Réparation : des victimes de djihadistes réclament justice…

Elles sont dix sept victimes à  vouloir ester en justice contre les islamistes. Elles ont subi des brimades. Elles ont été battues, violées, atteintes dans leur dignité. Une jeune fille de Bourem (sous couvert d’anonymat) aujourd’hui réfugiée à  Kalaban Koro confie «avoir été ligotée, séquestrée et violée par des bandits armés d’o๠son intention d’avoir voulu mettre fin à  ses jours en fuyant ». La hantise de rencontrer ses bourreaux un jour ne l’empêche pas de porter plainte pour que justice soit faite. A l’opposé, une femme chrétienne veuve et proche de la soixantaine refuse de porter plainte par peur de représailles. Selon elle « la situation était trop pénible à  Tombouctou. Toute ma vie, je n’ai jamais vécu de situations pareilles, ni ressenti une telle peur. J’ai pris mes deux enfants pour me réfugier loin de chez moi. Un pasteur m’a prise en voiture pour m’aider à  fuir vers Bamako. Les islamistes ont arrêté la voiture à  mi-chemin. Ils ont dit à  un de mes enfants qu’il est blanc (métisse) qu’ils vont devoir le tuer, ici C’’est notre territoire ». Plus poignant est le témoignage de cet homme d’une trentaine d’années qui a osé déclarer « avoir été abusé dans la prison par les islamistes ». Il révèle « qu’il ne pardonnera jamais ces islamistes ». A la question de savoir s’il portera plainte, il répond par la négative par peur de devenir la risée de son entourage. Sur les 67 victimes de violences sexuelles basées sur le genre et vivant entre Senou, le quartier Marseille à  la sortie de Bamako, Kalaban, Garantibougou et Sangarébougou, seuls 17 ont accepté de saisir la justice puisque selon leur porte-parole « la paix et la réconciliation sont bien possibles, mais il faut au préalable que justice soit faite. La justice doit faire son travail pour établir la vérité et punir les criminels ». Pour l’heure, ces victimes suivies par des ONG comme Wildaf/ Mali et refusent de rentrer au bercail même si plusieurs difficultés les touchent à  savoir des « problèmes de logement, de nourriture de santé, de pauvreté, mais également de stigmatisation, d’injustice et de préjugés ». Les victimes de ces violences sexuelles ont entre 9 et 67 ans et parmi elles figurent des hommes à  jamais blessés. Porter plainte constitue en effet un droit pour des victimes de conflits. Plusieurs conventions internationales le permettent comme le Protocole de Maputo ou même la Charte Africaine des Droits de l’homme. Pour que réparation soit faite après un conflit, il faut une justice. C’est dans cela que doit s’inscrire le processus de dialogue et de réconciliation nationale attendu au Mali.

Il faut réparer l’homme malien

s’il y a un manque à  gagner pour lequel l’homme malien a raison de demander réparation, C’’est bien le mal qui lui a été fait à  travers cinquante ans de gouvernance et qui a tiré vers le bas son construit humain, ce legs de nos pères et dont nous sommes si fiers. Le pas décisif pour réussir la restauration de l’homme malien reste une prise de conscience sociale ainsi que la mesure appropriée pour faire face à  cette panne profonde et immatérielle de notre corps social. Pour beaucoup d’analystes, le capital humain, tant nécessaire à  notre développement équilibré, est à  terre. Or nous savons qu’à  force de rester à  terre on finit par se retrouver sous terre. Lorsqu’on cesse de s’indigner devant les actes des prévaricateurs et que ceux-ci n’ont point honte de leur forfait, lorsque le laisser-faire et l’affairisme sont préférés à  la rigueur et à  l’intégrité, nous avons alors la meilleure preuve de notre malaise social. Les deux dernières décennies ont été incontestablement un véritable essai démocratique pour notre pays. Mais force est de reconnaà®tre que le politique n’a pas eu le courage et le sens du sacrifice maliens pour imprimer les valeurs éthiques de la démocratie républicaine. s’il n’est de doute que le leadership de la 3ème République a marqué de sa signature une certaine avancée matérielle de notre pays, il est tout de même regrettable que l’investissement immatériel en l’homme ait été aussi absent. Est-il nécessaire de rappeler que les valeurs quantitatives d’investissement n’ont de sens que lorsqu’elles sont porteuses de valeurs humaines. C’’est dans cette équation que réside le principal enjeu du rendez-vous de 2012. Le choix qui se pose aux Maliens est crucial de ce point de vue. Nous ne pouvons nous permettre de nous tromper de choix dans ce contexte d’hyper compétitivité qui, impitoyablement, dévorera nombre de pays ne pouvant suivre le rythme imposé. Dans la mesure o๠ce sont les individus qui font l’Histoire de leurs Peuples, chaque citoyen malien devrait prendre la juste mesure de sa responsabilité quant à  ce qu’il voudrait que soit le Mali de demain, soit un Mali fort et respecté parce que bien gouverné, soit un Mali malade et faible parce qu’entre les mains d’opportunistes et affairistes. C’est pourquoi, la seule appartenance à  une formation politique ne devrait plus être le déterminant majeur devant guider le suffrage du citoyen quant au choix de notre futur Président de la République car le destin d’un peuple se situe bien plus au dessus des considérations partisanes. Dès lors, si le plus grand enjeu pour le Mali est d’avoir à  sa tête l’homme qu’il faut à  la mesure de sa maturité, de ses ambitions et des enjeux géopolitiques et géostratégiques dans un contexte de globalisation accélérée, le plus grand défi reste celui d’aider le citoyen à  faire un choix informé et éclairé et qui transcende l’affiliation partisane. Le seul choix qui vaille est celui d’un homme au dessus de la mêlée et des pressions politiciennes, un homme qui a les ressources et le recul nécessaire pour une réelle rupture, celle qui participe de la restauration de l’homme malien, de la restitution de sa fierté et de sa dignité légendaires jadis admirées des autres peuples. Cet axe humain et hautement stratégique, s’il est doublé d’une prise en compte adéquate des autres fondamentaux du développement, participera de notre développement équilibré et durable. Autant tout homme normal devrait avoir les ambitions de son âge et de ses capacités, autant aucun Etat ne devrait se méprendre sur les ambitions de rayonnement de son peuple. l’homme idéal pour 2012 doit être un coeur qui bat pour le Mali et qui porte les moyens de cette dévotion, un homme, comme dirait Maà®tre Confucius, qui accepte la responsabilité avec appréhension et humilité mais qui compte sur les meilleures stratégies pour réaliser les ambitions de son peuple. Que Dieu bénisse le Mali !