Suspension des cours : Une mesure diversement accueillie

Face aux perturbations dans l’approvisionnement en carburant, les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont annoncé la suspension des cours du 27 octobre au 9 novembre 2025. Une mesure exceptionnelle qui suscite des réactions mitigées au sein de la communauté éducative.

Le communiqué conjoint publié le 26 octobre 2025 par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a mis fin aux rumeurs : les cours sont suspendus sur toute l’étendue du territoire national jusqu’au dimanche 9 novembre inclus.

« Les cours reprendront le lundi 10 novembre 2025 », précisent les deux départements ministériels, qui justifient cette décision par « les perturbations dans l’approvisionnement en carburant qui affectent les mouvements des acteurs de l’école ».

Depuis plusieurs jours, la rareté du carburant a fortement entravé la mobilité, à Bamako comme à l’intérieur du pays. Un grand nombre d’élèves et d’étudiants peinent à se rendre dans leurs établissements, tandis que des enseignants se retrouvent bloqués à plusieurs kilomètres de leur lieu de travail.

« Il devenait pratiquement impossible d’assurer la régularité des cours, surtout dans les établissements éloignés de la ville », souligne un responsable scolaire de Ségou, saluant une mesure « réaliste dans les circonstances actuelles ».

Cependant, d’autres acteurs du secteur éducatif craignent un nouvel allongement du calendrier académique. « On venait à peine de retrouver un rythme normal après les retards de la rentrée. Deux semaines d’interruption, c’est un vrai défi pour achever les programmes à temps », alerte Adama Diarra, enseignant dans un lycée de Bamako.

Les parents d’élèves, quant à eux, oscillent entre compréhension et appréhension. « On comprend que les conditions ne sont pas réunies pour continuer les cours, mais on espère que le gouvernement tiendra sa promesse de réaménager le calendrier afin que les enfants ne soient pas pénalisés », plaide Mamadou Keïta, un parent.

Le communiqué précise en effet que des dispositions sont en cours pour réaménager les calendriers scolaire et universitaire afin d’assurer la continuité pédagogique et l’exécution des programmes. Les autorités affirment par ailleurs tout mettre en œuvre pour un retour rapide à la normale dans l’approvisionnement en carburant.

En attendant, les établissements scolaires et universitaires sont contraints de fermer leurs portes, plongeant des milliers d’élèves et d’étudiants dans l’incertitude. Cette suspension, bien qu’annoncée comme temporaire, illustre une fois de plus la vulnérabilité du système éducatif national face aux crises conjoncturelles qui continuent de perturber son fonctionnement régulier.

Mohamed Kenouvi

Reprise des cours : Paix fragile dans les écoles publiques

Les élèves des écoles publiques ont repris les cours ce 20 octobre 2025. Près de trois semaines après la rentrée, les enseignants ont accepté de lever leur mot d’ordre d’arrêt de travail consécutif à la suspension de leurs salaires à la suite des conclusions du Système de gestion des ressources humaines (SIGRH). Une reprise bienvenue, mais qui reste suspendue au respect par le gouvernement de ses engagements.

Après dix-neuf jours d’arrêt de travail, les élèves des écoles publiques de Bamako et de plusieurs localités du pays ont enfin retrouvé le chemin de l’école. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 avait officiellement eu lieu le 1er octobre, la Synergie des syndicats de l’éducation avait lancé un mot d’ordre d’arrêt de travail pour exiger la régularisation des salaires suspendus. À la suite de discussions avec les autorités, la Synergie a annoncé le 13 octobre la suspension de son mot d’ordre et fixé la reprise effective des cours au 20 octobre. Partout, l’enjeu est désormais le rattrapage des semaines perdues accumulées.

