Case Sanga : La renaissance est elle possible?

Depuis 2011, l’émission-vedette Case Sanga connait des difficultés. Manquant de moyens, de soutiens et de partenaires, les organisateurs ont du mal à faire face aux coûts de réalisation. Mais ils se disent prêts à recommencer dès que toutes les conditions seront réunies.

Case Sanga est une émission de téléréalité initiée par Fanaday Entertainment, une structure évènementielle, en 2007. « Marqués par les émissions de téléréalité sur le continent européen, nous nous sommes dits pourquoi ne pas être le pionnier de ce concept au Mali, ainsi que dans la sous-région ? », déclare Ander Baba Diarra, Directeur associé chez Fanaday Entertainment et opérateur culturel. Grâce à plusieurs responsables politiques et culturels de l’époque, le concept Case Sanga a vu le jour, pour détecter et donner de la visibilité aux artistes en herbe. « Il y a tellement de talents cachés au Mali, qui manquent d’espace pour s’exprimer», souligne Ander Baba Diarra.

Cette jeune émission n’a pu réaliser que trois éditions, dont la première en 2007 et la deuxième en 2008. Après une pause, la troisième édition a pu se tenir en 2010 grâce à la forte implication de la Première Dame de l’époque.

De 2011 à nos jours, les gens ne cessent de s’interroger sur la situation de Case Sanga. Fanaday Entertainment a voulu faire renaître l’émission en 2017, mais par manque de fonds les choses n’ont pas bougé. « Case Sanga n’appartient plus à Fanaday, c’est devenu un patrimoine malien. Si tout le monde se dit que Case Sanga est à lui et que cela peut faire bouger les choses, nous sommes partants », explique l’opérateur culturel.

Certains anciens de Case Sanga, comme Mamadou Dembélé, Pamela Badjogo et Cheick Siriman Sissoko, ne retiennent de cette émission que des beaux souvenirs. Ils disent tous que Case Sanga a été pour eux la première expérience qui leur a permit d’être connus à travers par le monde. « Case Sanga a été le socle de ma carrière musicale, une opportunité que je n’oublierais jamais », dit Cheick Siriman Sissoko.

« Pour pérenniser Case Sanga, il faut une forte implication de l’État et des partenaires financiers, comme dans certains pays voisins », conseille Mamadou Dembélé dit Dabara. Si toutefois Case Sanga recommence, Pamela Badjogo annonce que ce sera pour elle un plaisir d’aider ses organisateurs. « Je voudrais qu’il y ait des Case Sanga en musique, comédie, théâtre… Tout seul on ne peut rien faire. Quand on n’est pas assisté par l’État et des sponsors, il est difficile pour nous, opérateurs culturels, de réaliser nos rêves », conclut Ander Baba Diarra.

ADEMA-PASJ : Nouvel envol ?

Le 25 mai 2016, l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) a soufflé sa 25ème bougie.

Premier parti du Mali pendant près de deux décennies, il connait des difficultés qui ont fragilisé son assise sur la scène politique. À l’occasion de cet anniversaire, les abeilles sonnent le rassemblement et entendent relancer la machine qui a contribué à l’avènement de la démocratie et donné deux présidents de la République au Mali. Les tractations vont bon train et la « Famille ADEMA-PASJ » des premières heures rêve de retrouver son aura et, pourquoi pas, le pouvoir…

Étaient présents au congrès des 25 et 26 mai 1991 les représentants de plusieurs partis à l’époque clandestins, opposés au régime de Moussa Traoré. Membre fondateur, le professeur en médecine Ali Nouhoum Diallo se souvient de « l’association Alliance pour la démocratie au Mali qui est l’une des héritières du Front national démocratique populaire (FNDP), composé de l’US-RDA, du Parti malien des travailleurs (PMT), du Parti malien pour la révolution et la démocratie (PMRD) et du Front démocratique des patriotes maliens, qui résidait en France ». La chute du régime militaire a ouvert le champ politique et ce sont naturellement les premiers acteurs de cette chute qui se sont organisés pour l’occuper.
« La question était de savoir si toutes les composantes du FNDP allaient rester ensemble. En tant que parti historique issu de l’indépendance, l’US-RDA a jugé nécessaire le maintien de son autonomie. Les hommes et les femmes de l’Alliance ont donc créé le Parti africain pour la solidarité et justice (PASJ). Son appel au peuple, son projet de société et son programme lui ont valu de conduire les premiers pas de la démocratie avec le président Alpha Oumar Konaré », rappelle un cadre de la première heure.

