Fodié Touré, Président de la Haute Autorité de la Communication : « Nous avons pris des mesures intelligentes »

Pour la Haute Autorité de la Communication (HAC), la présidentielle de 2018 est le premier scrutin national sur lequel elle intervient. N’étant pas encore légalement en charge de la régulation de l’accès des candidats à tous les médias, elle travaille avec le Comité national d’égal accès aux médias d’État (CNEAME) pour assurer une couverture équitable de la campagne. Entretien avec Fodié Touré, son Président.

Quel regard portez-vous sur la campagne telle qu’elle se déroule jusqu’ici ?

La période électorale est particulière : un peu tendue au début de la campagne, de plus en plus passionnée à 10 jours de l’élection et, comme on est dans une période où les tensions ont commencé à s’exacerber, dans l’expertise électorale, c’est la période critique. C’est le moment où l’on doit être sûr de l’appréciation de ce qui est fait et c’est à partir de cette appréciation objective que l’on prend les mesures adéquates. Nous avons, depuis novembre 2017, pris les devants, avec des mesures, élaborées avec le concours des autres instances de régulation de la sous-région et de l’Organisation de la Francophonie (au cours d’un Forum sur la régulation des médias en période électorale, Ndlr). C’est sur la base des résolutions issues de ce forum que nous avons pris les dispositions pratiques qui s’appliquent au moment et aux circonstances. Parmi elles, la gestion de l’existence encore ambigüe du CNEAME.

Comment se passe la collaboration voire la cohabitation entre ces deux entités ?

Nous avons pris des mesures intelligentes pour qu’il y ait une coexistence pacifique et harmonieuse entre les deux institutions. Parce qu’il n’était pas envisagé qu’en cette période, le CNAME existe encore. Mais compte tenu des circonstances, avec la tenue du referendum constitutionnel, le CNAME est toujours actif, selon la loi. Il joue donc son rôle qui est de veiller à l’accès égal  des candidats aux médias d’Etat, comme c’est précisé dans la Constitution. Restent les médias privés, nationaux et internationaux, dont nous avons la charge.

Parlez-nous des mesures prises pour réguler cette période…

Nous avons instauré une dynamique participative et pédagogique. Nous avons associé toutes les associations de médias à l’élaboration de ce que nous avons appelé le « Code de bonne conduite des médias en période électorale », qui est en train d’être ventilé, pour qu’en l’absence d’un cadre légal nous convenions ensemble de la conduite à tenir. À la HAC, nous sommes sereins. Si tout le monde joue sa partition, si les dispositions qui sont prises sont respectées, tout ira bien.

A dix jours du scrutin, comment se comportent les médias ?

Nous sommes destinataires de récriminations, qui viennent de candidats ou de citoyens, sur le déroulement de la campagne électorale ou la diffusion des messages de campagne. Cela concerne les médias privés comme publics. Le CNAME fait un travail pour être à l’abri de ces récriminations, mais s’il y en a elles nous seront adressées. Par ailleurs, nous suivons tous les jours les messages qui passent sur l’Ortm, sur Africable et sur les autres chaînes de télévision. Nous suivons tout.

Et l’équité est respectée ?

Pour le moment, nous pensons qu’elle est respectée. Nous n’avons pas le chronomètres en main, mais, dans un cadre général, tout se passe bien. Et si cela n’était pas, nous sommes habilités à nous saisir d’office. La loi nous le permet.

Quid des plaintes sur la sur-médiatisation du président-candidat ?

Ça, c’est un débat d’experts. Il faut se dire que dans l’appréciation des interventions d’un président-candidat, il faut distinguer trois temps. Le premier est la période classique, où on ne parle pas d’élection : elle couvre les 4 premières années de son exercice. Il fait ses activités, elles sont relayées et il occupe le devant de la scène. Le deuxième temps, c’est la période de 6 à 3 mois avant l’élection. Tous les actes posés par le candidat-président peuvent être interprétés comme étant des actes de campagne. Mais comment faire la différence entre une activité relevant de la fonction présidentielle et une activité de campagne ? Aucune loi en Afrique ne le définit. On peut chercher des définitions dans ce qui est dit dans les rencontres d’experts. Par exemple, la Déclaration de Bamako, qui est fondamentale et que beaucoup ne connaissent pas, le document de travail de base de l’Organisation de la Francophonie et de beaucoup de structures en charge des élections, dit qu’ « une activité de campagne est une activité qui appelle les citoyens, qui les invite ou les détermine à fédérer leurs suffrage autour d’un candidat ou d’un projet ». Alors, bien malin qui pourra dire : voici, ce que le Président fait, c’est une activité de campagne. Mais les instances en charge de la régulation le savent, ceux qui se plaignent doivent démontrer que les activités décriées sont des activités de campagne. Enfin, la troisième période, c’est la campagne, où les actes et les actions sont codifiés.