Une paix précaire

Mais cette reprise s’effectue dans un climat tendu. Outre la course contre la montre que devront désormais mener enseignants et élèves pour rattraper le retard accumulé, les syndicats préviennent que la trêve reste fragile. Dans une lettre datée du 17 octobre et adressée au Gouverneur du District de Bamako, la Coordination des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 félicite ses militants tout en invitant les autorités « au respect du chronogramme des traitements de salaires établi le 14 octobre 2025 ». La coordination syndicale prévient : en cas de non-respect des engagements, une grève sera déclenchée automatiquement le 27 octobre 2025.

Si cette reprise est un soulagement pour les parents d’élèves, la stabilité de l’année scolaire demeure incertaine. Certaines représentations régionales de la Synergie dénoncent la lenteur dans la régularisation des salaires et conditionnent la reprise effective des cours à une satisfaction totale de leurs revendications. D’autres continuent le processus d’enrôlement des enseignants concernés.

Pour mémoire, le rapport du SIGRH, remis aux autorités le 15 août 2025, avait révélé plus de 36 000 fonctionnaires fictifs, entraînant la suspension de leurs salaires à partir du mois de septembre. Une mesure qui continue de provoquer de vives tensions dans le secteur éducatif.

Enseignement primaire et secondaire : Vers une grève générale ?

Depuis la rentrée scolaire du 1er octobre 2025, le climat est tendu dans les écoles. Une grève de 72 heures la semaine dernière, reconduite pour 120 heures, perturbe les cours à Bamako et dans certaines régions. Malgré les engagements du gouvernement, le bras de fer se poursuit et une grève générale plane à l’horizon.

La rentrée 2025-2026 n’a pas commencé sous les meilleurs auspices. Dans les établissements du primaire et du secondaire à Bamako et dans certaines régions, les enseignants observent depuis le 1er octobre un arrêt de travail pour protester contre la suspension des salaires de milliers d’entre eux, enrôlés ou non dans le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH).

Le mouvement est initié par certaines coordinations régionales de la Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, malgré les engagements pris par le gouvernement à l’issue de la réunion du 30 septembre 2025.

Les autorités avaient formulé plusieurs promesses, notamment le rétablissement immédiat des salaires pour les enseignants disposant de récépissés d’enrôlement, la constitution d’une réserve de fonds au Trésor public pour payer les 6 000 agents concernés et la mise à disposition d’un budget pour le déploiement des équipes d’enrôlement dans les régions.

« Des avancées, mais trop lentes »

La Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 s’était donné jusqu’au 10 octobre 2025 pour déclencher une grève générale sur l’ensemble du territoire national si les engagements du gouvernement n’étaient pas tenus.

À deux jours de l’échéance, Ousmane Almoudou, Porte-parole de la Synergie, souligne qu’il y a eu des avancées, mais trop lentes. « Il y a eu un petit progrès sur le terrain, parce que les listes ont été envoyées et que les salaires de certains enseignants sont déjà traités ». Toutefois, poursuit-il, « ces listes partent au compte-gouttes et, à ce rythme, certains enseignants percevront leur salaire alors que d’autres devront encore attendre ».

Le syndicaliste souligne également que les promesses de déploiement des équipes d’enrôlement dans les régions tardent à se concrétiser. « En principe, elles devaient quitter Bamako le lundi, mais cela reste à vérifier », explique-t-il, déplorant le manque de visibilité sur les actions réellement entreprises sur le terrain.

Concernant la question d’une éventuelle accalmie, Ousmane Almoudou est catégorique : « nous allons nous donner jusqu’à la fin de semaine pour analyser les avancées et évaluer l’évolution de la situation. Mais la grève générale annoncée sera toujours d’actualité si tous les enseignants ne perçoivent pas effectivement leurs salaires », prévient le Porte-parole de la Synergie.

Mohamed Kenouvi

Rentrée scolaire : Entre difficultés économiques et déficit en enseignants

Le 1er octobre 2025 marque la reprise des cours sur l’ensemble du territoire malien. L’annonce, faite par le ministère de l’Éducation nationale le 3 septembre, intervient dans un contexte tendu, où les familles et les enseignants font face à des obstacles majeurs.

