nous avons décidément de quoi être inquiets au Mali !

SITUATION AU NORD : Déclaration du Président Amadou Toumani Touré, Chef de l’Etat

Mes Chers Compatriotes, A chaque fois qu’un mouvement armé surgit dans les régions du Nord du Mali, il menace en tout premier lieu ce que nous avons de plus cher et de plus précieux : l’unité nationale ! La crise actuelle que nous traversons ne fait pas exception à  cette règle. Je ne me lasserai jamais donc de rappeler, comme à  Diéma en mai 2006 et plus récemment à  Dioà¯la, Barouéli et Touba, que le Mali est Noir, que le Mali est Blanc et d’y ajouter que cette diversité est une force et une richesse que nous devons préserver à  tout prix. J’invite donc l’ensemble de nos compatriotes à  garder le sens de la fraternité qui nous a toujours caractérisés, à  éviter le piège de la confusion et de l’amalgame pour ne pas faire le jeu de ceux qui ont choisi de troubler la quiétude de notre pays. Je voudrais convier toutes les Maliennes et tous les Maliens à  savoir faire la part des choses. Ceux qui ont attaqué certaines casernes militaires et localités au Nord ne doivent pas être confondus avec nos autres compatriotes Touareg, Arabes, Songhoà¯, Peulh… qui vivent avec nous, qui vivent nos difficultés, qui ont choisi le Mali, qui ont choisi la République, qui ont choisi la loyauté et qui ont les mêmes droits et les mêmes aspirations que nous à  vivre en paix dans un pays dédié totalement à  son développement. Ne les confondez pas avec ceux qui ont tiré à  Ménaka, Tessalit, Aguel’hoc, Niafunké et ailleurs. Nous avons plutôt le devoir d’aider nos frères et sœurs, de les assister pour surmonter les épreuves du moment. Mes Chers Compatriotes, Que personne ne fasse cette confusion dans les quartiers, dans les villages et hameaux, dans les camps militaires, dans les camps de la Garde Nationale, dans les Services de la Douane, et tous les autres Services de l’Etat, Administration publique comme privée. Ne faites pas d’amalgame entre celui qui a tiré là -bas, sur un poste militaire, et un autre malien qui, ici, travaille et s’occupe dignement de sa famille. Je suis avec attention l’évolution de la situation. Je demande à  ce que l’ensemble des Maliennes et des Maliens se tienne la main. Ne confondez pas, je le répète, les paisibles citoyens avec des gens qui ont pris la lourde responsabilité de se mettre au ban de la communauté nationale pour des raisons qu’ils sont seuls à  connaà®tre. Au Mali, on n’a plus besoin de prendre des armes pour se faire entendre. La démocratie offre toutes les voies d’expression à  tout citoyen. Je condamne fermement les atrocités commises à  Aguel’hoc, et salue le comportement héroà¯que et professionnel des Forces Armées et de Sécurité qui, au prix du sacrifice ultime, ont accompli leur mission de protection des populations. A leurs familles endeuillées, je tiens à  présenter mes condoléances les plus attristées. Je voudrais dire aux parents, épouses, frères et sœurs et aux enfants des soldats tombés sur le champ de l’honneur que leur deuil est celui de la Nation tout entière qui sera éternellement reconnaissante, et se tiendra à  leurs côtés. Mes Chers Compatriotes, C’’est le lieu de réaffirmer notre soutien indéfectible aux Forces Armées et de Sécurité pour leur engagement sur le terrain. l’Etat mobilisera tous les moyens aux plans de l’équipement, de la logistique et de l’entretien pour leur permettre d’accomplir efficacement leur mission de préservation de l’intégrité territoriale et de protection des personnes et de leurs biens. Je veux enfin dire à  tous nos compatriotes ceci : « les assaillants ont choisi le harcèlement sur le terrain pour exercer une pression sur l’opinion et, par conséquent, nous opposer les uns aux autres. Le Mali vaincra pour préserver l’héritage commun aux Maliens du Nord et du Sud, fruit de siècles de brassage, de solidarité et de fraternité ». Je vous remercie de votre aimable attention ! Koulouba, le 1er février 2012