 Pouvoir et divisions

Pendant les dix années du règne d’Alpha Oumar Konaré (1992-2002), le parti a élargi son empreinte au point de devenir le deuxième plus grand parti d’Afrique après l’ANC (Afrique du Sud). Sur dix ans, il a conservé la majorité absolue au parlement et comptait dans ses rangs plus de 3 000 conseillers communaux. Mais la gestion du pouvoir rouge et blanc a été marquée par des crises sociales, économiques et politiques qui ont mené à de nombreuses saignées dans ses rangs avec les départs de cadres suivis par leurs partisans. Le premier départ significatif fut celui de feu Mamadou Lamine Traoré, qui quitte la Ruche en 1994 estimant qu’elle avait été envahie par les frelons, pour créer le MIRIA. La deuxième grande crise au sein du parti fut le départ en 2000 de son président d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta. Quelques mois après avoir quitté la Primature, il faisait face à une fronde conduite par les hommes du « clan CMDT ». Les batailles de leadership se multipliant à l’approche de l’élection présidentielle de 2002, le parti ne peut éviter les primaires. Le manque de cohésion et les dérapages pendant la campagne ont été payées cash : le parti perd la présidentielle et son candidat, Soumaïla Cissé, s’estimant trahi au profit de son adversaire indépendant, Amadou Toumani Touré, créé l’Union pour la République et démocratie (URD) en 2003. Ces crises à répétition, l’ADEMA-PASJ en a payé le prix fort lors de l’élection présidentielle de 2013, avec son candidat, Dramane Dembelé, qui n’est arrivé que 3ème, loin derrière les leaders du RPM et de l’URD. Lors des législatives qui ont suivi, le parti de l’Abeille a touché le fond, n’obtenant que 16 sièges sur 147, alors qu’il avait dominé le parlement pendant les deux dernières décennies.

 Un nouvel essaim ?

Et pourtant, l’optimisme reste de rigueur. Les acquis des 25 années d’existence et surtout des dix années de pouvoir, Moustaph Dicko, 4ème vice-président et président de la commission d’organisation du 25ème anniversaire, ne veut pas les oublier. Mais il reconnait que « beaucoup reste à faire et l’ADEMA-PASJ fait face aux mêmes défis que le pays : l’unité et la réconciliation ». Cette volonté de reconstitution de la Famille Adema a été clairement exprimée lors du 5ème congrès, tenu les 24 et 25 mai 2015. Ce dernier a porté à la tête du parti Tiémoko Sangaré, ancien ministre, qui s’est donné comme mission « la renaissance de l’ADEMA-PASJ ». Tournées régulières pour reconquérir la base, divisée après la présidentielle de 2013, mais aussi rapprochement avec les autres partis « socialistes » afin de préparer, et de gagner, les prochaines échéances électorales. « Le pari peut paraître utopique, mais l’idée séduit au-delà du comité exécutif de l’ADEMA-PASJ », selon Moustaph Dicko. « À terme, il s’agit de rebâtir le parti à partir d’un regroupement de partis de gauche », explique Issa Togo, artisan de la création du groupe parlementaire ADEMA-ASMA/CFP. Avec ses désormais 14 députés à l’Assemblée nationale, le parti s’est en effet rapproché de l’Alliance pour la solidarité au Mali – Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP), le parti de Soumeylou Boubeye Maïga, un autre ancien de la « Ruche ». L’honorable Togo mène aujourd’hui les « discussions » avec le Fare Anka Wili de Modibo Sidibé, le PS Yelen Koura d’Amadou Goïta, et d’autres formations politiques. « Nous espérons le retour des anciennes figures du parti », avoue-t-il, confiant. « Les documents sont entrain d’être élaborés dans ce sens. Fondamentalement, tous les partis qui ont quitté l’ADEMA pour faire de la politique autrement n’ont pas eu d’autres programmes ni de projets de société différents de celui de l’ADEMA. Après dix ans, vingt ans, si on a une vision pour le pays, je ne vois pas ce qui peut nous éloigner les uns et les autres », conclut-il.