À Bamako comme en régions, les préparatifs sont loin d’être à la hauteur des attentes. Dans plusieurs écoles, l’administration et les Comités de gestion scolaire (CGS) assurent l’essentiel, mais la fréquentation des parents reste faible. Beaucoup retardent l’inscription faute de moyens financiers. Certains recourent même à des crédits bancaires pour payer fournitures et frais scolaires. Dans certaines zones reculées, la situation est encore plus préoccupante, les établissements n’ayant pas reçu à temps les manuels scolaires ni les fournitures pédagogiques de base.

Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH) a placé en détresse 36 151 fonctionnaires, dont environ 5 000 enseignants concernés par des problèmes d’identification. La fusion de plusieurs directions scolaires dans des établissements, comme le groupe Marie Diarra d’Hamdallaye, a aussi pesé sur les préparatifs. « Avec la démoralisation liée au SIGRH, il y a un vrai risque de perturbations, malgré les compromis entre syndicats et gouvernement », confie Odiouma Sinayoko, professeur dans cet établissement. Les syndicats enseignants ont d’ailleurs réitéré leur appel à une régularisation rapide, soulignant que l’instabilité du personnel compromet directement la qualité de l’enseignement dès les premières semaines.

D’autres responsables affichent néanmoins plus d’optimisme. Aïchatou Camara, Directrice du groupe scolaire Mamou Goundo Simaga à Badalabougou, souligne que son école dispose des outils pédagogiques nécessaires grâce au fonds ADARS et à l’appui du CGS. Le Président du CGS local, Oumar Aboubacar Coulibaly, évoque des efforts d’entretien (désherbage, réparation des bancs, renoircissage des tableaux), mais regrette que « seuls deux à cinq parents par jour viennent inscrire leurs enfants », un chiffre insuffisant à la veille de la rentrée.

Au-delà des difficultés logistiques, l’insécurité continue d’aggraver la crise éducative. De nombreux enfants sont déscolarisés ou réfugiés avec leurs familles. Selon le rapport du Cluster Éducation Mali (juin 2025), 610 800 élèves et 12 216 enseignants restent directement touchés par la fermeture de près de 20% des écoles du pays.

Ce constat illustre un défi de taille, celui de garantir à chaque enfant son droit fondamental à l’éducation malgré la pauvreté et les violences. Comme le rappelait Nelson Mandela, « détruire un pays n’a pas besoin d’utiliser les armes, il suffit de priver ses enfants d’éducation ».

Ali Sankaré

Rentrée scolaire 2025-2026 : le Mali fixe la date du 1er octobre malgré les défis

Le ministère de l’Éducation nationale confirme l’ouverture des classes le 1er octobre 2025 sur tout le territoire. Mais entre les pluies encore présentes, les milliers d’écoles fermées et la suspension des subventions aux établissements catholiques, l’année scolaire s’annonce fragile.

Le ministère de l’Éducation nationale a publié le 3 septembre 2025 un communiqué rappelant que la rentrée scolaire 2025-2026 aura lieu le mercredi 1er octobre. Tous les acteurs de la communauté éducative, des élèves aux enseignants en passant par les parents et les responsables administratifs, sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour la reprise des cours.
Cette annonce intervient alors que l’expérience de l’année dernière reste dans les mémoires. La rentrée 2024-2025, prévue elle aussi le 1er octobre, avait été reportée au 4 novembre à cause d’intempéries exceptionnelles. Plusieurs écoles avaient alors été réquisitionnées pour abriter des sinistrés des inondations, retardant le retour en classe de milliers d’élèves.
Pour cette année, la saison des pluies n’est pas encore terminée. Si les précipitations s’intensifient, la question d’un report pourrait à nouveau se poser, même si aucune décision officielle n’a encore été envisagée dans ce sens.
La situation de l’éducation au Mali reste par ailleurs préoccupante. Le dernier rapport du Cluster Éducation fait état de plus de 2 000 écoles fermées, privant plus de 600 000 enfants d’accès à l’enseignement et laissant plus d’un millier d’enseignants sans poste effectif. Ces fermetures sont liées à l’insécurité, aux catastrophes naturelles et aux faiblesses structurelles du système éducatif.
À ces difficultés s’ajoute la récente fermeture des écoles catholiques, conséquence directe de l’arrêt de la subvention de l’État. Selon les données disponibles, cette mesure touche plus de 40 000 élèves, entraîne la mise en veille d’une centaine d’établissements et plonge près d’un millier d’enseignants dans l’incertitude professionnelle.
Le Mali compte plusieurs millions d’élèves et des dizaines de milliers d’établissements scolaires, mais les disparités régionales et les aléas sécuritaires compliquent l’accès universel à l’éducation. Dans ce contexte, la confirmation officielle d’une rentrée au 1er octobre se heurte à une réalité instable où la moindre crise climatique ou financière peut remettre en cause le calendrier annoncé.

