Serval: 2 mois et plus de 100 millions d’euros

En soixante jours de guerre, beaucoup de jihadistes ont été tués ou blessés, la plupart de leurs bases arrières et leur logistique ont été détruites ainsi que d’importantes caches d’armes ont été découvertes. Neuf prisonniers de guerre soupçonnés d’appartenir au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont été transférés, le 26 février dernier, vers Bamako, après avoir été arrêtés à  Gao. Ces lourdes pertes enregistrées dans les rangs des jihadistes ont été l’œuvre de l’armée française à  travers l’opération baptisée Serval, une opération qui a permis de stopper dans un premier temps la progression, vers le sud du Mali, de ces combattants qui avaient pris le contrôle de la localité de Konna située au centre du pays. Après la prompte intervention de l’aviation française, les forces françaises et maliennes ont repris tour à  tour les régions de Tombouctou et de Gao. La région de Kidal, est également tombée mais dans les mains de l’armée française, soutenue par les militaires tchadiens. Le début de l’opération française a été non seulement salué par la majeure partie de la classe politique française mais aussi par la communauté internationale. Un accueil chaleureux a été réservé au président français, François Hollande lors de sa visite le 2 février à  Mopti, Sévaré, Tombouctou et Bamako. Le héros du jour a déclaré devant une foule enthousiaste « je viens de vivre la journée la plus importante de ma vie politique. » La grosse artillerie a un coût Bien que beaucoup d’islamistes aient été neutralisés, le Mali a connu le premier attentat suicide de son histoire le 8 février o๠un homme s’est fait exploser dans une attaque visant des militaires maliens. Deux autres sont également survenus à  Gao et à  Kidal. Déjà  en 45 jours de guerre, le ministre français de la défense Jean-Yves le Drian avait indiqué le 26 février que plus de 100 millions d’euros ont été dépensés. Dès le début de cette opération, la France a déployé ses hommes sur le terrain alors qu’en Libye C’’était plutôt une guerre aérienne qui avait coûté près de 300 millions d’euros. Ainsi, près de 200 bombes ont été tirées sur des objectifs au Mali depuis le début des combats. Le prix d’une bombe de précision GBU 12 coûte environ 20 000 dollars pièce et l’heure de vol pour un avion cargo affrété Antonov 124 est facturée à  30 000 euros. Les interrogations de Sarkozy En deux mois, quatre militaires français sur les 4000 mobilisés sur le sol malien ont été tués sur le théâtre des opérations. La présence militaire française au Mali est de plus en plus critiquée par l’opinion française. La dernière sortie de l’ancien président Nicolas Sarkozy a suscité beaucoup de réactions au Mali et ailleurs. Parlant du Mali lors d’une interview, Sakozy se demande «Que fait-on là -bas, sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4.000 hommes». Il a peut être oublié son implication dans l’intervention militaire française en Lybie quand il était aux commandes. Si certains s’interrogent, C’’est qu’il y avait des femmes à  qui l’on mettait le voile sans qu’elles l’aient elles-mêmes demandé, qu’il y avait des femmes qui n’osaient plus sortir de chez elles, qu’il y avait des femmes qui étaient battues parce qu’elles voulaient être libres. […] Nous voulons lutter contre le terrorisme, contre la barbarie, contre le fondamentalisme, mais aussi pour la liberté religieuse parce que ceux qui étaient traités ainsi étaient des musulmans et que nous étions de leur côté», a implicitement répondu François Hollande. l’armée malienne quant à  elle reste silencieuse en ce qui concerne les pertes en vies humaines. Actuellement, le ratissage continue dans l’extrême nord, et de l’avis du ministre français de la Défense, 70 % du travail a été fait, mais des jihadistes sont toujours sur le terrain. Cependant, il n’est pas question de minimiser la force de frappe de ces islamistes qui sont lourdement armés même si l’opération connaà®t des succès par endroit.