Médias en période électorale : entre liberté d’expression et régulation

Les prochaines échéances électorales au Mali sont au cœur de l’actualité et des débats et la régulation et le rôle des médias réapparaissent dans le discours institutionnel. Comment et pourquoi réguler ? C’était le thème du séminaire international de renforcement des capacités organisé par la Haute Autorité de la Communication (HAC) à Bamako, du 13 au 15 novembre 2017. 

La Haute Autorité de la Communication du Mali (HAC), l’autorité indépendante chargée de la régulation des différents médias, s’attèle, selon Amidiata Ouattara, Président de sa commission éthique et déontologie, non pas « à condamner les pratiques », mais à privilégier une « approche pédagogique »

Évolution d’une régulation 

« Auparavant, toute la régulation des médias au Mali se concentrait sur les médias publics. Les médias privés étaient exclus de tout contrôle. La création de la HAC permet dorénavant de s’intéresser à cette question. Notre mission n’est pas faire le gendarme, mais plutôt de guider les médias vers un traitement égal et équilibré des informations électorales et le respect de la déontologie », précise Gaoussou Drabo, Président de la commission relations extérieures de la HAC.

Nécessité d’une régulation 

« Liberté d’expression et responsabilité des médias sont intrinsèquement liées. Et la responsabilité des médias doit être appréciée selon la loi par une autorité indépendante », affirme Bertrand Levant, chargé du programme « Liberté d’expression et régulation des médias » de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il rappelle que les discours de haine et les appels à la violence des journalistes sont des limites, acceptées internationalement, à la liberté d’expression, tout comme, en période électorale, l’accès inégal et inéquitable aux médias des différents candidats. Concernant le traitement de l’information, M. Levant rappelle que le journalisme, par définition, doit s’en tenir aux faits. C’est ce qui justifie qu’un candidat qui appelle au boycott d’une élection puisse se voir refuser l’accès aux antennes, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire récemment. Mais le devoir de garantir le droit d’informer les citoyens n’empêche pas le journaliste de couvrir un appel au boycott d’un parti, car c’est « une information qui mérite d’être traitée de manière impartiale, rigoureuse ».

Méthode de régulation

Pour la HAC, l’enjeu est de déterminer comment « améliorer avec les journalistes » la couverture médiatique, afin que soit possible l’accès à une information équitable en période électorale. Elle organisera « des sessions de formation, notamment à Bamako, Ségou et prochainement à Kayes et à Mopti sur les différents principes réglementant l’exercice du métier », assure Amidiata Ouattara. « La première attitude consiste à expliquer, ensuite vient la mise en garde et le dernier recours sera la sanction », explique Gaoussou Drabo. Le séminaire international a permis aux différentes autorités de régulation des médias de la sous-région de partager leurs expériences, pour s’inspirer les unes des autres.

M. Levant rappellera la nécessité que les médias eux-mêmes s’auto-régulent en adoptant un Code de déontologie électorale.

