Le sport après le sport

Usain Bolt est en passe de réussir sa reconversion, celui de devenir joueur de football professionnel. D’autres sportifs avant lui avaient tenté une nouvelle aventure dans une autre discipline, avec plus ou moins de succès.

Première titularisation et déjà un doublé. Usain Bolt, légende du sprint, a inscrit ses deux premiers buts sous le maillot de son équipe australienne des Central Coast Mariners durant un match de pré-saison. « Je suis appliqué, c’est pour cela que je suis ici, pour faire de mon mieux et essayer d’intégrer l’équipe » a réagi la « foudre » à l’issue de la rencontre. Pour l’heure, les dirigeants du club australien prennent leur temps, Bolt n’étant pas « un crack » dans le monde du football. Il a lui-même reconnu avoir encore beaucoup à apprendre et son âge constitue également un frein (32 ans). Devant ces atermoiements, le club maltais de La Valette, flairant le bon coup marketing, s’est empressé de contacter l’octuple champion d’athlétisme afin de lui proposer son premier contrat professionnel. Après des tests non concluants en Allemagne, Afrique du Sud ou encore en Norvège, celui qui rêve de porter les couleurs de Manchester United est en passe de réussir son pari.

Après la retraite Avant le Jamaïquain, d’autres sportifs de renoms avaient tenté la reconversion disciplinaire, avec plus ou moins de réussite. Michael Jordan, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de l’histoire du basket, s’est, un temps, essayé au baseball. Estimant ne plus être motivé, « His Airness »  décide en 1993 de raccrocher ses baskets pour, une année après, prendre la batte. 127 matchs plus tard et après des prestations peu convainquantes, Jordan mettra un terme à son expérience. Quarante plus tôt, Lev Yachine, le plus grand gardien de football de tous les temps, a furtivement embrassé une carrière dans le hockey sur glace. S’illustrant au plus haut niveau avec notamment une coupe de l’URSS remportée, il revient dans le monde du football où il demeure encore aujourd’hui le seul gardien à avoir été distingué par un Ballon d’or. Les champions du monde 1998 ont eux pris des trajectoires bien différentes à la fin de leur carrière. Fabien Barthez se consacre désormais au sport automobile. Le divin chauve retraité en 2007, a participé au 24h du Mans en 2016. L’ancien défenseur des Bleus, Bixente Lizarazu, avant de devenir consultant sportif, a été champion d’Europe de Jujitsu en 2011 après son retrait des pelouses.

Reconversion : S’adapter au marché de l’emploi

Reconversion, c’est le mot qui renvoie le plus souvent à d’anciens sportifs ayant fait le choix, une fois leurs carrières terminées, de s’installer sur les sièges d’un plateau de télévision. Pour ceux qui n’auraient ni l’envie, ni même le cœur assez solide pour embrasser une carrière sur les bancs, après une sur les terrains, c’est une alternative des plus attractives.

Mais le terme n’est pas que « sport use only ». Pour tous ceux qui auraient fait des choix de formation inadéquats avec les besoins du marché de l’emploi, la reconversion s’impose telle une obligation. Elle tente de résoudre la difficile équation du décalage entre les compétences réclamées par les entreprises et celles acquises par les jeunes à travers le système éducatif. Les diplômés de l’université de Géographie et d’histoire, par exemple ne sont même pas demandés par la Fonction publique, selon le Département prospection, promotion, évaluation de l’APEJ (Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes). Pour pallier cela, les jeunes diplômés sans emploi bénéficient de formations afin d’améliorer leur employabilité. « Les sessions de formation consisteront à offrir, en matière de reconversion et d’adaptation à des postes de travail, des opportunités d’insertion à des jeunes diplômés en chômage, principalement pour cause d’inadaptation de leurs profils aux besoins du marché de travail », explique le document de mise en œuvre du Projet reconversion. En clair, des formations express (de 1à 6 mois) sont proposées dans 14 corps de métiers. Ces derniers, décrits comme porteurs, vont de la plomberie sanitaire à la transformation agro-alimentaire.  Les jeunes choisissent librement les métiers pour lesquels ils souhaiteraient bénéficier d’une formation. « Seulement » 277 postulants avaient été sélectionnés en 2017 pour participer au programme de réinsertion. Trop peu face au nombre croissant de demandeurs d’emplois. En dépit de ce nombre limité, le programme est bien accueilli, offrant de nouvelles perspectives à certains jeunes en leur permettant de sortir d’une litanie d’échecs de plusieurs années parfois.