Armée Malienne: « Kidal ne fera pas exception »

La question de Kidal demeure la plus sensible dans la guerre en cours en ce moment au Mali. Et pour cause la présence des soldats français dans cette ville sans l’armée malienne suscite des colères et des frustrations auprès des populations civiles. Les militaires ont tenu à  partager leur vision de cette situation. Face à  la presse, Souleymane Dembélé affirme que la région de Kidal ne fera pas exception dans le cadre de la reconquête des zones occupées du Mali. Selon lui, l’armée malienne s’est investie dans une mission de reconquérir tout le territoire occupé par les islamistes. « Partout o๠se retranchent les islamistes, l’armée sera là -bas pour les bouter hors du Mali » martèle –t-il. Concernant la négociation avec le MNLA, Souleymane Maiga directeur de la DIRPA est formel, « l’armée malienne ne gère pas l’aspect politique, mais tout groupe armé qui possède des armes sera combattu par l’armée malienne. Si le MNLA détient les armes, nous allons le combattre car il est considéré comme l’ennemi du pays ». Et il ajoute que les militaires maliens sont en route pour Kidal avant de rappeler cette est route très accidentée, ce qui rend son accès difficile. « l’armée malienne n’est pas bien outillée comme la France qui a aéroporté ses hommes pour occuper le terrain » dit-t-il. La présence de la France à  Kidal sans l’armée est également stratégique, selon Souleymane Dembélé. La France n’a aucun intérêt à  mettre l’armée malienne à  l’écart mais elle a aussi un intérêt qui est de sauver la vie de ses otages dans les montagnes de Kidal. Vous verrez l’armée malienne et française qui contrôleront cette région bientôt » dit-t-il. « C’’est honteux de faire du bruit à  Bamako» Ce matin les Bamakois se sont réveillés avec les bruits d’un nouvel affrontement entre bérets rouges et verts. Il y a à  peine dix jours, des bérets rouges incarcérés depuis le mois de mai, étaient libérés. Tous avaient pensé alors à  la réconciliation des corps dans l’armée malienne. Ce vendredi, des bérets rouges qui voulaient se réunir en auraient été empêchés des bérets verts. Des coups de feu ont été tirés faisant deux morts, selon une source militaire citées par l’AFP et plusieurs blessés. Pour le lieutenant-colonel Soulyemane Dembélé, l’ « affaire des bérets rouges est un non-événement ». Il affirme que les bérets rouges qui ont participé au contre coup ont commis un acte d’indiscipline notoire dans l’armée. « Malgré tout, nous avons essayé de les manager pour les repartir dans les différents corps afin de combattre les ennemis communs qui sont les islamistes » ajoute –t- l’officier. Selon le directeur adjoint de la DIRPA, il reste quelques bérets rouges qui sèment la zizanie dans l’armée. « Je pense qu’il est honteux que les militaires maliens fassent du bruit à  Bamako pendant que les étrangers qui sont venus nous aider sont au front » déplore –t-il. Concernant la MISMA, le communicateur de l’armée malienne a annoncé que de nouveaux contingents sont arrivés de la Guinée Conakry et du Sénégal. Actuellement le commandement de la MISMA travaille sur le déploiement de ces forces sur le terrain.

Soldats français et tchadiens à Aguelhok

C’est le dernier fief des groupes islamistes armés. Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à  Aguelhok, à  160 km au nord de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, ont indiqué des sources concordantes maliennes. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal : « Les soldats français et tchadiens sont partis en nombre par la route. Ils sont arrivés à  Aguelhok et vont ensuite se diriger vers Tessalit », a précisé cette source. Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, tout près de l’Algérie, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nements des groupes islamistes, selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Aguelhok et Tessalit se situent dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes o๠selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaà®t parfaitement la région. C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l’aéroport de Kidal, à  1.500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, o๠quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Près de trois Français sur quatre favorable à  l’intervention Plus les troupes avancent, plus les Français semblent favorables à  cette guerre. Près de trois d’entre eux sur quatre (73%) sont favorables à  l’intervention militaire au Mali, quatre semaines après son lancement, un chiffre en constante augmentation depuis le début des opérations (63% alors), selon un sondage de l’Ifop à  paraà®tre vendredi dans Midi Libre. Selon l’étude statistique, 27% des personnes interrogées sont « tout à  fait favorables » et 46% « plutôt favorables » à  l’engagement de l’armée française au Mali, soit un total de 73% de Français approuvant l’opération. A la mi-janvier, ils étaient 63% à  l’approuver, selon un sondage Ifop réalisé les 12 et 13 janvier, puis 65% quelques jours plus tard d’après une étude du même institut réalisée les 17 et 18 janvier. « Jamais, depuis le début de l’intervention militaire en Somalie en décembre 1992, une opération extérieure n’avait bénéficié d’un tel soutien », note l’Ifop.