Rentrée scolaire 2025-2026 : le Mali fixe la date du 1er octobre malgré les défis  

Le ministère de l’Éducation nationale confirme l’ouverture des classes le 1er octobre 2025 sur tout le territoire. Mais entre les pluies encore présentes, les milliers d’écoles fermées et la suspension des subventions aux établissements catholiques, l’année scolaire s’annonce fragile.

Le ministère de l’Éducation nationale a publié le 3 septembre 2025 un communiqué rappelant que la rentrée scolaire 2025-2026 aura lieu le mercredi 1er octobre. Tous les acteurs de la communauté éducative, des élèves aux enseignants en passant par les parents et les responsables administratifs, sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour la reprise des cours.
Cette annonce intervient alors que l’expérience de l’année dernière reste dans les mémoires. La rentrée 2024-2025, prévue elle aussi le 1er octobre, avait été reportée au 4 novembre à cause d’intempéries exceptionnelles. Plusieurs écoles avaient alors été réquisitionnées pour abriter des sinistrés des inondations, retardant le retour en classe de milliers d’élèves.
Pour cette année, la saison des pluies n’est pas encore terminée. Si les précipitations s’intensifient, la question d’un report pourrait à nouveau se poser, même si aucune décision officielle n’a encore été envisagée dans ce sens.
La situation de l’éducation au Mali reste par ailleurs préoccupante. Le dernier rapport du Cluster Éducation fait état de plus de 2 000 écoles fermées, privant plus de 600 000 enfants d’accès à l’enseignement et laissant plus d’un millier d’enseignants sans poste effectif. Ces fermetures sont liées à l’insécurité, aux catastrophes naturelles et aux faiblesses structurelles du système éducatif.
À ces difficultés s’ajoute la récente fermeture des écoles catholiques, conséquence directe de l’arrêt de la subvention de l’État. Selon les données disponibles, cette mesure touche plus de 40 000 élèves, entraîne la mise en veille d’une centaine d’établissements et plonge près d’un millier d’enseignants dans l’incertitude professionnelle.
Le Mali compte plusieurs millions d’élèves et des dizaines de milliers d’établissements scolaires, mais les disparités régionales et les aléas sécuritaires compliquent l’accès universel à l’éducation. Dans ce contexte, la confirmation officielle d’une rentrée au 1er octobre se heurte à une réalité instable où la moindre crise climatique ou financière peut remettre en cause le calendrier annoncé.

Rentrée scolaire: un defi relevé malgré les obstacles

Ce lundi 4 novembre 2024, les élèves maliens ont repris le chemin de l’école, marquant le début de l’année scolaire 2024-2025. Cette rentrée, initialement prévue le 1ᵉʳ octobre, avait été reportée en raison des graves inondations qui ont touché le pays, entraînant l’occupation de nombreuses écoles par des sinistrés.