E-Regulation au Mali : Améliorer le climat des affaires

Grâce au partenariat entre le ministère de l’industrie, des investissements et du commerce, l’agence pour la promotion des investissements (API Mali), le PNUD et l’appui financier du gouvernement du Luxembourg, l’implantation du système E-Regulation sera définitive au Mali. Qu’est-ce que le système E-Regulation ? E-Regulation est un système d’information en ligne, offrant un accès transparent aux procédures et aux règles administratives applicables aux opérations d’investissementS. Julien Bornon, représentant de la conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), explique que C’’est un outil important pour améliorer le climat des affaires et promouvoir les investissements au niveau national. « Ce système est conçu pour aider les investisseurs maliens. Il est important que le climat des affaires soit plus fécond. » Il estime que l’API Mali est un exemple assez palpable avec son guichet unique. Cette structure selon lui, aidera à  n’en point douter, à  la stabilisation et à  facilitation de la création d’entreprises au Mali. Développé par la CNUCED, ce système selon Mr Keita de l’API Mali, est déjà  opérationnel dans plusieurs pays tels la Colombie, le Salvador, l’Ethiopie, le Mali, le Guatémala, le Nicaragua, la Russie, le Rwanda, le Vietnam et désormais le Mali. Les objectifs l’objectif principal de ce système est de faciliter les démarches des investisseurs potentiels grâce à  une information claire et qualifié comme l’explique Mme Keita. Aussi, soutenir les initiatives d’harmonisation législative au niveau régional et international. Signalons qu’E-Regulations peut également jouer un rôle majeur dans la formalisation des micro-entreprises.Le représentant du CNUCED indique par ailleurs que, pour l’administration et le gouvernement, le système permet de mieux connaitre la pratique administrative telle qu’elle est perçue par les usagers. Un élément important du système, C’’est qu’en cas de difficulté ou de désaccord, l’usager formule une plainte, traitée automatiquement à  destination de la plus haute autorité responsable. Soutenir la formalisation des micro-entreprises Le ministère en charge des investissements indique qu’à  travers le système E-Regulations, il s’agit de renforcer la transparence sur les droits et procédures administratives applicable aux entreprises. Il est aussi question de créer les conditions pour soutenir la formalisation et le développement des opérateurs économiques du secteur informel. Il faut noter que le site regorge tous les détails nécessaires pour un investisseur. Il permet de rééquilibrer le rapport de force entre les secteurs public et privé et constitue, un blog additionnel, comme le souligne Julien Bornon.

Clôture des 3è journées de l’information et de la communication

Comme l’a souligné le président du comité scientifique, Mamadou KABA, ex président du Conseil Supérieur de la communication, le professionnalisme dans les médias, C’’est l’objectif principal visé par les travaux de ces 3è journées de la communication et de l’information, tenues du 21 au 24 décembre 2009 à  Bamako et qui se sont clôturées hier, en présence de la ministre de la communication et des Nouvelles Technologies, Mme Mariam Flantié Diallo. L’aide à  la presse Parmi les thèmes discutés, l’aide à  la presse aujourd’hui estimée à  200 millions par an et jugée insuffisante, le statut précaire des journalistes, l’obtention de la carte de presse, les procédures d’autorisation de créations d’organes de presse, sans oublier le rôle stratégique de la publicité dans les médias. Tous ces thèmes ont été discutés par les professionnels de la presse, présents aux assises des 3è journées de l’information et de la communication du Mali. Les 2 premières éditions avaient eu lieu en 1991 et en 1996; Désormais, les recommandatons stipulent que ces journées devront se tenir tous les cinq ans. Parmi les résolutions fortes, on peut citer l’indexation de l’aide plublique de la presse au Budget National et son augmentation souhaitée. La régulation des autorisations de créations d’organes de presse, la supression des peines privatives de liberté dans les textes relatifs à  la presse et aux délits de presse. En audiovisuel, l’ouverture des licences aux télévisions privées à  créer. Sans oublier le statut précaire des journalistes, revoir les conditions d’obtention de la carte de presse, car ne peut se proclamer Journaliste qui veut ! Pour appliquer toutes ces belles résolutions, il a donc été question de créer de nouveaux organes de régulation de la presse, de l’audiovisuel et de la publicité, mais aussi d’initier une journée de réflexion sur l’autorégulation du secteur, entre les diverses journées qui devront à  présent se tenir tous les cinq ans. Pour beaucoup, ces recommandations, si pertinentes soient-elles, restent des résolutions qu’il faut appliquer :  » Le défi est là , il n’est pas compliqué de respecter la déontologie du journalisme et la rigueur dans le travail, d’ailleurs, aucun journaliste n’ignore ces principes, mais c’est le contexte socio-économique qui joue sur les journalistes, juge Chahana Takiou, notre confrère du journal le 22 septembre. Pour Assane Koné du journal Le Républicain,  » il est à  craindre que toutes ces belles résolutions ne soient pas véritablement appliquées à  la lettre. Makan Koné, le Président de la maison de la presse, reste lui optimiste, quant à  l’issue de ces 3è journées, et qui ont permis de poser un débat, en amont et au coeur de l’évènement, qui se déroulait au CRES( le Centre Régional d’énergie Solaire)sur la colline de Badalabougou; La presse joue un rôle clé dans la consolidation de la démocratie malienne depuis 1991, et ces journées de la communication et de l’information, permettent à  chaque acteur du secteur médiatique, de faire une autocritique pour mieux avancer dans la voix du professionnalisme et déontologique.

