IBK, star de l’union sacrée

Ibrahim Boubacar Keita super star! Sur plus de quarante chefs d’Etat réunis pour dénoncer l’obscurantisme ayant conduit à  la mort d’une vingtaine de personnes la semaine dernière en France, le président du Mali était le seul africain dans le quarté majeur composé de la chancelière allemande, du britannique Cameron et du patron de l’Elysée. IBK, chapeau bien vissé, le regard ferme et coincé entre ses homologues français et britannique, a renvoyé l’ascenseur à  la France qui, en janvier 2013, avait volé au secours du Mali pour stopper l’avancée des groupes armés terroristes. Pour IBK « l’amitié entre le Mali et la France est très forte et C’’est pourquoi J’ai tenu à  être aux côtés de François Hollande qui était à  Konan quand le Mali était menacé ». A propos de menace, le monde occidental et ses alliés ont peur de ce qu’il conviendrait d’appeler « le péril vert » ou islamisme radical. Ainsi ont-ils voulu lancer un message fort à  tous extrémistes de la planète. Le message a-t-il été entendu ? Nul ne saurait répondre à  la question puisque les islamistes, seuls, maà®trisent le calendrier des exactions. Ils sont difficiles à  traquer et à  combattre du fait de leur capacité de dissimulation, d’infiltration, de brouillage des pistes et de soudaineté des actes criminels à  commettre. Le rassemblement de Paris est le symbole de l’union sacrée contre l’union secrète. Les Etats sont donc décidés à  combattre toutes les formes d’extrémisme. Seule ombre au tableau : la posture de l’ennemi. Il agit froidement, lâchement, o๠il le veut et quand il l’aura décidé. Le succès médiatique de Paris ne le décourage pas tout au plus l’union secrète en rit sous cape. Face à  cet ennemi infiltré et sans visage, le renseignement s’avère être une arme fondamentale. Aux Etats donc d’intensifier les échanges sécurisés de données pour à  chaque fois anticiper et endiguer les prévisions de l’organisation secrète. Par ailleurs, pour avoir réussi le coup médiatique de s’être incrusté entre deux barons du G8, le président du Mali doit exiger plus de la communauté internationale. Ibrahim Boubacar Keita a une belle opportunité de renforcer les dispositifs sécuritaires au Mali o๠le départ de Serval est synonyme de la mort du renseignement dans le septentrion du pays. Enfin, l’islamophobie grandissant, les maliens candidats au voyage ne doivent pas subir des représailles consulaires suite à  la participation de Amédy Coulibaly à  la prise d’otages du supermarché Casher. Ce travail de sensibilisation à  mener dans les chancelleries occidentales est du ressort de la nouvelle équipe gouvernementale.

Côte d’Ivoire: le rapport d’Amnesty qui accable les FRCI

Dans ce rapport intitulé Côte d’Ivoire : la loi des vainqueurs, Amnesty International, accuse non seulement les FRCI mais aussi les « milices » composées des chasseurs traditionnels «dozo ». Mises en place par le président Alassane Ouattara après sa prise de pouvoir, les FRCI se seraient livrées à  une « politique de répression », au nom de la « sécurité ». Le rapport soutient que les actions de représailles menées par l’armée l’ont été « sur des bases souvent ethniques et politiques », à  l’encontre de «dizaines de personnes » victimes d’ « arrestations arbitraires» et de «tortures ». Ces accusations ont déjà  été portées par Human Rights Watch (HRW) dans un document de 80 pages publié le 19 novembre 2012. HRW avait écrit que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont commis des atteintes «généralisées » envers les droits de l’homme après une vague d’attaques perpétrées entre août et octobre. A la fin d’un mois d’investigation, les délégués d’Amnesty ont affirmé avoir recueilli des témoignages sur la manière dont les détenus, en grande partie incarcérés en raison de leurs affiliations politiques ou de leur appartenance ethnique, sont privés de liberté pendant des mois, sans pouvoir s’entretenir avec leur famille, ni consulter des avocats et des médecins. Toujours selon l’ONG, des détenus et d’anciens détenus ont décrit comment on les avait torturés à  l’électricité ou avec du plastique fondu afin de leur extorquer des « aveux » sur leur participation présumée à  des attaques armées. « Nous devions faire nos besoins dans des sacs. On ne nous donnait qu’un repas par jour, vers 14 ou 15 heures. Et nous n’avions droit qu’à  un litre d’eau pour 48 heures. » a raconté un homme à  Amnesty International. Il dit avoir été détenu pendant 49 jours avec 27 autres personnes dans une cellule de 4 mètres carrés dépourvue de sanitaires. Difficile réconciliation nationale O๠en est-on avec la réconciliation prônée par ADO ? « J’invite tous mes compatriotes à  s’abstenir de tout acte de vengeance et de représailles, sachant se retrouver dans les valeurs de pardon et d’amour. » Tels ont été les propos du Président Alassane Dramane Ouatara dans son adresse à  la nation en avril 2011. Il s’était engagé à  ouvrir une commission d’enquête nationale sur les exactions commises et annoncé différentes mesures de sécurité. Pour Gaà«tan Mootoo, chercheur d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest, «Â la Côte d’Ivoire doit briser le cycle des abus et de l’impunité. Pas un seul membre de l’armée nationale ni autre partisan  du président Alassane Ouattara n’a pour l’instant été amené à  rendre des comptes pour ses agissements, ce qui constitue un échec total sur le plan de l’établissement de l’état de droit et affaiblit gravement le processus de réconciliation entamé en juillet 2011.» Pour une réconciliation nationale, Amnesty International lance un appel aux autorités ivoiriennes à  mettre fin aux violations des droits humains et autres abus que des représentants de l’à‰tat ou des milices soutenues par celui-ci continuent à  commettre en toute impunité.