Retrouver la confiance
Aujourd’hui, après sa traversée du désert, la « Ruche » sonne donc le rappel de ses troupes et veut retrouver sur le terrain sa vigueur et son rayonnement. Toutes choses qui ne seront possibles sans deux éléments essentiels, les finances et la confiance. Pour le premier, avec sa troisième place sur l’échiquier politique, le parti continue de recevoir des subsides conséquents de l’État. Au titre de 2016, ce sont plus de 400 millions de francs CFA qui pourront contribuer à remettre en place le maillage qui faisait la force du parti, en particulier à l’intérieur du pays, et ce, même si « les cadres riches du parti ne sont plus là », comme le déplore un militant. En ce qui concerne la confiance, le gros du travail reste à faire. Pour le président du parti, il convient de rester « sereins parce que nous savons que nos difficultés étaient inhérentes à l’évolution du pays, à partir de la situation dans laquelle nous l’avions trouvé ». « Tant que le parti a évolué conformément à ses valeurs, les Maliens lui ont fait confiance », rappelle Tiémoko Sangaré, qui déplore que cette confiance se soit érodée. « Notre parti a souffert et nous avons identifié les thérapies qui doivent être appliquées. Nous sommes convaincus que l’ADEMA retrouvera son lustre d’antan parce que nous remettons au centre des choses ces valeurs ». Reste à convaincre à nouveau les Maliens, qui à l’image de ce jeune cadre du CNID, estiment que le parti est comptable de tous les maux que vit le Mali aujourd’hui et que « la vie est un cycle, l’ADEMA est en déclin ». Séga Diarrah, politologue, nuance ces propos mais estime que ce tournant est celui de la dernière chance car « l’ADEMA-PASJ doit prendre le chemin de la renaissance, au risque de sombrer dans l’impasse politique ». Pour cela, il manque aux Abeilles une « Reine mère », capable de faire consensus autour de sa personne pour emmener la colonie vers de nouveaux succès.

Tombouctou retrouve ses mausolées

Les communautés locales ont appelé cette cérémonie de leurs voeux, elle permet de redonner tout leur caractère sacré à  ce qui n’était jusque là  qu’une reconstitution des monuments religieux détruits par les djihadistes. C’est désormais chose faite. La dernière cérémonie de sacralisation des mausolées de Tombouctou remontait au XIe siècle.Organisée à  la mosquée de Djingareyber, la cérémonie a débuté avec le sacrifice de béliers et la lecture des versets coraniques, puis s’est achevée par la lecture d’une sourate du Coran. Lieux de pèlerinage pour les musulmans du Mali et ceux des pays limitrophes d’Afrique occidentale, ces mausolées sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. 14 des 16 que compte la ville furent saccagés, une destruction considérée comme une tragédie pour les communautés locales et unanimement condamnée de par le monde. Lancée en mars 2014, la réhabilitation des 14 mausolées détruits a pris fin en juillet 2015, pour une inauguration en présence de la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Dans un message adressé aux populations pour la circonstance, cette dernière a affirmé que « ces mausolées, debout, sont la preuve irréfutable que l’unité est possible, que la paix est plus forte ; que nous y sommes arrivés et que nous pouvons le refaire ».

Tous en route pour « Timbuktu » !

l’histoire commence sur les dunes de sable de Tombouctou. Grave, la voix de l’acteur américain Morgan Freeman magnifie le silence de la cité légendaire. l’américaine Molly Rhaskin pose sa caméra sur ces visages et ces regards profonds. Qui suivaient l’érudit et pénétraient dans les murs du Centre Ahmed Baba, o๠reposent des milliers de manuscrits. Ils faillirent être détruits à  jamais, confinés à  l’oubli, n’eut été la bravoure de certains de les cacher et les transporter jusqu’ à  Bamako. Près de 4000 furent détruits, et des milliers sauvés par la grâce d’Allah. Que renferment donc ces manuscrits anciens ? Combien de secrets ? Cette question, nous nous la sommes tous posé. Et aujourd’hui grâce à  la « Timbuktu Renaissance Initiative », à  la foi de Manny Ansar et au plaidoyer de ses amis, ces œuvres hors du temps seront numérisées, traduites pour notre compréhension, un travail titanesque souligne le Dr Abdoul Kadri Idrissa Maiga, directeur du Centre Ahmed Baba. Une nécessité absolue car le patrimoine de Tombouctou appartient au monde entier, rappelle à  juste titre Paul Folsmbee, ambassadeur des Etats-Unis au Mali. Une belle manière de faire renaà®tre la cité mythique, d’envisager l’université de demain et peut être un jour la renaissance de ce merveilleux festival Au Désert, souhaite Cynthia Schneider du Brookings Institute de Washington. Car jamais, malgré l’occupation, les destructions de mausolée, Tombouctou ne sera oubliée. Une belle caravane de festivaliers nous le rappelle déjà , tous en route pour le week-end artistique et culturel de la ville !