Brésil : Ronaldinho se lance en politique

L’ex-star du football brésilien, Ronaldinho a décidé de tenter l’aventure politique après avoir annoncé en janvier dernier la fin de sa carrière. Il a rejoint mardi 20 mars 2018 les rangs du Parti Républicain Brésilien (PRB), considéré comme le bras politique de l’Église Universelle du Royaume de Dieu (EURD).


La reconversion de l’ex footballeur n’aura pas trainée. C’est désormais dans l’arène politique de son pays que veut briller le champion du monde 2002. « Je suis heureux de pouvoir participer à un projet qui recherche le meilleur pour notre pays et qui est porteur de modernité, bonheur et santé pour toute la population », a déclaré Ronaldinho dans un communiqué diffusé par son parti.

Le PRB, auquel appartient aussi le maire de Rio, Marcelo Crivella a souligné que « Roni » s’était engagé à « contribuer aux projets et propositions du parti au niveau local et fédéral.

Même si tout porte à croire que Ronaldinho pourrait se présenter aux prochaines élections générales prévues en octobre, le parti n’officialise rien à ce jour. « Pour le moment, il n’a pas été décidé s’il se présenterait à une élection » a précisé une source au sein du PRB.

L’ex numéro 10 de la seleçao avait commencé sa carrière au Gremio Porto Alegre, sa ville natale, avant de devenir une star au PSG (2001-2003) puis au FC Barcelone (2003-2008).
Champion du monde en 2002, Ballon d’Or en 2005, vainqueur de la Ligue des champions en 2006, il avait ensuite porté les couleurs de l’AC Milan (2008-2011) avant de rentrer au Brésil, à Flamengo (2011-2012) et à l’Atletico Mineiro (2012-2014), avec qui il a remporté la Copa Libertadores en 2013.

