Tessalit entre fiction et réalité…

De Bamako, l’on sait finalement peu de choses de la réalité du terrain à  Tessalit, la ville du Nord Mali, qui est le siège des derniers affrontements entre la rébellion du MNLA et l’armée malienne qui vient d’y opérer, selon ses propres termes un repli stratégique. Pour se faire une idée géographiquement, Tessalit est situé à  l’extrême Nord est du Mali, près de la frontière algérienne. Une zone désertique, hostile, idéale pour une rébellion et dont le contrôle, était l’enjeu des combats entre les deux factions. « Il n’y a rien de pire qu’une guérilla… », affirmait un éditorialiste malien à  l’annonce de la prise de Tessalit par les rebelles dimanche soir. L’armée a t’elle été à  bout de souffle ? D’après des sources locales, le MNLA n’a pas relâché la pression sur Tessalit et les militaires maliens ont donc quitté le camp en face de la seule piste goudronnée de la région de Kidal, capable d’accueillir des hélicoptères mais aussi des cargos, des gros porteurs donc. Tessalit étant l’un des plus imposants camps militaires au nord de Kidal, les rebelles du MNLA seraient en position de force désormais. Informations contradictoires… Mais les choses se sont-elles vraiment passées ainsi ? «Â Vers 17h, nous avons donné l’assaut au camp militaire d’Amachach qui comptait plusieurs centaines de soldats, officiers ainsi que des civils, notamment des familles de militaires. Ces derniers ont préféré prendre la fuite au lieu de riposter. Ils ont abandonné le camp. Nous nous sommes accrochés avec eux, lors de la course-poursuite », affirme au journal Algérien El Watan, Bekay Ag Ahmed, chargé de la communication du MNLA ». L’armée malienne rapporte les choses autrement : « Ces assaillants tentent d’empêcher les Forces Armées et de Sécurité de ravitailler plus de 1500 personnes réfugiées dans la garnison de Tessalit et comprenant en majorité des femmes et des enfants. Face à  ces agressions répétées rendant difficiles toutes les tentatives de ravitaillement de ces populations civiles, le Commandement militaire a décidé, dans la nuit du 10 au 11 mars 2012, l’organisation de convois d’évacuation et d’escorte des civils vers d’autres garnisons ». On imagine nos pauvres militaires démoralisés par ce repli forcé et on imagine les rebelles en joie, armes à  la main détenir les prisonniers civils et militaires qu‘ils disent détenir. Bref, on navigue entre fiction mentale et réalité floue du terrain. Avec pour seule option, les communiqués officiels des uns et des autres…. Mais la question qui se pose désormais, c’est combien de victimes après ces affrontements ? Combien de nouveaux déplacés vers les frontières voisines ? Y a -il eu des exactions comme à  Aguelhock ? C’est la raison de la mission du Comité International de la Croix rouge qui est arrivée lundi 12 Mars au soir dans les environs de Tessalit. Elle devrait permettre d’en savoir plus même s’il est difficile de joindre l’un des membres en mission au Mali.