Alphadi : «Obama a rendu hommage à l’Afrique »

Journaldumali.com : Alphadi, bonjour, quel regard jetez-vous sur le sommet US-Afrique qui vient de se tenir à  Washington ? Alphadi : Je crois qu’Obama a compris qu’un tel évènement pouvait donner une chance à  l’Afrique de grandir davantage et de se reconstruire. Il ne lui reste plus que deux ans et il était important qu’il montre aux africains que ses origines sont sur le continent. Ce sommet a également eu l’avantage de projeter aux africains la nécessité d’une unité forte autour des grands projets de développement du continent. Pour beaucoup, les Américains cherchent leur intérêt en Afrique, qu’en pensez-vous ? Et d’autres estiment qu’Obama devrait plus se rendre sur le continent ? Je pense qu’Obama en emmenant les leaders africains à  Washington a voulu leur montrer un certain respect. D’un autre côté, il est difficile pour les américains d’organiser une telle rencontre en Afrique vu la diversité des pays. Il y a aujourd’hui une forte diaspora africaine en Amérique, tout comme une forte communauté africaine-américaine, alors ces leaders sont aussi chez eux en Amérique. Les Etats-Unis ont compris que l’Afrique est un continent qui bouge, o๠il y a énormément de possibilités et de richesse. Les Américains ont besoin de nous pour faire du business et nous avons aussi besoin d’eux pour nous exporter à  l’étranger. Obama en organisant ce sommet a rendu hommage à  ce beau continent qu’est l’Afrique. l’évènement « Timbuktu Renaissance » a réuni les Maliens de Washington ? Quel est votre combat personnel sur cette question ? Vous savez je suis de Tombouctou. Et ce qui se passe là  bas me concerne. Je salue cette belle initiative qu’est «Timbuktu Renaissance ». D’ailleurs, je prépare moi-même un grand évènement en décembre à  Bamako. Nous allons réunir de grands artistes pour ramener la dignité et la paix au Mali. Il faut aujourd’hui redonner à  Tombouctou son lustre d’antan, emmener Tombouctou à  sa diaspora et en faire une vitrine du Mali à  l’extérieur. Renaissance oui, car Tombouctou doit être pour le Mali ce qu’est Marrakech pour le Maroc ou Agadez pour le Niger Que pensez-vous des négociations de paix avec les groupes armés du Nord ? Etes-vous optimiste ? Pour moi, la paix est fragile mais elle est possible. Si les discussions avancent bien, un accord de paix pourrait être signé d’ici Décembre. Nous prions beaucoup pour que cette paix soit durable et cela passe évidemment par le dialogue. Il faut également à  travers ces discussions, prendre en compte les préoccupations des populations du nord du Mali. l’unité et la réconciliation nationale sont des préalables à  cette paix et si les Maliens s’unissent autour de leur président, l’union, l’amour du Mali et la paix sont possibles. C’’est mon vœu le plus le cher pour le Mali.

