Pain : Augmentation ou statu quo ?

L’aliment le plus consommé au monde est au centre de toutes les attentions depuis quelques semaines au Mali. Après la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement et les acteurs concernés en 2016, le prix de la baguette de 300 g a été fixé à 250 francs CFA. Depuis quelques jours, ce prix, que les boulangers souhaitent voir passer à 300 francs, fait l’objet de nouvelles discussions. Des concertations sont actuellement en cours pour discuter de cette question et d’autres concernant le secteur.

Plutôt qu’une augmentation, la Fédération Syndicale des Boulangers et Pâtissiers du Mali (FSBPM)  évoque une « restauration des prix ». En effet, en 2016, l’organisation avait souhaité fixer le prix de la baguette de 300g à 300 francs CFA et de celle de 150g à 150 francs CFA. Des « prix conformes », compte tenu du coût de production, selon M. Ibrahim Yacouba Cissé, secrétaire administratif de la FSBPM. Si l’organisation avait sursis à cette décision, c’était pour une « période d’un mois » et les discussions devraient reprendre pour la fixation d’un prix consensuel avec les autres acteurs, précise M. Cissé. Mais cela n’a pas été le cas et la question du prix est donc revenue en ce début 2019. S’il reconnaît le maintien du prix de la farine, principale matière première, M. Cissé justifie cette augmentation par la hausse du coût des autres charges (salaire, énergie, location, …).

Désormais, c’est une commission mise en place sous l’égide du ministère en charge du Commerce et de la concurrence qui mène les discussions depuis le 22 janvier, constituée des boulangers, des associations de consommateurs, des livreurs de pains et du gouvernement.

Mais plus que la question du prix, c’est surtout la qualité du pain qui est essentielle, selon M. Badou Samounou, le président du Regroupement pour la Défense des Consommateurs du Mali (REDECOMA). Si le principe est la liberté des prix, ce dernier doit être consensuel, mais, surtout, « les boulangers doivent produire dans de bonnes conditions et respecter les poids », ce qui n’est pas toujours le cas, selon lui.

La commission doit « faire un état des lieux et déterminer les problèmes auxquels sont confrontés les boulangers et distributeurs », explique-t-on à la Direction générale du Commerce et de la concurrence (DGCC). Ces discussions, attendues par la FSBPM pour permettre « une réorganisation du secteur », doivent surtout servir pour le respect des normes « d’hygiène et de poids du pain», espère M. Samounou.

 

A quoi servent les associations de consommateurs?

Les plus connues sont de l’ASCOMA et REDECOMA. Ce sont des associations de défense des droits des consommateurs. Les Maliens ont pourtant bien l’impression qu’elles ne défendent pas grand-chose, tant le consommateur malien est laissé à  lui-même face à  une inflation galopante et à  la cherté de la vie. Après l’augmentation des prix du gaz, des hydrocarbures C’’est maintenant la tarification de l’électricité et de l’eau qui prend l’ascenseur, au grand dam des chefs de famille qui sont déjà  à  bout de souffle. Créée en 1991, l’Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA) est présente partout au Mali et a pour objectif est de faire connaà®tre aux consommateurs leurs droits et leurs devoirs, leur favoriser l’accès aux produits et services de qualité, veiller à  la qualité des produits et services ainsi qu’au respect des usagers; sensibiliser l’Etat, le législateur, les autorités locales, les opérateurs économiques sur les conditions des consommateurs. Quant au Regroupement pour la Défense des Consommateurs du Mali (REDECOMA), il est né en 1992 pour défendre le droit des consommateurs maliens. Son objectif fixé est d’imposer des produits de qualité aux opérateurs économiques à  des prix à  la portée des consommateurs. Mais aujourd’hui, nombreux sont les consommateurs maliens qui pensent que ces deux organisations sont des coquilles vides tant elles peinent à  remplir le rôle qu’elles se sont assigné. Ces associations n’existent-elles donc que sur le papier ? Face aux augmentations récurrentes des prix des produits de première nécessité, les consommateurs maliens se sentent abusés par les opérateurs économiques et fustigent que les associations des consommateurs qui pour eux n’existent que sur le papier. On salue volontiers la vigilance il y a quelques années de l’ASCOMA qui avait dénoncé le scandale de l’huile frelatée. Mais aujourd’hui, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter dans un contexte de crise économique et sociale, le silence assourdissants de ces organisations ne cesse de surprendre les maliens. Habib Sidibé est fonctionnaire. Il pense que ces associations ne servent qu’au folklore. «l’ASCOMA ou le REDECOMA n’est qu’une boà®te privée au profit de ceux qui la dirigent » ironise –t-il. Un autre interlocuteur, professeur des droits de consommateur d’une université privée de Bamako explique qu’au Mali les associations des consommateurs n’ont assez de pouvoir ni les moyens pour défendre les consommateurs. « Elles n’existent que sur le papier pour faire seulement la figuration. Ces associations ne sont pas des moyens de pression », déclare –t-il. Par conséquent les produits de consommation sont préparés et vendus dans de mauvaises conditions d’hygiène. Les dates de consommation des produits ne sont pas respectées. Des publicités « mensongères » à  la télévision et à  la radio vantent des produits dont la qualité n’est pas testée. La disproportion est grande entre le pouvoir d’achat du Malien et le coût élevé de la vie. La fréquence de certaines maladies comme les gastro-entérites par exemple a un lien avec la qualité des produits consommés. Quant aux prestations de service publics et privés, elles laissent à  désirer. Autant de raison de mécontentement pour le consommateur malien qui ne sait plus à  quel saint se vouer. Notre professeur d’appeler les associations à  un « sursaut d’orgueil » et remplir leur rôle, pour le bien-être de la population et leur propre crédibilité.