Hausse du tarif de l’électricité : Qu’en pensent les citoyens ?

Selon des spécialites, la baisse du tarif ne serait possible qu’en 2011 avec l’interconnexion entre le mali et la cote d’ivoire avec le financement du PASE (Projet d’Appui au Secteur de l’Energie) à  hauteur de 60 milliards de francs CFA par la banque mondiale. Mais pour la hausse actuelle, qu’en pensent les citoyens ? Maurice DABO, Chef de famille. Cette hausse du prix du tarif de l’électricité s’explique par un fort laxisme par les autorités. Au départ on disait à  l’Etat de ne pas privatiser l’EDM. Un ancien responsable de l’entreprise disait que le Mali pouvait bien gérer l’EDM sans perte et il aurait été assassiné pour cela. C’’est pour vous dire que sans hausse déjà , nous traversons le calvaire et nous ne vivons que de coupures intempestives qui endommagent parfois nos appareils. Et pire, l’entreprise n’a jamais payé pour la réparation de ces appareils. Même en portant plainte rien n’en sort. Vous voyez déjà  comment nous sommes condamnés par l’EDM. JDM : Que comptez vous faire par rapport à  la hausse du tarif ? MD : J’envisage de consommer l’électricité rien que la nuit parce que ce qu’on gagne risque de ne pas assurer nos dépenses et le reste des charges. JDM : Que proposez vous pour sortir de cette situation ? Pour sortir de ce calvaire, je propose à  ce qu’on organise un grand débat au tour de ce problème. Et pourquoi ne pas misé sur l’énergie solaire ? C’’est le cas au Burkina mais pourquoi pas le Mali ? D’ailleurs même quand on parle d’électricité ce n’est qu’à  Bamako et les capitales régionales. Si non au-delà  de ces zones rares sont les localités desservies. Allez à  Kabala tout près vous saurez de quoi je parle. JDM : Le Mali vient d’avoir 60 milliards de nos francs à  travers la banque mondiale. Est-ce que cela a suscité chez vous une lueur d’espoir ? A mon avis ce fond sera mal géré et ne servira jamais à  l’énergie. J’appelle cette somme, une miette par rapport à  l’énergie et aux alligators qui l’ont déjà  partagé. Les pauvres continueront de payer le prix fort de la galère au Mali. Seydina Aliou Koné, gérant de cyber : Je consomme environ 150 000f CFA par mois rien que dans l’électricité. C’’est énorme pour mes charges. Vous savez mieux que moi que nul n’aime l’augmentation du tarif. Cela ne nous arrange pas nous les pauvres surtout en cette période de crise. JDM : Que comptez vous faire pour faire face à  cette situation ? Je compte investir dans les panneaux solaires. C’’est vrai qu’il est très cher mais il est mieux que EDM qui, J’en suis persuadé ne finira pas de nous dégoûter. Les coupures n’en finissent pas. Il y a des moments o๠nous allons au-delà  d’une heure de coupure et nous perdons des clients. Qu’est ce qu’ils nous veulent ces gens là . ? Sekou Tidiane Traoré dit Anglais, chargé de programme à  l’ONG AREM (Association pour la réhabilitation de l’environnement Malien) On ne peut pas se réjouir ou comprendre cette augmentation. Si l’on doit comprendre quelque chose C’’est peut être à  l’endroit des gros consommateurs. Je crois que le Malien moyen n’a besoin que de lumière et de sa télé. l’électricité n’est pas un luxe aujourd’hui mais une nécessité. Lénine disait que le développement est égal au taux d’électrification. Quand on prend le mot développement, C’’est pour parvenir au bonheur du peuple et non pas le contraire. Pour terminer, nous ne sommes pas contents de cette augmentation. Je demande à  nos autorités de demander aux gros consommateurs de payer plus mais qu’ils laissent les pauvres en paix.