Feuille de route de la Transition  : Après la reconquête, les élections en ligne de mire

Elle était vivement attendue. La feuille de route pour la Transition politique au Mali a enfin été présentée lors du Conseil de ministres extraordinaire du vendredi dernier. Le texte doit ensuite passer devant l’Assemblée nationale ce mardi pour avoir le quitus des élus du peuples. Fruit d’une participation de toutes les franges de la société, la feuille de route, informe le communiqué, sert de cadre de référence à  l’action gouvernementale pour cette période. l’objectif de la feuille de route est on ne peut clair : le rétablissement de l’intégrité territoriale et l’organisation des élections générales. Pour le rétablissement de l’intégrité territoriale, le gouvernement compte entreprendre, entre autres, la libération des zones sous contrôles des groupes armés avec d’autres forces bilatérales, régionales ou internationales, la mise en place d’un dispositif de défense et de sécurité en vue d’assurer la paix et la quiétude, la restructuration de l’armée, la formation du personnel militaire et la mise à  niveau des équipements, l’organisation du retour de l’Administration dans les zones occupées. La tâche a déjà  commencé avec l’opération Serval des Français au Mali. Il restera ensuite l’après guerre, et la restauration de l’Administration dans la partie nord du Mali ainsi que la prise en charge des milliers de déplacés qu’a occasionné la crise malienne. Une tâche qui s’annonce difficile. Elections libres et transparentes En ce qui concerne l’organisation d’élections libres et transparentes, le gouvernement table sur la transparence, la crédibilité et la participation des électeurs aux élections prochaines sur toute l’entendue du territoire national, la neutralité des organes de la Transition, C’’est à  dire l’exclusion du Président par intérim, du Premier ministre et des membres du gouvernement des élections présidentielles et législatives. A cela s’ajoutent la recomposition de la CENI, l’établissement du fichier biométrique et des cartes d’électeur, l’établissement d’un chronogramme indicatif. Cette feuille de route, devra aussi faire le consensus au sein de la classe politique malienne, après les nombreuses divergences observées ces derniers mois de part et d’autre des mouvances politiques, notamment entre le FDR et des mouvements comme la COPAM, qui ont a maintes reprises réclamé les concertations nationales pour définir cette feuille de route. Il faut espérer qu’elle ne suscitera pas d’autres divisions sur le plan institutionnel. Si elle est adoptée par l’Assemblée nationale demain, la feuille de route sera un bel instrument de sortie de crise qui aura l’avantage de fédérer les Maliens sur bien de sujets engageant l’avenir du pays. La meilleure réponse, disent certains, qui soit pour gagner suffisamment de temps dans les résolutions des urgences évoquées dans le communiqué. Tout le contraire des concertations nationales, tant souhaitées par certains, qui auraient du mal à  rapprocher des positions très tranchées.