Organisation, délestage…, difficile renaissance pour le Masa 2014

Le ton de ce rendez-vous culturel d’Afrique de l’espace francophone a été donné le samedi 1 mars 2014 au stade Félix Houphouà«t-Boigny d’Abidjan Plateau. Comme si C’’était un signe prémonitoire, le directeur général, Yacouba Konaté, reconnu pour son éloquence et sa rigueur, certainement subjugué par l’émotion, n’a pu lors de son allocution, prononcer le nom de Mme Henriette Dagri Diabaté, dont il est le collaborateur le plus proche en tant que directeur de cabinet, à  la Grande chancellerie de l’Ordre national. Un premier mauvais signe. Couacs et délestages Puis survient celui de l’électricité interrompue à  19 h 17 pendant la prestation du groupe marocain, Ribab Fusion. Cette première interruption annonciatrice du mauvais présage à  venir sera vite réparée. Un incident des plus fâcheux, C’’est lorsque le podium cède sous l’un des membres du célèbre groupe sénégalais, Daara J, immergé qui finit sa chute à  terre, avant d’être aidé par le public à  se retirer de là  pour rejoindre la scène. , a-t-il lancé à  son retour sur scène avec un brin d’humour. Le pire est à  venir. Quand juste après le passage de Dobet Gnahoré, l’éclairage disparaà®t dans les tribunes, à  20 h 13 minutes, puis quelques minutes plus tard, soit à  20 heures 24, toute l’alimentation de la logistique cesse de fonctionner. Silence radio sur le podium. Dès lors, le merveilleux public prend le relais dans les tribunes reprenant en chœur un refrain du groupe qui aura conquis des C’œurs à  ce spectacle. Pendant près d’une heure, les techniciens sont mis à  rude contribution pour relancer le spectacle. Mais, ils y parviendront difficilement. C’’est sous une lumière pâle qu’est annoncé Salif Kéita, l’une des grandes affiches de cette soirée. Il est 21 h 15 minutes quand le célèbre artiste du mandingue ouvre sa scène avec son titre à  succès  »Nebi fè », repris en chœur par le public. Il n’aura pas le temps de communier avec ce public qui l’attendait, en raison du manque de lumière dans les tribunes. Finalement, il quitte la scène sans même dire au revoir au public. Cela, avant même la fin de sa troisième et dernière chanson. Laissant dire au public qu’il s’est débarrassé du spectacle. Magic System sauve la mise Visiblement interpellé par cette ambiance morose qui prévalait, le groupe Magic System, comme un capitaine d’équipe, a pris le relais pour redresser la pente. Ce groupe remet de l’ambiance et émerveille le public. Il est 22 heures, lorsque A’salfo et les autres magiciens, comme en terre conquise, entonnent leur première chanson de la soirée. « Anoumabo », titre d’hommage à  leur terre natal avant d’enchaà®ner avec plus d’une dizaine de leurs titres. Une véritable communion avec le public qui a eu le temps d’oublier les désagréments causés par l’organisation jusqu’ici. « Taper dos », « ambiance à  l’africaine », « Académie », « bouger bouger », sont autant de titres qui ont permis au groupe de vibrer et de faire la fête avec le public. Avant de céder la scène sur les notes de leur titre à  succès, considéré comme l’emblème de ce groupe « 1er gaou ». C’’est un public conditionné par le groupe Magic System qui accueille l’affiche de la soirée, P Square. Malgré l’heure avancée, Pierre et Paul Okoyé, duo du groupe sont accueillis par un tonnerre d’applaudissements sur scène. Malheureusement, ils n’auront pas le temps de s’exprimer quand leur élan est brisé par une énième coupure d’électricité de la soirée. C’’était sans compter avec leur envie de faire plaisir à  ce public qui les attendait. Les jumeaux nigérians réussiront à  combler ce public à  travers une prestation à  la dimension de leur talent. C’’est finalement aux environs d’une heure du matin qu’a pris fin cette cérémonie d’ouverture.

Africable lance un « road tv » pour le cinquantenaire des indépendances

Elle traversera onze pays d’Afrique de l’Ouest pour diffuser interviews, reportages et débats sur le thème du cinquantenaire des indépendances. Africable, la chaà®ne de télévision panafricaine francophone basée au Mali, veut fêter à  sa manière les cinquante ans d’indépendance de 17 pays du continent, en se focalisant essentiellement sur ceux de l’Afrique de l’Ouest. à€ cet effet, elle organise le premier grand « road-TV » d’Afrique : la « Caravane de l’intégration ». Celle-ci sillonnera le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée-Conakry, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Togo et le Ghana, pour finir en Côte d’Ivoire, à  Abidjan, le 31 juillet. La caravane doit traverser près de 90 villes pour arborer un slogan aussi optimiste qu’engagé : « 50 ans d’indépendance, 50 ans d’intégration et 50 ans de développement. » Des reportages, des interviews, des documentaires et des débats sont prévus à  chaque étape, avec retransmission en direct par satellite, en partenariat avec les télévisions publiques et privées africaines. Budget de 1,4 milliard de Francs CFA « Notre objectif est de donner à  l’Afrique et au reste du monde une image positive du continent, l’image d’une Afrique qui se développe et qui croà®t, martèle le Malien Ismaà¯la Sidibé, PDG d’Africable. Nous voulons montrer que les Africains ont réalisé beaucoup de choses, mais surtout qu’ils gardent le sourire et la joie de vivre malgré quatre cents ans de traite négrière et de colonisation », précise-t-il. Grâce à  un budget d’environ 1,4 milliard de francs (soit plus de 2 millions d’euros), financé en partie par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), marraine du projet, Africable a déployé l’artillerie lourde. Plusieurs régies vidéo ont été louées, et même un avion U.L.M. biplace pour les prises de vue aériennes… à  condition que la mousson ne soit pas trop précoce. Enfin, parallèlement à  cette opération itinérante, un concours a été lancé sur le web avec Net-Afrika, un partenaire d’Africable basé à  Dakar. Ce concours s’adresse aux webmasters installés dans les pays traversés, qui sont invités à  créer des sites dédiés aux artistes du continent. Objectif du projet : la mise en ligne de contenus culturels africains. Google, qui a consenti à  héberger les meilleurs sites, soutient l’initiative. Pour en savoir plus, voir le site de la Caravane de l’intégration ici