Selon les données du ministère de l’Éducation nationale, à la date du 4 octobre 2024, 128 écoles étaient occupées par des sinistrés, 167 inondées et 256 partiellement ou totalement effondrées. Des efforts concertés ont permis de libérer une partie de ces établissements. Par exemple, à Mopti, sur les 19 écoles occupées, 8 ont été libérées. Cependant, de nombreux établissements restent inaccessibles, nécessitant des solutions alternatives pour assurer la continuité pédagogique.
Face à ces défis, les autorités ont mis en place plusieurs actions pour garantir une rentrée scolaire effective. Parmi celles-ci, on peut citer la réhabilitation des infrastructures; la relocalisation des sinistrés; la mise en place de classes temporaires : Dans les zones où les écoles restent inaccessibles, des tentes et autres abris provisoires ont été installés pour servir de salles de classe.
Défis persistants
Malgré ces initiatives, la situation demeure préoccupante. En juin 2023, environ 1 500 écoles étaient fermées au Mali en raison de l’insécurité, affectant près de 450 000 élèves. Cette situation s’est aggravée au fil des mois. En janvier 2024, le Cluster Éducation a rapporté que 1 657 écoles étaient fermées, impactant directement 497 100 élèves et 9 942 enseignants. En mai 2024, ce nombre a atteint 1 788 écoles non fonctionnelles, privant 540 000 élèves et 11 000 enseignants d’accès à l’éducation. Ces fermetures, principalement concentrées dans les régions du nord et du centre du pays, sont dues à l’insécurité persistante et aux crises humanitaires. Les autorités maliennes, en collaboration avec des partenaires internationaux, s’efforcent de trouver des solutions pour rétablir l’accès à l’éducation dans ces zones affectées.
Les autorités maliennes, en collaboration avec les partenaires internationaux, sont appelées à intensifier leurs efforts pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif, réhabiliter les infrastructures endommagées et promouvoir l’accès à l’éducation pour tous les enfants, y compris ceux des zones les plus touchées. La mobilisation de ressources et la mise en œuvre de stratégies adaptées sont essentielles pour relever ces défis et garantir le droit à l’éducation.

Une rentrée scolaire en eaux troubles !

Les pluies diluviennes de cette année ont provoqué de graves inondations, plongeant le secteur éducatif dans une crise sans précédent. Le report de la rentrée scolaire au 4 novembre, annoncé in extremis par le ministère de l’Éducation nationale, ne répond pas vraiment aux attentes.

Initialement prévue pour le 1er octobre, la rentrée a été repoussée en raison des fortes pluies, laissant de nombreuses familles dans l’incertitude. Plus d’une centaine d’écoles sont actuellement occupées par des sinistrés et d’autres sont submergées ou gravement endommagées.

Malgré les avertissements des syndicats, le ministère avait insisté sur la date initiale, ne changeant d’avis qu’à la dernière minute. Certes, le report était nécessaire, mais il ne suffit pas. À quelques semaines de la nouvelle date, force est de constater qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour garantir une reprise des cours dans de bonnes conditions.

Les syndicats, en colère, exigent des garanties. Ils appellent à un dialogue pour s’assurer que les écoles soient prêtes à accueillir les élèves en toute sécurité. Malheureusement, le ministre semble préférer donner des ultimatums plutôt que de s’engager dans des discussions constructives avec les acteurs du monde éducatif. Pendant ce temps, outre les infrastructures scolaires qui restent à réparer, des familles sinistrées attendent toujours des solutions pour se reloger.

Le spectre d’une année blanche plane sur le secteur éducatif. Face à cette menace, enseignants, parents et élus locaux réclament une concertation immédiate. La rentrée scolaire ne doit pas se faire au détriment des conditions de sécurité et d’apprentissage des élèves.

Certes, les inondations ont bouleversé la vie de nombreuses familles, mais l’avenir de milliers d’enfants ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’impréparation. Il est encore temps d’agir, mais cela nécessite des actions concrètes, pas seulement des promesses en l’air !

