Erdogan se met à dos l’Europe

Le président turc s’en est pris à nouveau aux Pays-Bas pour avoir interdit à deux ministres turcs de venir participer en Hollande à un meeting pro-Erdogan dans le cadre du référendum constitutionnel qui pourrait amplifier ses pouvoirs. L’union européenne, par l’entremise des présidents de la Commission et du Conseil européen, sont montés au créneau pour défendre les Pays-Bas.

Depuis qu’il est engagé dans la campagne du référendum constitutionnel du 16 avril, qui, s’il lui est favorable devrait renforcer ces pouvoirs, le chef d’État turc Reccep Tayyip Erdogan n’a qu’invectives et provocations verbales envers les pays ayant décidé de refuser les meetings de plusieurs ministres turcs venus convaincre la diaspora turque. Dans le collimateur de l’homme fort d’Ankara, l’Allemagne, l’Autriche et à présent les Pays-Bas.

Alors que les tensions sont montées d’un cran, entre Ankara et La Haye, suite à ces accusations de nazisme et de fascisme, le président turc, dans une nouvelle sortie, a accusé les Pays-Bas d’être responsables du plus gros massacre en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

«Nous connaissons les Pays-Bas et les Néerlandais depuis le massacre de Srebrenica. Nous savons à quel point leur nature est pourrie depuis leur massacre de 8 000 Bosniaques», a lancé Recep Tayyip Erdogan dans un discours à la télévision turque le 14 mars dernier.

L’estocade du président faisait référence à un massacre que les casques bleus néerlandais n’avaient pas réussi à empêcher en 1995 durant la guerre de Bosnie-Herzégovine, quand une force serbe bosniaque emmenée par Ratko Mladić avait pénétré dans la zone, pourtant déclarée «zone de sécurité» par l’ONU, et avait tué des milliers de musulmans. En 2002, une enquête sur le massacre avait conduit le gouvernement néerlandais à démissionner

Depuis rien ne va plus entre les deux pays. Face à ses tensions, des mesures de sécurité ont été mises en place autour du consulat des Pays-Bas à Istanbul.

Ce mercredi 15 mars, les présidents du Conseil et de la Commission européenne, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, sont montés au créneau au Parlement européen pour défendre les Pays-Bas face aux accusations proférées par la Turquie.

« J’ai été scandalisé par ce qui a été dit par la Turquie sur les Pays-Bas, l’Allemagne et d’autres (pays) et je n’accepterai jamais cette comparaison entre les nazis et les gouvernements actuels  », a commenté Jean-Claude Juncker, avant de rappeler. « Ce n’est pas l’Union qui veut adhérer à la Turquie, mais bien la Turquie qui veut adhérer à l’UE  », sous les applaudissements nourris de l’hémicycle de Strasbourg.

Pour Recep Tayyip Erdogan, qui ne semble pas partie pour inflechir ses déclarations à l’encontre des pays visés : « le référendum du 16 avril sera la meilleure réponse aux ennemis de la Turquie ».