Le Regard de Fatoumata : Quand l’autotune fait fureur

O๠s ‘arrêteront-ils ? l’opinion internationale a pu voir une image positive de ce continent. Les médias ne mentionnent généralement ce territoire que pour parler des guerres et de la misère qui y sont présentes. Des chansons comme Oh Africa , Waka waka (Time for Africa), Africa valorisent mon continent ! Elles parlent d’espoir, de l’histoire de grands guerriers qui aujourd’hui sont oubliés. Elles invitent les africains à  être fiers de leur continent, mais surtout leur donne envie de se surpasser pour aider à  son émergence. En contraste avec ces chansons, 2010 a connu différentes controverses dans le domaine de la musique. Il est courant aujourd’hui dans ce milieu de se faire aider pour chanter juste. l’autotune est l’instrument qui rend cette prouesse possible. Un très mauvais chanteur peut, avec l’aide de cette technologie, donner la chair de poule à  ceux qui l’écoutent. Il est cependant possible de reconnaitre les utilisateurs de cet outil : en live, ils chantent faux ! En plus de cela, en utilisant l’autotune, ces artistes ont soit la voix trop aigue, ou alors, elle nous fait penser à  celle d’un autre artiste. Savoir que la personne qu’on admire à  recours à  cet appareil est assez décevant. C’’est comme un manque d’honnêteté envers ses fans, parce qu’elle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas ! Depuis un certain moment, nous assistons à  la dévalorisation de l’image féminine dans des clips musicaux. Dans ces vidéos, elles ne sont plus perçues comme des êtres humains, mais comme des objets. Les féministes de par le monde se sont plaints de ce fait. La cerise sur le gâteau, C’’est qu’actuellement, la plupart des artistes féminines portent des tenues de scènes assez provocantes et dont on pourrait se passer pour comprendre le message de la chanson. Plus une vidéo est provocante, plus elle est visionnée. Faites une comparaison entre le nombre de fois o๠une vidéo de Lady Gaga et une vidéo de Mary J. Blige est visionnée, l’écart est flagrant. La musique n’est plus ce qu’elle était : avant, elle était écoutée et perçue comme une source d’inspiration. Les mélodies traversent les frontières et les visions qu’elles transportent aussi. A change gonna come de Sam Cook en est un bel exemple. Malheureusement, aujourd’hui, elle a une fonction purement divertissante. On ne tire aucun enseignement des chansons. Du moins, celles qui sont diffusées ne nous permettent pas d’avoir une vision critique du monde, parce que la vie ne se limite pas à  faire la fête ! Les chanteurs actuels utilisent toutes sortes d’artifices. l’autotune, le retouchage des vidéos et certains vont jusqu’à  faire des opérations chirurgicales pour mieux vendre leur image. Ce n’est plus la musique qu’un chanteur vend, mais bel et bien une image. Ainsi, chanter revient un peu à  jouer la comédie : il faut s’inventer un personnage. Plus ce personnage est scandaleux, mieux C’’est. Il est coutume dans le milieu people de dire que toute publicité est de la bonne publicité. Donc, on joue sur les apparences. Ces chanteurs n’ont pas vraiment de talents, tout ce qu’ils font le prouve assez bien. Le véritable génie n’a besoin de rien. Heureusement, il existe des chanteurs, des vrais. Ils ne sont pas spécialement beaux, mais ont l’amour du métier. Ces derniers ne sont pas médiatisés parce que la musique est devenue un business et qu’il est risqué de ne pas entrer dans le bon moule. Mon père et moi avons pour habitude d’écouter à  peu prés tous les trois mois un vieil album. Prenez par exemple un album de Bob Marley, à  travers le temps, ses messages restent toujours d’actualité plus de trente ans après sa mort. Pourtant, ils ne répondent pas au style musical en vogue. On s’instruit de ses textes ! Un artiste meurt mais son génie et son œuvre traversent les temps. Ma question est donc très simple : combien de morceaux de 2010 pensez-vous pouvoir écouter en 2015?

Le regard de Fatoumata : Et si l’imperfection nous rendait perfectible ?