Massiré Diop

Report de la rentrée : Un mois pour être prêts

 

Le suspens aura duré jusqu’au 30 septembre. Redouté depuis la multiplication des inondations et la prolongation de l’hivernage, le report de la rentrée scolaire 2024- 2025 a finalement été annoncé juste quelques heures avant le 1er octobre. Une décision qui laisse un mois aux acteurs pour mettre au point leurs préparatifs et assurer une année scolaire sereine.

Malgré les conditions objectives qui laissaient prévoir un report de la rentrée scolaire, les acteurs de l’école ont été surpris par cette annonce de dernière minute. Un report évident dont l’annonce tardive amène les Maliens à se poser des questions. Pourquoi attendre la veille de la rentrée pour une telle annonce ? Dans son communiqué, le ministre justifie le report de la date de la rentrée par « l’état de catastrophe nationale » qui a pourtant été déclaré par les autorités depuis le 23 août 2024. « L’ampleur des inondations » était dès lors connue et les écoles qui ont aussi été touchées, comme d’autres infrastructures socio-économiques, étaient soit inondées, soit servaient d’abris à ceux qui avaient perdu leurs habitats.

Dans son compte rendu mensuel du mois de septembre 2024, le cluster Éducation du Mali a informé que 123 écoles étaient occupées par des sinistrés dans les régions de San, Ségou et Mopti. 11 autres, à Gao, étaient occupées par des déplacés internes, donc indisponibles à quelques jours de la rentrée. Cette absence d’anticipation a donc mis devant le fait accompli responsables d’établissements,  enseignants, élèves et parents d’élèves.

Souvent doublement concernés par la situation, certains sinistrés évoquent l’absence d’alternative pour eux, justifiant ainsi leur maintien dans ces abris. À défaut d’avoir les réponses par rapport au timing, certains acteurs disent comprendre les raisons avancées par le ministre de l’Éducation nationale.

Sékou Diawara est Directeur de l’école Capitaine Mamadi Sylla 2, située dans le camp des Parachutistes de Djicoroni Para, et Coordinateur du groupe scolaire du même nom, qui compte 3 premiers cycles et 2 seconds cycles. « Vu la situation et  l’abondance de la pluie, des écoles abritent des sinistrés », comme à Dontème, dans le même quartier, où 52 familles y vivent, explique-t-il. Déjà « au four et au moulin dans les préparatifs », l’école s’attèle à nettoyer les salles de classe, noircir les tableaux et entamer le désherbage d’unee cour où il est difficile de se déplacer entre les flaques d’eau et les herbes qui continuent de pousser.

À ces contraintes passagères il faut ajouter les difficultés récurrentes partagées par plusieurs écoles publiques. Une insuffisance notoire de tables oblige les enfants à en amener pour ne pas s’asseoir à même le sol, avoue le Coordinateur du groupe scolaire. Une école qui n’a pas de direction ou encore des écoles qui n’ont pas de latrines, sans compter le manque d’enseignants, la liste des difficultés n’est pas exhaustive.

Le ministre, qui souhaite une rentrée réussie, sans prise de risque, plutôt « qu’une sorte d’aventure » que représentait la rentrée du 1er octobre, promet de s’atteler « à toiletter et à, préparer les parents d’élèves » et rassure que le mois sera mis à profit pour préparer la rentrée de façon plus complète qu’elle ne l’a été jusqu’à présent. Afin de faire une rentrée qui respecte les normes et qui soit satisfaisante.

Un mois pour réussir

Désormais, les acteurs de l’école entament une course contre la montre. « On peut gagner du temps », espère M. Diawara, du groupe scolaire Capitaine Mamadi Sylla 2. C’est l’occasion pour lui de lancer un appel aux parents d’élèves afin que le jour de la rentrée soit le jour du démarrage effectif des cours. « On doit suivre un programme et mettre le paquet », insiste M. Diawara. Il ne faut donc plus attendre le jour de la rentrée pour faire les transferts ou les inscriptions.

