Edito : Un 8 Mars pour la justice et la réconciliation

A Tombouctou, ce week-end, une cérémonie doit avoir lieu pour célébrer le 8 Mars de celles qui ont passé une année difficile, car après la libération, vient la reconstruction et la justice. Nombreuses sont ces femmes déplacées, réfugiées et pour certaines retournées depuis peu dans leurs villes d’origines, à  devoir retrouver le chemin de l’espérance, et d’une vie normale en somme. Pour cette ressortissante de Kidal, la sécurité et la paix sont l’enjeu principal :  » Je ne souhaite qu’une chose, c’est que l’Etat nous donne les moyens de vivre normalement ». Autrement dit, Zaliatou espère un retour fort de l’administration à  Kidal o๠règne encore une grande insécurité. Interrogé en marge d’une rencontre qu’organisait l’association AFLED, à  la Maison de la femme de Bamako, Wallett Alkacem, qui représente ces femmes de Kidal, parle elle d’implication, celles de ses sœurs dans la reconstruction du tissu social, détruit par des mois d’occupation. Sur le plan juridique, il y a aussi tout un travail à  faire pour que ces femmes puissent connaà®tre leurs droits et les assument, celui notamment de poursuivre et de traduire en justice leurs bourreaux. La Charte africaine des Droits de l’homme est un instrument international qui leur permet de solliciter ce droit. La liste des violences est longue, des humiliations subies, sans compter la perte de leur activité économique et de leur autonomie financière, pour ces femmes, le défi est de taille. La Maire de Goundam, Oumou Sall Seck, a elle déjà  entamé le travail avec les femmes de sa commune, dont les activités et la maison multifonctionnelle, avaient été totalement détruits par les hommes du Mujao. « Elles étaient des acteurs économiques mais la précarité les rend plus vulnérables. Il y a nécessité de s’intéresser à  la vie économique des femmes, pour les aider à  se réinstaller au Nord », a déclaré Najat Vallaud Belkacem, ministre française des Droits de la femme, qui était en visite dans notre pays. Ce 8 mars, sera surtout, l’occasion de témoigner, de formuler des doléances pour qu’avance, le processus de réconciliation, mais aussi de vérité et de justice. Un travail qui doit d’abord débuter entre frères et sœurs du nord et poursuivi par la commission Vérité et Justice. Sur le terrain, certains ont déjà  commencé ce travail de réparation, notamment des leaders communautaires, des religieux, des autorités traditionnelles à  leur modeste échelle. Mais pour qu’il y ait réparation et pardon, il faut une justice forte. » Car ceux avec qui nous mangions hier sont devenus du jour au lendemain nos ennemis », rappelait à  juste titre Oumou Sall Seck. Une assertion qui tombe sous le sens. Les signaux donnés récemment sur ce processus et par les institutions en charge, ne sont pas pour rassurer, mais il y a toujours de l’espoir…