Douentza libérée ? Le médiateur à Bamako

Deux jours après une première attaque des groupes armés repoussée par l’armée malienne, celle-ci leur a de nouveau fait face la nuit dernière. Des tirs à  l’arme lourde ont été entendus à  Konna, à  70 kilomètres de Mopti, désormais ligne de front. « Nous avons déclenché les opérations contre l’ennemi, qui a tenté de faire face. Nous allons les déloger », a dit un militaire malien sous couvert d’anonymat à  l’AFP, sans donner plus de détails. Douentza reprise aux islamistes D’après de nombreux témoignages, la ville de Douentza (145 km au nord-est de Mopti), sous contrôle des islamistes, a égelement été le théâtre de combats. « Nous sommes en combat, il n’y a rien à  dire », a lâché un responsable militaire sur le terrain. « Nous sommes en bonne position », a-t-il ajouté. De source militaire toujours, la vile de Douentza serait serait revenue sous contrôle gouvernemental. Du côté des islamistes armés qui occupent les trois régions du nord du Mali et une partie de la région de Mopti, c’est le silence radio. Les responsables de Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar Dine sont injoignables et aucune information sur le bilan des combats de part et d’autre n’a été communiquée. Mopti est la dernière capitale régionale avant les territoires sous contrôle des islamistes. Entre Konna et Mopti se trouve la localité de Sévaré (moins de 15 km de Mopti), o๠l’armée dispose d’un poste de commandement opérationnel. Selon le site leMonde.fr, un militaire malien a affirmé que des hommes et des armes avaient été envoyés à  Mopti dans la nuit de mardi à  mercredi, et des témoins ont vu une partie de ces renforts se rendre à  Sévaré. Le médiateur de retour à  Bamako Djibrill Bassolé, ministre burkinabé des affaires étrangères et représentant du Médiateur Blaise Compaoré pour la crise malienne, a passé la journée du mercredi à  discuter avec les autorités maliennes. Les nouveaux développements sur le terrain se sont produits alors que des négociations directes devaient se tenir ce jeudi 10 janvier à  Ouagadougou. Elles ont été reportées et M. Bassolé a évoqué hier la date du 25 janvier pour leur tenue. Il s’agit de donner plus de temps aux parties pour se préparer, a-t-il précisé. De sources concordantes, plusieurs dizaines d’officiers venus de plusieurs pays africains sont en conclave à  Bamako ce jeudi. Il pourrait s’agir d’une réunion préparatoire de l’intervention militaire internationale. La communauté internationale soutient l’option d’une intervention armée pour libérer les régions sous occupation mais également celle de négociations pour un règlement pacifique du conflit. Les populations,sont quand à  elles à  bout de patience. Des centaines de personnes ont marché dans les rues de Bamako ce mercredi 09 janvier pour réclamer la libération des régions occupées depuis plus de neuf mois. Des troubles ont éclaté qui ont fait un blessé. Les forces de l’ordre ont également procédé à  des arrestation d’individus armés qui ont profité de al manifestation pour créer du désordre.

Diango Cissoko sur RFI: «La réconciliation est indispensable pour rétablir l’unité du Mali»

Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement ressemble finalement beaucoup au précédent. Qu’avez-vous voulu privilégier dans votre équipe ? Il y a l’efficacité et la représentativité. Il fallait un gouvernement d’union nationale inclusif, mais o๠les nominations sont fondées sur la compétence et l’intégrité. Qu’allez-vous dire à  vos ministres prochainement ? C’’est le président de la République qui va s’adresser au gouvernement, lors du prochain Conseil des ministres. Et ce sera, probablement, mercredi prochain. Quant à  moi, je recevrai les ministres au cours d’un conseil de cabinet mardi 17 décembre. Nous allons conduire une action, tenant compte de l’ensemble des préoccupations de notre pays. La mission principale du gouvernement de transition, C’’est la récupération du nord de notre pays et l’organisation d’élections crédibles. Mais, concomitamment, nous sommes chargés de traiter les problèmes quotidiens des Maliens. Prenons, justement sur ces deux missions, le cas des élections. Pensez-vous qu’il peut y avoir des élections organisées avant la fin de la transition, c’est-à -dire avant le mois d’avril ? Les élections seront organisées dès que possible. s’il nous faut organiser des élections crédibles, il ne faut pas organiser des élections à  l’issue desquelles une crise postélectorale va éclater. Mais il peut y avoir des élections organisées avant une intervention militaire dans le Nord ? Pourquoi pas ? Sous-entendu, des élections avec les réfugiés dans les camps, avec les déplacés dans le Sud ? Avec les réfugiés dans le camp, avec les déplacés dans le Sud, mais avec nos populations qui sont restées sur place à  Gao, à  Tombouctou et à  Kidal. Comment faire pour ça ? Il nous faut sécuriser les grandes agglomérations du Nord ! On ne peut pas organiser d’élections sans les grandes agglomérations du Nord ! Sinon, ce serait consacrer même la partition de notre pays ! Une intervention militaire malienne est-elle imaginable avant l’intervention internationale ? Dès que nous en aurons les moyens, si l’intervention militaire est indispensable, nous la mènerons. Avant même l’intervention africaine ? Pourquoi pas ? Eventuellement. l’armée malienne est en train de se préparer. Et dès qu’elle sera prête, nous évaluerons la situation, si nous devons intervenir seuls ou avec les forces de la Cédéao (Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest) notamment. Et nous comptons beaucoup sur la communauté internationale pour nous accompagner et sortir de cette crise. Dans le gouvernement, les principaux postes ministériels, de la Défense, de l’administration territoriale, et de la Justice, sont toujours détenus par des proches de l’ex-junte. N’est-ce pas gênant ? à‡a ne me gêne aucunement. Le gouvernement est une équipe collégiale solidaire. Surtout solidaire ! Et le chef du gouvernement dirige et coordonne l’action du gouvernement. Ces prérogatives, je les exercerai pleinement. Donc C’’est clair, le chef du gouvernement C’’est vous. Ce n’est pas le capitaine Sanogo ? Non ! Le capitaine Sanogo n’est même pas membre du gouvernement ! Le chef du gouvernement C’’est moi ! Et le gouvernement exercera ses prérogatives, évidemment, sous l’autorité du président de la République ! Que répondez-vous à  tous ceux – l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis – qui demandent aux militaires de ne pas s’immiscer dans le processus de transition au Mali ? Moi, je n’ai pas le sentiment que dans les missions du gouvernement, les militaires s’immiscent de façon à  troubler le cours de la transition. Mais je ne néglige pas ce qui a été dit. Maintenant je viens de prendre la tête du gouvernement, J’apprécierai chaque acte qui sera posé par les uns et les autres. Vous avez condamné la façon dont Cheick Modibo Diarra, votre prédécesseur, a été obligé de démissionner ? Condamné… La question ne m’a jamais été posée. Je vous la pose. Vous me la posez… Ce n’est pas orthodoxe, ce qui est arrivé. C’’est ce que je peux vous dire. On parle des missions. Vous allez commencer par quoi ? J’ai reçu toute la journée les forces vives de la nation. Vous avez leur soutien ? J’ai leur soutien unanime et sans aucune réserve ! C’’est fondamental pour la suite. Croyez-vous à  un dialogue possible et des négociations avec le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et Ansar Dine ? Le dialogue est indispensable ! Nous sommes entre Maliens. Qu’il y ait un dialogue des Maliens qui ne partagent pas la même vision de la gouvernance de notre pays, C’’est tout à  fait normal, et nous engagerons le dialogue dès que possible. Il aura probablement lieu au Mali. C’’est un souhait de votre part ? C’’est un souhait de ma part et je ferai en sorte que ce souhait soit suivi par les décideurs. Est-ce que dans ce dialogue vous allez intégrer l’ensemble des communautés du Nord, c’est-à -dire pas uniquement les groupes armés, mais aussi les Peuls, les Songhaà¯s ? Mais bien sûr ! Bien sûr ! La réconciliation, elle est indispensable ? Elle est indispensable ! Incontournable, pour rétablir l’unité du Mali, l’intégrité territoriale du Mali ! Nous sommes un pays aujourd’hui en grande difficulté. Les trois quarts de notre pays sont occupés par des bandes armées. Notre démocratie est menacée. Mais le Mali, dans ce genre de situation, a toujours su trouver les ressources nécessaires pour rebondir. Je suis convaincu que le Mali rebondira.