Fanta THIAM: une ambition contrariée, une reconversion réussie

Gardienne de but et pièce maà®tresse de clubs de foot féminin comme les FC Amazones de Boulkassoumbougou et l’AS Mandé de la Commune 5 ainsi que de l’Equipe Nationale du Mali, Fanta Thiam a tenté une expérience professionnelle en France à  partir de 2005. Malheureusement, cela a presque a presque tourné court à  cause d’une blessure au dos. Aujourd’hui, elle s’est intégrée dans son environnement grâce à  une reconversion professionnelle réussie à  Toulouse. A défaut de pouvoir servir sa patrie sur la pelouse comme joueuse, Fifi nourrit de grands projets pour son pays. Zoom sur une ancienne internationale discrète et courtoise. «J’étais venue en France pour pouvoir mieux servir l’Equipe nationale du Mali» ! C’’est ce que nous a dit ce jour au téléphone Fanta Thiam dite Fifi. Il s’agit de celle-là  même qui a contribué à  la vulgarisation du foot féminin au Mali. Elle a en effet fait les beaux jours du FC Amazones de Boulkassoumbougou et de l’AS Mandé de la Commune IV avec des passages remarquables dans différentes catégories des Equipes nationales de football féminin. «Je suis arrivée en France en 2005 dans un club de la région parisienne. Mais, cette équipe ne pouvait pas m’aider pour la régularisation de mes papiers. Je suis ensuite partie à  Toulouse avant de signer avec une équipe en DH (Division d’Honneur) que J’ai aidé à  monter en D3», nous raconte-t-elle d’une voix calme et enjouée. l’excellente gardienne de but avait en effet choisi la France afin de rebondir dans sa carrière et mieux apporter au foot féminin malien. En 2004, elle avait décidé d’arrêter sa carrière. Sans doute lassée de la routine et surtout psychologiquement meurtrie par son échec au baccalauréat. «J’étais démoralisée. Mais, finalement, J’ai accompagné une sélection au tournoi de foot féminin de Ouagadougou (Burkina Faso). Là , des journalistes et surtout l’entraineur de l’Equipe nationale de la Côte d’Ivoire ont réussi à  me convaincre de ne pas raccrocher», nous confie celle qui est aujourd’hui une jeune mère très épanouie. «Mais, si je dois revenir, pourquoi pas ailleurs, dans un milieu professionnel ?», s’était-elle alors interrogée. «C’’est ainsi que m’est venue l’envie de partir en France. En venant ici, J’avais une ambition exclusivement sportive. Je voulais renouer avec le haut le niveau afin de pouvoir toujours être utile à  mon pays. Hélas ! J’ai été déçue par l’environnement du foot féminin ici (France) qui est loin du professionnalisme rêvé quand on est en Afrique. Généralement, on vous paye des primes de match, on vous assure un loyer et on essaye de vous trouver un boulot. C’’est tout», avoue l’ex-internationale du Mali ! Une «retraitée» épanouie l’élégante joueuse ajoute avec beaucoup d’amusement, «le club au nom duquel je suis venue n’a même pas été capable de régulariser ma situation administrative. Mais, je suis finalement parvenue à  m’épanouir à  Toulouse avant ma retraite précoce à  cause d’une blessure au dos». Physiquement diminuée, Fanta n’a pas pour autant renoncer à  taper dans le ballon rond, sa passion. Elle s’est plutôt reconvertie. «Une fois blessée, J’ai disputé quelques matches comme avant-centre avant de raccrocher. Certaines gardiennes se souviendront de moi comme attaquante», raconte-t-elle entre deux éclats de rire. l’amazone a pourtant fini par raccrocher les crampons. De nos jours, elle cherche à  se frayer une carrière loin de la passion du foot. «Je suis actuellement en pleine reconversion professionnelle grâce à  des formations. Je rêvais d’être journaliste. Mais, une fois en France, J’ai changé mon projet professionnel. Je viens de finir une formation comme Secrétaire/agent d’accueil». Le foot, Fanta Thiam y est venue, «comme ça» ! Mais, elle se rappelle avec un radieux sourire que «C’’était à  l’âge de 9 ans avec quelques copines». De la rue, o๠des parties passionnées et engagées étaient disputées avec des garçons, elle intègre le FC Amazones de Boulkassoumbougou. «J’ai joué dans ce club pendant 4 ans et j’ai remporté la coupe de la ligue. J’ai ensuite évolué à  l’AS Mandé pendant 4 ans avant de retourner au FC Amazones. Entre 1999-2002, J’étais régulièrement convoquée dans l’Equipe Nationale féminine de football du Mali». Elle a en effet fait partie de la première sélection mise en place à  l’occasion des éliminatoires de la Coupe du monde des moins de 19 ans. Elle va marquer ensuite une courte pause avant de participer au tournoi international de foot féminin de Ouagadougou (Burkina-Faso) en 2004. «Nous avons terminé à  la 3e place», se souvient Fifi Thiam qui est de la génération des Halima Sall, Aicha Toure, Maà¯chata Konaté dite Bittar, Fily Ténin est Konaté, Diaty N’Diaye Ramata Diawara, Rokiatou Samaké, Fatou Camara, Hamata Diallo dite Batoma… Des souvenirs ? Fanta Thiam n’en manquent pas après la brillante carrière sportive qui a été la tienne. «Je pense que mon meilleur souvenir, C’’est quand J’ai remporté la coupe de ligue avec les FC Amazones de Boulkassoumbougou. C’’était en 1999 face aux Supers Lionnes d’Hamdallaye, la meilleure équipe de foot féminin à  l’époque», se souvient-elle. Pionnière en Equipe nationale Mais, elle garde aussi un bon souvenir de sa première sélection avec les juniors, en 2001, en vue de la Coupe du monde de la catégorie. «Si J’ai bonne mémoire, C’’était la toute première sélection nationale de football féminin qu’on formait au Mali. Cela marque beaucoup d’entrer dans l’histoire comme une pionnière», déclare l’ancienne gloire. Des souvenirs, bien sûr ! Aussi des regrets, évidemment ! «Je n’ai jamais été sacrée championne du District, ni avec les Amazones ni avec l’AS Mandé. Cela m’est resté au travers de la gorge. l’autre regret, C’’est que J’étais venue en France pour me refaire sportivement, revenir au haut niveau afin de servir encore l’Equipe Nationale de mon pays. Mais, les conditions d’accueil ne m’ont pas permis de réaliser ce rêve», confesse la joueuse discrète, joviale et efficace qui est de nos jours une élégante jeune dame. Et lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense aujourd’hui du foot féminin, elle retombe dans sa réserve naturelle, l’humilité de ne pas juger les autres. Surtout que, dit-elle, «depuis quelques années je ne suis plus dans le milieu. Je n’ai pas fréquemment des nouvelles du foot féminin du Mali. C’est Macoura Diabaté (une autre ancienne internationale malienne) qui me donnait les nouvelles et elle est maintenant ici en France». Il n’est pas aussi évidement de réussir à  lui faire dévoiler ses projets sportifs à  développer au Mali. «J’ai beaucoup de projets à  réaliser au Mali. Mais, pour le moment, je ne souhaite pas trop en parler. Je préfère attendre qu’ils prennent forme», nous éconduit-elle avec la grande gentillesse et le profond respect qui l’ont toujours caractérisé. Mais, à  lueur de son fascinant regard, on image l’immensité de son ambition de s’investir au Mali.