IBK brave rebelles et terroristes à Tombouctou : « l’insécurité n’est pas une fatalité ! »

C’’est aux cris de «Â IBK la solution ! » et de «Â IBK président !», que le candidat de l’alliance IBK Mali 2012 a fait son entrée dans la salle pleine à  craquer du Centre Baba Ahmed, o๠se tenait la conférence régionale de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Dans son discours, l’ancien Premier ministre a qualifié les attaques de Menaka, Tessalit, Aguelhok, Anderamboukane et Léré «Â d’actes de trahison, par ceux là  même qui ont été accueillis à  bras ouverts à  leur retour de Libye ». Après avoir fait observer une minute de silence en la mémoire des soldats disparus, le candidat à  la présidentielle a poursuivi en pointant du doigt «Â les terroristes d’AQMI, qui ont profité de cette situation confuse pour semer la terreur et répandre la mort dans nos villes ». Faisant référence au charnier d’Aguelhok, dont les terroristes seraient responsables, il a condamné avec fermeté «Â cette barbarie qui va à  l’encontre des valeurs de paix, d’humanisme et de tolérance de notre société ». Entouré par Amadou Soulalé et Bocar Moussa Diarra, respectivement présidents des partis FAMA et UM-RDA, membres de la coalition qui le soutient, le président du RPM, très en verve, a insisté sur «Â la nécessité de l’Union nationale derrière le Président ATT, pour vaincre la rébellion et le terrorisme ». Une loi de programmation militaire et des Assises nationales du Nord en réponse à  l’insécurité Très applaudis, les propos d’IBK, qui se présente comme « le candidat du rassemblement », ont trouvé un écho certain dans une ville touchée au C’œur par l’insécurité. Les récents enlèvements d’occidentaux ont fait fuir la manne touristique, auparavant principale ressource de Tombouctou. « Il n’y a plus aucun touriste, nous avons été obligés de licencier nos employés », se lamentait Baba, gérant d’une auberge de la place. Comme en réponse à  ces propos, IBK a mis sur la table ses propositions pour rétablir la sécurité : loi de programmation militaire pour adapter les forces armées et de sécurité aux nouvelles menaces, et large dialogue national, à  travers l’organisation d’Assises nationales du Nord. Le discours du Président IBK a été suivi dans l’après midi par l’atelier du RPM, au cours duquel les responsables du parti ont sonné la mobilisation pour l’élection présidentielle. Très en forme, Kankelentigui, tel que le surnomment ses compatriotes, a mis en garde contre tout relâchement : « Il faut continuer à  aller sur le terrain, à  la rencontre de tous nos concitoyens, pour les convaincre de la pertinence de notre projet pour un Mali fort et juste ». Avant de boucler la journée, la délégation s’est ensuite rendue au domicile des notabilités de la ville, dont elle a recueilli les bénédictions. A 67 ans, Ibrahim Boubacar Keà¯ta participera à  son 3ème scrutin présidentiel après 2002 et 2007. Il fait figure de favori, soutenu par plusieurs centaines de mouvements de la société civile et une alliance de 18 partis, rejointe la semaine dernière par le PIDS du Ministre Daba Diawara. Il s’est officiellement déclaré lors d’une cérémonie au Palais de la culture de Bamako le 7 janvier, avant d’être investi le 14 devant 30000 personnes au stade Modibo Keita. Même si le climat d’insécurité et la faiblesse de l’Etat semblent favoriser l’ancien Premier ministre, reconnu comme un homme à  poigne, le scrutin du 29 avril reste très ouvert. Il mettra en compétition plusieurs poids lourds de la politique malienne : Soumaà¯la Cissé de l’URD, Modibo Sidibé, candidat indépendant, et Dioncounda Traoré de l’ADEMA, qui vient de rallier à  sa cause une vingtaine de petits partis.