Armée: les milliers de jeunes voulant partir au nord devront attendre

Débuté il y a une dizaine de jours, le recrutement des 2000 militaires avait suscité beaucoup d’intérêt auprès des jeunes Maliens. Parmi eux beaucoup se sont dit motivés pour la reconquête du nord. L’annonce du report a fait l’effet d’un coup de massue. l’armée…contre le chômage C’’est à  l’Ecole de gendarmerie de Faladié que sont reçus les candidats. Il y a foule, en majorité des jeunes gens ont l’âge varie de 18 à  22 ans. Ils sont pour la plupart des recalés du bac, DEF et mêmes des jeunes diplômés sans-emplois. Coincés dans un rang fourni, ils acceptent volontiers de parler de leurs motivations. Pour quelques-uns, C’’est la réalisation d’un rêve : être porteur d’uniforme. Mais pour les autres, les plus nombreux, C’’est avant tout pour partir au nord pour libérer les trois régions occupées afin de laver l’affront du Mali. Enfin, C’’est tout simplement une solution pour avoir un emploi, en ces temps difficile… Au milieu du rang sous le soleil du vendredi dernier se trouve Mohamed Habib Koné. « Je suis chauffeur, ma motivation réelle pour déposer ma candidature est le manque du travail. J’ai fait le DEF deux sans succès. Avec ce recrutement je pense profiter d’une opportunité à  saisir ». Même motivation pour Mamadou Diarra qui a passé le baccalauréat trois fois sans succès. « Nous n’avons pas le choix. J’ai été exclu de l’école et aujourd’hui, je pratique du sport. Entant que sportif je me vois en mesure de faire l’armée » affirme –t-il. Son voisin aussi met tous ses espoirs dans ce recrutement. « C’’est la deuxième fois que je suis candidat pour entrer dans l’armée. En 2010 J’ai payé 150 000 FCFA à  quelqu’un qui s’est volatisé avec mon argent, sans que J’aie gain de cause. Je pense avoir de la chance cette fois-ci» confie–t-il avec le sourire sur les lèvres. s’engager pour libérer le Nord Mais il n’y a pas que des chômeurs dans la queue. Parmi ces jeunes candidats, on retrouve également des étudiants, des employés et même des propriétaires structures privées. Ibrahim Kanté est fils de magistrat. à‰tudiant en licence dans une université privée de la place, il a décidé de devenir militaire pour sauver son pays des envahisseurs rebelles et terroristes. « Je suis meurtri de voir mon pays sombré dans la crise dont le responsable est l’apatride rebelle réclamant son indépendance. J’ai décidé de tout laisser tomber pour devenir militaire avec un seul objectif d’aller me battre au nord». Si Kanté est issu d’une famille aisée, Adama Diarra 22 ans est quant à  lui apprenti chauffeur. Mais ils partagent le même objectif, «libérer le pays ». l’occasion a fait des larrons Ce recrutement de 2000 militaires a été une opportunité pour certains de se faire de l’argent. A cette occasion certains esprits très malins ont créé des parkings des motos et d’autres vendent les cartes de recharge, les sandwiches pour ceux qui passent toute la journée place. Des jeunes militaires se sont convertis en intermédiaires. Ils collectent les dossiers des candidats, en échange d’un certain montant, et se chargent de les déposer. C’’est du moins ce qu’affirment les jeunes postulants, mais cette information a été fermement démentie par un militaire que nous avons approché. « Les militaires qui déposent les candidatures sont des parents et des proches de certains candidats » affirme notre interlocuteur qui est béret vert. Au moment o๠nous quittons le site, 5007 dossiers avaient été enregistrés mais la queue à  l’extérieur laisse présager une augmentation substantielle de ce nombre. Il faut signaler que ce recrutement ne concerne pas les femmes. Un report mal compris Vers midi, samedi dernier, alors que de longues files étaient encore visibles dans la cour de l’à‰cole de gendarmerie, une infirmation est tombée de la part des organisateurs du recrutement: suspension de l’opération et report à  une date ultérieure. Accueillant cette nouvelle avec désespoir et tristesse certains candidats se sont dit révoltés, surtout qu’aucune raison n’a été avancée pour justifier cette décision.