Prenons par exemple une femme qui est mariée, a des enfants et travaille aussi. Elle a le devoir de prendre soin de sa famille, s’occuper convenablement de ses enfants, de les éduquer comme il faut et de mener une carrière professionnelle réussie. En plus de tout cela, elle doit être mince et belle. Réussir à  mener tout cela sans faute est presque inhumain, mais elle pense que C’’est une obligation ou même un devoir. Qui est-ce qui nous convainc que C’’est un devoir? La société. Il est vrai que de nos jours l’excellence est la clé. En effet, on doit exceller dans tout et ce, n’importe o๠et n’importe quand. On ressent ce besoin de pousser continuellement. Après avoir réussi à  monter une entreprise, on en fait une chaine nationale et plus tard on en fera une chaine internationale. Un étudiant qui est bon ne veut pas se contenter d’être bon, il veut exceller. La nature humaine fait de nous des êtres perpétuellement insatisfaits, cherchant toujours à  se surpasser. Si l’étudiant n’arrive pas à  atteindre un but, il pensera qu’il ne vaut pas grand chose, qu’il n’est pas digne d’intérêt, qu’il ne donne pas assez au gens autour de lui. Il perdra tout estime de lui-même parce qu’il ne peut accomplir ce qu’il veut faire. Il faut comprendre que nous sommes tous des êtres humains. Par conséquent on ne peut pas tout avoir: on a des défauts et des qualités. Les défauts et les qualités se complètent. Une personne n’a jamais que des défauts, de même elle ne peut pas avoir que des qualités. En plus de cela, nous avons tous des limites. On ne peut pas toujours être en forme. Il faut souvent prendre des pauses. Par définition, une personne parfaite n’a aucun défaut. Cette personne nait avec la perfection, donc elle n’a pas besoin d’apprendre ni de se perfectionner. Par exemple, un enfant qui se brûle pour la première fois a compris que le feu brule ; ses parents lui avaient surement dit de faire attention au feu. Mais, maintenant qu’il a compris, il ne le refera plus. En d`autres termes on a besoin de faire certaines expériences par soi-même, sinon la leçon ne sera pas apprise. Est-il possible de cohabiter avec une telle personne? à‰tant interdépendants, les hommes sont amenés à  se pardonner. Ce pardon est accordé en grande partie à  cause de l’imperfection commune. On dit que l’erreur est humaine, le pardon divin. Alors dans l’esprit de se rendre proche de cette perfection, on se pardonne. Un être parfait ne commet pas d’erreurs. Il n’a surement pas la faculté de se mettre à  la place de l’autre. D’ailleurs pourquoi devrait-il pardonner si lui ne commet pas d’erreur ? Le succès de la presse à  scandale réside dans le fait qu’on veut se rassurer : ils ne sont pas parfaits non plus, ils sont beaux et riches, mais ont aussi des problèmes – les leurs sont souvent inventés de toutes pièces. Juste pour les rendre un peu plus humains. On pousse donc un soupir de soulagement. Ils sont soumis à  une plus grande pression parce qu’ils sont connus et adulés, mais cela n’empêche, ils ne font pas toujours les bons choix. l’identité n’est pas statique, en effet le changement identitaire est en relation avec notre vécu. Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Une personne qui ne vit que d’après des réussites n’apprend pas vraiment quelque chose, mais quelqu’un qui croise un échec peut tester ses relations. Par exemple, un riche qui devient pauvre voit la vie sous un nouveau jour. Il découvre ses vrais amis et ceux qui étaient juste intéressés. En plus il aura une plus grande connaissance de sa personne parce qu’il aura expérimenté une crise et qu’à  la fin de cette dernière, il découvrira le nouveau lui qui sera plus fort. On peut certes s’en vouloir après un échec, mais on doit l’accepter et s’en servir comme d’une leçon visant à  nous rendre plus fort et à  nous guider sur la route de la perfection, car l’homme a certes des défauts, mais s’il était parfait, il n’acquerrait aucune connaissance. Alors, et si l’imperfection nous rendait perfectible?! Fatoumata Touré