Dakar : Inauguration du monument de la Renaissance, les Sénégalais divisés

Face à  la plage ensoleillée de Ouakam, parsemée de barques aux couleurs vives, l’océan Atlantique est en colère. Pas autant que Momar Faye, un pêcheur qui répare son filet à  l’ombre de la halle aux poissons. « J’ai comparé le prix de la statue à  mon gain quotidien, et ça m’a fait mal. Le président a dépensé 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros), moi j’encaisse 1 000 francs (1,5 euro) par jour. Il ferait mieux d’aider les gens à  vivre. » Un peu plus haut, sur une colline volcanique, surgit la masse colossale du monument de la Renaissance africaine. Le président sénégalais Abdoulaye Wade devait l’inaugurer, samedi 3 avril, en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains et du numéro deux de la Corée du Nord, dont le pays a assuré la construction de la statue dans le style néostalinien le plus pesant. Nicolas Sarkozy a décliné l’invitation ; Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, devait représenter la France Le monument de la controverse Les Sénégalais, volontiers caustiques, n’ont pas tardé à  imaginer que l’homme de bronze de 50 mètres de haut portant un enfant sur son biceps et tirant par la taille une femme vers un avenir radieux figurait leur président, son épouse et leur fils Karim, qui rêve de succéder à  son père. Officiellement, le trio est porteur d’un tout autre message : « L’Afrique émerge de l’obscurité et regarde audacieusement vers l’Occident pour initier un nouveau dialogue, après des siècles d’esclavage et de colonisation », résume Bemba Ndiaye, porte-parole du président Wade. « Fantasme de mégalomane » Le mastodonte, doté d’un ascenseur intérieur, est destiné à  attirer les touristes. Mais le montage opaque qui a permis de le financer suscite le trouble. Le colosse a été réalisé moyennant la cession par l’Etat à  une société immobilière de vastes terrains dont la valeur réelle est évaluée par l’opposition à  trois fois son prix. La revendication par le président Wade de 35 % des revenus attendus du monument, au titre de la propriété intellectuelle de la statue, qu’il dit avoir conçue, a alimenté les accusations. Fantasme de mégalomane « O๠a-t-on vu un président en affaires avec son propre pays ? », raille Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste, un des principaux opposants, qui considère le monument comme « un fantasme de mégalomane financé par la dilapidation du patrimoine national », et appelait, samedi, à  une manifestation. Même si le pagne de la femme géante a été allongé par rapport au projet, des imams ont estimé que pareille représentation heurtait l’islam. « Un monument de mécréant, un tapage contre la religion musulmane », tonne l’un d’eux dans le quotidien L’Observateur. Censée symboliser l’unité africaine, la statue divise la société sénégalaise. Wade se défend Répondant à  ses détracteurs, M. Wade a mis le feu aux poudres en leur demandant, en décembre 2009, pourquoi ils ne s’offusquaient pas des statues du Christ présentes dans les églises. « Des gens adorent le Christ qui n’est pas Dieu », a-t-il dit avant de s’excuser. Au pied de la statue, dans ce quartier presque campagnard de Dakar o๠est née Ségolène Royal, l’indifférence et la raillerie le disputent à  la satisfaction. « C’est une bénédiction », tranche Youssou Ndoye, chef coutumier, évoquant les emplois générés par le monument. « A l’époque o๠on construisait la tour Eiffel, beaucoup de Français n’avaient pas à  manger », assure-t-il. Pour l’heure, le chef est préoccupé par les accidents de la route qui se multiplient à  Ouakam depuis la construction de la statue, témoignant, selon lui, du réveil de Leuk Daour, le génie de Dakar. Pour l’apaiser, un boeuf noir a été sacrifié jeudi.