Edito : Dioncounda au dessus de la mêlée

Comme un couperet, la nouvelle est tombée sur les écrans de la télévision nationale. A la grande satisfaction d’un peuple, avide de renouer avec les chantiers du développement. Initialement prévue pour le 31 juillet, la mise en place du nouveau Gouvernement a donc été effective lundi 21 Août. Même si, sur les 24 anciens 6 sont tombés, les grosses têtes restent. l’accouchement n’aura pas été facile après des semaines de tractations et d’entrevues. Dioncounda se devait d’être le plus transparent, ouvert et flexible possible. Et il l’a réussi, pourrait-on déduire. Avec le courage, la patience et la détermination qu’on lui connait, il s’est hissé au dessus de la mêlée. Surtout quant on sait qu’il a prêté le flanc à  ses camarades militants du Front uni pour la démocratie et la République (F qui brandissait un schéma tout autre dans la constitution du Gouvernement d’union nationale. En clair, tout laisse croire qu’il a usé de ses dernières énergies pour que le chantier de la stabilité et de la paix s’amorce sûrement. Fort de 31 membres, il a la lourde mission de reconquérir les régions du nord tombées entre les mains des groupes rebelles et d’organiser les élections en 2013. Le pays en a fortement besoin pour redorer son blason et faire revenir ses partenaires techniques et financiers. Même si certaines composantes de la nation telle la COPAM n’y sont pas tout à  fait visibles, nul ne saurait nier les efforts du président intérimaire de façonner l’union sacrée autour de lui pour réussir la transition. Le temps accusé pour sa mise en place en témoigne. C’’est au prix d’énormes sacrifices qu’il a tissé la toile, conciliant les positions, même les plus extrêmes. l’on comprend aisément le retard accusé. Dans la foulée de ses entrevues avec les forces vives, il s’est gardé d’être le seul artisan tout en laissant la latitude au Premier ministre Cheick Modibo reconduit dans ses fonctions, de proposer des profils. Du boulot attend sans doute le nouvel attellage. La tenue de la convention nationale pourrait être opportune. Elle sera de nature à  unir les C’œurs, les esprits et les énergies pour parachever la sortie de crise. Gageons que ce Gouvernement pourrait combler les attentes du peuple malien amputé, depuis maintenant fin mars, d’une partie de son territoire. En outre, il doit envisager un plan de retour rapide des milliers de maliens ayant fui les combats pour d’autres destinations. En tout cas, le peuple malien attend de lui la délivrance. Le temps presse !

L’appel à la reconquête du colonel Gamou

« Je n’ai jamais trahi le Mali. Avant le coup d’état les militaires commençaient à  avoir l’esprit de guerre et on s’organisait de mieux en mieux et malgré qu’on ait eu quelques défaites, on avait aussi repris des villes. On allait à  reprendre Tessalit après l’évacuation des réfugiés civiles du camp ainsi que les autres villes dès ravitaillement du matériel commandé ». Pour celui que l’on croyait avoir déserté l’armée Malienne lors de la prise de Tessalit, l’alliance temporaire avec le MNLA était alors une stratégie pour survivre face aux assaillants. Désormais, le colonel major El Hadj Gamou, qui se trouvait à  Niamey après le repli de ses troupes des villes du nord du Mali, appelle à  la reconquête à  travers une déclaration dont nous reprenons quelques extraits. Des mouvements ces derniers jours des hommes de Gamou laissent entrevoir des opérations en cours mais rien ne confirme ces informations. En fait plusieurs centaines d’hommes de l’officier malien sont installés à  Labezanga, une localité du Mali proche de la frontière avec le Niger, rapporte RFI. Au même moment, une troupe de 200 hommes, militaires loyalistes serait en progression vers le nord.  » Gamou appelle la communauté internationale à  l’aide  » Si le colonel Gamou se dit assuré du soutien de milices sonraà¯s Ganda Koy et de milices arabes, C’’est ce qu’indiquent des sources diplomatiques régionales, d’autres positions toujours dans cette zone seraient tenues par plusieurs éléments de Gamou. l’avant poste de Labezanga, situé sur l’axe routier qui mène à  Ansongo et Gao, abrite essentiellement des populations Sonraà¯s, restées fidèles à  Bamako, rapporte RFI. Il y a une dizaine de jours, l’officier malien a rencontré à  Niamey des chefs traditionnels des diverses communautés maliennes et des élus participaient notamment à  cette réunion : le vice-président de l’Assemblée nationale, du parti de l’Adema, des députés de Ménaka et le maire de Gao, villes tombées sous le contrôle des rebelles du MNLA d’Ansar Dine et d’Aqmi. A l’issue de la rencontre le colonel Gamou avait lancé un appel à  la reconquête de ces villes. Si l’on ne connaà®t toujours pas les plans de l’armée malienne, pour contre les occupants, elle a ordonné à  tous les soldats qui se trouvent encore dispersés au nord de se regrouper dans la ville de Mopti.