L’UA suspend l’Egypte après le renversement de Morsi

L’Union Africaine a pour politique de suspendre tout Etat-membre o๠se produit un « changement inconstitutionnel de pouvoir », généralement jusqu’au retour à  l’ordre constitutionnel. Elle a respecté ce principe en l’apliquant à  l’Egypte o๠l’armée a renversé le mercredi 03 juillet le président démocratiquement élu, Mohamed Morsi. « Le Conseil a décidé de suspendre la participation de l’Egypte aux activités de l’UA », a déclaré à  la presse le secrétaire du Conseil de paix et de sécurité, Admore Kambudzi, lisant ce communiqué, à  l’issue de plus de trois heures de réunion du CPS. « Le Conseil réitère la condamnation et le rejet par l’UA de toute prise illégale du pouvoir », a poursuivi M. Kambudzi, « le renversement du président (Morsi) démocratiquement élu n’obéit pas aux dispositions pertinentes de la Constitution égyptienne et correspond donc à  la définition du changement inconstitutionnel de pouvoir ». L’islamiste Mohamed Morsi, élu en juin 2012, a été déposé mercredi soir par l’armée de son pays, puis arrêté, après une semaine de manifestations populaires massives. Les militaires ont désigné le président de la Haute cour constitutionnelle, Adly Mansour, pour occuper le poste de président par intérim. Au début de la réunion vendredi, l’ambassadeur égyptien auprès de l’UA, Mohamed Edrees, avait tenté de convaincre le CPS de ne pas suspendre son pays, arguant que l’armée n’avait fait que répondre à  l’appel du peuple égyptien et que le renversement de M. Morsi n’était que le prolongement de la révolution populaire ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en février 2011. Selon l’ambassadeur, « la voix et l’appel de dizaines de millions d’Egyptiens doivent être entendus, compris et respectés (…) le rôle de l’armée est de soutenir le peuple (…) pas d’organiser un coup d’Etat ». Le renversement de M. Morsi est une nouvelle « phase de ce qui s’est passé auparavant et mérite le même traitement », a-t-il argué, « ce à  quoi nous assistons est la volonté du peuple de voir sa révolution victorieuse ». La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma a réagi en indiquant que « personne ne s’assiéra derrière le drapeau (égyptien à  l’UA), ni le précédent gouvernement ni le gouvernement provisoire, jusqu’à  ce qu’il y ait une élection qui soit évidemment l’expression de la volonté du peuple égyptien ». « Le retour à  l’ordre constitutionnel correspondra aux élections », a-t-elle ajouté, indiquant ne pas pouvoir donner de date pour ce futur scrutin.