Passé l’incompréhension du report de la rentrée, « même si c’était pressenti », Oumar Koné, Directeur de l’école de Troukabougou, à Djicoroni Para, estime que « les raisons sont fondées, mais on pouvait anticiper ». Ce report n’est pas sans conséquences pour un programme qui s’étale sur 9 mois et qui connaissait des difficultés pour son achèvement, même s’il dit faire confiance aux acteurs chargés de l’élaboration des programmes.

Son école, créée en 2008, compte actuellement 9 salles de classe, un premier et un second cycle ainsi qu’un effectif de plus de 700 élèves. L’insuffisance des tables et l’effectif pléthorique, plus l’absentéisme des enfants, constituent les principales difficultés que l’école connaît.

Mais les inscriptions, qui se font au compte-gouttes, alors même que l’école était à la veille de la rentrée, inquiètent Sidi Camara, Directeur de l’école fondamentale de Troukabougou. Pour sa part, il estime que l’alternative du programme condensé peut favoriser les élèves et permettre d’achever les programmes.

Les privés en souffrance

Boulkassoum Touré, Secrétaire général de l’Association des promoteurs d’écoles privées, ne souhaite pas se prononcer sur la reprise des cours, les programmes et les évaluations, qui relèvent du pouvoir régalien de l’État. Les écoles qui avaient déjà pris des dispositions « sont prêtes », même s’il faut arrêter les inscriptions, qui avaient déjà commencé. Le report d’un mois obligera cependant à réaménager le calendrier scolaire pour une conformité au programme.

Pour les écoles privées, les difficultés qui restent concernant les paiements en souffrance des frais scolaires et demi-bourses 2022 – 2023 préoccupent les acteurs. Et pour ceux de 2023 – 2024, « rien n’est programmé », ajoute M. Touré. Ces situations, qui créent des tensions de trésorerie dans les établissements, entraînent des difficultés pour assurer le bon fonctionnement des structures et le paiement des salaires des enseignants, notamment, continuent de mettre en péril le fonctionnement de ces établissements, qui assurent en grande partie la formation au niveau secondaire. « On fait avec les moyens du bord », soupire-t-il. Et, en cette période, ils privilégient la communication avec les autres acteurs, dont les parents d’élèves ou encore les structures de financement. Malgré tout, « les cours vont démarrer dans des conditions très timides », car « il ne peut y avoir de rentrée apaisée si vous devez des sous à vos enseignants, à vos fournisseurs », déplore encore M. Touré.

Même si le ministre s’est engagé à payer les frais qui restent en souffrance, estimés à 21 milliards de francs CFA pour l’année dernière, notre interlocuteur déplore que le paiement des arriérés varie en fonction des localités. Alors qu’il est à 70% dans certaines localités, il est de moins de 40% ailleurs. « Pour le même travail, cela doit être au même niveau », sinon, cela crée un dysfonctionnement.

Année compromise ?

Si plusieurs acteurs préconisent un réaménagement, qui s’imposera même pour rattraper le retard, les difficultés qui restent entières dans plusieurs écoles ne permettront pas une reprise sereine des cours. En outre, l’incertitude demeure sur cette nouvelle date, compte tenu de la situation. En effet, en dehors des écoles occupées par les personnes sinistrées des inondations, plusieurs groupes scolaires ont été endommagées ou sont hors d’usage. Si pour certains parents il s’agit d’un nouveau répit pour mieux se préparer, il sera de courte durée. Car les frais et les fournitures scolaires deviennent de plus en plus inaccessibles. Certains acheteurs de dernière minute se sont même abstenus à l’annonce du report.

Sur le plan pédagogique, les acteurs de l’école suggèrent une utilisation judicieuse de ce temps pour entretenir le niveau des enfants. Car tout un mois de vacances supplémentaires constitue un retard souvent difficile à rattraper. Certains enseignants préconisent donc de travailler avec les enfants afin de maintenir les niveaux pour entamer la nouvelle année, qui « démarrera de façon effective le 4 novembre 2024 », préviennent-ils.

Fatoumata Maguiraga